Aucun message portant le libellé Audiolivre. Afficher tous les messages
Aucun message portant le libellé Audiolivre. Afficher tous les messages

vendredi 21 février 2025

Madelaine avant l'aube de Sandrine Collette

Il est rare que je lise un roman « Goncourable » et la rentrée littéraire ne m’attire plus depuis quelques années.
Cette année, cependant, j’ai eu très envie d’écouter le nouveau roman de Sandrine Collette dont j’avais adoré Notre part de loup.
C’est clairement une autrice qui fera désormais partie de mon panthéon personnel !





Rose vit à l’écart du village, en haut des montées.
Sur le chemin qui conduit chez elle, il n’y a que deux fermes et sa petite maison, personne d’autre n’y passe.
La vie est rude, mais il faut la vivre.
Ses fils sont partis, elle vit de peu, et observe le monde, sa violence et sa fatalité.
Elle n’est pas seule, Bran l’accompagne et ensemble, ils affrontent les hivers et profitent des étés, jusqu’à ce qu’un petit être venu de nul part apparaisse dans le garde manger…  

J’ai commencé ce roman, je l’avoue, en ayant peur d’être déçue.
Il arrive fréquemment qu’un auteur reprenne encore et encore les formules qui ont marché dans un précédent roman et nous les resserve dans le suivant.
Je craignais que ce soit le cas ici et que je ne sois pas assez surprise comme je l’ai été pour Notre part de loup.
Mais l’autrice est évidemment plus fine que cela et change ici de cadre et de modalités d’écriture, tout en menant le lecteur sur le chemin qui lui convient pour son récit.
Elle maitrise l’art de nous conduire où elle le souhaite, de nous cacher ce qui doit l’être et de révéler d’un coup ce qu’on aurait pu savoir depuis longtemps.
Il n’y a toutefois que deux twists dans ce roman car le récit n’est pas basé sur la surprise (même si le premier est énorme !).
Ici, les évènements s’enchaînent de manière inéluctable, comme s’il ne pouvait pas en être autrement.
Les hommes sont soumis à la nature, puissante, qui fait la loi, et à leur seigneur, implacable, qui les exploite.
Ils n’ont pas d’issue et que ce soit le froid imposé par la première ou la violence du second, il faut continuer à avancer sans se retourner pour simplement survivre.

C’est un monde implacable qui est décrit ici.


L’autrice nous plonge dans un village comme il devait y en avoir tant, fermé, isolé, soumis à la loi du seigneur.
Aucune date n’est nécessaire car cet asservissement est de tous les âges.
Les hommes et les femmes font ce qu’ils peuvent, il faut penser au nécessaire, aucun superflu n’est permis.
La famille n’est même pas une ressource, chacun peut disparaître, partir sans se retourner, ou mourir en quelques heures.
Elle est aussi une consolation et un pilier pour les jours plus durs.
Madelaine, qui donne son nom au roman, survient dans le paysage pour brouiller les lignes, petite présence qui rend l’air plus doux, mais présence sauvage, violente et volatile.
Ce n’est pas un roman facile, c’est un texte fort, qui retourne et bouscule.

Évidemment, il n’y a pas que Madelaine dans ce roman.
Beaucoup d’autres personnages évoluent autour d’elle mais le tour de force de l’autrice, c’est de leur donner à tous une épaisseur et une vraie existence.
Bran, qui raconte la première partie, est pour moi le plus attachant, mais c’est un tableau d’ensemble qui nous percute par sa violence et le joug de la fatalité.
On ressort de cette lecture avec un sentiment de tragique qui trouve difficilement un exutoire.
Il n’y a rien à faire, il faut subir.

La version audio lue par Clément Bresson est sensible et s’efface pour laisser le texte se déployer.
Il n’y a pas de sentiment ici, le temps est compté et on écoute en apnée avec l’envie d’arriver au bout, de savoir si quelqu’un s’en sort.
Si la lecture audio vous tente, je vous la conseille sans hésiter, surtout pour la première partie à la première personne.

Et puis finalement, Madelaine n’a pas eu le Goncourt des grands, mais a obtenu le Goncourt des lycéens que je trouve très souvent beaucoup plus pertinent ! 

Vous l’aurez donc compris, je suis conquise.
Ce n’est pas un roman dont on sort avec le sourire, c’est sûr, mais c’est un texte fort sur la nature, sur les relations sociales, sur l’amour aussi.
C’est violent, dur, comme peut l’être le monde.  
 
 
 
 
 

 
 

mardi 11 février 2025

Une écharpe dans la neige de Viveca Sten

Alors que je viens de terminer l'écoute du tome suivant, je me lance pour vous parler du premier. 
Je ne sais pas ce qui me retenait d'écrire ce billet, car j'ai beaucoup aimé le premier tome de cette nouvelle série !
Je n’avais jamais lu Viveca Sten, mais j’ai croisé plusieurs fois son nom sur les couvertures du rayon policier, car c’est une autrice très prisée.
Et je dois bien dire que c’est mérité. 
 
