Aucun message portant le libellé Challenge giro in italia. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Challenge giro in italia. Afficher tous les messages

vendredi 9 juin 2023

L'eau du lac n'est jamais douce de Giulia Caminito 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Oups ! Je crois que ce roman m’a inspiré un billet à rallonge !!
Sans doute ai-je essayé de comprendre ce qui m’a empêché de vraiment aimer mon écoute, car je dois avouer que je reste indécise.
L’histoire est forte et ne laisse pas indifférent, mais je n’ai pas réussi à avoir réellement de l’empathie pour la narratrice.  



Antonia est une femme forte.
Elle fait des petits boulots pour maintenir sa famille à flot, nourrir ses quatre enfants et son mari handicapé.
La vie ne lui fait pas de cadeau et elle doit se battre sans cesse pour ne pas sombrer.
Sa fille raconte les combats, les victoires et ce qu’elle ressent face à cette mère autoritaire qui lui impose sa façon de voir les choses.
Elle raconte aussi sa vie, l’école, le lycée, ses amis, ses petites et grandes révoltes…

Giulia Caminito tente ici de croiser les portraits de plusieurs femmes.
Il y a d’abord sa mère, Antonia, une femme forte, énergique, volontaire qui se débrouille pour que sa famille survive avec très peu.
Antonia est sèche et dure mais elle doit faire vivre ses quatre enfants, son mari handicapé.
Elle ne tolère aucun écart et tente d’enseigner l’honnêteté et la valeur du travail à ses enfants.
Puis il y a elle-même enfant puis adolescente, jeune fille un peu paumée et en quête d’elle-même.
Et il y a les amies, Iris, Carlotta et les autres, chacune avec ses défauts et ses qualités, de passage ou pour longtemps.
Dans la postface, l’autrice indique qu’elle a voulu parler de sa mère, d’elle-même et d’Iris, sa grande amie.
J’avoue avoir été surprise car si Iris a une grande place, d’autres jeunes femmes sont également très présentes.


C’est aussi un roman à la première personne.
La narratrice n’est pas une copie conforme de l’autrice.
Elle lui emprunte apparemment beaucoup de traits et d’actions mais ce n’est pas une autobiographie.
De même, le portrait de sa mère est accompagné d’adaptations, notamment pour les lieux ou certains évènements.
Ce choix de focalisation nous plonge littéralement dans les pensée de cette jeune femme en pleine construction, à la recherche de repères et de certitudes.
Elle se débat avec une violence qu’elle sent sourdre en elle, tout en ne sachant pas comment la canaliser.
Ce qui m’a particulièrement frappé, ce sont les passages où elle explique comment elle se voit et comment elle ressent les situations, puis les commentaires des gens qui la côtoient et qui ont ressenti ou observé autre chose.
Rien n’est lisse et on peut parfois se tromper lourdement sur les pensées des gens qui vivent proches de nous.

L’autrice tente aussi le portrait d’une époque en évoquant le décalage de sa narratrice avec ce que vivent les autres jeunes.
En disant qu’elle n’a pas de portable, elle peut dire que tous ses camarades en avaient, et décrire ces nouveaux rituels de communications que l’on connait tous aujourd’hui.
Elle décrit cette partie de la population qui n’a accès à rien au milieu de l’opulence d’autres familles qui ne semblent pas s’en rendre compte.
Elle évoque enfin comment sa mère la pousse pour qu’elle fasse des études, et l’échec qui menace car aucune des deux n’a les codes pour aller au bout de cette ambition.

Malheureusement, j’ai trouvé cela très long, très négatif et je n’ai pas bien vu ce que Giulia Caminito voulait nous montrer.
La narratrice ne supporte rien, ni sa mère qui tente de maintenir la famille à flot, ni une partie de ses amis.
Elle grandit en détestant tout et tout le monde.
Évidemment, sa vie n’est pas simple et on imagine très bien (voire on se souvient d’avoir vécu cela) que les économies permanentes, la récup, le peu de moyen, ce n’est pas agréable quand on est une adolescente qui ne demande qu’à vivre sa vie.
Mais elle évoque ses frères qui, eux, s’en accommodent très bien, comme deux idiots qui ne réfléchissent pas assez.
Cette vision négative de tout affaiblit le récit et donne envie de lui remettre les idées en place.
Et puis il y a ces listes, interminables, trop nombreuses.
C’est un choix littéraire qui peut se justifier mais elle fait des listes pour tout !
Je trouvais déjà le livre un peu long, mais chacune d’entre elles m’achevaient 😆.

