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samedi 27 janvier 2024

Paloma [Atelier d'écriture]

Alexandra a relancé son atelier d'écriture, la belle nouvelle 🤗. 

Je dois néanmoins avouer que mon texte concerne la photo de la semaine dernière... Je l'avais écrit dans ma tête mais pas par ici 😂. 

C'est réparé et le voici !  

Pour voir les autres textes, c'est chez Alexandra... 

Et pour lire mes textes précédents, c'est par ici... 


 

Elle regarda au loin, là-bas vers le large.
Elle n’aurait pas pensé pouvoir revenir ici un jour.
Ce restaurant symbolisait pour elle ses années de faste, de fêtes incessantes, de luxe, où elle se grisait de quelques paillettes pour ne pas penser à ce qui importait.
Ce n’était pourtant pas un endroit clinquant mais le luxe réside parfois justement où on ne le voit pas.

La vue était toujours aussi incroyable et après ces derniers mois où elle n’avait fait que courir, se cacher, fuir, c’était une bulle d’air qui lui faisait du bien.
Tout avait changé un an et demi plus tôt.
Ils l’avaient contacté dans un parc où elle avait l’habitude de s’arrêter pour manger un morceau l’après-midi.
Tellement classique.
Elle n’y avait pas vraiment cru au départ et pensait plutôt qu’on lui tendait un piège pour tester sa fiabilité.
Elle avait donc dit non, fermement.
Ils étaient revenus, encore et encore, à intervalles irréguliers, surgissant dans un magasin, un bus, une ruelle.
Et puis un jour de lassitude, elle avait dit oui.
Passer ses journées dans les chiffres d’une famille au commerce pas très honnête, c’est fatigant.
Quand le chef est, en supplément, peu respectueux de ses employés, c’est usant.
Une énième insulte, un café envoyé en pleine figure, c’était trop.
Elle avait ramassé son sac et quitté l’immeuble, trop heureuse de percuter l’un des hommes qu’elle avait déjà vu en sortant.
Il avait discrètement échangé leurs téléphones tombés à terre et était reparti en s’excusant.

Tout s’était enchainé ensuite à une vitesse folle : témoignage, protection de témoin, procès, planques, hôtels, surveillances…
Deux gardes du corps veillaient sur elle en permanence.
Un soir, dans un hôtel pas plus sordide qu’un autre, elle avait invité l’un d’entre eux à entrer.
Nino avait gardé ses distances… un temps.
Et puis le procès touchait à sa fin et avant de prendre le large pour sa nouvelle vie, elle avait demandé à réaliser une dernière chose chez elle, dans son pays.
La tension retombait et elle avait pris conscience de la vacuité des mois qui s’annonçaient.
Toute sa vie, elle avait senti ce petit frémissement de la peur sur sa colonne vertébrale.
Il y avait toujours eu une arme à proximité, la possibilité d’une fusillade, d’une arrestation.
Et d’un coup, c’était terminé.
Qu’allait-elle faire de ses journées ?
Un petit job de bureau sous-payé ?
Comment se supporter dans ces conditions ?

Elle avait alors pris sa décision et demandé un déjeuner sur cette terrasse avec Nino.
Il n’avait pas encore décidé de l’accompagner dans sa fuite.
C’était un adieu digne de ce nom.
Toutes les précautions avaient été prises.
Le déjeuner avait lieu plus tôt, le restaurant était vide et on verrait un jet ski arriver à des kilomètres.
Elle guettait néanmoins et scrutait la mer.
Et le petit frisson était là.

Soudain, une succession de bruits la prirent au dépourvu.
Elle se jeta par terre.
Non !
Finalement, elle ne voulait pas mourir !
Elle s’était fait des illusions !
Le frisson, elle le trouverait ailleurs !
Et elle aimait Nino.
Elle voulait qu’il l’accompagne !
Il se jeta sur elle pour la relever en lui prenant la tête entre les mains :
« Paloma, ce n’est rien ! Le serveur a fait tomber des casseroles, tout va bien ».
Elle se mit à rire, heureuse d’être là, dans ses bras et soudain pressée de partir.
Elle se releva.

La balle l’atteignit juste au-dessus de l’oreille et ressorti de l’autre côté dans un souffle.


lundi 4 mars 2019

Souvenirs, souvenirs...