 

 
Hannah a quitté son travail.
Son supérieur l’a harcelé une fois de plus, et elle a démissionné de son poste d’enquêtrice à Stockholm.
Elle a aussi quitté son petit ami.
Désœuvrée, sans domicile, elle finit par accepter la proposition de sa sœur qui lui propose de séjourner dans son chalet de Are.
Les enquêtes semblent cependant poursuivre Hannah.
Une jeune femme a disparu et la neige impose de faire vite pour la retrouver…


Il faut bien avouer que Viveca Sten est efficace !
Elle ne laisse rien au hasard et maitrise l’art de diriger son lecteur sans problème.
Le récit se dévore à la vitesse de l’éclair, avec une tension savamment distillée qui tient le lecteur en haleine.
On suspecte tout le monde, on a peur pour la victime, on se demande ce qu’il va se passer.

C’est très bien fait, et les personnages ne sont pas oubliés.
L’autrice prend le temps de les construire, de leur donner une épaisseur qui donne envie de les suivre et de continuer à lire leurs aventures dans beaucoup d’autres tomes. 
 
La société suédoise est aussi décrite avec des informations qui permettent de mieux la connaître, de comprendre certaines particularités, et c'est un vrai tour de force de l'autrice de réussir à déceler ce qui peut paraitre étonnant pour un lecteur étranger, alors qu'elle est elle-même immergée dans cette culture. 
Evidemment, il ne s'agit pas de différences énormes, mais de petites habitudes qui ne sont pas les mêmes d'un pays ou d'une région à l'autre. 
Et si on revient au roman policier, les pulsions de mort sont finalement sans doute toujours un peu les mêmes.

La version audio, lue par Noémie Bianco est nuancée, calme dans la tourmente, ce qui permet au lecteur de suivre son rythme.
Elle adapte sa voix aux personnages, ce qui rend l’écoute très facile à suivre.
Le tome 2 est également lu par cette comédienne, ce qui permet de donner une unité à la série.

En conclusion, c’est un début de série très prometteur, qui donne envie de suivre très longtemps ces personnages.
SI vous cherchez une lecture prenante, un roman qui se dévore, ouvrez celui-ci sans hésiter. 
Et moi, j'attends désormais le 3 en audio avec impatience !! 





lundi 10 février 2025

Résister à la culpabilisation de Mona Chollet

Il y a longtemps que je souhaitais lire Mona Chollet.
Les thématiques qu’elle aborde sont toujours très pertinentes et cela fait du bien de temps en temps de se poser pour réfléchir à notre façon d’agir et de réagir. 

 

 
Dans ce nouvel opus, l’autrice s’attaque à la culpabilisation, mal du moment qui nous empêche d’être heureux et d’avancer.
C’est effectivement un sujet important, tant on a du mal à se sortir de schémas répétitifs où une simple phrase peut remettre en question notre confiance, nos projets ou notre comportement.
Pour aborder ce sujet, Mona Chollet commence par balayer de nombreux domaines où nous culpabilisons.
L’éducation des enfants et leur position dans la société, la pollution, notre vie en général sont décortiquées, analysées.
Elle explique également d’où vient ce sentiment, qui serait lié à notre héritage judéo-chrétien où la faute est un concept essentiel qui semble indépassable.
Les femmes et les enfants sont présentés comme les deux catégories de la société qui sont le plus culpabilisés, évidemment par la troisième catégorie : les hommes, mais aussi par le fonctionnement social en général.
Elle indique clairement que la société place les enfants et les femmes dans une position d’auto-culpabilisation dont il est difficile de sortir.  


J’ai apprécié de suivre la pensée de Mona Chollet et d’aller de thème en thème pour explorer ce sujet.
Je ne suis pas sûre d’y avoir trouver des arguments ou des solutions pour en sortir, mais à la fin de cette écoute, on dispose d’informations et de connaissances plus importantes qui permettent de visualiser ce qui nous culpabilise et ce qui nous enferme dans ces répétitions.
On pourrait alors se dire « pourquoi continuer à culpabiliser puisque je ne suis pas responsables » mais ce n’est pas aussi simple.

Mona Chollet décrit par exemple que nous ne sommes pas coupables de la pollution plastique car les lobbys des pétroliers sont trop puissants, et que nous sommes finalement très impuissants, et, surtout, manipulés par les campagnes de pub.
C’est évidemment vrai, et même en passant totalement au vrac, nous ne sommes pas grand chose et le recyclage n’est pas non plus une solution.
Alors, être coupable ou impuissante, qu’est-ce qui est le plus difficile à vivre ?
C’est sans doute une question à creuser car il n’est pas sûre que l’un soit plus simple que l’autre.

Je ferais néanmoins une petite critique sur l’équilibre entre les sources, le texte et les expériences personnelles que raconte l’autrice.
C’est sans doute une déformation professionnelle mais elle s’appuie beaucoup sur ce qu’elle a vécu, sur des événements passés, là où une source théorique aurait peut-être été plus percutante.
C’est toutefois lié au public supposé de cet essai, je pense.
Il s’adresse au grand public justement, et il y a tout de même des références nombreuses pour aller plus loin sur certains sujets si on le souhaite.

