lundi 26 mai 2025

Ici et maintenant de Liane Moriarty

Avez-vous déjà consulté une voyante ? 
il parait que les Français, pourtant réputés cartésiens, se laissent aller à la consultation régulière de rebouteux, voyants et autres magnétiseurs ! 
Il semblerait que ce soit aussi le cas en Australie lorsqu'on lit ce roman de Liane Moriarty. 




Dans un avion au-dessus de l’Australie, une femme se lève et progresse lentement dans l’allée.
Le vol est très en retard, chacun pense à ce qu’il ne pourra pas faire en arrivant ou ce qui l’attend à Sidney.
Et puis la femme se met à désigner chaque passager l’un après l’autre, et pour chacun, elle indique l’âge et la cause de la mort… et puis elle passe au suivant !


J’ai commencé l’écoute de ce roman avec curiosité.
Le résumé est alléchant, l’idée est séduisante.
Une femme qui donne l’âge et le motif de la mort, on se demande forcément si on aurait envie de ce genre de prédiction, si on la croirait, ce qu’on ferait si cela nous arrivait et si elle nous annonçait une mort prochaine.
Avant même la lecture, beaucoup de questions se bousculent dans l’esprit du lecteur et on se doute que le roman n’y apportera pas de réponse, ce serait trop simple (et ce n’est pas ce qu’on lui demande finalement).

A la place, on découvre l’histoire de cette femme mystérieuse.
Chapitre après chapitre, elle remonte le fil de sa vie, de ses pensées, de ce qui l’a amenée dans cet avion.
C’est une plongée au fond d’elle-même qu’elle opère pour comprendre ce qu’elle a fait car elle n’en a plus aucun souvenir.
Ces chapitres alternent avec d’autres où le récit s’oriente vers les passagers.
On apprend alors comment ils ont réagi, s’ils ont changé de vie, et surtout, s’ils sont morts comme elle l’avait prédit.
La maitrise de la structure est parfaite.
Les récits s’équilibrent, et même si certains sont un peu moins forts que d’autres, on les suit tous avec curiosité.

Il y a un vrai suspense qui guide le lecteur une page après l’autre.
Je dois néanmoins vous avouer que j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire.
J’ai commencé l’écoute, et au bout d’un peu moins d’une heure, j’ai abandonné.
L’alternance des récits est rapide, on saute d’un passager à l’autre et il faut être plutôt attentif pour identifier tout le monde, placer les uns par rapport aux autres.
J’ai repris ensuite et progressivement, les chapitres s’allongent, on commence à identifier les personnages les plus importants et à s’y attacher.
Sans que les portraits soient très approfondis, on a tout de même l’impression d’avoir partagé un petit bout de vie, on a peur pour eux, on est plein d’empathie.
IL est ensuite difficile de quitter ces pages.

La version audio est intéressante pour ce type de roman aux voix multiples, car la lectrice module parfaitement sa voix et j'ai même cru qu'il y avait plusieurs actrices qui se succédaient. 
Et finalement non ! 
C'est Cachou Kirsch qui lit en nous permettant de bien identifier les changements de personnages.

C’est donc un roman vraiment surprenant, dans lequel il faut accepter d’entrer pour découvrir des vies 
 
 

 


mercredi 21 mai 2025

Nuit couleur larmes de Borja Gonzales

Quelle curieuse bande dessinée !  
Il y a parfois des objets littéraires un peu non identifiés. 
Cette bande dessinée en fait partie ! 
C'est une bande dessinée, aucun doute là-dessus, mais les choix graphiques sont vraiment originaux et je ne les ai jamais vu ailleurs ! 
 

 

 

Teresa tient une librairie d'occasion dans une petite ville où ont eu lieu de nombreuses disparitions. 
Une nuit, elle part dans la forêt et convoque une démone qui ne peut pas repartir tant que Teresa n'a pas fait un vœu. 
La démone s'installe donc à demeure chez Teresa en attendant que le vœu apparaisse...
 
