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vendredi 21 février 2025

Madelaine avant l'aube de Sandrine Collette

Il est rare que je lise un roman « Goncourable » et la rentrée littéraire ne m’attire plus depuis quelques années.
Cette année, cependant, j’ai eu très envie d’écouter le nouveau roman de Sandrine Collette dont j’avais adoré Notre part de loup.
C’est clairement une autrice qui fera désormais partie de mon panthéon personnel !





Rose vit à l’écart du village, en haut des montées.
Sur le chemin qui conduit chez elle, il n’y a que deux fermes et sa petite maison, personne d’autre n’y passe.
La vie est rude, mais il faut la vivre.
Ses fils sont partis, elle vit de peu, et observe le monde, sa violence et sa fatalité.
Elle n’est pas seule, Bran l’accompagne et ensemble, ils affrontent les hivers et profitent des étés, jusqu’à ce qu’un petit être venu de nul part apparaisse dans le garde manger…  

J’ai commencé ce roman, je l’avoue, en ayant peur d’être déçue.
Il arrive fréquemment qu’un auteur reprenne encore et encore les formules qui ont marché dans un précédent roman et nous les resserve dans le suivant.
Je craignais que ce soit le cas ici et que je ne sois pas assez surprise comme je l’ai été pour Notre part de loup.
Mais l’autrice est évidemment plus fine que cela et change ici de cadre et de modalités d’écriture, tout en menant le lecteur sur le chemin qui lui convient pour son récit.
Elle maitrise l’art de nous conduire où elle le souhaite, de nous cacher ce qui doit l’être et de révéler d’un coup ce qu’on aurait pu savoir depuis longtemps.
Il n’y a toutefois que deux twists dans ce roman car le récit n’est pas basé sur la surprise (même si le premier est énorme !).
Ici, les évènements s’enchaînent de manière inéluctable, comme s’il ne pouvait pas en être autrement.
Les hommes sont soumis à la nature, puissante, qui fait la loi, et à leur seigneur, implacable, qui les exploite.
Ils n’ont pas d’issue et que ce soit le froid imposé par la première ou la violence du second, il faut continuer à avancer sans se retourner pour simplement survivre.

C’est un monde implacable qui est décrit ici.


L’autrice nous plonge dans un village comme il devait y en avoir tant, fermé, isolé, soumis à la loi du seigneur.
Aucune date n’est nécessaire car cet asservissement est de tous les âges.
Les hommes et les femmes font ce qu’ils peuvent, il faut penser au nécessaire, aucun superflu n’est permis.
La famille n’est même pas une ressource, chacun peut disparaître, partir sans se retourner, ou mourir en quelques heures.
Elle est aussi une consolation et un pilier pour les jours plus durs.
Madelaine, qui donne son nom au roman, survient dans le paysage pour brouiller les lignes, petite présence qui rend l’air plus doux, mais présence sauvage, violente et volatile.
Ce n’est pas un roman facile, c’est un texte fort, qui retourne et bouscule.

Évidemment, il n’y a pas que Madelaine dans ce roman.
Beaucoup d’autres personnages évoluent autour d’elle mais le tour de force de l’autrice, c’est de leur donner à tous une épaisseur et une vraie existence.
Bran, qui raconte la première partie, est pour moi le plus attachant, mais c’est un tableau d’ensemble qui nous percute par sa violence et le joug de la fatalité.
On ressort de cette lecture avec un sentiment de tragique qui trouve difficilement un exutoire.
Il n’y a rien à faire, il faut subir.

La version audio lue par Clément Bresson est sensible et s’efface pour laisser le texte se déployer.
Il n’y a pas de sentiment ici, le temps est compté et on écoute en apnée avec l’envie d’arriver au bout, de savoir si quelqu’un s’en sort.
Si la lecture audio vous tente, je vous la conseille sans hésiter, surtout pour la première partie à la première personne.

Et puis finalement, Madelaine n’a pas eu le Goncourt des grands, mais a obtenu le Goncourt des lycéens que je trouve très souvent beaucoup plus pertinent ! 

Vous l’aurez donc compris, je suis conquise.
Ce n’est pas un roman dont on sort avec le sourire, c’est sûr, mais c’est un texte fort sur la nature, sur les relations sociales, sur l’amour aussi.
C’est violent, dur, comme peut l’être le monde.  
 
