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vendredi 7 octobre 2022

Yoga d'Emmanuel Carrère

Ce billet est pour ceux qui pratiquent le yoga, et pour ceux qui s’en tiennent éloignés, tout comme ce livre, qui pourra vous plaire même si la méditation ou les postures parfois acrobatiques vous paraissent exotiques.
D’ailleurs, l’auteur lui-même discute son titre.
 
 

 
En quête d’un sujet de livre, le narrateur décide de raconter son expérience de la méditation.
Il part en retraite méditative mais un événement le rattrape et l’oblige à revenir dans le monde, l’emprisonnant dans une boucle qui semble se répéter sans cesse et le plonger dans des états de dépression qui succèdent à quelques brèves périodes de quiétude relative…
 
 
Il y a parfois des livres dont on s’imagine plein de choses et qui finalement parlent d’autre chose.
Cela ne veut pas dire qu’ils sont décevants, mais qu’ils surprennent, leur auteur nous mène alors par le bout du nez dans le chemin qu’il trace.
Emmanuel Carrère nous propose ici de le suivre dans un texte qui suit une période de sa vie plutôt sombre.
Il a décidé d’écrire un roman sur le yoga.
Il pratique la méditation depuis de longues années mais pour lui même, et comme il cherchait un nouveau sujet de livre, celui-ci lui a paru pas mal.
Pour se documenter un peu, il part faire une retraite de méditation intensive…
Emmanuel Carrère cherche l’équilibre, la paix intérieure, mais cela ne sera pas aussi facile que prévu. 
 
Il raconte dans ce texte ses hauts et ses bas, ses errances psychologiques, les évènements survenus dans sa vie qui vont aggraver son état mental.
Les différentes parties du livre permettent de le voir évoluer et de le suivre  dans sa quête de la guérison. 
 
Ce texte est clairement très ego centré, ce qui, d’ordinaire, ne correspond pas vraiment à ce que je lis.
J’ai néanmoins beaucoup apprécié certaines belles pages et je me suis surprise à le terminer.
Il y a quelques passages plus difficiles à propos de la dépression, et l’auteur y passe de nombreuses pages.
Cela permet de comprendre cette maladie. 
 
C’est donc un roman de l’équilibre et du déséquilibre qui pourra vous plaire si vous aimez les textes introspectifs et contemplatifs. 
 
 


vendredi 30 avril 2021

Le consentement de Vanessa Springora 🎧📘 [Prix Audiolib]

Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas un roman qui fera l'objet du billet du jour mais un récit autobiographique dont on a beaucoup beaucoup parlé dans les médias à sa sortie. 

Je suis sûre que vous n'avez pas pu passer à côté (ce qui ne signifie pas que vous l'ayez lu évidemment). 


 

Il y a parfois des livres qui font peur, que l’on voit partout sans avoir vraiment envie de les lire parce qu’on les pense soit trash, soit racoleur (puisqu’ils plaisent à tout le monde). 
J’avais placé le Consentement dans cette catégorie. Vu le battage médiatique, la diffusion sur les blogs, les avis ultrapositifs alors que le sujet est très dur, je pensais ce livre loin de ce que je peux supporter ou apprécier. 

Et puis je l’ai reçu parmi la sélection du #prixaudiolib2021 et il a fallut l’audiolire. 
Et je me suis laissée emportée par les mots de Vanessa Springora, par son témoignage jamais trash, jamais impudique, par sa plume si légère pour dire ce passé si lourd. 

L’histoire a été racontée, depuis, de nombreuses fois. 
Un auteur d’un certain âge a profité toute sa vie de très jeunes femmes et tout le monde trouvait cela normal vu qu’il était écrivain et racontait tout cela dans son journal ! 
C’est d’ailleurs un fait connu dont j’avais déjà entendu parler et on peut vraiment s’interroger sur le silence, voire l’assentiment de la société. 

Mais Vanessa Springora ici veut reprendre la main et j’aime beaucoup sa façon d’envisager les choses en mettant à son tour cet homme dans un livre, en le transformant enfin lui aussi en personnage. 
Elle le dit dès les premières lignes et le lecteur se fait complice de ce projet si juste. 
La vengeance n'est pas vraiment violente, il s'agit plutôt de mettre des mots sur ce qu'elle a vécu tout en retournant la situation pour reprendre le contrôle. 