En ouvrant ce livre, il faut se préparer à être transporté dans un univers vraiment autonome. 
L'auteur a fait des choix graphiques singuliers, et le récit qui est proposé est assez onirique. 
Le lecteur est plongé dans ce village déserté, au milieu d'un décor de verdure luxuriante qui envahit parfois l'espace des humains. 
Le choix des couleurs fait ressortir certains éléments, et donne une ambiance toute en clair obscur. 
Les touches de rose, de bleu, de vert mettent des objets en valeur et viennent animer les noirs et les bleus nuits.  
On ne sait d'ailleurs pas toujours si le jour a laissé la place à la nuit, et on sent une menace sourde qui plane sur les jeunes femmes.
Et puis il y a ce mystère : d'autres jeunes femmes ont disparu et reviennent pour attirer les vivantes. 
La présence décalée de la démone permet toutefois d'alterner les tonalités en apportant un peu de légèreté. 
 
Il faut néanmoins avouer que l'un des traits principaux de cette BD est très déstabilisant car il n'y a aucun trait du visage. 
Les personnages sont donc blancs, sans expression, sans yeux.
J'ai mis quelques pages à m'y habituer, et puis je n'y ai plus pensé, les émotions s'expriment autrement, et on les devine sans peine. 
Par contre, ce choix signifie nécessairement quelque chose et cela a peut-être à voir avec la fin qui est assez ouverte, laissant libre le lecteur qui peut interpréter les dernières pages comme il le souhaite, même si de nombreux indices sont disséminés.
 
En bref, c'est donc une belle bande dessinée, surprenante et un peu déstabilisante, mais qui vaut le coup d'oeil. 
 



 

 

mardi 13 mai 2025

Mes lectures d'avril...

Je suis venue par ici en pointillés depuis deux mois. 
Trop de travail, trop de vraie vie bousculée, ce n'est pas simple de tout concilier. 
Par contre, ce que j'ai bien réussi, c'est d'enchainer les lectures ! 
Il faut dire que les vacances m'ont bien aidé. 
Je n'en avais pas vraiment, mais comme je m'occupais de mes enfants, j'ai forcément fait des pauses. 
Et voilà le résultat :  
 
 
 
 
Comme vous pouvez le constater, cette pile de livres lus est éclectique ! 
J'ai pu faire un stock de BD à la bibliothèque avant les vacances et je m'en suis donnée à coeur joie. 
Il n'y a pas eu que de belles lectures. 
Clairement, la première BD que j'ai lu était... comment dire... surprenante ! 
 
 
 
 
 Je connaissais le titre du roman La Route mais je ne l'avais jamais lu. 
Cette version dessinée me suffira ! 
C'est extrêmement noir, triste, désabusé. 
La fin m'a laissé complètement désemparée. 
Je comprends que ce soit un roman culte et la transposition en BD est magistrale mais vraiment, ce n'est pas pour moi !


 
 
J'ai enchainé avec un livre bien plus gai ! 
Le tome 2 de Spy family poursuit la route tracée dans le 1. 
C'est toujours aussi amusant et les personnages sont vraiment attachants. 
 
 
 
Le prince de Bombay est le troisième tome de la série des enquêtes de Perveen Mistry. 
J'avais envie d'Inde, et de retrouver Perveen. 
Je progresse lentement, je n'ai pas terminé, je savoure. 


 
 
Nous avons lu cette BD en famille et c'était très chouette !! 
 

 
 
J'ai flashé sur cette BD lorsque je l'ai vu sur l'étagère de la bibliothèque. 
Je l'avais repéré sur Instagram. 
C'est un mélange de 4 histoires courtes, sympathiques, avec un dessin amusant. 
A découvrir !
 
 
 
 
Pour celle-ci, en revanche, je passe mon tour, ça ne m'a pas passionnée. 

 Et vous ? Vous avez lu quoi en avril ?


 

 

vendredi 25 avril 2025

Elsbeth et l a malédiction du beau silence

Des enfants qui grandissent, c'est pratique, on peut lire tous ensemble le même livre, l'un après l'autre ou en même temps ! 
Et j'avoue, quand j'ai demandé cette BD lors de la masse critique Babelio de mars, j'ai tout de suite pensé que cela plairait à ma grande, et peut-être aussi à mon petit. 
Nous l'avons donc lu tous les 3... 
 

 
Elsbeth, sorcière en dernière année, doit choisir le thème de son mémoire de fin d'étude, et ce n'est pas facile. 
Elle a une idée, bien sûr, mais d'autres avant elle ont essayé de résoudre le mystère auquel elle s'intéresse et personne n'y est parvenu ! 
Il faut dire que ce n'est pas le plus simple, car là où vit Elsbeth, les hommes ne peuvent pas parler. 
Une malédiction leur a été jeté et ils sont depuis silencieux et incapables de pratiquer la magie...
 