La version audio, lue par Cristelle Ledroit, donne une impression de récit, de conférence que l’on ne dit que pour vous, comme une conversation privée avec Mona Chollet.
C’est très agréable, tout en n’interdisant pas de revenir en arrière si nécessaire, ou de prendre des notes, en ralentissant la lecture par exemple.


C’est donc un essai que je vous conseille, mais ne culpabilisez pas si vous ne voulez pas le lire ;)

 
 

 

vendredi 7 février 2025

Célèbre de Maud Ventura

 Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce roman.
Je n’ai pas lu le précédent qui a eu beaucoup de succès et je ne connaissais pas du tout la plume de cette autrice.
C’était donc une découverte. 
 
 


Cléo est célèbre, très célèbre.
Dès son enfance, elle savait qu’elle le serait, comme un destin tout tracé et inévitable.
Elle le répétait d’ailleurs à son père et a tout fait pour le devenir.
Au sommet de sa gloire, elle fait le point pendant ses vacances sur une île déserte et raconte son inexorable ascension…

Maud Ventura se lance dans ce récit avec un plaisir manifeste.
Cléo est infecte, imbue d’elle-même, prétentieuse et égoïste.
Les pages défilent et elle l’est davantage à chaque chapitre.
L’héroïne revient sur son enfance, ses projets de vie et sur les moyens qu’elle a utilisé pour parvenir à sa position actuelle.
C’est une description froide, clinique, qui ne s’embarrasse pas de sentiment.
Cléo est célèbre et elle le fait savoir.
Elle a tout calculé et décrit son parcours avec une jouissance qui, à elle seule, est une prouesse d’écriture.


Maud Ventura nous donne accès à une dimension de ce personnage qu’on devine très proche de la réalité.
La célébrité est un monde à part qui isole, enferme, et qui déconnecte de la réalité, permettant les abus et supprimant les barrières.
Cléo a tout prévu, elle a su se montrer sous son meilleur jour avant d’identifier les personnes qu’elle pouvait écraser.
Mais ce qui parait au premier abord très froid et très excessif, laisse deviner quelques failles, l’absence de joie et de plaisir dans cette vie où tout semble trop facile.
Certaines phrases, quelques scènes font émerger la fragilité du personnage, sa peur de l’oubli, de l’échec, de la perte.
Cléo est dure, cruelle, cynique, calculatrice, mais elle perd pied aussi très souvent, distillant quelques mots sur ces moments où elle ne contrôle plus rien.
C’est extrêmement efficace, très agaçant mais addictif, et cela permet de ne pas totalement détester cette jeune femme tout de même très agaçante.
J’aurais aimé peut-être que les failles soient davantage exploitées, ce qui aurait pu donner plus de profondeur au texte mais ce n’était sans doute pas l’objectif de Maud Ventura.

La version audio est lue par Suzanne Jouannet.
Sa voix et son ton collent parfaitement à ce récit grinçant qui ne laisse pas de temps mort.
Elle exprime la détermination de Cloé avec un rythme et une vivacité qu’on imagine bien pour cette jeune femme dont la vie file droit vers le prochain album, le prochain concert, la prochaine étape.


Si vous cherchez un roman un peu décalé, très cynique, agréablement grinçant, avec un personnage central que vous aimerez détester, ce livre audio pourrait bien vous plaire ! 
 
 


lundi 27 janvier 2025

Le barman du Ritz de Philippe Collin

Le Ritz, emblème du luxe à la française, est resté ouvert pendant toute la seconde guerre mondiale. 
Cela méritait bien un roman sur ses coulisses pendant cette période troublée. 

 


Franck se prépare pour une nouvelle soirée dans son bar au cœur du Ritz. 
Après plusieurs années passées à New York, sa réputation lui a permis de devenir le barman en chef de l’un des bars les plus réputés de Paris. 
Mais les Allemands approchent et il va falloir faire des choix… 


Voilà un roman très original ! 
D’ailleurs, je ne suis pas sure qu’il s’agisse réellement d’un roman. 
Philippe Collin nous propose un texte évoquant le Barman du Ritz, Franck Meier, et sa vie pendant l’occupation allemande à Paris entre 1939 et 1945. 
Ce barman était assez connu dans la bonne société, qui fréquentait assidûment la bar du Ritz pendant la belle époque. 
La guerre rebat les cartes, et la clientèle du bar change partiellement au moment de l’arrivée des soldats allemands. 
Franck s’interroge alors sur la conduite à adopter, lorsqu’on a un travail, pas d’argent pour fuir et pas vraiment envie de quitter Paris. 
Il va falloir faire avec et composer avec l’ennemi, la survie, sa conscience, les connaissances diverses et leurs choix parfois opposés. 