© Sabine Faulmeyer

Oh un tricycle !
Ses yeux s'étaient posés sur le petit vélo sans qu'elle y pense vraiment et son esprit avait divagué.
Un tricycle un peu ancien comme celui-là avait dû en faire des kilomètres.
Combien de petits garçons et de petites filles s'étaient bagarrés pour savoir qui monterait dessus en premier ?
Et puis elle se souvint de ce petit tricycle bleu qui appartenaient à ses enfants quand ils étaient petits.
Avant.
Il y a si longtemps.
Où l'avait-elle acheté déjà ?
Ou peut-être avait-il été offert ?
Ah oui, c'est ça.
C'était mamie qui l'avait offert à Victoire et Louise l'avait récupéré ensuite.
Et elle se rappelait parfaitement les chamailleries, les courses endiablées sur la terrasse et dans les couloirs, les chutes aussi où elle avait maudis mamie de tant les gâter et d'offrir des cadeaux dangereux !
Petit danger pourtant.

Qu'était devenu ce tricycle ?
On avait dû le donner...
Ou peut-être le vendre.
Il y a une époque où tout le monde vendait tout.
C'était la mode.
Et quand on avait aménagé le grenier pour que chacune ait sa chambre, il avait fallut faire du vide.
Elle aurait bien aimé le garder pour ses petits-enfants.
Ces objets qui se transmettent sont tellement plus intéressants.
Mais c'était encombrant.
Elle avait dû se contenter de conserver leurs premières chaussures, une mèche de cheveux.
Et c'était sans doute aussi bien comme ça.

- Allons Mme allouent il faut rentrer.
-    vous avez vu ce petit tricycle ? Mes filles en avaient un presque identique quand elles étaient petites, dit la vieille dame en souriant.
-    Mais oui Mme Allouent, bien sûr, mais vous savez bien que vous n'avez jamais eu d'enfant !
  
Il y a bien longtemps que je ne m'étais pas adonné à ce petit exercice d'écriture. 
Il a suffit d'une photo accrocheuse de Sabine pour dérouiller mon stylo, et voilà !




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lundi 24 septembre 2018

India train


Elle adorait les trains.
© Rishi Deep
Le balancement régulier, le mouvement immobile qui entraine loin, l’arrachement et l’éloignement…
Ce qu’elle préférait, c’était les trains couchettes.
S’endormir au son des roues qui claquent sur les rails, se laisser porter par le souffle de l’air qui entrait par les fenêtres entrouvertes, écouter les bruits des dormeurs qui partageaient sa nuit…
L’arrivée se faisait souvent au petit matin, quand tout dormait encore.
C’était un temps suspendu, un voyage qui ne coutait rien, un déplacement qui ne se payait pas en journée de vie.

Sauf ici.
Les trajets étaient longs et il fallait parfois enchainer les trains, changer à minuit, arriver à midi, attendre plusieurs heures et repartir.
Et puis elle s’était encore fait avoir !
Elle avait bien vu que ce n’était pas un billet de première qu’on lui vendait.
Elle avait eu beau insister, il n’y avait soi-disant plus de place.
Heureusement qu’elle n’avait pas payé trop cher.

Le temps filait mais la gare était encore loin.
Il fallait supporter la musique du voisin du dessous, les bruits de mastication de celui d’en face.
En Inde, le silence était rare.
Elle choisissait toujours la couchette du haut dans le couloir.
Cela lui donnait l’impression (illusoire) de dominer la situation.
Elle attachait ses chaussures fermement à son sac pour les retrouver à son réveil, enroulait ses jambes dans les lanières et ne dormait pas aussi bien que dans d’autres pays, il fallait bien l’avouer.
Et les cafards et les rats sous les couchettes, elle avait encore du mal malgré ses nombreux séjours.

Il lui restait 2 mois de contrat.
Elle pourrait ensuite choisir une autre destination.
Cela ne lui ferait pas de mal, elle avait besoin d’une pause.
Elle se demandait parfois ce qu’elle fuyait avec cette vie d’errance.
Mais en général, elle s’arrêtait bien vite.
Il valait mieux éviter ce genre de considération si elle ne voulait pas devenir folle.

Elle sentit que chacun s’agitait.
Elle regarda sa montre, il était bientôt 7h, Madurai se rapprochait.
Encore un trajet sans encombre, c’était déjà ça ! 




Je voulais mettre ma propre photo de ce train, avec moi dessus mais je ne la retrouve pas alors tant pis. 
Voilà mon texte et c'est déjà pas mal.