Dans cette BD, évidemment, ce qui plait d'abord, ce sont les dessins et les couleurs ! 
Les personnages sont variés, avec des couleurs de peau parfois surprenantes, mais nous sommes chez les sorcières ! 
La palette choisie est douce, très actuelle et vient apporter encore plus de douceur à ce trait numérique, il est vrai, mais qui conserve une certaine tendresse. 
C'est vraiment très agréable à regarder, ce qui est tout de même intéressant pour une bd. 
 
L'histoire, ensuite, est intéressante, et on a évidemment envie de savoir ce qu'il va se passer ensuite. 
Ce premier tome est néanmoins un peu lent d'après ma grande. 
J'ai trouvé pour ma part qu'on apprenait plein de choses, ce qui est logique puisqu'il faut nous présenter tout le monde et poser l'univers dans lequel on nous plonge, mais il aurait pu se passer plus de chose, c'est sûr. 
En revanche, ce qui est vraiment sympa, ce sont les thèmes abordés. 
On y parle féminisme et écologie, et ça, c'est quand même peu souvent associé. 
Cela permet de discuter un peu avec les enfants et de leur donner à voir deux situations opposées, celle des femmes qui dirigent, et celles des hommes qui sont empêchés de parler. 
Les réactions chez mon fils et ma fille n'ont pas été tout à fait les mêmes, et cela nous a permis d'en parler. 
La BD semble néanmoins s'adresser plutôt aux jeunes filles avec ces personnages féminins en couverture, et ces couleurs, mais il faut aussi la mettre entre les mains des jeunes garçons ! 
 
Un premier tome sympa donc, très beau à regarder, et on attend la suite très vite pour confirmer ! 


 

mercredi 9 avril 2025

SImone Veil et ses soeurs, les Inséparables [BD]

C’est le retour de la BD en ce mercredi, cela faisait longtemps.
Mais une BD dont il n’est pas si simple de parler !!  Je lai lu il y a quelques semaines et j’ai laissé reposer cette lecture pour voir ce qu’il en sortait. 
 

Les auteurs ont choisi de parler des sœurs Veil, Simone bien sûr, mais également Denise, sa sœur aînée, dont on ne sait plus vraiment aujourd’hui qu’elle a été une grande résistante.
L’histoire est adaptée des Inséparables de D. Missika.

Un dimanche après-midi sous la neige, comme à leur habitude, les deux sœurs passent l’après-midi ensemble et se souviennent de leurs jeunesses, de la guerre et de ce qui lui a fait suite.
On remonte ainsi le fil de leurs vies, de la famille Jacob, qui s’installe à Nice et voit monter la menace, au retour après guerre et à la différence de traitement entre les deux sœurs.
Et c’est ce qui m’a le plus marqué dans cette histoire.
Denise évoque les conférences et les soirées auxquelles elle était invitée en tant que résistante, quand Simone lui oppose sa honte face à l’attitude de la société qui reprochait aux déportés de ne pas s’être défendu.
Le retour ne pouvait qu’être brutal, mais on a peu conscience aujourd’hui de ce rejet dont ils ont été l’objet.

Pour s’accorder avec ce récit, le dessin est réaliste et s’inscrit dans un décor chaleureux.
La chaumière normande de Simone Veil accueille les deux sœurs au chaud, alors que la neige recouvre le jardin.
J’ai beaucoup apprécié les petits clins d’œil à des tableaux célèbres, et l’histoire du chat et des enfants qui viennent apporter un peu de légèreté à cette tragédie.

Si vous avez envie d’en savoir plus sur le destin des sœurs Veil, cette bande dessinée sera parfaite. 







mardi 1 avril 2025

Écoute la pluie tomber d'Olivia Ruiz

Il y a quelques temps déjà, j’ai pu écouter la suite du roman à succès d’Olivia Ruiz La commode aux tiroirs de couleur.
Écoute la pluie tomber raconte l’histoire d’une des personnages secondaires du premier tome, et débute quelques années plus tard. 
 