Le style de l’auteur est descriptif, et presque froid.
Cela m’a surprise au début de l’écoute du texte mais cela permet sans doute de respecter le peu d’information disponible sur les pensées de ce barman. 
Franck Meier a laissé un manuel de cocktails, et les archives du Ritz permettent de disposer d’informations sur sa présence, ou les évènements qu’a subi l’hôtel pendant la guerre. 
Les archives donnent aussi des informations sur les personnes ayant séjourné dans l’hôtel ou y ayant travaillé et Philippe Collin est d’abord historien. 
Il a donc utilisé ce matériaux brut pour nous proposer un récit qui croise les sources, et s’appuie sur un personnage pour en évoquer des dizaines. 
On voit passer dans son bar des célébrités, ainsi que des collabos plus obscures, des profiteurs, et d’autres ayant davantage de scrupules. 
C’est la petite histoire qui se dévoile ici, avec ces petites lâchetés, son courage caché et ses doutes, celle des couloirs et du petit personnel. 
 
La version audio est lue par Florian Wormser. 
C’est un peu froid, mais je me suis vite habituée et cela correspond à la tonalité du texte. 
L’auteur met une distance qui est maintenue dans la lecture, ce qui permet de la percevoir et de rester spectateur de ce qui se déroule dans le récit. 

Finalement, une question demeure : servir des verres aux généraux allemands, est-ce collaborer ? 
Il n’y a pas de réponse dans ce livre, et peut-être n’est-il pas possible de répondre réellement.




lundi 20 janvier 2025

L'inconnue du portrait de Camille de Peretti

Je ne sais pas pourquoi, je pensais que ce roman était sorti il y a très longtemps, alors qu’il a fait partie des sorties de la rentrée littéraire de janvier 2024.
C’est donc assez récent, et Audiolib n’a pas attendu longtemps pour nous en proposer une version audio, et c’est tant mieux !




En Italie, une doctorante en histoire de l’art vient de jeter un pavé dans la mare en identifiant un tableau disparu de Klimt sous un tableau connu et accroché dans un musée.
L’artiste l’aurait repeint pour modifier le motif initial.
Aux Etats-Unis, la mère de Pearl attaque le géniteur de sa fille en justice pour obtenir le financement de ses frais de scolarité universitaire.
En 1929, Isidore, jeune cireur de chaussures immigré, tente de se faire une place à New York en plaçant un peu d’argent en bourse…


Je dois avouer qu’en ouvrant ce roman, je ne m’attendais pas à ce que j’ai lu !
C’est amusant comme les résumés ou les informations que l’on reçoit sur un roman peuvent susciter en nous des images et des attentes.
Comme il est question de tableau, de Klimt, de repeint, d’analyses en histoire de l’art, j’avais supposé qu’il y aurait davantage d’informations techniques, que ce serait un roman un peu didactique.
Et finalement pas du tout !

Une fois ce moment de surprise passé, je suis entrée dans le texte avec plaisir et j’ai profité de plusieurs heures en compagnie d’Isidore et de Pearl.
Le texte mêle le récit de la vie d’Isidore, assez mouvementée, de sa mère également, et celui de Pearl après qu’elle ait retrouvé son père.
Le tableau est en arrière-plan, il joue un rôle, mais il n’est finalement pas très présent.

Le style d’Isabelle de Peretti est fluctuant.
Elle parvient à adapter le texte qu’elle écrit à l’époque et au personnage choisi.
Cela donne un récit bien ancré dans l’époque décrite et cela facilite l’immersion du lecteur.
En revanche, j’avoue être restée en retrait par rapport à Isidore, que j’ai davantage observé comme un spécimen de self made man (est-ce qu’on dit encore cela 😅).
J’ai davantage préféré le personnage de Pearl.
Ce sont néanmoins des caractères bien trempés, qui savent ce qu’ils veulent et qui avancent quoi qu’il arrive.
Ils donnent une impression de force tranquille à qui tout arrive mais que rien ne peut détruire.
Et puis le portrait (et celle qui y figure) resurgit dans le récit de temps en temps, parfois par surprise, parfois parce que les personnages s’y intéressent, tel un troisième personnage principal.

La version audio est intéressante, car la lecture de Mathieu Buscatto est bien faite (je ne suis jamais déçue chez Audiolib), mais en plus, il y a un entretien avec l’autrice en fin de lecture.
Ce n’est pas toujours possible pour l’éditeur de faire ces entretiens, mais c’est un vrai plus qui permet de comprendre comment le roman a été écrit, ou d’en savoir un peu plus sur les objectifs de l’auteur.
C’est toujours très instructif.


Alors ? Tenté·e ?
Les avis sont plutôt unanimes sur ce roman, et j’en rajoute un ! 
 

 
 
 

lundi 13 janvier 2025

Bride d’Ali Hazelwood

Attention ! Romance ! 
Mais une belle romance !! 
 



Misery a quitté sa communauté depuis plusieurs années. 
Il faut dire qu’ils n’ont rien fait pour la convaincre de changer d’avis !! 
Envoyée chez les humains dès ses 8 ans pour servir d’otage, elle ne s’est jamais senti aimée ou remerciée par les autres vampires pour ce qu’elle avait fait. 
Lorsque son père la convoque brusquement, elle se demande quelle mouche le pique, mais quand il lui propose de se marier pendant un an avec le mâle alpha de la horde de loups-garous qui habite de l’autre coté de la frontière, elle se dit qu’elle est vraiment considérée comme une simple monnaie d’échange pour les siens… 

Vous le savez si vous fréquentez un peu ce blog, j’ai déjà lu plusieurs romans d’Ali Hazelwood, mais ils se passaient tous dans un monde bien réel, et à l’université (où, je peux vous l’assurer, je n’ai jamais vu de loup-garou ou de vampire). 
Lorsque j’ai vu le résumé de celui-ci, j’ai hésité !
J’aime bien ses romances, mais basculer dans la fantasy en convoquant des loups-garous et des vampires, cela me paraissait un peu particulier. 
Et puis un peu en panne de lecture après une déconvenue littéraire, je me suis dit que finir l’année avec cette autrice, c’était une bonne garantie de repartir sur de bonnes bases le 1er janvier. 
Et j’ai eu raison ! 