La version audio vient heureusement sauver un peu le roman et permet de le terminer, même si ce ne sera clairement pas un coup de cœur (mais il faut bien qu’il y ait des romans à mettre dans le bas du classement du prix Audiolib !).
Florine Orphelin apporte de la douceur à ce récit un peu dur.
Elle lit le texte en gardant une retenue qui n’en rajoute pas lorsque la narratrice se fait très critique et c’est assez bienvenue.


Si mon avis est mitigé, c’est sans doute que j’apprécie peu ces romans pendant lesquels je me demande où l’auteur veut en venir.
Si vous aimez les portraits d’une époque, les récits de femmes, cela pourrait bien vous plaire.

 


 
 





 

 

mardi 11 juin 2019

L'art de la joie de Goliarda Sapienza { Prix Audiolib 🎧 📘 }

Il y a longtemps que je voulais lire ce roman.
Je le voyais passer avec des avis souvent très enthousiastes sur Instagram ou sur les blogs et je l’avais noté dans les incontournables à ne pas manquer.
Quand je l’ai vu dans la sélection Audiolib, j’étais donc ravie.
Je l’ai tout de même gardé pour la fin, parce qu’il n’y a pas moins de 23h d’écoute et j’ai préféré commencer par des romans plus courts.

Modesta, jeune fille pauvre de la campagne sicilienne, découvre le plaisir dans les bras d’un berger du village.
L’homme est respectueux, contrairement au père de Modesta qu’elle ne connaît pas mais qui la viole dès leur première rencontre…

L’histoire de Modesta est celle d’une femme qui a décidé de ne pas se laisser faire.
Son milieu d’origine, ce qui lui arrive et la tournure que prennent les évènements ne sont pour elle que des péripéties qu’elle détourne à son profit.
Sans état d’âme, elle met le feu, elle provoque des catastrophes pour se débarrasser de ceux qui lui barrent la route.
Femme libérée au début du 20e siècle dans une Sicile encore très conservatrice, elle séduit les hommes et les femmes pour arriver à ses fins.
Et ça marche !
La petite paysanne se construit une situation où elle pourra étudier et vivre comme elle l’entend.

Pour éclairer les évènements racontés dans ce récit, Golliarda Sapienza aborde le socialisme, la condition des femmes, l’éducation des enfants, les conditions de vie en Sicile…
Le récit est dense et on suit les personnages à toutes les étapes de leur vie.
J’ai néanmoins trouvé qu’il y avait un peu trop de tout : trop de pages, trop de blabla, trop de sexe (elle est quand même limite nymphomane), trop d’invraisemblance (mais sans doute faut-il y voir une fable plutôt qu’un roman ?).
J’ai suivi Modesta avec curiosité, mais pas assez d’empathie pour vraiment adorer ces heures d’écoute (ou 850 pages en poche).

La lecture de Valérie Muzzi est sensible, expressive.
Elle permet de ne pas s’endormir et de bien entendre les différents personnages.

Si vous voulez lire un roman féministe, l’histoire d’une femme forte, ce roman vous plaira sans doute.



https://www.audiolib.fr/livre-audio/lart-de-la-joie-9782367628318




https://www.audiolib.fr/prix-audiolib

vendredi 8 juillet 2016

Mort sur le lac de Cocco et Magella

De temps en temps, j’aime lire un petit roman policier sans prétention mais sympathique.
Je ne connais pas l’auteur, je le choisis pour le lieu dans lequel se passe l’action, ou le résumé qui me plait. 


Celui dont je vais vous parler aujourd’hui appartient à cette catégorie.
Je l'ai vu passer chez Eimelle et il me tentait bien.

La commissaire Stefania Valenti a fort à faire avec sa fille qu'elle élève seule depuis son divorce, ses adjoints qui ne sont pas très autonomes parfois et surtout ce corps qu'on vient de retrouver dans la montagne. 
A proximité de la frontière suisse, alors qu'on creusait pour construire une nouvelle déviation pour les touristes, une petite bergerie a dévoilé la cadavre d'un homme sans doute là depuis la fin de la dernière guerre. 
Sans qu'elle se l'explique vraiment, Stefania va se passionner pour cette énigme que représente cet inconnu. 
Au milieu des petits villages qui entourent le lac de Côme, il aurait dû être bien difficile de disparaitre ainsi, et pourtant, personne n'a l'air au courant de quoi que ce soit... 