Carmen pleure sa nièce adorée.
Le destin n’a pas épargné sa famille et le café de Marseillette résonne autant de rires que de larmes.
Elle se rappelle alors ce qui a marqué sa vie, ses errements comme ses réussites…
 
Dans ce récit plus court que le précédent, Olivia Ruiz retrouve les histoires de sa famille pour nous raconter celle de Carmen, l’une des sœurs de Rita, héroïne du premier roman.
Et il faut bien dire que Carmen est une personnalité particulière.
Ballottée par les flots, du sud de la France à l’Espagne franquiste, sur un paquebot voguant vers le lointain, en prison ou dans un train, elle ne sait pas toujours choisir ses alliés et se fait facilement avoir.
Grande naïve, elle se laisse embarquer dans des histoires louches sans une once de soupçon, quittant tout pour vivre un grand frisson qui la dépasse souvent.
On peut dire que c’est une femme entière, qui ne s’embarrasse pas de scrupules, et si elle veut partir, elle part !
Ce n’est pas forcément ce qui la rend heureuse, et elle se retrouve souvent dans des situations douteuses.
Au fil de ses aventures, elle rencontre des personnages plus ou moins recommandables, de ceux qui l’entraînent vers le fond, à ceux qui lui permettent de remonter la pente.
Elle croise ainsi la Yaya qui lui fait découvrir la lecture et l’amour des livres, donnant des passages qui m’ont vraiment plu.

C’est donc un récit dans lequel on s’immerge sans problème, en suivant Carmen et en espérant qu’elle va finir par s’en sortir.
Le seul petit bémol que j’aurais envie d’ajouter, c’est que cela va un peu trop vite.
Les évènements s’enchaînent les uns après les autres, les personnages sont très nombreux, souvent esquissés et on aimerait avoir un peu plus de temps pour les découvrir.
Certes, le roman suit un tome précédent, et j’avais lu la BD pour me remémorer les personnages mais c’est tout de même un peu rapide.

La version audio est lue par Olivia Ruiz elle-même, ce qui amène forcément un petit truc en plus.
Sa voix éraillée colle parfaitement à cette histoire d’une vie pas comme les autres qui trace son chemin sans se soucier des imprévus.


Si vous avez lu la commode aux tiroirs de couleurs, ne manquez pas cette suite qui navigue entre tristesse et joie, comme la vie !! 

dimanche 30 mars 2025

Sunday mood de reprise 🫣

Il y a bien longtemps que je ne suis pas venue publier par ici ! 
Plus d'un mois sans venir papoter, c'est beaucoup trop long mais la vie, celle qui nous envoie parfois des gros truc à gérer, a décidé de m'en envoyer une série ces dernières semaines. 
 
 

 
Mes petits billets de blog passent à chaque fois en dernier, face à un accident de voiture (une 🤬 a déboité pile dans ma portière !), une hernie discale, un coup de poing reçu par mon petit à l'école, des copies à corriger, un texte à rédiger pour le travail, des compétitions de golf pour ma grande... 



Mais en revanche, cela ne m'a pas empêchée de lire et j'ai enchainé les belles découvertes. 
Depuis deux jours, j'écoute Good Bad Girl d'Alice Feeney en crochetant.
C'est un peu lent à commencer, mais cela promet un bon moment. 

 
 
 
J'ai quelques brouillons de billets en cours, je vais doucement m'y remettre. 
Les vacances des enfants approchent, le rythme va ralentir (mais pas forcément mon temps libre 🤣).
Et puis il faut que je finisse ce méga doudou que j'ai commencé il y a plus de deux mois !
 
Bonne semaine !!! 
 
 





vendredi 21 février 2025

Madelaine avant l'aube de Sandrine Collette

Il est rare que je lise un roman « Goncourable » et la rentrée littéraire ne m’attire plus depuis quelques années.
Cette année, cependant, j’ai eu très envie d’écouter le nouveau roman de Sandrine Collette dont j’avais adoré Notre part de loup.
C’est clairement une autrice qui fera désormais partie de mon panthéon personnel !