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lundi 10 septembre 2018

Cette photo de plage


© Gabriel Augusto
En rangeant les photos, elle était tombée sur ce cliché pris en août 1932.
Elle se souvenait très bien de cette journée de fin d’été.
Ils avaient décidé sur un coup de tête d’aller à la plage.
C’était épique à l’époque, pas comme aujourd’hui où une heure suffit pour assouvir un besoin d’air iodé.
Il fallait prévoir au moins une journée pour en profiter.
Ils avaient demandé à Yvonne si elle pouvait leur préparer de quoi manger.
Evidemment, elle s’était exécutée et leur avait délivré un festin contenu dans trois paniers d’osier au moment du départ.
La voiture de Ghislain était rouge, elle brillait sous le soleil.
Tout le monde était monté à bord et le moteur avait fait un bruit assourdissant.
Plusieurs heures et quelques frayeurs plus tard, ils étaient arrivés.
Elle s’était précipitée sur la plage et avait enlevé ses souliers.
L’air chaud l’électrisait.
Ces rayons de soleil sur sa peau lui donnaient l’impression de renaitre.
C’était chaque fois pareil.
Elle plongeait ses doigts de pied dans le sable et sentait les petits grains chauds qui coulaient sur ses pieds.
C’était une sensation unique.
Elle se laissait alors prendre par le plaisir d’un moment volé à son éducation si stricte.
Si sa sœur lui servait de chaperon, elle n’allait pas pour autant la priver de cette liberté et elle l’en avait toujours remercié pour cette jeunesse si belle.
Ils avaient déjeuné dans le sable, et puis Paul avait raconté être allé à l’opéra la veille et avoir vu une danseuse qui lui semblait aussi légère qu’un papillon.
Evidemment, il fallait lui prouver qu’elles étaient capables elles aussi de l’impressionner et elles étaient parties dans une danse endiablée.
Les jupes volaient, les tissus dansaient autour d’elles.
La peau s’offrait au soleil et Ghislain avait sorti son appareil photo.
Elle avait vu le cliché longtemps après cette journée mémorable.
* Quand la voiture était sortie de la route, les bagages n’avaient pas bougé et la pellicule avait pu être développée.
Il ne restait plus qu’elle et ces quelques photos pour le raconter.


Bon, pour une rentrée, c’est une fin qui s’annonçait depuis le début du texte mais qui n’est pas bien gaie alors si vous voulez, en voici une autre.

* L’été s’en était allé, sa sœur s’était mariée avec Paul, Ghislain avait choisi une autre vie.
Elle l’avait revu quelques mois plus tard, alors qu’il passait à Paris.
C’est là qu’il lui avait confié cette photo avec ces quelques mots inscrits au dos « à toi, jamais et toujours ».


C’est mieux, non ?
En tout cas, c’est un peu moins triste
Et nous voilà repartis pour une année d’ateliers d’écriture que je suivrai au fil de mes inspirations, et du temps disponible. 

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lundi 30 avril 2018

Brume

Trop tard !
Elle avait tout tenté pour être là pour le grand décollage. 
Après plusieurs jours de recherche, elle avait finalement négocié avec un fermier pour lui échanger son dernier cheval contre des rations de survie. 
Il lui avait fallut parcourir 50 km à pied pour le trouver. 
Quand il était mort d'épuisement après plusieurs jours de marche forcée, elle avait regretté de n'avoir jamais appris à ménager une monture. 
Tout ce qu'elle savait faire, c'était conduire une voiture, compétence totalement inutile depuis longtemps déjà. 
Tout ce qui était électrique avait cessé de fonctionner depuis des mois.
Pour poursuivre sa route, elle avait volé un vélo. 
Elle n'avait plus rien à échanger et le temps pressait. 
Elle avait pédalé jour et nuit, crevé deux fois et pu réparer à chaque fois. 
Ça, au moins, son père lui avait appris. 
Elle avait fini par perdre le décompte des jours mais elle savait qu'elle devait faire vite. 

Il y a trois jours, elle avait vu des panneaux à nouveau et senti qu'elle y était presque. 
Ce matin, elle s'était levé avant l'aube pour avaler les derniers kilomètres. 
Et pourtant, c'était trop tard. 

