Trop tard !
Elle avait tout tenté pour être là pour le grand décollage.
Après plusieurs jours de recherche, elle avait finalement négocié avec un fermier pour lui échanger son dernier cheval contre des rations de survie.
Il lui avait fallut parcourir 50 km à pied pour le trouver.
Quand il était mort d'épuisement après plusieurs jours de marche forcée, elle avait regretté de n'avoir jamais appris à ménager une monture.
Tout ce qu'elle savait faire, c'était conduire une voiture, compétence totalement inutile depuis longtemps déjà.
Tout ce qui était électrique avait cessé de fonctionner depuis des mois.
Pour poursuivre sa route, elle avait volé un vélo.
Elle n'avait plus rien à échanger et le temps pressait.
Elle avait pédalé jour et nuit, crevé deux fois et pu réparer à chaque fois.
Ça, au moins, son père lui avait appris.
Elle avait fini par perdre le décompte des jours mais elle savait qu'elle devait faire vite.
Il y a trois jours, elle avait vu des panneaux à nouveau et senti qu'elle y était presque.
Ce matin, elle s'était levé avant l'aube pour avaler les derniers kilomètres.
Et pourtant, c'était trop tard.
Face à elle, petit à petit, la fumée nocive envahissait tout et les ballons s'élevaient doucement.
Ils avaient apparemment attendu le dernier moment et les derniers réfugiés pour décoller.
Mais elle n'en ferait pas partie.
Elle faisait de grands gestes, espérant qu'un des passagers la verrait et qu'ils décident de venir la chercher mais elle se faisait peu d'illusion.
Depuis la grande catastrophe, la pitié était rare et chacun pensait d'abord à lui-même.
Elle regardait la brume s'avancer.
Faire demi-tour ? Pour aller où ?
Elle n'avait plus la force, plus l'envie.
La brume gagnait toujours et tuait tout sur son passage.
Elle allait rester là et profiter de la vue.
Au moins, elle aurait droit à un beau spectacle avant de partir.
Le ciel était clément aujourd'hui et offrait un beau lever de soleil.
Elle s'installa confortablement pour attendre.
Cela ne serait pas long.
Et puis finalement, de toute façon, il y avait bien peu de chance que ceux qui la regardaient d'en haut trouvent un endroit accueillant et respirable pour se poser.
Son agonie à elle serait plus rapide, voilà tout.
Son agonie à elle serait plus rapide, voilà tout.
En voyant la photo de cette semaine pour la première fois, je n'ai vu que la brume et pas les montgolfières !!
Le sujet de ce petit texte était alors tout trouvé, fortement inspiré, sans doute, des films d'anticipation que je regarde un peu trop.
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