Rose vit à l’écart du village, en haut des montées.
Sur le chemin qui conduit chez elle, il n’y a que deux fermes et sa petite maison, personne d’autre n’y passe.
La vie est rude, mais il faut la vivre.
Ses fils sont partis, elle vit de peu, et observe le monde, sa violence et sa fatalité.
Elle n’est pas seule, Bran l’accompagne et ensemble, ils affrontent les hivers et profitent des étés, jusqu’à ce qu’un petit être venu de nul part apparaisse dans le garde manger…  

J’ai commencé ce roman, je l’avoue, en ayant peur d’être déçue.
Il arrive fréquemment qu’un auteur reprenne encore et encore les formules qui ont marché dans un précédent roman et nous les resserve dans le suivant.
Je craignais que ce soit le cas ici et que je ne sois pas assez surprise comme je l’ai été pour Notre part de loup.
Mais l’autrice est évidemment plus fine que cela et change ici de cadre et de modalités d’écriture, tout en menant le lecteur sur le chemin qui lui convient pour son récit.
Elle maitrise l’art de nous conduire où elle le souhaite, de nous cacher ce qui doit l’être et de révéler d’un coup ce qu’on aurait pu savoir depuis longtemps.
Il n’y a toutefois que deux twists dans ce roman car le récit n’est pas basé sur la surprise (même si le premier est énorme !).
Ici, les évènements s’enchaînent de manière inéluctable, comme s’il ne pouvait pas en être autrement.
Les hommes sont soumis à la nature, puissante, qui fait la loi, et à leur seigneur, implacable, qui les exploite.
Ils n’ont pas d’issue et que ce soit le froid imposé par la première ou la violence du second, il faut continuer à avancer sans se retourner pour simplement survivre.

C’est un monde implacable qui est décrit ici.


L’autrice nous plonge dans un village comme il devait y en avoir tant, fermé, isolé, soumis à la loi du seigneur.
Aucune date n’est nécessaire car cet asservissement est de tous les âges.
Les hommes et les femmes font ce qu’ils peuvent, il faut penser au nécessaire, aucun superflu n’est permis.
La famille n’est même pas une ressource, chacun peut disparaître, partir sans se retourner, ou mourir en quelques heures.
Elle est aussi une consolation et un pilier pour les jours plus durs.
Madelaine, qui donne son nom au roman, survient dans le paysage pour brouiller les lignes, petite présence qui rend l’air plus doux, mais présence sauvage, violente et volatile.
Ce n’est pas un roman facile, c’est un texte fort, qui retourne et bouscule.

Évidemment, il n’y a pas que Madelaine dans ce roman.
Beaucoup d’autres personnages évoluent autour d’elle mais le tour de force de l’autrice, c’est de leur donner à tous une épaisseur et une vraie existence.
Bran, qui raconte la première partie, est pour moi le plus attachant, mais c’est un tableau d’ensemble qui nous percute par sa violence et le joug de la fatalité.
On ressort de cette lecture avec un sentiment de tragique qui trouve difficilement un exutoire.
Il n’y a rien à faire, il faut subir.

La version audio lue par Clément Bresson est sensible et s’efface pour laisser le texte se déployer.
Il n’y a pas de sentiment ici, le temps est compté et on écoute en apnée avec l’envie d’arriver au bout, de savoir si quelqu’un s’en sort.
Si la lecture audio vous tente, je vous la conseille sans hésiter, surtout pour la première partie à la première personne.

Et puis finalement, Madelaine n’a pas eu le Goncourt des grands, mais a obtenu le Goncourt des lycéens que je trouve très souvent beaucoup plus pertinent ! 

Vous l’aurez donc compris, je suis conquise.
Ce n’est pas un roman dont on sort avec le sourire, c’est sûr, mais c’est un texte fort sur la nature, sur les relations sociales, sur l’amour aussi.
C’est violent, dur, comme peut l’être le monde.  
 
 
 
 
 

 
 

mardi 11 février 2025

Une écharpe dans la neige de Viveca Sten

Alors que je viens de terminer l'écoute du tome suivant, je me lance pour vous parler du premier. 
Je ne sais pas ce qui me retenait d'écrire ce billet, car j'ai beaucoup aimé le premier tome de cette nouvelle série !
Je n’avais jamais lu Viveca Sten, mais j’ai croisé plusieurs fois son nom sur les couvertures du rayon policier, car c’est une autrice très prisée.
Et je dois bien dire que c’est mérité. 
 