L’histoire de Misery est touchante, attachante, pleine de beaux sentiments, mais pas simpliste. 
En quelques mots, l’autrice parvient à donner toute une palette d’émotions à ses personnages. 
Elle est vraiment forte pour cela ! 
Elle n’oublie pas non plus les personnages secondaires et c’est vraiment sympa. 

La lecture de Zina Khakhoulia nous fait vivre les aventures de Misery sans temps mort et avec une expressivité qui colle parfaitement à l’histoire. 
J’ai eu plus de mal avec les interventions de Quentin Malek, inexpressives et froides. Il lit les incises de début de chapitre qui concernent un autre personnages mais puisque la voix change, un peu de vie dans ces phrases aurait aussi bien fonctionné. 

J’ai découvert depuis qu’il y a un vrai domaine réservé pour les fans de romances inter-espèces. 
Pas sûre d’en lire d’autres, mais si Ali Hazelwood en publiait d’autres, je me laisserais tenter sans problème. 
Je pensais d’ailleurs qu’il s’agissait d’une série et j’hésitais à m’y lancer, et finalement, après lecture, je regrette qu’il n’y ait qu’un épisode 😅.

 

 

vendredi 10 janvier 2025

Feux dans la plaine de Olivier Ciechelski

Êtes-vous prêt pour la forêt ? La solitude ? La nature qui reprend ses droits ? 
C’est ce que vous pourrez trouver dans ce roman vraiment très original. 
 
 
 

Ancien militaire, Stan a acheté un vieux chalet et 60 hectares de maquis dans la montagne avec ses économies. 
A son rythme, il répare, organise, cultive ses terres et cultive son misanthropisme. 
Mais un matin, il découvre que dans ses bois, un groupe de chasseurs a balisé un chemin en coupant un arbres, et en marquant d’autres troncs à la peinture bleue… 

Voilà un roman très étonnant !
Il vous semblera assez classique de prime abord, avec un personnage qui se terre en ermite, d’autres qui tentent de venir l’embêter, mais les dernières pages sont assez incroyables.
Evidemment, pas de spoiler ici, ce serait vraiment une erreur pour ce genre de roman qui joue avec le lecteur.
J’aime bien être surprise quand je lis, et ici, je n’ai pas été déçue.
Je ne vais donc pas vous en dire plus !!


A la manière de ces films américains qui se déroulent au fond de la forêt, ou des thrillers qui ont pour cadre le fin fond de l’Alaska, cette histoire évolue petit à petit et on sent la menace qui plane. 
Elle surgit très vite, mais on a le temps de découvrir l’histoire et les personnages au fil des pages et on s’aperçoit rapidement qu’on imagine souvent des choses en début de lecture qui ne sont pas forcément celles que l’auteur a choisi.
C’est ce qui fait la richesse d’un texte par rapport à un film. 
Vous visualiserez des images que le texte vous amènera à modifier au fil du roman, avec un vrai talent de la part de l’auteur. 

Mais dans ce texte, ce qui est également remarquable, c’est l’omniprésence de la nature, de la forêt, de la montagne.
Olivier Ciechelski  nous plonge dans un territoire occupé par les arbres et les animaux, où l’homme ne fait que passer.
Il laisse malheureusement une trace de ses passages, et c’est justement ce qui va provoquer un retournement de situation.
Le texte semble poser la question de l’intrusion de l’homme dans la nature. 
Si nous ne sommes pas capables de respecter, de ne pas abimer, avons-nous notre place dans ces grands espaces ? 

Mais je dois également avouer quelque chose. 
Il se trouve que je suis moi-même un peu jalouse de mon champ et de mes arbres. 
Je suis propriétaire d’un grand terrain depuis un an et demi, et lorsqu’on chasseur y pénètre, je vois rouge et je considère cela comme une intrusion absolument inadmissible 😅. 
Les réactions de Stan lors de l’intrusion dans son domaine, sa volonté farouche de garder son espace sauvage résonnent donc intimement en moi et tout ce qu’il fait me parait vraiment très logique 🫣. 
Mais cela suscite évidemment des questions. 
Sommes-nous propriétaires de la nature ? Comment vivre avec, la protéger sans la privatiser ? 
Et quel serait le meilleur moyen de la préserver justement ? 
Le roman n’est toutefois pas fait que de cela et beaucoup d’autres thématiques sont abordées. 
Si ces questions ne vous parlent pas, l’aspect thriller est déjà une bonne motivation pour le lire. 

