lundi 27 janvier 2025

Le barman du Ritz de Philippe Collin

Le Ritz, emblème du luxe à la française, est resté ouvert pendant toute la seconde guerre mondiale. 
Cela méritait bien un roman sur ses coulisses pendant cette période troublée. 

 


Franck se prépare pour une nouvelle soirée dans son bar au cœur du Ritz. 
Après plusieurs années passées à New York, sa réputation lui a permis de devenir le barman en chef de l’un des bars les plus réputés de Paris. 
Mais les Allemands approchent et il va falloir faire des choix… 


Voilà un roman très original ! 
D’ailleurs, je ne suis pas sure qu’il s’agisse réellement d’un roman. 
Philippe Collin nous propose un texte évoquant le Barman du Ritz, Franck Meier, et sa vie pendant l’occupation allemande à Paris entre 1939 et 1945. 
Ce barman était assez connu dans la bonne société, qui fréquentait assidûment la bar du Ritz pendant la belle époque. 
La guerre rebat les cartes, et la clientèle du bar change partiellement au moment de l’arrivée des soldats allemands. 
Franck s’interroge alors sur la conduite à adopter, lorsqu’on a un travail, pas d’argent pour fuir et pas vraiment envie de quitter Paris. 
Il va falloir faire avec et composer avec l’ennemi, la survie, sa conscience, les connaissances diverses et leurs choix parfois opposés. 

Le style de l’auteur est descriptif, et presque froid.
Cela m’a surprise au début de l’écoute du texte mais cela permet sans doute de respecter le peu d’information disponible sur les pensées de ce barman. 
Franck Meier a laissé un manuel de cocktails, et les archives du Ritz permettent de disposer d’informations sur sa présence, ou les évènements qu’a subi l’hôtel pendant la guerre. 
Les archives donnent aussi des informations sur les personnes ayant séjourné dans l’hôtel ou y ayant travaillé et Philippe Collin est d’abord historien. 
Il a donc utilisé ce matériaux brut pour nous proposer un récit qui croise les sources, et s’appuie sur un personnage pour en évoquer des dizaines. 
On voit passer dans son bar des célébrités, ainsi que des collabos plus obscures, des profiteurs, et d’autres ayant davantage de scrupules. 
C’est la petite histoire qui se dévoile ici, avec ces petites lâchetés, son courage caché et ses doutes, celle des couloirs et du petit personnel. 
 
La version audio est lue par Florian Wormser. 
C’est un peu froid, mais je me suis vite habituée et cela correspond à la tonalité du texte. 
L’auteur met une distance qui est maintenue dans la lecture, ce qui permet de la percevoir et de rester spectateur de ce qui se déroule dans le récit. 

Finalement, une question demeure : servir des verres aux généraux allemands, est-ce collaborer ? 
Il n’y a pas de réponse dans ce livre, et peut-être n’est-il pas possible de répondre réellement.




lundi 20 janvier 2025

L'inconnue du portrait de Camille de Peretti

Je ne sais pas pourquoi, je pensais que ce roman était sorti il y a très longtemps, alors qu’il a fait partie des sorties de la rentrée littéraire de janvier 2024.
C’est donc assez récent, et Audiolib n’a pas attendu longtemps pour nous en proposer une version audio, et c’est tant mieux !




En Italie, une doctorante en histoire de l’art vient de jeter un pavé dans la mare en identifiant un tableau disparu de Klimt sous un tableau connu et accroché dans un musée.
L’artiste l’aurait repeint pour modifier le motif initial.
Aux Etats-Unis, la mère de Pearl attaque le géniteur de sa fille en justice pour obtenir le financement de ses frais de scolarité universitaire.
En 1929, Isidore, jeune cireur de chaussures immigré, tente de se faire une place à New York en plaçant un peu d’argent en bourse…


Je dois avouer qu’en ouvrant ce roman, je ne m’attendais pas à ce que j’ai lu !
C’est amusant comme les résumés ou les informations que l’on reçoit sur un roman peuvent susciter en nous des images et des attentes.
Comme il est question de tableau, de Klimt, de repeint, d’analyses en histoire de l’art, j’avais supposé qu’il y aurait davantage d’informations techniques, que ce serait un roman un peu didactique.
Et finalement pas du tout !