Le sujet du livre est donc très lourd mais on lit un livre plein de lumière, sans aucun pathos (et heureusement). Ce n’est pas froid pour autant mais on n’est pas ici pour se complaire. Il y a des faits, et c’est déjà pas mal. 
C’est fin, bien écrit, avec la bonne distance pour que ce soit supportable. Bravo pour cette magnifique vengeance !

La version audio, lue par Guila Clara Kessous suit le livre en proposant une lecture posée, distanciée mais pas trop. 
C'est difficile à exprimer, mais elle met dans sa lecture le ton qu'il faut pour qu'on la sache impliquée mais détachée. On sent que Vanessa Springora passe petit à petit à autre chose. 
L'entretien final avec l'autrice apporte aussi un plus, comme à chaque fois avec les livres audios qui en comportent. C'est un moment où on entend la voix de celui ou celle qui a écrit ces lignes et cela peut éclairer encore davantage la lecture. 

J'ai donc passé un très bon moment au milieu de ces mots et je vous conseille cette écoute même si, comme moi, le sujet vous repousse ! 







lundi 28 octobre 2019

C'était mieux avant, Petite Poucette et Temps de crise de Michel Serres

Cet été, Michel Serres nous a quitté, mais il nous a laissé quelques livres pour nous faire réfléchir un peu.
Ce ne sont pas des livres qui se lisent d'une traite mais qui se picorent pour répondre à un questionnement ou occuper son cerveau pendant un voyage par exemple.
C'est en tout cas comme cela que je les ai lu.

Dans ce livre audio, il y a trois titres de l'auteur : C'était mieux avant, Petite poucette et Temps de crise.
Les livres se suivent et on pourrait dire qu'il aborde l'avant, le pendant et l'après.
Les textes sont lus par Michel Serres lui-même, le premier ayant été enregistré pendant une lecture au long cours qu'il a réalisé dans un cadre universitaire.
Le son est un peu moins bon qu'à l'habitude chez Audiolib, mais cela reste tout à fait acceptable et quel plaisir d'entre Michel Serres himself.

Le premier livre m'a un peu désappointée, je l'avoue.
Serres explique que non, ce n'était pas mieux avant quand il n'y avait pas d'antibiotique, qu'il y avait des guerres, la famine récurrente, l'analphabétisme, la pauvreté des masses et autres joyeusetés.
Il parle de sa jeunesse et on est évidemment d'accord avec lui pour dire que notre époque n'est pas parfaite mais qu'elle n'est pas si mal.
Ce qui m'a chiffonné, c'est finalement l'accumulation d'idées toutes faites, d'affirmations irréfutables qui s'enchainent sans véritable espace pour la discussion.
Mais c'est intéressant tout de même.

Il y a longtemps que j'avais envie de lire Petite Poucette.
Il y parle de notre société hyper connectée et de ces "jeunes" qui communiquent avec leurs pouces (sur le clavier de leurs smartphones).
Là aussi, l'auteur enchaine les constatations et les affirmations.
Cela lui permet de montrer que ce n'est pas si terrible et qu'il y a toujours eu des progrès technologiques qui faisaient un peu peur et qui distinguaient les nouvelles générations des anciennes.

Pour Le temps des crises, c'est l'alarmisme ambiant qui est dénoncé.
Sans contester qu'il y ait effectivement des sujets où il faudrait changer nos comportements, il cite d'autres exemples de "crises" qui n'en étaient pas.

Comme je le disais plus haut, ce n'est pas une lecture que l'on fait d'une traite où on risque l'overdose.
Mais une petite piqure de rappel de temps en temps permet de remettre les idées en place !




jeudi 7 juin 2018

Confident royal de Shrabani Basu

Je vous emmène dans l'entourage très proche de la reine Victoria à la fin du 19e siècle.
Vous le savez peut-être, après avoir perdu son mari, la reine s'est entiché d'un solide écossais et après la mort de celui-ci, d'un de ses serviteurs indiens.
Voilà l'histoire de ce serviteur qui est monté très vite dans les échelons du personnel de la reine.