 
 
 
 

 
 

mardi 11 février 2025

Une écharpe dans la neige de Viveca Sten

Alors que je viens de terminer l'écoute du tome suivant, je me lance pour vous parler du premier. 
Je ne sais pas ce qui me retenait d'écrire ce billet, car j'ai beaucoup aimé le premier tome de cette nouvelle série !
Je n’avais jamais lu Viveca Sten, mais j’ai croisé plusieurs fois son nom sur les couvertures du rayon policier, car c’est une autrice très prisée.
Et je dois bien dire que c’est mérité. 
 
 

 
Hannah a quitté son travail.
Son supérieur l’a harcelé une fois de plus, et elle a démissionné de son poste d’enquêtrice à Stockholm.
Elle a aussi quitté son petit ami.
Désœuvrée, sans domicile, elle finit par accepter la proposition de sa sœur qui lui propose de séjourner dans son chalet de Are.
Les enquêtes semblent cependant poursuivre Hannah.
Une jeune femme a disparu et la neige impose de faire vite pour la retrouver…


Il faut bien avouer que Viveca Sten est efficace !
Elle ne laisse rien au hasard et maitrise l’art de diriger son lecteur sans problème.
Le récit se dévore à la vitesse de l’éclair, avec une tension savamment distillée qui tient le lecteur en haleine.
On suspecte tout le monde, on a peur pour la victime, on se demande ce qu’il va se passer.

C’est très bien fait, et les personnages ne sont pas oubliés.
L’autrice prend le temps de les construire, de leur donner une épaisseur qui donne envie de les suivre et de continuer à lire leurs aventures dans beaucoup d’autres tomes. 
 
La société suédoise est aussi décrite avec des informations qui permettent de mieux la connaître, de comprendre certaines particularités, et c'est un vrai tour de force de l'autrice de réussir à déceler ce qui peut paraitre étonnant pour un lecteur étranger, alors qu'elle est elle-même immergée dans cette culture. 
Evidemment, il ne s'agit pas de différences énormes, mais de petites habitudes qui ne sont pas les mêmes d'un pays ou d'une région à l'autre. 
Et si on revient au roman policier, les pulsions de mort sont finalement sans doute toujours un peu les mêmes.

La version audio, lue par Noémie Bianco est nuancée, calme dans la tourmente, ce qui permet au lecteur de suivre son rythme.
Elle adapte sa voix aux personnages, ce qui rend l’écoute très facile à suivre.
Le tome 2 est également lu par cette comédienne, ce qui permet de donner une unité à la série.

En conclusion, c’est un début de série très prometteur, qui donne envie de suivre très longtemps ces personnages.
SI vous cherchez une lecture prenante, un roman qui se dévore, ouvrez celui-ci sans hésiter. 
Et moi, j'attends désormais le 3 en audio avec impatience !! 





lundi 10 février 2025

Résister à la culpabilisation de Mona Chollet

Il y a longtemps que je souhaitais lire Mona Chollet.
Les thématiques qu’elle aborde sont toujours très pertinentes et cela fait du bien de temps en temps de se poser pour réfléchir à notre façon d’agir et de réagir. 

 

 
Dans ce nouvel opus, l’autrice s’attaque à la culpabilisation, mal du moment qui nous empêche d’être heureux et d’avancer.
C’est effectivement un sujet important, tant on a du mal à se sortir de schémas répétitifs où une simple phrase peut remettre en question notre confiance, nos projets ou notre comportement.
Pour aborder ce sujet, Mona Chollet commence par balayer de nombreux domaines où nous culpabilisons.
L’éducation des enfants et leur position dans la société, la pollution, notre vie en général sont décortiquées, analysées.
Elle explique également d’où vient ce sentiment, qui serait lié à notre héritage judéo-chrétien où la faute est un concept essentiel qui semble indépassable.
Les femmes et les enfants sont présentés comme les deux catégories de la société qui sont le plus culpabilisés, évidemment par la troisième catégorie : les hommes, mais aussi par le fonctionnement social en général.
Elle indique clairement que la société place les enfants et les femmes dans une position d’auto-culpabilisation dont il est difficile de sortir.  


J’ai apprécié de suivre la pensée de Mona Chollet et d’aller de thème en thème pour explorer ce sujet.
Je ne suis pas sûre d’y avoir trouver des arguments ou des solutions pour en sortir, mais à la fin de cette écoute, on dispose d’informations et de connaissances plus importantes qui permettent de visualiser ce qui nous culpabilise et ce qui nous enferme dans ces répétitions.
On pourrait alors se dire « pourquoi continuer à culpabiliser puisque je ne suis pas responsables » mais ce n’est pas aussi simple.