Une fois ce moment de surprise passé, je suis entrée dans le texte avec plaisir et j’ai profité de plusieurs heures en compagnie d’Isidore et de Pearl.
Le texte mêle le récit de la vie d’Isidore, assez mouvementée, de sa mère également, et celui de Pearl après qu’elle ait retrouvé son père.
Le tableau est en arrière-plan, il joue un rôle, mais il n’est finalement pas très présent.

Le style d’Isabelle de Peretti est fluctuant.
Elle parvient à adapter le texte qu’elle écrit à l’époque et au personnage choisi.
Cela donne un récit bien ancré dans l’époque décrite et cela facilite l’immersion du lecteur.
En revanche, j’avoue être restée en retrait par rapport à Isidore, que j’ai davantage observé comme un spécimen de self made man (est-ce qu’on dit encore cela 😅).
J’ai davantage préféré le personnage de Pearl.
Ce sont néanmoins des caractères bien trempés, qui savent ce qu’ils veulent et qui avancent quoi qu’il arrive.
Ils donnent une impression de force tranquille à qui tout arrive mais que rien ne peut détruire.
Et puis le portrait (et celle qui y figure) resurgit dans le récit de temps en temps, parfois par surprise, parfois parce que les personnages s’y intéressent, tel un troisième personnage principal.

La version audio est intéressante, car la lecture de Mathieu Buscatto est bien faite (je ne suis jamais déçue chez Audiolib), mais en plus, il y a un entretien avec l’autrice en fin de lecture.
Ce n’est pas toujours possible pour l’éditeur de faire ces entretiens, mais c’est un vrai plus qui permet de comprendre comment le roman a été écrit, ou d’en savoir un peu plus sur les objectifs de l’auteur.
C’est toujours très instructif.


Alors ? Tenté·e ?
Les avis sont plutôt unanimes sur ce roman, et j’en rajoute un ! 
 

 
 
 

lundi 13 janvier 2025

Bride d’Ali Hazelwood

Attention ! Romance ! 
Mais une belle romance !! 
 



Misery a quitté sa communauté depuis plusieurs années. 
Il faut dire qu’ils n’ont rien fait pour la convaincre de changer d’avis !! 
Envoyée chez les humains dès ses 8 ans pour servir d’otage, elle ne s’est jamais senti aimée ou remerciée par les autres vampires pour ce qu’elle avait fait. 
Lorsque son père la convoque brusquement, elle se demande quelle mouche le pique, mais quand il lui propose de se marier pendant un an avec le mâle alpha de la horde de loups-garous qui habite de l’autre coté de la frontière, elle se dit qu’elle est vraiment considérée comme une simple monnaie d’échange pour les siens… 

Vous le savez si vous fréquentez un peu ce blog, j’ai déjà lu plusieurs romans d’Ali Hazelwood, mais ils se passaient tous dans un monde bien réel, et à l’université (où, je peux vous l’assurer, je n’ai jamais vu de loup-garou ou de vampire). 
Lorsque j’ai vu le résumé de celui-ci, j’ai hésité !
J’aime bien ses romances, mais basculer dans la fantasy en convoquant des loups-garous et des vampires, cela me paraissait un peu particulier. 
Et puis un peu en panne de lecture après une déconvenue littéraire, je me suis dit que finir l’année avec cette autrice, c’était une bonne garantie de repartir sur de bonnes bases le 1er janvier. 
Et j’ai eu raison ! 

L’histoire de Misery est touchante, attachante, pleine de beaux sentiments, mais pas simpliste. 
En quelques mots, l’autrice parvient à donner toute une palette d’émotions à ses personnages. 
Elle est vraiment forte pour cela ! 
Elle n’oublie pas non plus les personnages secondaires et c’est vraiment sympa. 

