Éditée dans une petite maison d’édition,
Les Enfants Rouges, cette bande dessinée noire et blanc m’a agréablement
surprise.
J’ai été attirée sur le rayonnage de la
bibliothèque par la couverture colorée et surtout la mention de Saïgon.
Quand on a visité le Vietnam, on sait que
l’utilisation de ce nom est un peu signifiante pour celui qui le fait.
Saïgon est la ville coloniale, un peu
chimérique, orientale et sulfureuse.
Ho Chi Minh Ville est la ville moderne,
technologique, tournée vers l’avenir.
Visiter Saïgon, c’est se perdre dans les
petites ruelles, visiter Ho Chi Minh Ville c’est flâner dans les centres
commerciaux.
J’espérais donc trouver ici un peu du
vieux Saïgon et des décors qui m’ont plu lors de mon voyage.
Il
compte y retrouver son amie An et passer le temps en attendant d’être fixé sur
certains projets professionnels qu’il a engagé.
Le
temps s’étire et pour économiser un peu d’argent (et surtout se faciliter la
vie, une femme vietnamienne ne pouvant pas aller dans un hôtel pour
occidental), il emménage chez An, ou plutôt chez ses parents.
Leur
quartier, Thu Duc, est traditionnel et le pays est communiste.
Les
voisins guettent donc et il faut se cacher pour ne pas être dénoncé, mais
chacun le prend bien et ce chassé-croisé avec la voisine devient un jeu.
Il
faut aussi trouver un peu d’argent, et An et Eco démarchent les éditeurs. Ils
veulent publier un manga ou des dessins humoristiques à la vietnamienne, ce qui
n’est pas de tout repos…
J’ai beaucoup aimé retrouver Saïgon dans
les pages de ce livre.
L’auteur a un style peu détaillé, mais en
quelques traits, il évoque avec précision un lieu, une atmosphère, un
sentiment, et c’est bluffant pour le lecteur.
Sa vision des choses est aussi
intelligemment complétée par les explications ou les éclaircissements de An.
On navigue ainsi entre les descriptions et
le ressenti du personnage qui essaie de comprendre cette société au contact de
ses habitants.
Il faut dire également que le fait de
travailler à destination du public vietnamien l’oblige à bien comprendre cette
société et à adapter son travail habituel.
Il doit mesurer les différences, envisager
ses histoires en fonction des attentes d’un lectorat complétement différent et
l’évolution du manga qu’il écrit est amusante à observer.
J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié
l’insertion des pages du Super-Héros Rouge qui permettent de bien voir de quoi
l’on parle.
Vous l’aurez compris si vous me lisez
depuis quelques temps, les carnets de voyage me plaisent beaucoup.
Celui-ci avait donc toutes les chances de
me convenir, mais l’aspect « travail sur place » est plutôt rare et
l’alternance de différents types de récits est vraiment une belle trouvaille.
Je vous conseille donc cette lecture sans
hésiter, même si vous n’êtes pas allé au Vietnam !