La lecture de Taric Mehani suit les évolutions du texte et du personnage et propose une interprétation douce et forte. 
Cela colle parfaitement à l’histoire. 
Et cerise sur le gâteau, il y a un entretien avec l’auteur à la suite du roman ! 
J’adore ces entretiens qui sont toujours tellement remplis d’informations !

En conclusion, c’est un roman très beau à écouter, qui fait réfléchir, qui pose des questions aussi. 









lundi 16 décembre 2024

L’heure bleue de Paula Hawkins

Vous connaissez peut-être Paula Hawkins car c’est elle qui a publié le thriller à succès La fille du train.
Son dernier roman se passe dans un cadre totalement différent, où il n’y a aucun train !
Cela reste néanmoins un thriller, et même un plutôt bon thriller. 
 
 

 

La succession de Vanessa Chapman, grande artiste à succès, est complexe.
Toutes ses œuvres ont été léguées à une fondation mais la détentrice actuelle des tableaux et des céramiques refuse de les confier à leurs destinataires.
Il va bien falloir pourtant que James, conservateur à la fondation, récupère les œuvres et les cahiers de l’artiste car un ossement humain vient d’être découvert dans une des sculptures de Chapman…  


C’est toujours un risque de relire un auteur qu’on a beaucoup aimé, surtout quand on a apprécié tout en sachant que ce n’était pas non plus le roman du siècle.
Quand j’ai commencé L’heure bleue, j’avais donc une petite appréhension.
Allais-je apprécier ce roman ?
L’autrice avait-elle réussi à produire un nouveau thriller aussi captivant que le précédent ?
La réponse est oui, mais un peu différemment, ce qui est une bonne chose !
Refaire La fille du train aurait été dommage.
L’heure bleue commence doucement, on entre dans l’histoire sans vraiment savoir où va se trouver la menace.
James Becker a un travail assez tranquille, dans un environnement protégé, mais les chapitres passant, on découvre que chacun a des choses à cacher.
Le monde de l’art n’est pas aussi tranquille qu’il y parait.
La tension monte doucement, et on guette l’évènement qui va tout déclencher, le point de bascule qui va accélérer l’histoire.
Préparez-vous, car il faut attendre plusieurs chapitres avant d’être vraiment au cœur de l’histoire, mais ce qui précède est très intéressant également.  
Le héros reconstitue les évènements de la vie de Chapman, on découvre pourquoi il lui voue une admiration sans bornes, il y a des meurtres anciens, des disparitions, la tension est diffuse et monte comme la mer.
J’ai d’ailleurs beaucoup aimé les passages sur la peinture, sur la mer, sur l’île.
Ce n’est pas un simple thriller.
Il y a un vrai lien avec le sujet choisi, ce qui n’est pas toujours le cas.
Et puis les derniers chapitres sont tendus et vous ne pourrez plus lâcher le roman.

Mon seul bémol concerne la fin.
J’ai écouté deux fois, mais je ne suis pas sûre de mon interprétation 😅.
Si vous avez un avis plus tranché que le mien, je suis preneuse, car je ne suis pas certaine que ce soit totalement tragique ou, au contraire, plutôt positif (j’essaie de ne pas spoiler 🫣).

La version audio est parfaite.
On ne devine pas du tout d’où va venir la menace, même au dernier moment.
La lecture de Martin Spinhayer et Marcha Van Boven suit le rythme du texte et nous accompagne dans la montée de la tension.
C’est fin, bien interprété, parfait !


Si vous aimez les thrillers, c’est donc une lecture à tenter sans hésiter.
Si vous aimez l’art, cela pourrait bien vous plaire aussi.

samedi 26 octobre 2024

Katie de Michael Mc Dowell

Qui n’a pas vu cette couverture aguicheuse dans les vitrines des librairies ?
Avec ses dorures, ses promesses et ce personnage si droit sur l’illustration, on est forcément intrigué par cette histoire qui annonce du gothique, du sombre, des meurtres, du sang…
Et je me suis laissée tenter ! 
 
 
 

 
 
Alors qu’elle se demande comment payer le loyer du logement qu’elle occupe avec sa mère à New Egypt, Philo Drake reçoit un courrier de son grand-père qui lui demande son aide.
Il a renié sa mère lors de son mariage, mais il est désormais seul et à la merci d’une famille de truands qu’il soupçonne de vouloir le tuer.
Philo voit là un bon moyen de sortir de la misère où elle se trouve, tout en faisant une bonne action pour un homme qu’elle ne connaît pas encore, mais qu’elle veut bien découvrir.
Hélas, rien ne se passe comme prévu…


Après la folie Blackwater, voilà la dernière sortie des traductions de Mc Dowell en audio ! (Mais on espère que ce ne sera pas la dernière).
Si vous aimez la plume de cet auteur si singulier, vous serez ravi·e de le retrouver en embarquant dans cette histoire qui va à 100 à l’heure.
Les aventures de Philo Drake ne connaissent pas de pause, il se passe toujours quelque chose !