La lecture de Zina Khakhoulia nous fait vivre les aventures de Misery sans temps mort et avec une expressivité qui colle parfaitement à l’histoire. 
J’ai eu plus de mal avec les interventions de Quentin Malek, inexpressives et froides. Il lit les incises de début de chapitre qui concernent un autre personnages mais puisque la voix change, un peu de vie dans ces phrases aurait aussi bien fonctionné. 

J’ai découvert depuis qu’il y a un vrai domaine réservé pour les fans de romances inter-espèces. 
Pas sûre d’en lire d’autres, mais si Ali Hazelwood en publiait d’autres, je me laisserais tenter sans problème. 
Je pensais d’ailleurs qu’il s’agissait d’une série et j’hésitais à m’y lancer, et finalement, après lecture, je regrette qu’il n’y ait qu’un épisode 😅.

 

 

vendredi 10 janvier 2025

Feux dans la plaine de Olivier Ciechelski

Êtes-vous prêt pour la forêt ? La solitude ? La nature qui reprend ses droits ? 
C’est ce que vous pourrez trouver dans ce roman vraiment très original. 
 
 
 

Ancien militaire, Stan a acheté un vieux chalet et 60 hectares de maquis dans la montagne avec ses économies. 
A son rythme, il répare, organise, cultive ses terres et cultive son misanthropisme. 
Mais un matin, il découvre que dans ses bois, un groupe de chasseurs a balisé un chemin en coupant un arbres, et en marquant d’autres troncs à la peinture bleue… 

Voilà un roman très étonnant !
Il vous semblera assez classique de prime abord, avec un personnage qui se terre en ermite, d’autres qui tentent de venir l’embêter, mais les dernières pages sont assez incroyables.
Evidemment, pas de spoiler ici, ce serait vraiment une erreur pour ce genre de roman qui joue avec le lecteur.
J’aime bien être surprise quand je lis, et ici, je n’ai pas été déçue.
Je ne vais donc pas vous en dire plus !!


A la manière de ces films américains qui se déroulent au fond de la forêt, ou des thrillers qui ont pour cadre le fin fond de l’Alaska, cette histoire évolue petit à petit et on sent la menace qui plane. 
Elle surgit très vite, mais on a le temps de découvrir l’histoire et les personnages au fil des pages et on s’aperçoit rapidement qu’on imagine souvent des choses en début de lecture qui ne sont pas forcément celles que l’auteur a choisi.
C’est ce qui fait la richesse d’un texte par rapport à un film. 
Vous visualiserez des images que le texte vous amènera à modifier au fil du roman, avec un vrai talent de la part de l’auteur. 

Mais dans ce texte, ce qui est également remarquable, c’est l’omniprésence de la nature, de la forêt, de la montagne.
Olivier Ciechelski  nous plonge dans un territoire occupé par les arbres et les animaux, où l’homme ne fait que passer.
Il laisse malheureusement une trace de ses passages, et c’est justement ce qui va provoquer un retournement de situation.
Le texte semble poser la question de l’intrusion de l’homme dans la nature. 
Si nous ne sommes pas capables de respecter, de ne pas abimer, avons-nous notre place dans ces grands espaces ? 

Mais je dois également avouer quelque chose. 
Il se trouve que je suis moi-même un peu jalouse de mon champ et de mes arbres. 
Je suis propriétaire d’un grand terrain depuis un an et demi, et lorsqu’on chasseur y pénètre, je vois rouge et je considère cela comme une intrusion absolument inadmissible 😅. 
Les réactions de Stan lors de l’intrusion dans son domaine, sa volonté farouche de garder son espace sauvage résonnent donc intimement en moi et tout ce qu’il fait me parait vraiment très logique 🫣. 
Mais cela suscite évidemment des questions. 
Sommes-nous propriétaires de la nature ? Comment vivre avec, la protéger sans la privatiser ? 
Et quel serait le meilleur moyen de la préserver justement ? 
Le roman n’est toutefois pas fait que de cela et beaucoup d’autres thématiques sont abordées. 
Si ces questions ne vous parlent pas, l’aspect thriller est déjà une bonne motivation pour le lire. 