 

 
Hannah a quitté son travail.
Son supérieur l’a harcelé une fois de plus, et elle a démissionné de son poste d’enquêtrice à Stockholm.
Elle a aussi quitté son petit ami.
Désœuvrée, sans domicile, elle finit par accepter la proposition de sa sœur qui lui propose de séjourner dans son chalet de Are.
Les enquêtes semblent cependant poursuivre Hannah.
Une jeune femme a disparu et la neige impose de faire vite pour la retrouver…


Il faut bien avouer que Viveca Sten est efficace !
Elle ne laisse rien au hasard et maitrise l’art de diriger son lecteur sans problème.
Le récit se dévore à la vitesse de l’éclair, avec une tension savamment distillée qui tient le lecteur en haleine.
On suspecte tout le monde, on a peur pour la victime, on se demande ce qu’il va se passer.

C’est très bien fait, et les personnages ne sont pas oubliés.
L’autrice prend le temps de les construire, de leur donner une épaisseur qui donne envie de les suivre et de continuer à lire leurs aventures dans beaucoup d’autres tomes. 
 
La société suédoise est aussi décrite avec des informations qui permettent de mieux la connaître, de comprendre certaines particularités, et c'est un vrai tour de force de l'autrice de réussir à déceler ce qui peut paraitre étonnant pour un lecteur étranger, alors qu'elle est elle-même immergée dans cette culture. 
Evidemment, il ne s'agit pas de différences énormes, mais de petites habitudes qui ne sont pas les mêmes d'un pays ou d'une région à l'autre. 
Et si on revient au roman policier, les pulsions de mort sont finalement sans doute toujours un peu les mêmes.

La version audio, lue par Noémie Bianco est nuancée, calme dans la tourmente, ce qui permet au lecteur de suivre son rythme.
Elle adapte sa voix aux personnages, ce qui rend l’écoute très facile à suivre.
Le tome 2 est également lu par cette comédienne, ce qui permet de donner une unité à la série.

En conclusion, c’est un début de série très prometteur, qui donne envie de suivre très longtemps ces personnages.
SI vous cherchez une lecture prenante, un roman qui se dévore, ouvrez celui-ci sans hésiter. 
Et moi, j'attends désormais le 3 en audio avec impatience !! 





lundi 10 février 2025

Résister à la culpabilisation de Mona Chollet

Il y a longtemps que je souhaitais lire Mona Chollet.
Les thématiques qu’elle aborde sont toujours très pertinentes et cela fait du bien de temps en temps de se poser pour réfléchir à notre façon d’agir et de réagir. 

 

 
Dans ce nouvel opus, l’autrice s’attaque à la culpabilisation, mal du moment qui nous empêche d’être heureux et d’avancer.
C’est effectivement un sujet important, tant on a du mal à se sortir de schémas répétitifs où une simple phrase peut remettre en question notre confiance, nos projets ou notre comportement.
Pour aborder ce sujet, Mona Chollet commence par balayer de nombreux domaines où nous culpabilisons.
L’éducation des enfants et leur position dans la société, la pollution, notre vie en général sont décortiquées, analysées.
Elle explique également d’où vient ce sentiment, qui serait lié à notre héritage judéo-chrétien où la faute est un concept essentiel qui semble indépassable.
Les femmes et les enfants sont présentés comme les deux catégories de la société qui sont le plus culpabilisés, évidemment par la troisième catégorie : les hommes, mais aussi par le fonctionnement social en général.
Elle indique clairement que la société place les enfants et les femmes dans une position d’auto-culpabilisation dont il est difficile de sortir.  


J’ai apprécié de suivre la pensée de Mona Chollet et d’aller de thème en thème pour explorer ce sujet.
Je ne suis pas sûre d’y avoir trouver des arguments ou des solutions pour en sortir, mais à la fin de cette écoute, on dispose d’informations et de connaissances plus importantes qui permettent de visualiser ce qui nous culpabilise et ce qui nous enferme dans ces répétitions.
On pourrait alors se dire « pourquoi continuer à culpabiliser puisque je ne suis pas responsables » mais ce n’est pas aussi simple.

Mona Chollet décrit par exemple que nous ne sommes pas coupables de la pollution plastique car les lobbys des pétroliers sont trop puissants, et que nous sommes finalement très impuissants, et, surtout, manipulés par les campagnes de pub.
C’est évidemment vrai, et même en passant totalement au vrac, nous ne sommes pas grand chose et le recyclage n’est pas non plus une solution.
Alors, être coupable ou impuissante, qu’est-ce qui est le plus difficile à vivre ?
C’est sans doute une question à creuser car il n’est pas sûre que l’un soit plus simple que l’autre.