Mona Chollet décrit par exemple que nous ne sommes pas coupables de la pollution plastique car les lobbys des pétroliers sont trop puissants, et que nous sommes finalement très impuissants, et, surtout, manipulés par les campagnes de pub.
C’est évidemment vrai, et même en passant totalement au vrac, nous ne sommes pas grand chose et le recyclage n’est pas non plus une solution.
Alors, être coupable ou impuissante, qu’est-ce qui est le plus difficile à vivre ?
C’est sans doute une question à creuser car il n’est pas sûre que l’un soit plus simple que l’autre.

Je ferais néanmoins une petite critique sur l’équilibre entre les sources, le texte et les expériences personnelles que raconte l’autrice.
C’est sans doute une déformation professionnelle mais elle s’appuie beaucoup sur ce qu’elle a vécu, sur des événements passés, là où une source théorique aurait peut-être été plus percutante.
C’est toutefois lié au public supposé de cet essai, je pense.
Il s’adresse au grand public justement, et il y a tout de même des références nombreuses pour aller plus loin sur certains sujets si on le souhaite.

La version audio, lue par Cristelle Ledroit, donne une impression de récit, de conférence que l’on ne dit que pour vous, comme une conversation privée avec Mona Chollet.
C’est très agréable, tout en n’interdisant pas de revenir en arrière si nécessaire, ou de prendre des notes, en ralentissant la lecture par exemple.


C’est donc un essai que je vous conseille, mais ne culpabilisez pas si vous ne voulez pas le lire ;)

 
 

 

vendredi 7 février 2025

Célèbre de Maud Ventura

 Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce roman.
Je n’ai pas lu le précédent qui a eu beaucoup de succès et je ne connaissais pas du tout la plume de cette autrice.
C’était donc une découverte. 
 
 


Cléo est célèbre, très célèbre.
Dès son enfance, elle savait qu’elle le serait, comme un destin tout tracé et inévitable.
Elle le répétait d’ailleurs à son père et a tout fait pour le devenir.
Au sommet de sa gloire, elle fait le point pendant ses vacances sur une île déserte et raconte son inexorable ascension…

Maud Ventura se lance dans ce récit avec un plaisir manifeste.
Cléo est infecte, imbue d’elle-même, prétentieuse et égoïste.
Les pages défilent et elle l’est davantage à chaque chapitre.
L’héroïne revient sur son enfance, ses projets de vie et sur les moyens qu’elle a utilisé pour parvenir à sa position actuelle.
C’est une description froide, clinique, qui ne s’embarrasse pas de sentiment.
Cléo est célèbre et elle le fait savoir.
Elle a tout calculé et décrit son parcours avec une jouissance qui, à elle seule, est une prouesse d’écriture.


Maud Ventura nous donne accès à une dimension de ce personnage qu’on devine très proche de la réalité.
La célébrité est un monde à part qui isole, enferme, et qui déconnecte de la réalité, permettant les abus et supprimant les barrières.
Cléo a tout prévu, elle a su se montrer sous son meilleur jour avant d’identifier les personnes qu’elle pouvait écraser.
Mais ce qui parait au premier abord très froid et très excessif, laisse deviner quelques failles, l’absence de joie et de plaisir dans cette vie où tout semble trop facile.
Certaines phrases, quelques scènes font émerger la fragilité du personnage, sa peur de l’oubli, de l’échec, de la perte.
Cléo est dure, cruelle, cynique, calculatrice, mais elle perd pied aussi très souvent, distillant quelques mots sur ces moments où elle ne contrôle plus rien.
C’est extrêmement efficace, très agaçant mais addictif, et cela permet de ne pas totalement détester cette jeune femme tout de même très agaçante.
J’aurais aimé peut-être que les failles soient davantage exploitées, ce qui aurait pu donner plus de profondeur au texte mais ce n’était sans doute pas l’objectif de Maud Ventura.

La version audio est lue par Suzanne Jouannet.
Sa voix et son ton collent parfaitement à ce récit grinçant qui ne laisse pas de temps mort.
Elle exprime la détermination de Cloé avec un rythme et une vivacité qu’on imagine bien pour cette jeune femme dont la vie file droit vers le prochain album, le prochain concert, la prochaine étape.


Si vous cherchez un roman un peu décalé, très cynique, agréablement grinçant, avec un personnage central que vous aimerez détester, ce livre audio pourrait bien vous plaire ! 
 