La lecture de Taric Mehani suit les évolutions du texte et du personnage et propose une interprétation douce et forte. 
Cela colle parfaitement à l’histoire. 
Et cerise sur le gâteau, il y a un entretien avec l’auteur à la suite du roman ! 
J’adore ces entretiens qui sont toujours tellement remplis d’informations !

En conclusion, c’est un roman très beau à écouter, qui fait réfléchir, qui pose des questions aussi. 









jeudi 9 janvier 2025

En 2024, j'ai lu...

Voilà mon petit bilan traditionnel de début d’année ! 
J’aime bien cet exercice qui permet de visualiser tout ce que j’ai lu et de me dire que j’ai quand même réussi à découvrir pas mal de choses, même si je n’ai pas parlé de tout par ici, loin de là.  
Pour me faciliter la tâche, j’utilise Goodreads depuis pas mal d’années, et il me dit que j’ai lu 50 livres en 2024, soit 14 410 pages !!
L’an dernier, j’en avais lu 70, mais il y a eu davantage de romans en 2024, ce qui est un peu plus long à lire évidemment. 
Je m’étais fixé l’objectif de 50 lectures, objectif atteint, donc ! 


En regardant les couvertures de l’année, je m’aperçois qu’il y a des livres vraiment très différents. 
J’aime encore beaucoup les romans policiers, mais plutôt cosy Mystery. 
Les trucs trashs avec des morts par dizaines, du sang partout, du noir et de la menace, ça ne me dit plus grand chose. 
Je préfère les atmosphères de salon de thé où il se passe autant de meurtres, mais dans une atmosphère toute autre. 
J’ai aussi lu beaucoup de choses qui m’ont plus et ça, c’est quand même une bonne nouvelle ! 
Il y a d’ailleurs de nombreux romans que vous verrez passer par ici car je vais vous en parler plus longuement, comme Feux dans la plaine, Écoute la pluie tomber ou Le Barman du Ritz.

Et vous ? Cette année 2024 ? 
 

 


 

 

mercredi 8 janvier 2025

Armelle et Mirko de Montel, Clément et Arnal

Vous cherchez un cadeau pour un enfant qui lit déjà un peu, le vôtre peut-être à qui, comme moi, vous offrez toujours des livres ? 

Ou peut-être avez-vous besoin de mignonnerie, de jolies pages, de bonté et d’une belle histoire ? 

Si c’est le cas, restez là, j’ai ce qu’il vous faut ! 






Armelle est une petite tortue qui a un gros problème dans la vie. 

Elle a peur du noir ! 

Mais elle a vraiment, vraiment très peur ! 

Cela la paralyse, elle ne peut pas dormir la nuit, de peur que le feu s’éteigne, mais surtout, elle ne peut pas rentrer dans sa carapace car il y fait noir ! 

Comment faire pour retrouver un peu de sérénité ? 


Pas facile la vie pour cette pauvre Armelle. 

Elle tente de se débrouiller pour vivre avec son handicap mais on sent sa détresse et on ne peut que compatir pour elle. 

Elle se retrouve toute seule et doit affronter chaque soir la tombée de la nuit. 

Elle erre donc dans la forêt, épuisée et à la merci de tous les dangers. 

Heureusement, c’est une histoire qui se termine bien et qui vient apporter une jolie morale pour les jeunes lecteurs.

Il est question d'amitié, de soutien, de penser aux autres, on valide sans hésiter ! 


Les dessins sont tout en douceur, ce qui rend cette bande dessinée vraiment belle. 

Julien Arnal a choisi un dessin rond, et des couleurs aquarellées dans des teintes douces. 

Il sert très bien l’histoire en proposant des petits détails mignons qui donnent une épaisseur au personnage d’Armelle. 

Anne Montel et Loïc Clément se sont occupés du scénario et c’est très réussi. 


Le deux tomes suivants sont déjà sortis si cela vous tente. 

Il y a peu de texte dans celui-ci, ce qui le rend accessible dès 6 ou 7 ans en autonomie mais faites-vous plaisir, lisez-le avec vos enfants (ou sans si vous n’en avez pas 😁).  

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 


 

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