Je ferais néanmoins une petite critique sur l’équilibre entre les sources, le texte et les expériences personnelles que raconte l’autrice.
C’est sans doute une déformation professionnelle mais elle s’appuie beaucoup sur ce qu’elle a vécu, sur des événements passés, là où une source théorique aurait peut-être été plus percutante.
C’est toutefois lié au public supposé de cet essai, je pense.
Il s’adresse au grand public justement, et il y a tout de même des références nombreuses pour aller plus loin sur certains sujets si on le souhaite.

La version audio, lue par Cristelle Ledroit, donne une impression de récit, de conférence que l’on ne dit que pour vous, comme une conversation privée avec Mona Chollet.
C’est très agréable, tout en n’interdisant pas de revenir en arrière si nécessaire, ou de prendre des notes, en ralentissant la lecture par exemple.


C’est donc un essai que je vous conseille, mais ne culpabilisez pas si vous ne voulez pas le lire ;)

 
 

 

vendredi 7 février 2025

Célèbre de Maud Ventura

 Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce roman.
Je n’ai pas lu le précédent qui a eu beaucoup de succès et je ne connaissais pas du tout la plume de cette autrice.
C’était donc une découverte. 
 
 


Cléo est célèbre, très célèbre.
Dès son enfance, elle savait qu’elle le serait, comme un destin tout tracé et inévitable.
Elle le répétait d’ailleurs à son père et a tout fait pour le devenir.
Au sommet de sa gloire, elle fait le point pendant ses vacances sur une île déserte et raconte son inexorable ascension…

Maud Ventura se lance dans ce récit avec un plaisir manifeste.
Cléo est infecte, imbue d’elle-même, prétentieuse et égoïste.
Les pages défilent et elle l’est davantage à chaque chapitre.
L’héroïne revient sur son enfance, ses projets de vie et sur les moyens qu’elle a utilisé pour parvenir à sa position actuelle.
C’est une description froide, clinique, qui ne s’embarrasse pas de sentiment.
Cléo est célèbre et elle le fait savoir.
Elle a tout calculé et décrit son parcours avec une jouissance qui, à elle seule, est une prouesse d’écriture.


Maud Ventura nous donne accès à une dimension de ce personnage qu’on devine très proche de la réalité.
La célébrité est un monde à part qui isole, enferme, et qui déconnecte de la réalité, permettant les abus et supprimant les barrières.
Cléo a tout prévu, elle a su se montrer sous son meilleur jour avant d’identifier les personnes qu’elle pouvait écraser.
Mais ce qui parait au premier abord très froid et très excessif, laisse deviner quelques failles, l’absence de joie et de plaisir dans cette vie où tout semble trop facile.
Certaines phrases, quelques scènes font émerger la fragilité du personnage, sa peur de l’oubli, de l’échec, de la perte.
Cléo est dure, cruelle, cynique, calculatrice, mais elle perd pied aussi très souvent, distillant quelques mots sur ces moments où elle ne contrôle plus rien.
C’est extrêmement efficace, très agaçant mais addictif, et cela permet de ne pas totalement détester cette jeune femme tout de même très agaçante.
J’aurais aimé peut-être que les failles soient davantage exploitées, ce qui aurait pu donner plus de profondeur au texte mais ce n’était sans doute pas l’objectif de Maud Ventura.

La version audio est lue par Suzanne Jouannet.
Sa voix et son ton collent parfaitement à ce récit grinçant qui ne laisse pas de temps mort.
Elle exprime la détermination de Cloé avec un rythme et une vivacité qu’on imagine bien pour cette jeune femme dont la vie file droit vers le prochain album, le prochain concert, la prochaine étape.


Si vous cherchez un roman un peu décalé, très cynique, agréablement grinçant, avec un personnage central que vous aimerez détester, ce livre audio pourrait bien vous plaire ! 
 
 


mercredi 5 février 2025

Escobar : Une éducation criminelle, de A. Madrigal, J.S. Marroquin, P. M. Farina

Voilà une bande dessinée assez originale.
Le titre est un peu trompeur, car elle s’intitule Escobar : une éducation criminelle.
Je pensais donc que j’allais lire un texte sur le trafiquant de drogue, mais il n’en est rien puisqu’il est question de… son fils.
Évidemment, lui aussi se nomme « Escobar » et le récit s’appuie sur ses mémoires, et sur un épisode de son enfance. 
 