 


mercredi 5 février 2025

Escobar : Une éducation criminelle, de A. Madrigal, J.S. Marroquin, P. M. Farina

Voilà une bande dessinée assez originale.
Le titre est un peu trompeur, car elle s’intitule Escobar : une éducation criminelle.
Je pensais donc que j’allais lire un texte sur le trafiquant de drogue, mais il n’en est rien puisqu’il est question de… son fils.
Évidemment, lui aussi se nomme « Escobar » et le récit s’appuie sur ses mémoires, et sur un épisode de son enfance. 
 
 

 
On en parle peu, en effet, mais Escobar avait des enfants, dont Juan Pablo, un fils qui a été élevé et surveillé par des « nounous » un peu particulière, puisqu’il s’agissait d’hommes de main et d’une femme assassin.
Le livre décrit donc chacune de ces nounous, l’une après l’autre, à la suite d’une scène tragique à laquelle a assisté Juan Pablo.
C’est une succession de portraits qui reviennent sur le caractère de chacun et sur ce qui les a amenés jusque là. 
On remonte à l'origine de leur vie criminelle, ou on découvre un épisode de leur vie de truands. 
L’histoire cadre permet de lier ces épisodes, et de garder un fil conducteur jusqu’à la dernière page, même si c'est assez ténu.

La lecture est agréable, c’est plutôt intéressant, mais il faut quand même être très intéressé par Escobar.
On en apprend un peu plus sur le personnage, et si vous avez aimé la série Narco, vous pourrez apprécier.
Le récit est malin et permet d’aborder plusieurs épisodes de la vie de Juan Pablo qui a échappé plusieurs fois à des attentats.
Le dessin d’Alberto Madrigal est vif, expressif et les couleurs permettent de lisser un peu le trash de certaines scènes. 
C'est un dessin qui tend vers le manga, ce qui change un peu. 

C’est donc une bande dessinée maligne, bien construite, qui se lit avec plaisir, même si vous n'apprendrez rien de plus sur Escobar.

 





 


lundi 27 janvier 2025

Le barman du Ritz de Philippe Collin

Le Ritz, emblème du luxe à la française, est resté ouvert pendant toute la seconde guerre mondiale. 
Cela méritait bien un roman sur ses coulisses pendant cette période troublée. 

 


Franck se prépare pour une nouvelle soirée dans son bar au cœur du Ritz. 
Après plusieurs années passées à New York, sa réputation lui a permis de devenir le barman en chef de l’un des bars les plus réputés de Paris. 
Mais les Allemands approchent et il va falloir faire des choix… 


Voilà un roman très original ! 
D’ailleurs, je ne suis pas sure qu’il s’agisse réellement d’un roman. 
Philippe Collin nous propose un texte évoquant le Barman du Ritz, Franck Meier, et sa vie pendant l’occupation allemande à Paris entre 1939 et 1945. 
Ce barman était assez connu dans la bonne société, qui fréquentait assidûment la bar du Ritz pendant la belle époque. 
La guerre rebat les cartes, et la clientèle du bar change partiellement au moment de l’arrivée des soldats allemands. 
Franck s’interroge alors sur la conduite à adopter, lorsqu’on a un travail, pas d’argent pour fuir et pas vraiment envie de quitter Paris. 
Il va falloir faire avec et composer avec l’ennemi, la survie, sa conscience, les connaissances diverses et leurs choix parfois opposés. 

Le style de l’auteur est descriptif, et presque froid.
Cela m’a surprise au début de l’écoute du texte mais cela permet sans doute de respecter le peu d’information disponible sur les pensées de ce barman. 
Franck Meier a laissé un manuel de cocktails, et les archives du Ritz permettent de disposer d’informations sur sa présence, ou les évènements qu’a subi l’hôtel pendant la guerre. 
Les archives donnent aussi des informations sur les personnes ayant séjourné dans l’hôtel ou y ayant travaillé et Philippe Collin est d’abord historien. 
Il a donc utilisé ce matériaux brut pour nous proposer un récit qui croise les sources, et s’appuie sur un personnage pour en évoquer des dizaines. 
On voit passer dans son bar des célébrités, ainsi que des collabos plus obscures, des profiteurs, et d’autres ayant davantage de scrupules. 
C’est la petite histoire qui se dévoile ici, avec ces petites lâchetés, son courage caché et ses doutes, celle des couloirs et du petit personnel. 
 