Lors de son jubilé, la Reine Victoria veut honorer ses invités indiens en faisant venir du personnel d'Inde pour servir à sa table.
C'est un grand honneur mais elle aime beaucoup ses serviteurs indiens qu'elle va emmener partout, et plus particulièrement Abdul Karim. 
Ce jeune homme lui plait et progressivement, il se rapproche de la reine jusqu'à devenir son secrétaire particulier, son munshi...

J'ai été déçue par ce livre parce que je m'attendais à autre chose.
Comme il y a eu une adaptation cinématographique, j'ai cru qu'il s'agissait d'un roman.
Hélas (pour moi), ce n'est pas du tout le cas et on ne peut se faire aucune illusion là dessus.
Il s'agit plutôt d'une longue description de ce que fut le séjour du Munshi de la reine Victoria à la cour, avec force détails et citations.
On peut lire le récit des tentatives des proches de la reine pour éloigner cet homme, le discréditer auprès de Victoria car il prenait beaucoup de place.
On a conscience qu'il s'était installé dans sa position alors qu'il n'en avait a priori pas le droit étant de basse extraction, ce qui déplait beaucoup à la famille.
Hélas, l'auteur ne prend pas vraiment parti, laisse entendre que tout le monde est méchant avec le munshi, quoi qu'on n'en soit pas si sûr, et on ne sait pas trop quoi en penser.
Le film tiré du livre a l'air plus clair sur ce point, mais clairement en faveur du munshi.

Si ce personnage vous attire, le livre pourrait vous plaire.
Pour ma part, j'avais d'abord écrit "on assiste" mais justement, c'est là le problème.
On assiste à rien du tout.
On lit le rapport des évènements appuyé sur les textes conservés dans les archives, les lettres de la reine, celles de son médecin, de son secrétaire, et bien sûr de son munshi, quoi qu'il y en ait eu beaucoup de détruites.
L'auteure a retrouvé le carnet personnel d'Abdul Karim et a donc pu ajouter des citations.
Cela n'apporte néanmoins pas grand chose à ce livre compact, qui se répète un peu parfois en suivant la chronologie des évènements mais qui reste au niveau de la description et interdit toute empathie ou toute entrée véritable dans l'histoire.

Si ce genre d'essai historique vous plait et si l'histoire du munshi vous intéresse, ce livre pourrait vous plaire.












vendredi 8 septembre 2017

La petite danseuse de quatorze ans de Camille Laurens

C'est parti pour la rentrée littéraire de 2017 !!

J'ai un petit stock de livres à lire qui viennent juste de sortir et plusieurs d'entre eux ont un point commun : ils parlent d'art.
C'est assez étonnant, mais ce doit être dans l'air du temps.
Il y a ce livre sur la statut de Degas (ou plutôt son modèle), les biographies de femmes de peintres ou de peintres, les biographies de poètes...
J'espère que tout ces livres tiendront leurs promesses.

En attendant, voici le premier que j'ai lu, un petit volume d'à peine 100 pages qui se lit tout seul.

Passionné par la danse et les danseuses, c'est naturellement à l'Opéra que Degas est allé chercher son modèle pour la statut qu'il souhaite sculpter. 
Marie Van Goethem est une petite danseuse que sa mère tente de pousser, comme toutes les mères des petites jeunes filles souffreteuses qui fréquentent les cours de l'Opéra. 
Elle accepte de poser pour Degas... 

Je dois d'abord dire que j'ai été très surprise en commençant ce livre. 
Je m'attendais à un roman ou un texte romancé et j'ai davantage eu l'impression de lire un essai très bien documenté sur Degas et sa petite danseuse. 
La plume est belle et le texte se lit sans aucun souci mais il faut tout de même savoir qu'on est loin d'un roman. 

Une fois cette précision faite, le texte est effectivement très renseigné, extrêmement précis et très instructif. 
J'ai appris énormément de choses sur le milieu de l'opéra au 19e siècle, sur les petits rats, sur Degas et son époque. 
Il n'y a pas de temps mort et chaque page nous livre de nouvelles informations. 
On apprend ainsi que cette petite danseuse si admirée aujourd'hui n'était sans doute pas ce que l'on croit et on ne peut plus la regarder comme avant. 
Marie Geneviève se désolidarise de la petite danseuse statufiée qui prend son autonomie comme une vraie création indépendante avec un message qui n'est plus du tout lisible à notre époque. 

