Magnifique Margot !

Patrice Chéreau est parti doucement cette semaine, comme à son habitude, sans faire trop de bruit dans les médias.

Mais aucun écho n'a été entendu, et j'ai bien cru que nous n'aurions pas droit à la moindre petite rediffusion.

Cette habitude est certes contestable, car pourquoi diffuser les films de ces grands du théâtre ou du cinéma uniquement quand ils sont morts ?
En tout cas, puisque tel est l'usage, il était tout de même bien dommage de ne pas voir au moins La Reine Margot, chef-d'oeuvre de notre cinéma français dont la lumière est si belle.

Certes, Chéreau n'était pas toujours accessible pour le grand public.
J'avais eu la chance de voir Dans la solitude des champs de coton de Bernard Marie Koltes joué au Havre.
Il prenait le texte à bras le corps avec Pascal Greggory dans un décor vide, coincé entre deux tribunes de spectateur.
Pas de théâtre à l'italienne pour Chéreau, pas de 4e mur, pas de confort.
Revenant aux interrogations de Mnouchkine, il investissait un lieu vide, pour y recréer une forme de théâtre aride, conforme au texte mais ouverte aussi aux quatre-vents.
Nos petites têtes de lycéens en "classe théâtre" avaient eu le droit de l'approcher, de passer quelques heures avec lui pour se nourrir et enrichir nos perceptions.
C'est un souvenir impérissable.

Quand Chéreau a repris le chef d'oeuvre de Dumas, je me suis précipitée au cinéma.
Ce personnage me fascine et sa vie mériterait bien d'autres romans.
Les évènements sont aussi fascinants.
Ce massacre qui remplit les fleuves de corps est inconcevable.

Et le film est à la hauteur.
Les costumes, les évènements choisis sont tellement expressifs.
La musique est magnifique.
Mais c'est la lumière qui m'a frappé le plus.

Enfin bref, vous l'aurez compris, ce soir je réserve ma soirée ! 

Rendez-vous sur France 2 en espérant que nous aurons la version longue ! 

Chapeau M. Chéreau !