On la suit en frissonnant, en ayant peur pour elle, en étant déçu, enthousiaste, ou écœuré.
Rien n’est tiède dans ce récit où les coups de marteau pleuvent et les morts se succèdent à un rythme effréné.
Philo doit sans cesse faire face à Katie, l’une aussi maléfique que l’autre est douce et candide.

L’auteur s’est inspiré des romans à un penny du 19e siècle, les Penny dreadfulls mais on y retrouve aussi nos romans feuilletons à quelques sous, avec une jeune fille qui sait rester pure malgré les difficultés, qui subit le sort tout en ayant parfois un peu de chance, et qui doit faire face à une situation de misère qu’elle affronte avec courage et dignité.
Ce qui m’a semblé intéressant néanmoins, c’est que les personnages masculins sont tous absents ou défaillants.
Ils sont simples d’esprit, limités dans leurs réflexion, ou carrément absent ou inconscient.
Philo se retrouve au centre du récit, bien que ce soit Katie qui ait le privilège du titre du roman.

La lecture d’Ariane… est très claire, avec une variation des voix pour marquer les personnages.
On retrouve ainsi le côté très visuel du style de cet auteur, et on suit parfaitement le récit.
On peut aussi varier la vitesse pour aller plus ou moins vite, et cela reste clair.


C’est donc un roman que je vous conseille sans hésiter si vous aimez les histoires bien remplies, qui vont à 100 à l’heure, où on a (vraiment) peur pour l’héroïne tout en sachant qu’il y a de grandes chances que cela finisse bien (c’est quand même un roman feuilleton, il faut que le bien triomphe à la fin). 
 

 






mardi 15 octobre 2024

Le choix de Viola Ardone 💕

La littérature italienne regorge de pépites et d’autrices incroyables.
Viola Ardone en fait partie et je l’ai découverte avec un immense plaisir avec ce roman vraiment très beau ! 
 
 
Le choix viola ardone

 
Dans la campagne sicilienne, Oliva grandit comme elle peut, entre les courses pieds nus dans la campagne, la chasse avec son père et l’école.
Mais quand on est une fille, cette vie ne peut pas durer longtemps et sa mère s’inquiète de la voir si libre.
Et puis Viola est belle, elle est sauvage et les années ne font que confirmer ce qui ne peut que lui porter préjudice…

Quel éblouissement !
Ce roman est absolument incroyable !
Je l’ai commencé tranquillement, sans vraiment savoir à quoi m’attendre et en craignant un nouveau roman sur un thème assez courant ces temps-ci, celui d’une jeune fille italienne prise dans le carcan des traditions.
C’est évidemment un thème intéressant, qui peut donner de beaux romans, mais c’est un peu répétitif.
Oui, mais voilà !
Viola Ardone ne se laisse pas aller à suivre le chemin tout tracé et va plutôt dans des sentiers caillouteux, rugueux, qui font mal mais qui promettent la lumière.
Elle aborde sans faillir le thème si difficile de l’éducation des filles et de ce qu’il leur reste une fois leurs études terminées dans ce moment si complexe où les temps changent.
Oliva a croisé le chemin d’une institutrice qui lui a donné envie d’aller plus loin que les petites classes auxquelles sont habitués les enfants de son village.
Que faire alors face à son enfant qui pourrait s’élever au dessus de la condition de ses parents mais qui se trouvera dans une situation de danger permanent et d’instabilité ?
Car les hommes rodent !
Le village est un microcosme où tout le monde a quelque chose à dire, où les ragots fleurissent vite et où le malheur peut s’abattre tellement vite.
Le personnage de la mère, dans ce genre d’histoire, a souvent le mauvais rôle mais c’est elle qui sait, qui devine ce qu’il peut se passer.
Toute l’ambivalence de ce personnage apparaît dans ce roman où l’amour de cette mère bourrue transparaît dans chacune de ses décisions.
Les personnages secondaires sont d’ailleurs très soignés et donnent une épaisseur à cette narration si riche.
Le père d’Oliva est lui aussi un homme bon, taciturne, effacé parfois, mais présent pour sa fille.

C’est donc un roman superbe sur la société patriarcale, l’enfermement des femmes dans les traditions et surtout, sur l’émancipation. 

La version audio est lue par Marie du Bled et Jean-Marc Delhausse. 
Marie du Bled donne une profondeur et une tension à ce texte, sans en faire trop.
On la suit sans difficulté et on se plonge dans l’histoire en oubliant la voix pour ne plus entendre que les mots qui s’enchaînent. 
Jean-Marc Delhausse lit la partie qui change de narrateur et où la tonalité est différente, plus distanciée. 
Cette alternance permet une respiration au lecteur.

Vous l’aurez compris, c’est un gros coup de cœur pour moi et j’écouterai d’autres romans de Viola Ardone sans hésitation !






jeudi 3 octobre 2024

Love on the brain de Ali Hazelwood

 Ah là là !
Comment résister à une romance d’Ali Hazelwood ?  
J’avais un peu peur de retrouver The love hypothesis en moins bien en me lançant dans ce nouvel opus, mais finalement non !
Et c’est une bonne nouvelle !! 