Face à elle, petit à petit, la fumée nocive envahissait tout et les ballons s'élevaient doucement.
Ils avaient apparemment attendu le dernier moment et les derniers réfugiés pour décoller. 
Mais elle n'en ferait pas partie. 
Elle faisait de grands gestes, espérant qu'un des passagers la verrait et qu'ils décident de venir la chercher mais elle se faisait peu d'illusion. 
Depuis la grande catastrophe, la pitié était rare et chacun pensait d'abord à lui-même. 

Elle regardait la brume s'avancer. 
Faire demi-tour ? Pour aller où ? 
Elle n'avait plus la force, plus l'envie. 
La brume gagnait toujours et tuait tout sur son passage. 
Elle allait rester là et profiter de la vue. 
Au moins, elle aurait droit à un beau spectacle avant de partir. 
Le ciel était clément aujourd'hui et offrait un beau lever de soleil. 
Elle s'installa confortablement pour attendre. 
Cela ne serait pas long. 
Et puis finalement, de toute façon, il y avait bien peu de chance que ceux qui la regardaient d'en haut trouvent un endroit accueillant et respirable pour se poser.
Son agonie à elle serait plus rapide, voilà tout.




En voyant la photo de cette semaine pour la première fois, je n'ai vu que la brume et pas les montgolfières !!
Le sujet de ce petit texte était alors tout trouvé, fortement inspiré, sans doute, des films d'anticipation que je regarde un peu trop.

D'autres textes chez Leiloona... 


lundi 9 avril 2018

La bibliothèque


Certains jours, elle repensait à cette fenêtre qui lui plaisait tant.
Elle chérissait ce souvenir comme un Doudou qui fait du bien. 
Quand le vent soufflait trop fort et bousculait tout dans sa vie, elle s'imaginait assise là au soleil avec un bon bouquin. 

Elle avait souvent profité de ce refuge quand elle était enfant. 
La fenêtre éclairait une petite pièce où s'entassaient les livres de la famille.
Elle y trouvait toujours quelque chose qui lui plaisait et correspondait à son humeur du moment. 
En y repensant, elle soupçonnait sa mère d'être derrière ces apparitions providentielles. 
Les livres changeaient de place, elle les trouvait devant ses yeux en entrant dans la pièce et en tendant la main, elle savait que cela allait lui plaire. 
Elle prenait ensuite un coussin et s'installait dans un coin avec vue sur le jardin. 
La grande fenêtre lui permettait de lire longtemps, et le calme de la pièce était parfait pour vivre mille aventures. 
Si elle levait les yeux, elle voyait le gros orme du jardin. 
Opaque en été, il laissait entrevoir les jardins alentours dès que l'automne le déshabillait. 
Elle pouvait alors voir son père dans le potager, ses frères qui chahutaient, sa mère qui veillait sur son petit monde. 
Son petit univers oscillait entre le calme et une cohue ingérable. 

Et puis elle avait grandit, quitté la maison. 
Ses parents s'occupaient moins du potager, l'orme avait été coupé mais la fenêtre était toujours là. 
Elle s'y rendait peu et ne s'installait plus comme autrefois sur le gros coussin. 
Elle se disait qu'un jour, peut-être, ce tout petit garçon au creux de son bras irait aussi chercher un peu de calme devant cette fenêtre. 
Il faudrait qu'elle trouve un gros coussin pour l'offrir à sa mère...



Pour la 300e de l'atelier d'écriture de Leiloona, je n'allais pas manquer ça !
Voilà donc un petit texte qui ne ressemble pas à ce que j'avais prévu au départ mais c'est toujours ainsi, ma plume suit son propre chemin 😊


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lundi 12 mars 2018

Publicités mensongères


Ah ! Rome ! Enfin !
Il y a tellement longtemps que je n’étais pas partie… enfin, qu’ « on » n’était pas partis…
Et ce soleil, c’est incroyable.
J’ai l’impression que je ne l’avais pas vu depuis des années dans mon Nord si gris.
Bien sûr, j’exagère, il y a du soleil de temps en temps, mais bon, ici, c’est quand même plus sympa.
Et puis ces rues, ces vieux immeubles, ces fontaines…
J’adore !

Tiens, je vais faire une photo pour les copines.
Evidemment, il ne veut pas me prendre en photo.
De toute façon, il n’a pas envie d’être là, ça se voit.
C’est facile pour lui, il voyage tout le temps pour son boulot.
Berlin, Palerme, Londres, et même Bordeaux ou Aix, c’est bien gentil de me ramener des gâteaux et des chocolats, de m’envoyer des cartes postales, mais moi aussi j’aimerais bien aller me promener plus souvent.
Le weekend, il est « fatigué », il veut « squatter le canapé ».
Il ne comprend pas pourquoi je ne veux pas « profiter de la maison en famille ».
Mais moi, la maison, je la vois toute la journée, tous les jours, j’ai envie de voir autre chose, de sortir, de voir du pays.

