Le Ritz, emblème du luxe à la française, est resté ouvert pendant toute la seconde guerre mondiale.
Cela méritait bien un roman sur ses coulisses pendant cette période troublée.
Franck se prépare pour une nouvelle soirée dans son bar au cœur du Ritz.
Après plusieurs années passées à New York, sa réputation lui a permis de devenir le barman en chef de l’un des bars les plus réputés de Paris.
Mais les Allemands approchent et il va falloir faire des choix…
Voilà un roman très original !
D’ailleurs, je ne suis pas sure qu’il s’agisse réellement d’un roman.
Philippe Collin nous propose un texte évoquant le Barman du Ritz, Franck Meier, et sa vie pendant l’occupation allemande à Paris entre 1939 et 1945.
Ce barman était assez connu dans la bonne société, qui fréquentait assidûment la bar du Ritz pendant la belle époque.
La guerre rebat les cartes, et la clientèle du bar change partiellement au moment de l’arrivée des soldats allemands.
Franck s’interroge alors sur la conduite à adopter, lorsqu’on a un travail, pas d’argent pour fuir et pas vraiment envie de quitter Paris.
Il va falloir faire avec et composer avec l’ennemi, la survie, sa conscience, les connaissances diverses et leurs choix parfois opposés.
Le style de l’auteur est descriptif, et presque froid.
Cela m’a surprise au début de l’écoute du texte mais cela permet sans doute de respecter le peu d’information disponible sur les pensées de ce barman.
Franck Meier a laissé un manuel de cocktails, et les archives du Ritz permettent de disposer d’informations sur sa présence, ou les évènements qu’a subi l’hôtel pendant la guerre.
Les archives donnent aussi des informations sur les personnes ayant séjourné dans l’hôtel ou y ayant travaillé et Philippe Collin est d’abord historien.
Il a donc utilisé ce matériaux brut pour nous proposer un récit qui croise les sources, et s’appuie sur un personnage pour en évoquer des dizaines.
On voit passer dans son bar des célébrités, ainsi que des collabos plus obscures, des profiteurs, et d’autres ayant davantage de scrupules.
C’est la petite histoire qui se dévoile ici, avec ces petites lâchetés, son courage caché et ses doutes, celle des couloirs et du petit personnel.
La version audio est lue par Florian Wormser.
C’est un peu froid, mais je me suis vite habituée et cela correspond à la tonalité du texte.
L’auteur met une distance qui est maintenue dans la lecture, ce qui permet de la percevoir et de rester spectateur de ce qui se déroule dans le récit.
Finalement, une question demeure : servir des verres aux généraux allemands, est-ce collaborer ?
Il n’y a pas de réponse dans ce livre, et peut-être n’est-il pas possible de répondre réellement.