Voilà un petit roman qui ne paye pas de mine, comme son autrice, et puis finalement, qui nous permet de découvrir une bien jolie plume.
Isabelle Carré signe son deuxième livre avec Du côté des indiens, un récit qui promène son lecteur sur des chemins détournés pour dire une foule de chose.
On aime ou pas, on peut avoir envie de la suivre ou, au contraire, de ne pas se laisser porter mais cette écriture douce et fine ne peut pas laisser indifférent.
Moi, j'ai suivi et j'ai drôlement bien fait !
Ziad a découvert que son papa montait deux étages plus haut lorsqu'il rentre le soir pour retrouver la voisine du dessus. Cette information fait exploser son quotidien et représente, pour lui, la fin de son enfance. Plus rien ne sera comme avant et il se retrouve pris dans ce trio que forment son père, sa mère et cette femme qu'il connait peu mais qu'il va découvrir peu à peu, tout comme le lecteur...
Entrer dans ce roman, c'est entrer dans la vie de ces personnages qui ne se disent pas tout et qui se trahissent sans le vouloir vraiment.
Il y a ceux qui ont un très lourd secret à cacher et ceux qui essaient d'oublier un vieux secret, mais tous essaient de vivre malgré ce secret, en le repoussant loin pour qu'il ne les détruise pas !
Du côté des indiens raconte cette enfermement dans son monde intérieur, cette impossibilité à communiquer vraiment avec les autres tant que quelque chose nous ronge, et surtout, le fait que cela nous rattrape finalement toujours !
Comme les Indiens, chacun doit vivre dans un monde hostile, mais finalement, nos actions le rendent sans doute parfois encore plus hostile.
La plume d'Isabelle Carré lue par elle-même pour cette version audio rend l'histoire très douce, avec cette jolie voix qui raconte sans être omniprésente.
Je ne suis pas une grande fan des auteurs qui lisent leurs livres mais ici, je pense que je n'aurais pas aimé entendre quelqu'un d'autre dire ces mots. J'ai eu l'impression d'être dans un cocon de douceur et pourtant, l'histoire ne l'est pas tant et le récit se fait même de plus en plus tragique en avançant, nous faisant basculer dans le doux-amer sans même que l'on s'en aperçoive.
Et puis ce roman a une structure singulière.
La narratrice qui débute le récit à la première personne s'efface rapidement pour raconter l'histoire de Ziad, histoire suscitée par l'écoute d'un auteur interviewé à la radio. C'est ensuite l'histoire de Muriel qui arrive, puis celle de Bertrand, le père de Ziad et enfin celle d'Anne, sa mère.
On assiste ainsi à la même histoire mais de quatre points de vue différents, on découvre le passé des personnages également, avant de retrouver la narratrice qui annonce la fin en dévoilant comment elle l'a imaginé.
Je me suis attachée à ces personnages et je les ai quitté un peu triste par cette fin qui s'envole, qui se profile à petits pas.
Je relirai Isabelle Carré, c'est sûr !
Et j'espère qu'elle écrira encore plein d'autres romans comme celui-ci !
En attendant, je vous conseille sans hésiter Du côté des indiens pour cette atmosphère douce-amer, cette fin qui s'envole, cette belle plume, ce mots si justes et cette sensibilité.