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, je l'avoue. 
Je ne pense pas que ce soit de la faute du roman, mais il ne s'y passe pas grand chose au départ et du coup, j'avais du mal à accrocher. 
Mais l'héroïne est attachante, on a envie de savoir ce que va donner son amourette qui se construit tout le long du roman et de connaitre le fin mot de l'histoire. 
Je lisais donc en pointillés, tout en sachant que j'allais m'y mettre parce que je sentais bien que l'histoire gagnait en épaisseur au fur et à mesure. 

Bon, de toute façon, ce n'est pas une histoire trépidante à multiples rebondissements. 
Le corps retrouvé est là depuis cinquante ans et personne n'a envie de remuer de si vieux souvenirs. 
Pas de mafia, pas de voiture piégée, mais une intrigue historique bien construite où on apprend pas mal de choses. 
Et puis l'enquête ne se résout pas à coup de baguette magique comme dans les séries dont les épisodes ne durent que 50 minutes. 
De façon très vraisemblable, Stefania doit attendre, chercher, patienter avant qu'il se passe quelque chose. 
On la sent frustrée, elle ronge son frein avant qu'elle découvre enfin quelque chose et qu'elle réussisse à démêler cette vieille histoire. 

Cela donne un roman agréable, où le personnage principal a une vraie épaisseur. 
L'attention portée à sa description psychologique laisse penser qu'il s'agit du premier tome d'une série assez prometteuse. 
Et puis les paysages décrits sont magnifiques et cela donne évidemment envie d'aller faire un tour au bord du lac de Côme. 

Je lirai sûrement le second tome quand il sortira en français mais n'hésitez pas à lire le premier, surtout si vous allez en Italie du Nord dans les prochaines semaines. 



Merci à Calmann Levy 
pour cette lecture.





mercredi 27 avril 2016

La révolution de la lune d'Andrea Camilleri

Il y a parfois des romans qui vous tombent dans les mains sans que l'on sache trop si on va les aimer ou non.
Le nom de l'auteur ou le résumé attirent et puis on hésite, on manque d'enthousiasme et finalement on se lance quand même et on découvre quelque chose de très différent de ce qu'on avait imaginé.

Palerme, 1677
La Sicile, province espagnole, est administré par un envoyé du roi d'Espagne portant le titre de vice-roi.
Mais le vice-roi Don Angel de Guzman vient de mourir en plein milieu du conseil des ministres.
Son testament est très clair, c'est sa femme Dona Eleonora di Mora qui doit lui succéder et administrer la Sicile tant que le roi d'Espagne n'envoie pas de nouveau vice-roi.
Mais on n'a jamais vu Dona Eleonora di Mora qui se cache depuis qu'elle a débarqué d'Espagne.
On la dit très belle, douce et réservée, bien que personne ne l'ai juste aperçue.
Les ministres s'en frottent déjà les mains...

Quel bizarre petit roman !
Je n'avais jamais lu Camilleri, même si je connais bien Montalbano, son personnage fétiche que j'adore regarder quand France 3 passe les derniers épisodes.
Je savais qu'il avait une langue particulière, où l'italien est mêlé au sicilien, ce qui ne doit pas être simple pour les traducteurs.
Mais le savoir et le découvrir "en vrai", ce sont deux choses différentes !
Le texte est effectivement truffé de petits mots qui viennent s'insérer dans les phrases et faire irruption dans le récit.
Certains sont proches du français par une racine commune ou paraissent être issus d'un vieil argot tandis que d'autres sont sans doute plutôt des créations du traducteur qui a voulu rester proche du texte original.
Je ne sais pas si tous les romans de Camilleri sont écrits de la même façon, mais cela m'a franchement déstabilisée pendant une trentaine de pages.
Le sens est souvent transparent et ce n'est pas vraiment un problème de compréhension car on s'habitue vite, mais c'est très gênant de devoir s'arrêter toutes les trois lignes pour tenter de découvrir ce que cela signifie.
La lecture est beaucoup moins fluide et s'arrête forcément sur ces mots.
Alors évidemment, cela "fait" peut-être sicilien, couleur locale, typique, c'est sans doute une revendication territoriale de la part de Camilleri, mais je n'ai pas vraiment été réceptive.

Et puis je me suis habituée et j'ai poursuivi ma lecture... pour découvrir que la Comtesse parle espagnol la plupart du temps !!
Après le sicilien francisé, l'espagnol non traduit !
Bon, je crois qu'on peut clairement dire que le choix de la langue est un point déterminant pour Camilleri.
La comtesse ne souhaite pas s'installer, elle sait que son séjour sera bref, et elle est d'ailleurs restée cachée pendant que son mari gouvernait la Sicile.