Quand je l’ai connu, il me parlait de ses voyages, de pays exotiques, de destinations lointaines.
Et j’y ai cru.
Moi qui rêvais d’expatriation, de changer d’air tous les deux ans, de vivre libre et légère, c’est plutôt raté !
De la publicité mensongère ! Voilà ce qu’il est !
C’est facile de faire rêver les jeunettes et de les laisser à la maison ensuite.

Bon, je la fais cette photo ?
Qu’est-ce que je vais écrire comme légende ?
« Rome éternelle »… trop bateau… « Gros kiffe du jour »… mouais, j’ai plus quinze ans…
« l’homme fait encore la tronche »… ça ne fait pas trop rêver !
Je vais faire simple, ce sera aussi bien.
« Devinez où je suis pour ce fabuleux weekend en amoureux ? »


Si je n’atteins pas les mille likes et les 100 commentaires avec ça, je ferme mon compte IG !



Je vous laisse décider de la morale de cette histoire... 


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lundi 12 février 2018

Petit manège

« Mais quest-ce que… »

En arrivant ce matin dans son antre, Julie se demandait justement ce qui allait encore la surprendre.
Chaque lundi matin, il y avait une nouvelle « surprise ».
Bonne ou mauvaise, cela dépendait sans doute de lhumour douteux de celui ou celle qui lui laissait ces « cadeaux ».
Elle s’était lassée, il faut bien lavouer.
Au début, cela la surprenait, c’était amusant, elle arrivait le lundi en cherchant où était la nouveauté.
Avait-on déplacé des livres ? Ou déposé quelque chose sur son bureau ? Ou mis une décoration rigolote ?
Et puis les surprises étaient devenues plus discrètes (ou plus difficiles à trouver).
Les livres étaient mélangés, une étagère entière retournée, ou des livres manquaient.
Là, ça lavait beaucoup moins amusé.
Elle passait plusieurs minutes à trouver ce quil fallait quelle remette en place et c’était devenu pénible.
Et puis on avait viré dans le franchement désagréable.
Les déjections de souris et autre détritus artistiquement disposés sur une table, franchement, ça lavait vraiment énervé.

Elle avait mené son enquête, cherché qui avait accès au CDI, qui avait demandé les clés, mais elle navait pas trouvé.
Et depuis plusieurs mois que ce petit manège durait, personne ne s’était manifesté.
Pourquoi faire tout cela si ce n’était pour la surprendre, la séduire, la dégoûter, ou au moins profiter de leffet de tout cela ?
Certains lundi matin, elle avait guetté qui était dans le couloir quand elle arrivait, si quelquun pouvait la voir par la fenêtre et profiter de ce petit manège, mais elle ne voyait rien.

Bizarrement, cest cette pile de romans sur son bureau ce matin qui lui parut le summum de ce quelle pouvait supporter.
Cette fois-ci, elle nen pouvait plus !
Elle navait jamais vu ces livres, doù sortaient-ils ?
Et puis le choix du titre était signifiant !
Cela lui parut une attaque directe à ses compétences professionnelles.
Elle sentait une bouffée de colère monter sans pouvoir la réprimer.
Quand elle entendit la porte souvrir, elle se retourna et hurla après sa collègue qui venait dentrer.
Ça y est !! Elle allait enfin savoir qui la harcelait depuis tout ce temps !

Quelques heures plus tard, alors que Julie avait été emmenée par les pompiers, sa collègue en pleurs répétait dans la salle des profs quelle ne comprenait pas, quelle avait juste déposé une pile de romans quelle avait trouvé dans larmoire de sa salle de cours.

Julie ne revint pas, et on se demande encore pourquoi, chaque année, les profs doc ne restent que quelques mois



Un petit clin d'oeil à mes copines profs docs (qui, je l'espère, ne subissent pas cela évidemment 🙈) et à ce métier que j'aurais pu faire pour ce texte du lundi (j'ai même eu mon capes 😁).
J'ai tenté le registre un peu amusant, mais le texte file comme il l'entend quand je l'écris. 


D'autres textes chez Leiloona... 





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