De façon totalement insolite, j'ai aussi retrouvé le dessin animé Ballerina (qui passe en boucle à la maison) avec ses petites danseuses et Merante son maître de ballet.

La dernière partie est un peu moins intéressante.
L'auteur revient sur sa vie et sa quête d'informations.
Cela permet de contextualiser l'enquête mais n'apporte pas grand chose de plus. 

Évidemment, c'est tout de même un ouvrage pour les lecteurs intéressés par l'impressionnisme et son époque, ou au moins l'art en général. 


Beaucoup de personnes plus ou moins connus sont cités et on a envie de voir toutes les œuvres citées les unes après les autres. 
Si ce sujet vous plait, ce livre pourrait vous plaire aussi.




1/6 romans lus





jeudi 18 juin 2015

Sur les inconvénients de ne pas parler français de Virginia Woolf

Virginia Woolf est une auteure qui me fascine.
Je suis toujours très attirée par ses écrits, tout en redoutant leur complexité.
J’ai lu Mrs Dalloway il y a quelques années, encouragée par un précédent mois anglais et j’ai La promenade au phare dans ma PAL depuis des années (avant même que ce soit une PAL).
Mais j’ai aussi Une pièce à soi et pour ce mois anglais, j’ai acheté ce petit recueil de textes écrits par Woolf et préfacés par Alberto Manguel.

J’ai appris dans ce livre que Virginia Woolf était critique littéraire.
Elle revendiquait une grande liberté dans cette activité et rejetait la position dogmatique du critique « expert » qui se place au dessus de la foule.
Elle se voulait lectrice lambda, accueillante et néanmoins adepte d’une « voix inventive pour le lecteur ordinaire » qui veut que le bon lecteur soit celui qui ait un esprit libre et créateur, lui permettant « d’explorer au travers de la propre expérience les univers créés par les mots d’un autre » (c’est Manguel qui explique).
Elle rédigeait des recensions pour le Times Literary supplement de manière anonyme, comme d’autres grands auteurs de l’époque.

Mais dans ce livre, c’est son amour pour la littérature française qui est mis en avant.
Les textes portent tous sur des auteurs français (Mauriac, Montaigne, Stendhal, Madame de Sévigné, Jules Romain) ou sur des personnalités françaises (Marie-Antoinette, Sarah Bernardt, Louise de la Vallière).

Il y a également un petit texte sur « comment recenser un livre ».
C’est à la fois intéressant, original et cela encourage à réfléchir soi-même à sa propre pratique de lecteur, surtout quand on est blogueur et qu’on se permet d’écrire des trucs sur les livres qu’on lit !
A la lecture de ce texte, il est fort probable de Virginia Woolf aurait apprécié la pratique des blogs de lecteurs et nous aurait vu comme un petit aréopage de disciples de sa philosophie de lectrice.
Elle cite d’ailleurs deux types de « recenseurs », ceux qui prennent le temps d’écrire un article de deux colonnes argumenté et ceux qui font une petite recension rapide et expéditive, avec une préférence pour les premiers bien sûr !
Elle explique également que l’augmentation des recensions et la diminution de leur taille furent « véritablement catastrophique » puisqu’ « elles ont provoqué le déclin et la chute de la recension.
Avis qui peut peut-être nous concerner également ?
Elle rappelle enfin que si le nombre de recensions négatives égalent le nombre de recensions positives, les deux s’annulent et le lecteur attendra de se faire son propre avis (ou ne le fera jamais, oubliant un roman qui ne lui fait pas grande impression), ce qui me paraît toujours valable aujourd’hui.

J’ai également noté plein de phrases et d’extraits de ces textes dans mon petit carnet pour les mettre dans mes cours de français langue étrangère.
C’est parfois compliqué de la suivre, son style est exigeant ici comme dans ses romans, mais c’est aussi très éclairant comme ici où elle évoque la compréhension fine d’un texte littéraire :
« pour connaître une langue il faut l’avoir oubliée, et c’est là une étape que l’on ne peut atteindre si l’on n’a pas inconsciemment absorbé les mots dès l’enfance ».
Les finesses de la langue échapperont alors sans doute à un non natif qui regardera le texte avec le filtre de sa propre langue et de sa culture.