Pour résumer ces considérations linguistiques, il vous faudra un peu de courage pour découvrir cette histoire mais vous aurez raison de persister car c'est tout de même une bien jolie histoire.
L'auteur s'est appuyé sur un fait historique souvent passé sous silence dans les Histoires de la Sicile.
Une femme au gouvernement, quelle indécence !
Et pourtant, les textes montrent qu'elle a mené une série d'actions déterminantes pour la population, pour les pauvres, pour les femmes, pour les femmes âgées anciennes prostituées...
Camilleri romance un peu tout ça en mettant en place une intrigue entre les membres du conseil évincés et la Comtesse vice-roi qui fonctionne très bien et m'a fait pensé à ces romans du 16e siècle où le larron est confondu par un vertueux comme dans le Décameron.
Il y a une vraie lignée romanesque qui s'exprime ici et la style de Camilleri joue forcément un grand rôle dans cette appartenance.
C'est un peu baroque, riche et foisonnant dans le mélange des langues et les évènements qui se déroulent en une centaine de pages.
On a vraiment l'impression d'être plongé dans Palerme qui se révolte, Palerme qui remercie, Palerme qui protège et le départ de cette femme nous est autant une déchirure que pour les habitants.

Je retenterai Camilleri dans un roman à l'histoire contemporaine pour voir si son style est toujours celui-ci.
J'ai tendance à penser que non mais La concession du téléphone m'attend dans ma PAL et ce sera un plaisir de vérifier.


Merci à l'éditeur Fayard
 et à NetGalley pour cette découverte










mardi 14 mai 2013

Soie d’Alessandro Barrico


Lors de nos dernières vacances, je suis partie avec quelques livres qui me paraissaient pouvoir occuper les nombreux temps de trajet prévus pendant le voyage.
J’ai essayé de constituer une PAL efficace, asiatique et intéressante.
Je dois malheureusement avouer que si j’ai fait des choix intéressants, j’ai aussi eu quelques déceptions, dont ce livre qui n'aura pas duré plus de quelques heures.

Pourtant, son sujet était alléchant, l’histoire me tentait vraiment, et l’achat du roman lors de l’exposition sur le thé du musée Guimet promettait de belles heures de lecture.

Tous les ans à la même date, Hervé Joncour part acheter des vers à soie.
Tous les ans à la même date, il ramène les vers à soie pour les filatures de sa ville de Lavilledieu.
 Il laisse sa femme Hélène à la maison, Hélène qui l’attend et l’espère calmement, comme elle mène toute sa vie.
Mais la maladie décime les vers à soie et menace le commerce florissant de Lavilledieu.
Il faut aller plus loin, là où les étrangers sont interdits et où leur tête est mise à prix.
Hervé Joncour part au Japon, convaincu par Baldabiou que seul le Japon peut lui permettre de ramener des œufs sains et de sauver les filatures.
Après un périple à travers l’Europe et la Russie, il parvient à s’introduire au Japon où le seigneur Hara Kei le reçoit chez lui.
Mais c’est la maitresse d’Hara Kei qui fascine Joncour et qui le poussera à revenir malgré le danger…

Ce roman m’a d’emblée rappelé celui de Patrick Deville.
Le style simple, dépouillé, est dans le même esprit que Peste et Choléra, mais en plus court et plus resserré.
Or ce resserrement est justement ce qui m’a dérangé !
Le roman est ascétique, il n’y a pas d’informations superflues, pas de description ou de pensée personnelle.
Du coup, je n’ai eu aucune empathie pour les personnages, car je n’ai pas pu les connaître.
Avec une histoire pareille, j’attendais un peu plus d’ampleur, du souffle, de l’aventure, mais non ! Il n’y a rien de tout cela.
En Italien, le texte est peut-être très beau, car il y a de nombreux procédés stylistiques comme les répétitions qui varient légèrement et demandent au lecteur de se souvenir des précédentes.
La rapidité du roman ne permet toutefois pas de s’installer dans les pensées du personnage.

Du coup, je me dis que je suis sans doute plus fan de Zola ou Balzac qui développent leurs descriptions à foison, ou plutôt du Comte de Monte-Cristo, où j’ai plus de 1200 pages pour connaître les personnages et m’intéresser à eux.
Je préfère les longueurs aux textes ascétiques.
J’ai tout de même bien conscience du travail de l’auteur, d’une possible volonté de se conformer à une simplicité asiatique.
Les personnages sont attirants, la maitresse est belle mais comporte un mystère, la femme est surprenante et troublante, Baldabiou donne envie de le connaître.
L’histoire est belle, triste mais je n’en ai pas trouvé la porte.