 

 
On en parle peu, en effet, mais Escobar avait des enfants, dont Juan Pablo, un fils qui a été élevé et surveillé par des « nounous » un peu particulière, puisqu’il s’agissait d’hommes de main et d’une femme assassin.
Le livre décrit donc chacune de ces nounous, l’une après l’autre, à la suite d’une scène tragique à laquelle a assisté Juan Pablo.
C’est une succession de portraits qui reviennent sur le caractère de chacun et sur ce qui les a amenés jusque là. 
On remonte à l'origine de leur vie criminelle, ou on découvre un épisode de leur vie de truands. 
L’histoire cadre permet de lier ces épisodes, et de garder un fil conducteur jusqu’à la dernière page, même si c'est assez ténu.

La lecture est agréable, c’est plutôt intéressant, mais il faut quand même être très intéressé par Escobar.
On en apprend un peu plus sur le personnage, et si vous avez aimé la série Narco, vous pourrez apprécier.
Le récit est malin et permet d’aborder plusieurs épisodes de la vie de Juan Pablo qui a échappé plusieurs fois à des attentats.
Le dessin d’Alberto Madrigal est vif, expressif et les couleurs permettent de lisser un peu le trash de certaines scènes. 
C'est un dessin qui tend vers le manga, ce qui change un peu. 

C’est donc une bande dessinée maligne, bien construite, qui se lit avec plaisir, même si vous n'apprendrez rien de plus sur Escobar.

 





 


lundi 27 janvier 2025

Le barman du Ritz de Philippe Collin

Le Ritz, emblème du luxe à la française, est resté ouvert pendant toute la seconde guerre mondiale. 
Cela méritait bien un roman sur ses coulisses pendant cette période troublée. 

 


Franck se prépare pour une nouvelle soirée dans son bar au cœur du Ritz. 
Après plusieurs années passées à New York, sa réputation lui a permis de devenir le barman en chef de l’un des bars les plus réputés de Paris. 
Mais les Allemands approchent et il va falloir faire des choix… 


Voilà un roman très original ! 
D’ailleurs, je ne suis pas sure qu’il s’agisse réellement d’un roman. 
Philippe Collin nous propose un texte évoquant le Barman du Ritz, Franck Meier, et sa vie pendant l’occupation allemande à Paris entre 1939 et 1945. 
Ce barman était assez connu dans la bonne société, qui fréquentait assidûment la bar du Ritz pendant la belle époque. 
La guerre rebat les cartes, et la clientèle du bar change partiellement au moment de l’arrivée des soldats allemands. 
Franck s’interroge alors sur la conduite à adopter, lorsqu’on a un travail, pas d’argent pour fuir et pas vraiment envie de quitter Paris. 
Il va falloir faire avec et composer avec l’ennemi, la survie, sa conscience, les connaissances diverses et leurs choix parfois opposés. 

Le style de l’auteur est descriptif, et presque froid.
Cela m’a surprise au début de l’écoute du texte mais cela permet sans doute de respecter le peu d’information disponible sur les pensées de ce barman. 
Franck Meier a laissé un manuel de cocktails, et les archives du Ritz permettent de disposer d’informations sur sa présence, ou les évènements qu’a subi l’hôtel pendant la guerre. 
Les archives donnent aussi des informations sur les personnes ayant séjourné dans l’hôtel ou y ayant travaillé et Philippe Collin est d’abord historien. 
Il a donc utilisé ce matériaux brut pour nous proposer un récit qui croise les sources, et s’appuie sur un personnage pour en évoquer des dizaines. 
On voit passer dans son bar des célébrités, ainsi que des collabos plus obscures, des profiteurs, et d’autres ayant davantage de scrupules. 
C’est la petite histoire qui se dévoile ici, avec ces petites lâchetés, son courage caché et ses doutes, celle des couloirs et du petit personnel. 
 
La version audio est lue par Florian Wormser. 
C’est un peu froid, mais je me suis vite habituée et cela correspond à la tonalité du texte. 
L’auteur met une distance qui est maintenue dans la lecture, ce qui permet de la percevoir et de rester spectateur de ce qui se déroule dans le récit. 

Finalement, une question demeure : servir des verres aux généraux allemands, est-ce collaborer ? 
Il n’y a pas de réponse dans ce livre, et peut-être n’est-il pas possible de répondre réellement.




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