C’est donc un petit livre rapide à lire, pour les amoureux de la littérature française et de la littérature anglaise, les amoureux de Virginia Woolf ou/et de la langue française.







mardi 5 août 2014

Les Bourbon Parme de SAR Maria Teresa de Bourbon Parme

Je vous ai déjà dit que j'avais un côté midinette ?
Point de vue Images du monde ne fait pas partie des magazines que j'achète, mais quand je suis dans une salle d'attente, je raffole de ces magazines dont la couverture alléchante cache des pages et des pages d'informations inutiles.

Quand j'ai vu ce livre lors de l'opération Masse Critique de Babélio, je n'ai pas pu m'empêcher de cocher la case.
Pour être tout à fait honnête, je pensais lire des secrets scandaleux, des actes honteux et d'autres plus glorieux, des trucs croustillants quoi.
Il se raconte souvent que certains membres de cette famille n'ont pas été très clairvoyant pendant la guerre.
Je pensais aussi lire un livre sur une famille française, sur le comte de Paris et ses descendants.
Mais là, ce sont mes informations personnelles qui étaient mal rangées car les Bourbon Parme, c'est plutôt l'Espagne (et l'Italie mais l'auteur n'en parle pas) comme vous allez le constater.


La question de l'hérédité est centrale dans ce livre. 
Comment influe-t-elle sur nos vies ? 
Les circonstances sociales et politiques, l'environnement, les événements jouent sur nos vies, mais comment cela entre-t il en relation avec la famille ? 
La duchesse de Berry, l'impératrice Zita, le prince Xavier sont autant de maillons d'une chaîne qui a donné des rois à l'Europe et qui pourrait encore lui en donner...

J'ai d'abord été désappointée par le nom de l'auteur de ce livre.
J'avoue ne pas y faire attention lorsque je choisis un livre dans la liste foisonnante des opérations Masse Critique.
Du coup, je n'avais pas vu qu'il s'agissait d'une descendante de la famille.
En le découvrant, je me suis dit qu'il allait s'agir d'une hagiographie plutôt que d'un livre objectif sur cette famille.
Remarquez bien que le titre aurait pu me l'indiquer, vu qu'il s'agit tout de même d'une formulation assez laudative.
Mais l'auteur est aussi une universitaire reconnue dans son pays (spécialisée en droit constitutionnel, ce qui n'a rien à voir).
Il fallait donc lui laisser une chance.

En 250 pages, son altesse Maria Teresa brosse le portrait de huit membres de sa famille, dont la Duchesse de Berry qui a eu une vie incroyable et l'impératrice Zita, toute aussi extraordinaire.
Et du coup, c'est un peu rapide.
Basé sur les mémoires de la famille et de l'auteur elle-même, cet essai met en relief l'attachement fort au catholicisme des différents personnages du livre et leur passion pour la royauté et le carlisme (ce qui est un peu obscur pour moi d'ailleurs).
Quoi de plus normal quand on fait partie d'une famille régnante après tout.
Mais on sent ici qu'il est vraiment question d'un point de vue biaisé par l'appartenance de l'auteur à la dite famille.
En bref, ce manque d'objectivité m'a gênée.

Je dois avouer, néanmoins, que je ne me suis pas ennuyée.
On apprend tout de même des choses et l'on découvre des membres de la famille complètement inconnus.
Ce qui amène une question concernant le choix des personnages.
On en vient à se demander pourquoi lui et pas un autre, pourquoi cette période de sa vie, pourquoi ces événements. 
On sent bien l'admiration de l'auteur, la fascination même pour certains membres de sa famille, et c'est finalement ce qui la guide dans ce livre.
Or ce qui est normal chez un romancier, l'est moins dans un essai.
C'est finalement un recueil de souvenirs et d'anecdotes familiales qui nous est donné à lire. 
L'auteur construit la légende dorée de sa famille et nous rend complice de ce travail de reconstruction biaisé. 
Elle nous perd aussi parfois dans le dédale de cette descendance très complexe.

Comme le trône de France serait celui du roi d'Espagne s'il redevenait d'actualité, ce livre me semble primordiale pour mieux connaître la famille de notre roi (^-^).
Il vous plaira aussi si vous êtes comme moi une midinette invétérée, mais puissance 10 façon Stéphane Bern.
Sinon, lisez les chapitres qui vous intéresse comme celui sur la duchesse de Berry ou celui sur Zita.



