La semaine est passée bien vite, et les billets prévus n'ont finalement pas été publié.
Il faut dire qu'avec deux mémoires de master à lire, deux soutenances, un cambriolage dans ma remise de jardin (pendant que j'étais chez moi, bien sûr), une petite angine qui arrive... (j'arrête là, hein, je ne suis pas là pour ça ) ces quelques jours n'ont pas été de tout repos.
Je me motive en me disant qu'il me reste une semaine difficile avec plein de boulot et ensuite, ça ira mieux, je pourrai vous inonder de billets
Mais aujourd'hui, je voulais vous parler d'une de mes lectures récentes :
Le dernier roi d'Angkor.
Au fil des bibliothèques que je vous ai présenté le dimanche, vous avez dû deviner que l’Asie du sud-est était ma destination la plus fréquente quand je pars en vacances.
Quand j’ai vu ce roman dans la liste des titres proposés à la lecture par la librairie Dialogues, je n’ai pas pu résister. Les mots comme « Angkor », « Bangkok » ou « Indochine » provoquent chez moi des achats compulsifs.
J’ai donc lu Le Dernier roi d’Angkor de Jean-Luc Coatalem.
Je l’ai même dévoré en 3 jours.
Le narrateur de ce roman est à un moment de sa vie où le besoin de revenir sur le passé se fait sentir. Il revient donc sur les évènements récents ou moins récents, sur son père qui a quitté la famille plusieurs années auparavant, sa compagne qui l’a quitté également parce qu’ils n’arrivaient pas à avoir un enfant, et sur sa dernière conquête féminine qui a fait de même en lui conseillant vivement de s’occuper une fois pour toutes de ce passé envahissant.
Car le narrateur est obsédé par Bouk, un jeune garçon d’origine cambodgienne qui passait les week-ends chez ses grands parents. Orphelin élevé à l’orphelinat catholique d’à coté, bouk prenait part à la vie de la famille deux jours par semaine, puis repartait chez les sœurs.
Il a ensuite disparu à sa majorité, recevant toujours l’argent du grand-père mais ne donnant plus aucune nouvelle, tandis que la légende familiale le supposait installé au Cambodge.
Des années plus tard, le récit laisse transparaître la culpabilité, le sentiment d’abandon du narrateur qui revient sur la vie de ces enfants qu’il suppose plus malheureux pour avoir touché du doigt une vie qu’il leur fallait quitter chaque dimanche soir. Il prête à Bouk un rejet et une haine potentiels, alors que lui-même souffre de l’absence et de ne pas savoir.
Puis le jour vient où, enfin, il se rend au Cambodge.
J’ai adoré ce livre. La plume de Jean-Luc Coatalem est fluide et les pages se tournent sans y penser.
J’ai suivi cette quête en espérant, impatiente. J’ai d’abord attendu qu’il se décide à faire le grand saut puis j’ai sué avec lui dans la jungle d’Angkor. J’ai partagé ses réflexions, les détours qu’il s’impose inconsciemment et les obstacles qu’il franchit.
Bien sûr, la fin est prévisible. Il ne s’agit pas d’un thriller. Cela n’enlève toutefois rien au chemin parcouru.
Je dois cependant confesser quelque chose. Mon plaisir de lecture tient en grande partie au fait que je connais un peu les coutumes cambodgiennes et beaucoup les paysages d’Angkor et de Siem Reap.
Les descriptions fournies me parlaient donc particulièrement et les pages au Cambodge me paraissent les meilleures du roman.
Sur ce point je ne suis donc pas très objective.
J’ajouterai tout de même qu’une partie du roman se passe en Inde et cela ne m’a pas semblé obscur ou impénétrable.
Il est même possible que cette évocation donne envie au lecteur d’aller lui aussi visiter Angkor thom, le Baphuon ou Angkor Vat.
Comme souvent, j’ai quand même un petit bémol à exprimer.
L’auteur choisit à plusieurs reprises de mentionner des marques. Le narrateur achète des fauteuils "Eames" pour remeubler son appartement et changer d’air, il note les renseignements recueillis sur Bouk sur un carnet "Muji"…
Je vous avoue avoir cherché une bonne raison à ces citations. L’auteur souhaite peut-être à exprimer la futilité de son personnage qui s’attache à ce genre de détail, alors que 250 pages plus loin, il aura atteint le détachement et pourra enfin atteindre le but de sa quête.
Mon interprétation est bien bouddhiste...
En attendant, cette version de name dropping m’a parue incongrue.
De même, quelques phrases, très peu nombreuses, m’ont interpellées, comme celle-ci :
« Un soir de juin, alors que les hirondelles affolées par l’orage jetaient leurs pointillés d’ailes dans l’air électrique, il avait pris sa palette, sa valise en toile cirée et jeté son imperméable mastic en travers du bras. » (p. 10)
Mais je vous avoue que je ne sais pas quoi en penser. Je trouve cela très beau, mais le "mastic" me gêne. Et vous ?
Néanmoins, je ne voudrais pas que ces dernières considérations vous empêche de lire ce livre. Je conclurai donc par cette phrase qui résume mon sentiment : c’est un très bon roman, que je recommande.
Je remercie Hélène qui s'occupe de
Dialogues croisés et la
librairie Dialogues pour envoyer ses livres voyager ainsi. Il est des bonnes librairies comme des personnes que l'on apprécie, on aimerait les avoir toujours près de soi...