La version audio est lue par Florian Wormser. 
C’est un peu froid, mais je me suis vite habituée et cela correspond à la tonalité du texte. 
L’auteur met une distance qui est maintenue dans la lecture, ce qui permet de la percevoir et de rester spectateur de ce qui se déroule dans le récit. 

Finalement, une question demeure : servir des verres aux généraux allemands, est-ce collaborer ? 
Il n’y a pas de réponse dans ce livre, et peut-être n’est-il pas possible de répondre réellement.




lundi 20 janvier 2025

L'inconnue du portrait de Camille de Peretti

Je ne sais pas pourquoi, je pensais que ce roman était sorti il y a très longtemps, alors qu’il a fait partie des sorties de la rentrée littéraire de janvier 2024.
C’est donc assez récent, et Audiolib n’a pas attendu longtemps pour nous en proposer une version audio, et c’est tant mieux !




En Italie, une doctorante en histoire de l’art vient de jeter un pavé dans la mare en identifiant un tableau disparu de Klimt sous un tableau connu et accroché dans un musée.
L’artiste l’aurait repeint pour modifier le motif initial.
Aux Etats-Unis, la mère de Pearl attaque le géniteur de sa fille en justice pour obtenir le financement de ses frais de scolarité universitaire.
En 1929, Isidore, jeune cireur de chaussures immigré, tente de se faire une place à New York en plaçant un peu d’argent en bourse…


Je dois avouer qu’en ouvrant ce roman, je ne m’attendais pas à ce que j’ai lu !
C’est amusant comme les résumés ou les informations que l’on reçoit sur un roman peuvent susciter en nous des images et des attentes.
Comme il est question de tableau, de Klimt, de repeint, d’analyses en histoire de l’art, j’avais supposé qu’il y aurait davantage d’informations techniques, que ce serait un roman un peu didactique.
Et finalement pas du tout !

Une fois ce moment de surprise passé, je suis entrée dans le texte avec plaisir et j’ai profité de plusieurs heures en compagnie d’Isidore et de Pearl.
Le texte mêle le récit de la vie d’Isidore, assez mouvementée, de sa mère également, et celui de Pearl après qu’elle ait retrouvé son père.
Le tableau est en arrière-plan, il joue un rôle, mais il n’est finalement pas très présent.

Le style d’Isabelle de Peretti est fluctuant.
Elle parvient à adapter le texte qu’elle écrit à l’époque et au personnage choisi.
Cela donne un récit bien ancré dans l’époque décrite et cela facilite l’immersion du lecteur.
En revanche, j’avoue être restée en retrait par rapport à Isidore, que j’ai davantage observé comme un spécimen de self made man (est-ce qu’on dit encore cela 😅).
J’ai davantage préféré le personnage de Pearl.
Ce sont néanmoins des caractères bien trempés, qui savent ce qu’ils veulent et qui avancent quoi qu’il arrive.
Ils donnent une impression de force tranquille à qui tout arrive mais que rien ne peut détruire.
Et puis le portrait (et celle qui y figure) resurgit dans le récit de temps en temps, parfois par surprise, parfois parce que les personnages s’y intéressent, tel un troisième personnage principal.

La version audio est intéressante, car la lecture de Mathieu Buscatto est bien faite (je ne suis jamais déçue chez Audiolib), mais en plus, il y a un entretien avec l’autrice en fin de lecture.
Ce n’est pas toujours possible pour l’éditeur de faire ces entretiens, mais c’est un vrai plus qui permet de comprendre comment le roman a été écrit, ou d’en savoir un peu plus sur les objectifs de l’auteur.
C’est toujours très instructif.


Alors ? Tenté·e ?
Les avis sont plutôt unanimes sur ce roman, et j’en rajoute un ! 
 

 
 
 

vendredi 10 janvier 2025

Feux dans la plaine de Olivier Ciechelski

Êtes-vous prêt pour la forêt ? La solitude ? La nature qui reprend ses droits ? 
C’est ce que vous pourrez trouver dans ce roman vraiment très original. 
 
 
 

Ancien militaire, Stan a acheté un vieux chalet et 60 hectares de maquis dans la montagne avec ses économies. 
A son rythme, il répare, organise, cultive ses terres et cultive son misanthropisme. 
Mais un matin, il découvre que dans ses bois, un groupe de chasseurs a balisé un chemin en coupant un arbres, et en marquant d’autres troncs à la peinture bleue… 

Voilà un roman très étonnant !
Il vous semblera assez classique de prime abord, avec un personnage qui se terre en ermite, d’autres qui tentent de venir l’embêter, mais les dernières pages sont assez incroyables.
Evidemment, pas de spoiler ici, ce serait vraiment une erreur pour ce genre de roman qui joue avec le lecteur.
J’aime bien être surprise quand je lis, et ici, je n’ai pas été déçue.
Je ne vais donc pas vous en dire plus !!