Merci à Babelio

jeudi 4 juillet 2013

Apprentissage de la méditation de Sharon Salzberg

Il y a plusieurs années que j'ai envie de me remettre à la méditation. 
Quand j'étais jeunette, j'accompagnais parfois ma mère à son cours de yoga et il y avait toujours un temps de méditation en fin de cours. 
Ce moment de calme me plaisait beaucoup, me permettant de me recentrer, moi qui suis toujours un peu évaporée.

Les années passant, j'ai cessé de pratiquer, remplaçant le yoga par d'autres activités.
Le golf, par exemple, est une bonne activité pour se recentrer également, mais ça n'a rien a voir, et j'avais toujours en tête ce projet de m'y remettre.
Consciencieusement, j'ai réuni plusieurs ouvrages sur la question, mais c'est Babelio télé dernier masse critique qui m'a permis de m'y plonger avec ce guide pratique de la méditation. 

Car ce livre est effectivement un guide. 
Avec un discours simple, Sharon Salzberg nous présente dans la première partie la méditation et ses bienfaits en abordant une grande partie des questions que l'on peut se poser. 
Elle décrit ce que la méditation est et ce qu'elle n'est pas, ce qu'elle vous fera et ce qu'elle ne vous fera pas, elle revient sur les recherches actuelles dans ce domaine et décrit les travaux des chercheurs.
Elle démontre surtout que 20 minutes de méditation quotidienne pourront vous apporter des bienfaits immenses. 
Elle propose donc de mieux vivre en s'acceptant tel que l'on est, en acceptant les autres et en cessant de se flageller sans cesse. 

Les exemples sont nombreux, les anecdotes servent son propos ou les petites histoires qui permettent de mieux comprendre de quoi il est question. 
L'écriture est fluide et la traduction de belle qualité, ce qui permet au profane de se familiariser avec la méditation en douceur.
La partie cours est aussi bien faite, avec de nombreux éléments de réflexion pour ceux qui veulent vraiment comprendre ce qu'il se passe lors d'une session de méditation. 

Je vous parle de la partie cours, car après 50 pages, elle propose de s'y mettre soi-même et de passer de la réflexion à la pratique. 
Avec un programme conçu sur quatre semaines, elle conduit son lecteur sur le chemin de la pleine conscience et l'amène progressivement à se poser moins de question, à ne plus se juger inutilement et à laisser venir le moment présent.
Il n'est pas question de repousser les choses qui font mal, mais de tout rééquilibrer et de mieux accepter ce qui se passe dans votre vie.

Personnellement, je trouve que 4 semaines, c'est un peu rapide, mais rien n'oblige le lecteur à enchaîner les semaines et, à l'inverse, quand on n'a pas trop de temps, cela permet de se concentrer sur une période courte avant de poursuivre tranquillement de façon autonome. 
J'ai lu les quatre leçons, puis j'ai choisi de laisser de côté la 4ème sur laquelle je reviendrai sans doute le mois prochain sans que cela pose aucun problème.

C'est donc un ouvrage d'introduction très intéressant, très pratique et applicable facilement. 
Les explications sont accessibles, et les images permettent un apprentissage autonome. 

Un ouvrage que je vous recommande si la médiation vous tente. 





Je remercie Babelio pour cette opération Masse Critique et Belfond pour cet envoi.






vendredi 17 août 2012

Les oubliés du Temple de Dominique Sabourdin-Perrin


J’ai toujours été fascinée par l’histoire des enfants de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Leurs parents étaient et sont toujours des symboles que l’on interprète différemment en fonction du propos que l’on veut tenir, et leur position au sein du pouvoir et dans l’histoire en fait des figures éternelles.
Mais leurs enfants n’avaient rien fait de plus qu’être leurs enfants.

 La façon dont ils ont été traités et les mystères qu’il y a encore concernant leur incarcération m’intriguent et m’horrifient.
Comment peut-on traiter des enfants de cette façon ?
Comment peut-on être à ce point inhumain ?

Je n’ai toujours pas de réponse bien sûr, mais quand j’ai vu que ce livre était proposé par Livraddict pour un partenariat, je n’ai pas hésité.
Et j’ai bien fait.