Tant pis pour moi.
Il s’agit sans doute du nouveau roman italien qui n’est pas fait pour moi (en tout cas pas en français).


Quant au destin de ce roman, il a été déposé à Luang Prabang dans une bouquinerie, et échangé contre un Donna Leon !



mardi 30 avril 2013

Mort à la Fenice de Donna Leon


Comme j’ai un peu de retard dans mes billets de lecture (mais heureusement de ce point de vue, ces derniers mois n’ont pas été très productifs en lecture), je vous livre mon billet sur le premier tome des aventures du Commissaire Brunetti avant de vous parler du 14 et du 15e lus pendant mes vacances.
Ce n’est pas très logique, mais j’ai trouvé le 14e au Laos (et on ne choisit pas vraiment quand on est à l’étranger) et la suite à Bangkok (par chance).
Il me fallait donc revenir au premier tome pour découvrir toutes les petites informations qui m’étaient passées à côté.

Alors que l’opéra est comble en ce soir de première, le second entracte s’achève de façon inhabituelle.
Le directeur artistique apparaît sur la scène pour demander un médecin et le conduit jusqu’à la loge du maestro Wellauer.
Malgré la rapidité de son intervention, il n’y a plus rien à faire.
Le maestro est mort empoisonné.
Alors que la représentation se poursuit, la police arrive sur les lieux et Guido Brunetti, commissaire de police, fait les premières constatations.
Le meurtre a surpris tout le monde, l’épouse du chef d’orchestre est effondrée et Brunetti va devoir lutter contre l’hostilité d’une partie des chanteurs pour trouver l’assassin.

Évidemment, quand on lit les tomes dans le désordre, on ne peut s’empêcher de comparer.
Ayant déjà avalé deux tomes de la dame, il m’était difficile d’en faire abstraction et j’ai été un peu gêné dans ma lecture.
Mort à la Fenice est un petit roman par rapport aux tomes suivants, avec une histoire bien tournée, originale, mais on sent que Donna Leon avait besoin de se faire la main.
Vous me direz qu’un premier roman est une entreprise, qu’il est sans doute toujours un peu laborieux à écrire par rapport aux suivants.
Soyons donc un peu indulgent, surtout qu’il est tout de même bien tourné.

La découverte du commissaire Brunetti se fait progressivement, tout comme celle de Venise, qu’il parcourt à pied, s’arrêtant dans ses cafés préférés pour y boire un café.
On y découvre la Fenice et des quartiers assez connus, sans doute pour que le lecteur n’ayant jamais mis les pieds à Venise ne soit pas trop perdu.
On apprend aussi à connaître sa famille, sans trop de détail, mais avec juste assez d’informations pour qu’on ait envie d’en savoir plus.
Donna Leon réussit donc plutôt bien son coup pour un premier roman et attire le lecteur qui ne manquera sans doute pas de lire le deuxième tome.

Il faut dire aussi que l’histoire est bien tournée, sans effusion de sang et originale (même si j’avais trouvé au moins 100 pages avant la fin).
On s’y laisse prendre avec plaisir, en poursuivant la lecture pour voir comment elle va enrober cette fin et comment elle va organiser le dénouement final, moment de bravoure indispensable pour un bon roman policier.
Comme Brunetti est un tendre, il s’arrange toujours un peu entre sa conscience et son devoir, et c’est aussi cela qui est intéressant.
Sa personnalité se dévoile ainsi sans qu’il soit nécessaire de le décrire en détail.

Je regrette néanmoins que les personnages principaux ne soient pas plus détaillés.
De nombreux personnages secondaires, sans doute voués à disparaître, sont abondamment décris, quand la femme et les enfants de Brunetti sont simplement entraperçus.
C’est assez déstabilisant, et on se demande si ces personnages secondaires réapparaitront dans un autre tome.
Il y a aussi une insistance un peu trop prononcée sur la vue des toits de la ville qui se répète plusieurs fois sans raison narrative précise, mis à part le goût du commissaire pour la vue.


Malgré ce bémol, si vous aimez Venise, si vous voulez lire un petit roman policier bien ficelé, ruez-vous chez votre libraire pour lui demander celui-ci, car vous risquez fort de passer un bon moment.

 




LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...