A la manière de ces films américains qui se déroulent au fond de la forêt, ou des thrillers qui ont pour cadre le fin fond de l’Alaska, cette histoire évolue petit à petit et on sent la menace qui plane. 
Elle surgit très vite, mais on a le temps de découvrir l’histoire et les personnages au fil des pages et on s’aperçoit rapidement qu’on imagine souvent des choses en début de lecture qui ne sont pas forcément celles que l’auteur a choisi.
C’est ce qui fait la richesse d’un texte par rapport à un film. 
Vous visualiserez des images que le texte vous amènera à modifier au fil du roman, avec un vrai talent de la part de l’auteur. 

Mais dans ce texte, ce qui est également remarquable, c’est l’omniprésence de la nature, de la forêt, de la montagne.
Olivier Ciechelski  nous plonge dans un territoire occupé par les arbres et les animaux, où l’homme ne fait que passer.
Il laisse malheureusement une trace de ses passages, et c’est justement ce qui va provoquer un retournement de situation.
Le texte semble poser la question de l’intrusion de l’homme dans la nature. 
Si nous ne sommes pas capables de respecter, de ne pas abimer, avons-nous notre place dans ces grands espaces ? 

Mais je dois également avouer quelque chose. 
Il se trouve que je suis moi-même un peu jalouse de mon champ et de mes arbres. 
Je suis propriétaire d’un grand terrain depuis un an et demi, et lorsqu’on chasseur y pénètre, je vois rouge et je considère cela comme une intrusion absolument inadmissible 😅. 
Les réactions de Stan lors de l’intrusion dans son domaine, sa volonté farouche de garder son espace sauvage résonnent donc intimement en moi et tout ce qu’il fait me parait vraiment très logique 🫣. 
Mais cela suscite évidemment des questions. 
Sommes-nous propriétaires de la nature ? Comment vivre avec, la protéger sans la privatiser ? 
Et quel serait le meilleur moyen de la préserver justement ? 
Le roman n’est toutefois pas fait que de cela et beaucoup d’autres thématiques sont abordées. 
Si ces questions ne vous parlent pas, l’aspect thriller est déjà une bonne motivation pour le lire. 

La lecture de Taric Mehani suit les évolutions du texte et du personnage et propose une interprétation douce et forte. 
Cela colle parfaitement à l’histoire. 
Et cerise sur le gâteau, il y a un entretien avec l’auteur à la suite du roman ! 
J’adore ces entretiens qui sont toujours tellement remplis d’informations !

En conclusion, c’est un roman très beau à écouter, qui fait réfléchir, qui pose des questions aussi. 









mercredi 8 janvier 2025

Armelle et Mirko de Montel, Clément et Arnal

Vous cherchez un cadeau pour un enfant qui lit déjà un peu, le vôtre peut-être à qui, comme moi, vous offrez toujours des livres ? 

Ou peut-être avez-vous besoin de mignonnerie, de jolies pages, de bonté et d’une belle histoire ? 

Si c’est le cas, restez là, j’ai ce qu’il vous faut ! 






Armelle est une petite tortue qui a un gros problème dans la vie. 

Elle a peur du noir ! 

Mais elle a vraiment, vraiment très peur ! 

Cela la paralyse, elle ne peut pas dormir la nuit, de peur que le feu s’éteigne, mais surtout, elle ne peut pas rentrer dans sa carapace car il y fait noir ! 

Comment faire pour retrouver un peu de sérénité ? 


Pas facile la vie pour cette pauvre Armelle. 

Elle tente de se débrouiller pour vivre avec son handicap mais on sent sa détresse et on ne peut que compatir pour elle. 

Elle se retrouve toute seule et doit affronter chaque soir la tombée de la nuit. 

Elle erre donc dans la forêt, épuisée et à la merci de tous les dangers. 

Heureusement, c’est une histoire qui se termine bien et qui vient apporter une jolie morale pour les jeunes lecteurs.

Il est question d'amitié, de soutien, de penser aux autres, on valide sans hésiter ! 


Les dessins sont tout en douceur, ce qui rend cette bande dessinée vraiment belle. 