L’auteur habite le quartier du temple depuis plusieurs années et s’est prise de passion pour son histoire.
Elle a donc tout naturellement étudié les prisonniers célèbres qui s’y sont succédés, et notamment la famille Royale de France.

Le livre qui en résulte est très riche.
Je n’ai d’ailleurs pas tout retenu, mais je garde le loisir d’y retourner piocher, car la table des matières est très précise et l’exhaustivité de l’ouvrage permet d’aborder de nombreux aspects.

Plusieurs choix très intelligents ont effectivement été faits, qui viennent compléter et expliquer le sort des protagonistes.
Il y a d’abord la focalisation sur trois personnages qui sont généralement moins connus : Les deux enfants de France Louis-Charles et Marie-Thérèse, auxquels l’auteur a ajouté Madame Elisabeth, dernière sœur du roi qui a connu un sort similaire.
Ensuite, les différentes parties reprennent la vie de ces personnages avant leur incarcération, pour rendre compte de leur vie « habituelle » avant la révolution, puis expliquent leur incarcération et leur vie pendant la prison.
Enfin, l’entourage de ces personnages est décrit, comme les fidèles du Roi à la cour et sa famille, le corps médical, puis les gardiens de la prison, le personnel, les dépenses.
Une dernière partie intitulée « épilogue » raconte également la suite de ce drame et ce que sont devenus les différents intervenants.
Il y a donc énormément de personnages évoqués, d’ouvrages cités, de renseignements précieurs.

L’écriture est fluide, avec beaucoup de citation de textes originaux.
Le choix du présent rend le récit très descriptif et l’on suit les différents protagonistes comme si on les avait sous les yeux.
C’est factuel et instructif, laissant au lecteur la possibilité de se faire sa propre idée.

Seul petit bémol, j’aurais aimé un peu plus d’illustration, mais j’ai bien conscience du coût d’un livre illustré.

En un mot, c’est passionnant !


Je remercie Livraddict pour ce partenariat et les éditions Persée pour l’envoi de ce livre. 





mardi 16 août 2011

Les rillettes de Proust de Thierry Maugenest



Aujourd’hui, je vais vous parler d’un petit livre atypique et très rigolo.
Thierry Maugenest nous propose 50 fiches conseils pour devenir un « grant’écrivain » !
C’est évidemment un vaste programme, et tout indique dès l’avant-propos qu’il sera question d’humour et de littérature.
Un vaste programme.

Je ne vais pas résumer ce livre, car ce serait un peu difficile, mais je peux vous dire qu’il est divisé en 8 parties se rapportant toutes à des nécessités ou des travers d’écrivains.
La première partie est ainsi consacrée à l’inspiration, nécessaire pour écrire un livre, puis vient le choix des mots, les perles et les coquilles, le jargon, les singularités, les lourdeurs de styles, les excés et record et enfin une dernière partie intitulée « nos amis les auteurs ».
Chaque fiche conseil est constituée d’un paragraphe présentant le conseil, puis d’un exemple de mise en application, issu la plupart du temps d’auteurs classiques de la littérature.
A la fin de l’ouvrage, pour l’auteur en herbe, il y a également 15 exercices de mise en pratique.

Le texte est très érudit et de nombreux écrivains sont convoqués par Thierry Maugenest. Flaubert, Lamartine ou Pascal se cotoient, sont parfois dénoncés comme plagiaires ou même auto-plagiaires (c’est le cas de Lamartine par exemple) et cet aspect m’a particulièrement plus.
Sous couvert d’un livre rigolo, léger, l’auteur met le doigt sur des pratiques dénoncées à grands cris aujourd’hui alors qu’elles étaient courantes autrefois.
Stendhal aurait ainsi traduit sans le dire, le texte d’un italien sur la peinture italienne !
Il y a également quelques bons conseils, comme celui qui porte sur les adverbes à ne pas employer en trop grand nombre ou les notes de bas de page qui ne doivent pas être trop nombreuses, sans parler du jargonisme. Quelques textes à soumettre, sans doute, à certains chercheurs…

Bien sûr, vous ne serez pas écrivain en ayant lu ces fiches, mais vous aurez découvert tout un pan de la pratique littéraire qui passe la plupart du temps complètement inaperçu. Comme je le dis plus haut, certaines fiches pointent aussi des traits d’écriture que nous avons tous. Il est parfois amusant de s’en apercevoir en lisant ce genre de livre.

