Voici encore un petit roman emporté dans mon sac à
dos pendant mes dernières vacances au Laos.
Je précise « petit » parce qu’il ne fait
que 150 pages, tout en étant assez dense.
Mais c’est surtout un roman très particulier, qui
ne ressemble à aucun autre.
D’ailleurs, je ne l’ai pas acheté dans une
librairie, mais dans la boutique du musée Guimet après la visite de
l’exposition sur le thé.
Il y avait d’autres romans, certains que j’ai noté
pour les lire plus tard, quelques uns qui ne m’intéressaient pas, mais celui-ci
me paraissait potentiellement intéressant.
Le moine
Honkakubo est seul depuis plusieurs années.
Après
avoir suivi son maitre Rikyu pendant plusieurs années, il a choisi la solitude
et la pauvreté.
Mais une
visite le pousse à se remémorer son maître et à écrire ses mémoires pour
conserver une trace de l’enseignement de son maitre.
La voie
du thé choisit par Rikyu était celle de la simplicité et du dépouillement.
Cela
déplaisait à certain, mais il connaissait aussi un grand succès jusqu’au jour
où le shogun a exigé qu’il se donne la mort.
Mais
pourquoi l’a-t-il fait ? Rien ne l’y obligeait, l’exil aurait été
acceptable et le shogun pouvait changer d’avis.
Il est
tout de même allé jusqu’au bout, suscitant l’admiration et l’interrogation de
ses amis.
Encore une fois, la quatrième de couverture de ce
roman est bien mal faite.
Elle laisse supposer qu’il s’agit d’un roman
policier, alors qu’il n’en est rien, et on en est même très loin !
Néanmoins, c’est tout de même une meilleure pioche
que Soie de Barrico dont je vous
parlais mardi.
Clairement, c’est un livre pour passionnés de thé
et du Japon.
Il y a énormément de noms, de termes techniques,
de références historiques qui me sont passés à côté, je dois bien l’avouer.
Les notes de bas de page sont utiles et bien
faites, elles permettent de se repérer, mais il m’a tout de même manqué une
partie des informations.
D’ordinaire, cela n’a pas beaucoup d’importance,
et l’histoire principale suffit à mon bonheur de lectrice.
Cette fois, cependant, c’est un peu dommageable
car ce livre présente la philosophie de maitre Rikyu et le style simple et sain
qu’il a développé pour la cérémonie du thé.
En refermant ce livre, je n’ai toujours pas
compris ce qui faisait de cette voie le summum de la dégustation du thé, et je
le regrette.
Certes, ce roman présente une méditation, une
réflexion qui peut sans doute amener le lecteur à réfléchir par lui-même, mais
je n’ai pas trouvé le chemin.
Le style de l’auteur est également très
particulier.
Je ne crois pas avoir déjà lu un livre d’un écrivain
japonais. Je ne peux donc pas comparer.
Yasushi Inoué semble tout de même suivre également
le style simple et sain dans son écriture.
Honkakubo écrit ses mémoires pendant 20 ans, ce
qui lui permet de voir évoluer ses pensées et d’atteindre un degré plus élevé
de compréhension du message de son maitre.
Pour le lecteur, certaines choses restent tout de
même obscures.
Finalement, je dirais que ce livre était en
parfait accord avec l’exposition du musée Guimet.
Cette plongée dans le 17e siècle japonais
donne un cadre physique aux théières isolées vues dans les vitrines. Il donne
aussi envie d’aller voir à quoi ressemblent ces ustensiles de thé dont le livre
parle sans cesse.
Mais sans l’exposition, ce livre est destiné à une
toute petite cible fana de thé.
Honkakubo est émouvant, il a raté sa vie mais pas
tant que cela finalement et il parvient à transmettre le message de son maitre
au lecteur.
A condition que ce lecteur soit un peu
connaisseur.
Si votre culture « thé » est
conséquente, si votre vie est zen, ce livre pourrait vous plaire.