Julien Arnal a choisi un dessin rond, et des couleurs aquarellées dans des teintes douces. 

Il sert très bien l’histoire en proposant des petits détails mignons qui donnent une épaisseur au personnage d’Armelle. 

Anne Montel et Loïc Clément se sont occupés du scénario et c’est très réussi. 


Le deux tomes suivants sont déjà sortis si cela vous tente. 

Il y a peu de texte dans celui-ci, ce qui le rend accessible dès 6 ou 7 ans en autonomie mais faites-vous plaisir, lisez-le avec vos enfants (ou sans si vous n’en avez pas 😁).  

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 


 

jeudi 19 décembre 2024

Les douze indices de Noël de P.D. James

Lire des romans de Noël à Noël, quel plaisir !


Adam Dalgliesh, inspecteur de police, enquête sur un suicide survenu dans des circonstances suspectes, puis enchaine avec une mort suspecte, celle d’une jeune femme empoisonnée il y 67 ans.
Une grande romancière, quant à elle, se remémore ce crime survenu chez sa grand-mère pendant la guerre le soir du réveillon, tandis qu’un employé de bureau regrette amèrement sa visite clandestine dans le bureau de son patron…
 
 
 


Dans ce recueil de nouvelles, vous trouverez 4 textes édités entre 1969 et 1996.
Pas d’inédits donc, mais des textes variés dont 2 mettent en scène Adam Dalgliesh, l’enquêteur fétiche de l'autrice.
Les deux autres nouvelles ont des personnages nouveaux.
On est en plein dans l’atmosphère de Noël, c’est policé, sympathique, et on lit avec plaisir ces petits textes.
Il faut dire que P.D. James est quand même une grande autrice et en ayant choisi ce livre juste sur son nom, on espère ne pas être déçu.

Chaque texte fait une cinquantaine de pages, parfait pour une soirée ou une après-midi d’hiver au chaud avec un thé !
Vous serez plongé au coeur du récit en quelques lignes, sans fioriture, description ou psychologie.
C’est en général ce qu’on attend d’une nouvelle mais si vous aimez les ambiance détaillées, ce n’est pas ici qu’il faut laisser trainer vos yeux.
Ici, c’est plutôt la légèreté d’une petite histoire criminelle, où tout est dévoilé en bloc en fin de texte, le coupable et les indices permettant de l’identifier.
Comme j’aime beaucoup trouver moi-même l’assassin, j’avoue avoir été un peu frustrée par le procédé, mais bon, dans une nouvelle, on ne peut pas non plus s’étendre.

Le système du récit enchâssé est un classique, évidemment maitrisé par l’autrice qui a su l’utiliser à bon escient.

Un bon volume si vous aimez être en accord avec l’ambiance autour de vous ! 
 
 

 

lundi 16 décembre 2024

L’heure bleue de Paula Hawkins

Vous connaissez peut-être Paula Hawkins car c’est elle qui a publié le thriller à succès La fille du train.
Son dernier roman se passe dans un cadre totalement différent, où il n’y a aucun train !
Cela reste néanmoins un thriller, et même un plutôt bon thriller. 
 
 

 

La succession de Vanessa Chapman, grande artiste à succès, est complexe.
Toutes ses œuvres ont été léguées à une fondation mais la détentrice actuelle des tableaux et des céramiques refuse de les confier à leurs destinataires.
Il va bien falloir pourtant que James, conservateur à la fondation, récupère les œuvres et les cahiers de l’artiste car un ossement humain vient d’être découvert dans une des sculptures de Chapman…  


C’est toujours un risque de relire un auteur qu’on a beaucoup aimé, surtout quand on a apprécié tout en sachant que ce n’était pas non plus le roman du siècle.
Quand j’ai commencé L’heure bleue, j’avais donc une petite appréhension.
Allais-je apprécier ce roman ?
L’autrice avait-elle réussi à produire un nouveau thriller aussi captivant que le précédent ?
La réponse est oui, mais un peu différemment, ce qui est une bonne chose !
Refaire La fille du train aurait été dommage.
L’heure bleue commence doucement, on entre dans l’histoire sans vraiment savoir où va se trouver la menace.
James Becker a un travail assez tranquille, dans un environnement protégé, mais les chapitres passant, on découvre que chacun a des choses à cacher.
Le monde de l’art n’est pas aussi tranquille qu’il y parait.
La tension monte doucement, et on guette l’évènement qui va tout déclencher, le point de bascule qui va accélérer l’histoire.
Préparez-vous, car il faut attendre plusieurs chapitres avant d’être vraiment au cœur de l’histoire, mais ce qui précède est très intéressant également.  
Le héros reconstitue les évènements de la vie de Chapman, on découvre pourquoi il lui voue une admiration sans bornes, il y a des meurtres anciens, des disparitions, la tension est diffuse et monte comme la mer.
J’ai d’ailleurs beaucoup aimé les passages sur la peinture, sur la mer, sur l’île.
Ce n’est pas un simple thriller.
Il y a un vrai lien avec le sujet choisi, ce qui n’est pas toujours le cas.
Et puis les derniers chapitres sont tendus et vous ne pourrez plus lâcher le roman.