C’est donc très rafraichissant et j’ai beaucoup souri, surtout quand l’auteur souligne l’importance du nom des personnages. Que penseriez-vous de Loana et Ricky Bovary ? Ah ! Pauvre Emma tuée une seconde fois :^)
Je termine en précisant que les 15 exercices sont le point d’honneur de ces fiches-conseil, et qu’il ne faut pas les oublier.
Je sens que ce petit livre va m’être utile en classe…

Ce livre vous plaira sans doute si vous avez envie de rigoler, si vous voulez connaitre les travers des auteurs classiques, si vous aimez la littérature, si vous voulez être écrivain (au second degré, bien sûr).

Je remercie vivement Newsbook.fr pour ce bon moment de rigolade et les éditions Points pour l’envoi de ce livre. 




samedi 6 août 2011

Les grands écrivains publiés dans le Figaro de B. de St Vincent


A l’approche du deuxième centenaire du Figaro (dans une quinzaine d’année quand même), ce journal a souhaité revenir sur une tradition très ancienne dans ses pages et apparemment toujours vivace.
Depuis sa création, il y a près de 200 ans, de grands écrivains se sont succédé dans ses pages pour s’exprimer sur des sujets vraiment très variés.
Il n’est donc pas question ici du journal lui-même et de ses orientations politiques, mais uniquement de 22 écrivains du 19e et du 20e siècle qui ont proposé des textes plus ou moins politiques dans ses pages.

Je ne vous ferai pas de résumé de ce livre, car il n’y a pas vraiment sujet à résumé.
Il s’agit plutôt d’un bel objet (quoique la couverture soit un peu légère à mon goût), bien pensé et composé avec talent.
Il est d’abord découpé en deux partie, les auteurs du 19e se présentant d’abord. De grandes plumes s’y succèdent : Gautier, Nerval, Vallès, Barbey d’Aurevilly, Zola, Daudet, Mirbeau; Villiers de l’Isle Adam, Loti, Maupassant et Barrès.
La guerre, les voyages pour Loti, le divorce et le théâtre pour Maupassant, des textes sur ses collègues chez Mirbeau, comme chez Zola, ou chez Barbey. Certains de ces textes nous sont connus, surtout pour ceux d’entre nous qui ont fait des études de lettres, mais l’association de tous ces textes amène une valeur ajoutée car elle les replace dans une époque et une lignée d’article qui nous en apprend beaucoup.
Au 20e siècle, ce sont : Proust, Kessel, Colette, Bernanos, Montherlant, Mauriac, Morand, Cocteau, Valéry, Claudel et Gide.
La encore, les textes sont divers et on peut lire les textes de Proust sur la mort des cathédrales ou la route en automobile, L’avis de Colette sur la « progéniture », le désespoir de Mauriac, les Portraits-souvenirs de Cocteau...

Chaque auteur est présenté par une gravure contemporaine le représentant, puis un texte court qui reprend des éléments biographiques et bibliographiques avant de présenter les textes. C’est une très bonne idée, car cela rend la lecture moins abrupte et le lecteur n’est pas censé tout connaître.

J’ai picoré dans ce livre avec plaisir, allant d’un auteur à l’autre, changeant de siècle et revenant au précédent.  
Ce qui m’a également plu, c’est de pouvoir lire des auteurs que je n’aurais sans doute jamais approché ou de retrouver des références survolées autrefois. Ainsi, Paul Valéry et ses élucubrations sur les écrivains me tire toujours des sourires tant il est extrême. Je n’avais jamais lu non plus Barrès ou Bernanos et c’est une façon de les découvrir.
La préface de Jean d’Ormesson apporte un petit plus, même si d’Ormesson est égal à lui-même, avec toujours autant d’emphase.

Si vous cherchez un livre dans lequel vous retrouverez vos auteurs fétiches et vous en découvrirez d’autres, si vous voulez passer un bon moment de temps en temps en lisant un texte court tout en disposant d’un panel large de sujets, si vous êtes nostalgique de vos études de lettres J, ce livre devrait vous plaire.


Je remercie les éditions Acropole pour ce livre très agréable et Livraddict pour ce beau partenariat. 


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