samedi 20 novembre 2010

De l’inconvénient des adaptations télé

Mercredi dernier, confortablement installée devant ma télé, je regarde sur France 2 les contes et nouvelles du 19e siècle.
A l’annonce du programme, je vois que le deuxième épisode s’intitule Pour une nuit d’amour, et est tiré de la nouvelle d’Émile Zola.
Chouette, j’ai lu cette nouvelle au mois de juillet (clic pou le billet) et elle m’est bien restée en mémoire. Et comme j’avais aimé, j’attends avec impatience le début de l’épisode.

Oui, mais voilà, alors qu’il est écrit dès le générique « de Émile Zola », je dirais plutôt qu’il s’agit d’un film « inspiré par » car franchement, la nouvelle et tout ce qui fait son sel est bien loin de ce que j’ai vu pendant une heure !
Le scénariste a pris plus que des libertés avec le texte de Zola, pourtant parfaitement écrit et construit.

Prenons les personnages, par exemple. Le héros est un jeune homme orphelin, seul et intellectuellement peu évolué. Il n’est pas simplet, mais il a peu d’occasions de discuter et de faire travailler son intellect. Dans le film, il se retrouve affublé d’un pied bot ! Mais quel intérêt ?
La jeune femme dont il est censé tomber amoureux est une jeune noble fraîchement sortie du couvent. Ses parents reçoivent peu, sa vie est peu animée et on la devine oie blanche à peine sortie de l’adolescence.
Là, l’oie blanche s’est transformée en veuve joyeuse, avec une Mathilda May qui est loin de ses 16 ans et qui s’adonnent à la luxure avec son ami d’enfance !
Cette modification entraîne une transformation complète de l’histoire.

(Attention, je vais dévoiler la fin de l’histoire)
Chez Zola, l’oie blanche se révèle subitement gourgandine et le pauvre Julien tombe de haut.
Il tombe tellement de haut qu’il décide de se suicider plutôt que de profiter de la nuit d’amour promise.
Dans le film, il refuse la nuit d’amour, mais il est emprisonné et finit sa vie au bagne. Quand à la jeune femme plus si jeune, elle se remarie avec un comte et tout se finit bien.
Je ne vois pas l’intérêt de ce genre de modification.
Le texte de Zola n’est plus là, il ne s’agit plus que d’une réécriture moyenne de l’histoire originelle. Personnellement, je la trouve moyenne car elle devient banale. Une femme tue son amant et demande à un autre, amoureux transi de faire disparaître le corps. Où est l’originalité ?
J’aurais tendance à penser que le choix des comédiens guide ces adaptations. Comment faire passer Mathilda May pour une jeune jouvencelle ? La modification du scénario était indispensable.

Ce n’est pas la première fois que je vois ce genre d’adaptation concernant des nouvelles, adaptations moins fréquentes, il me semble, quand il s’agit de romans plus conséquents.
Si vous croisez ce téléfilm (ici par exemple), vous passerez un bon moment, et finalement, vous pourrez quand même lire la nouvelle, qui n’a rien à voir.

Et vous ? Vous avez déjà vu des adaptations aussi éloignées de l’original ?
Et vous regardez les adaptations avant ou après avoir lu les livres ?      
h           

6 commentaires:

  1. Je n'ai pas vu cette adaptation. Mais il m'importe peu de les voir avant ou après car ce sont deux choses indépendantes. Parfois l'adaptation est réussie, parfois pas.

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  2. J'ai bien aimé les adaptations des nouvelles de Maupassant!

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  3. j'ai vu 2 adaptations de Maupassant et j'ai pas aimé. Parfois, les adaptations dépassent le modèle : le film "les fils de l'homme" est génial, le livre est nul !

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  4. @ Chrys : c'est vrai, mais parfois, j'avoue ne plus avoir envie de lire le livre quand je connais déjà les grands traits de l'histoire.

    @ Clara : dans l'ensemble, elles m'ont bien plus aussi, c'est pour cela que je n'ai pas compris l'adaptation de cette nouvelle. Je ne m'attendais pas vraiment à une réécriture.

    @ Papillote : ça arrive, oui, ou quand l'écrivain participe au film comme le dernier film avec Duris et Douglas Kennedy. JE crois qu'il a même changé la fin. Là,ça devient intéressant :)

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  5. j'essaie toujours de lire le roman avant de voir l'adaptation, mais je suis souvent déçue, à exception près : "Madame Bovary" par Chabrol ! souvent je me pose la même question que toi, quel intérêt de déformer ainsi le texte???

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  6. @ George : c'est ce que je fais en général moi aussi. Pour "Madame B" (c'est le petit nom que je lui ai donné pendant ma thèse), c'est vrai que le Chabrol est magistral ! :)

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