Mon seul bémol concerne la fin.
J’ai écouté deux fois, mais je ne suis pas sûre de mon interprétation 😅.
Si vous avez un avis plus tranché que le mien, je suis preneuse, car je ne suis pas certaine que ce soit totalement tragique ou, au contraire, plutôt positif (j’essaie de ne pas spoiler 🫣).

La version audio est parfaite.
On ne devine pas du tout d’où va venir la menace, même au dernier moment.
La lecture de Martin Spinhayer et Marcha Van Boven suit le rythme du texte et nous accompagne dans la montée de la tension.
C’est fin, bien interprété, parfait !


Si vous aimez les thrillers, c’est donc une lecture à tenter sans hésiter.
Si vous aimez l’art, cela pourrait bien vous plaire aussi.

mercredi 11 décembre 2024

Comme un oiseau dans un bocal : Portraits de surdoués, de Lou lubie

Ces derniers temps, j’ai lu plusieurs BD vraiment chouettes dont celle-ci, écrite et dessinée par Lou Lubie.
 J’ai découvert cette autrice il y a quelques temps et j’adore tout ce qu’elle fait.
Elle ne se cantonne pas à un genre précis mais se promène un peu partout et cela tombe souvent juste. 

 
 

 
Birdo rencontre Raya dans une soirée où il s’ennuie copieusement.
C’est le coup de foudre !
Mais Raya n’est pas libre, et finalement, ce n’est peut-être pas le plus important.
Car Birdo et Raya se retrouvent l’un dans l’autre, il sentent qu’ils ont un énorme point commun.
Ils ont très probablement un cerveau qui fonctionne un peu différemment… 
 
Je ne suis pas fan en général des livres un peu trop didactiques.
Le souci de transmettre une ou plusieurs informations fait parfois oublier le coté esthétique mais je me suis dit qu’avec Lou Lubie, il y avait de grandes chances pour que ce ne soit pas le cas.
Et j’ai eu raison.

Cette BD est vraiment chouette si le sujet vous intéresse (si cela ne vous intéresse pas, vous pourriez être surpris d’aimer tout de même, parce que c’est très bien fait !).
La situation de départ est assez simple, mais la rencontre décrite ici est plus complexe qu’il n’y parait et va permettre de montrer pas mal de facettes de ce que signifie « haut potentiel ».
On a un peu tous notre propre idée à ce sujet, qu’on y soit confronté ou non, mais finalement, on ne sait pas toujours ce que cela signifie réellement.

Lou Lubie entreprend donc de nous donner un ensemble de connaissances précises, appuyées sur des sources qu’elle cite dans des notes de bas de page et qu’elle met en scène dans des illustrations souvent libérées de tout cadre.
C’est didactique, c’est le propre de ce genre, mais cela reste léger et facile à lire. 

Et puis l’histoire de Birdo et Raya est aussi intéressante, même si elle constitue un arrière plan.
Les deux personnages se tournent autour, tout en étant surtout en train de tenter de comprendre qui ils sont.
Il y a ici davantage une quête d’identité, d’informations, ce qui permet de les donner aussi au lecteur.  
On visualise beaucoup avec des pages ludiques, des schémas qui n’en sont pas vraiment mais visent à mieux comprendre et, peut-être, enregistrer les informations.
Les choix graphiques sont d’ailleurs assez originaux, avec cette omniprésence du bleu et du jaune. 
Les personnages ont des têtes d’animaux, peut-être pour la référence à la dénomination de J. Siaud-Facchin qui désigne les HPI comme des « zèbres ».

C’est donc une BD vraiment intéressante, originale et instructive.
Et si vous croisez un autre livre de Lou Lubie, n’hésitez pas ! 
 
 
 
 
 
 


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