 


Bee a enfin été sélectionnée pour avoir son propre projet de recherche !
Ses compétences en neurosciences sont particulièrement pointues mais malgré son doctorat, les places sont chères.
Et ça y est, enfin, elle a un poste (temporaire mais c’est déjà ça).
Sauf que… son binôme pour ce contrat la déteste !
Tous les deux doctorants dans le même laboratoire, leur animosité était légendaire et faisait l’objet de plaisanteries dans toute la faculté !
Pourquoi a-t-il fallut qu’elle se retrouve justement avec lui sur ce projet ?

 
Quelle joie de retrouver la plume d’Ali Hazelwood !
Ses récits sont frais, amusants, un peu originaux aussi.
Certes, il s’agit de romances et leur schéma est assez classique mais le milieu dans lequel évolue les personnages est très rarement évoqué dans ce genre de roman.
Nous sommes ici dans un laboratoire de la Nasa remplit de scientifiques et d’ingénieurs, une communauté dont il n’est pas simple de connaître les codes.
Comme à chaque fois, l’autrice fait mouche et décrit avec finesse les relations qui peuvent se développer entre les membres d’une équipe de recherche, surtout lorsqu’il y a un gros projet à la clé.
Et d’ailleurs, l’une des choses que j’ai préféré dans ce roman, c’est la position de Bee qui n’est pas simple, mais cela ne l’empêche pas de prendre sa place, de taper du poing sur la table.
C’est une femme forte, qui sait obtenir ce dont elle a besoin d’un point de vue professionnel et qui n’a pas peur de s’affirmer.
 
Les personnages secondaires sont présents aussi, avec des personnalités originales qui permettent d’aborder des sujets de société comme les frais d’inscription pour certains domaines à l’université qui sont trop élevés ou simplement inutiles.
On ne s’attend pas à trouver ce genre de problématique dans une romance, mais c’est très bien amené et cela se fond dans le récit sans problème.
 
J’aurais juste un bémol pour la fin du roman qui m’a laissé un peu sur ma faim.
Il y avait moyen de faire quelque chose de plus flamboyant sans doute, plutôt que ces petites résolutions qui se succèdent en cascade.
Elles dévoilent néanmoins toute la mesquinerie qui peut apparaître chez certains scientifiques et c’est aussi la réalité du terrain 🫣.
 
La version audio est lue par Marie Bouvet qui n’oublie pas de souligner toutes les pointes d’humour de Bee, qui module très légèrement sa voix en fonction des personnages et qui charme nos oreilles avec un ton doux mais ferme.
 
En bref, c’est donc encore un coup de cœur pour cette romance chez les scientifiques, peut-être un peu plus spécialisée mais pas moins amusante. 
 
 
 

 


vendredi 27 septembre 2024

La carte postale de Anne Berest

La seconde guerre mondiale est une période très présente ces dernières années dans la littérature.
Est-ce parce qu’elle s’éloigne progressivement ?
Cela permet en tout cas de garder la mémoire d’évènements qui ne devrait jamais être oubliés pour se garder de la tentation de la répétition. 
 




Alors qu’elle est à un moment fort de sa vie, la narratrice se rapproche de sa mère et s’intéresse à une carte postale reçue quelques années auparavant.
En noir et blanc, vieillie par les ans, elle représente l’opéra de Paris sur une face et mentionne les prénoms des membres de sa famille déportés pendant la guerre.
Que signifie cette carte postale et qui l’a envoyé ?
C’est un mystère qu’elle va s’attacher à élucider au fil d’une enquête de quatre années…

Il est des romans qui vous marquent à vie.
Ceux qui parlent de la seconde guerre mondiale sont très souvent de ceux-la et particulièrement ceux qui abordent la déportation.

Ils participent aussi au devoir de mémoire d’autant plus indispensable que les derniers survivants ne sont plus très nombreux.
Dans La carte postale, Anne Berest retrace une quête qu’elle a mené avec constance et acharnement.
A sa manière bien à elle, elle nous raconte ses réflexions, son cheminement dans un texte assez factuel mais néanmoins légèrement romancé.
Les évènements ont été retravaillés pour que cela fasse un roman mais il y a là une grande part de vérité et l’on découvre à ses côtés les petites lâchetés ordinaires, les voisins qui fermaient les yeux, les objets qui sont toujours là mais juste à côté et puis, bien sûr, l’horreur de la déportation, la disparition, les difficultés à remonter dans les archives aussi.

Comme dans une enquête policière, l’autrice n’a que quelques indices assez minces mais en remontant le fil, elle dénoue aussi des non-dits familiaux, elle se libère de ces secrets et de ce qu’on a tue au sortir de la guerre.
Ce passé était si lourd qu’il a parfois été occulté, et puis un jour il émerge, sans qu’on l’ait vraiment vu venir.
C’est aussi cela que raconte l’autrice dans ces pages. 
 



La version audio est lue par Ariane Brousse qui a su donner un peu de chaleur au texte tout en restant assez neutre.
On la suit avec plaisir et on reste attentif à cette voix qui nous raconte cette histoire à la fois singulière et universelle,  ce récit d’une enquête où tout fait mal et heurte ce qui existait auparavant.
L’écoute renforce aussi le sentiment d’une histoire qui est racontée par l’autrice, comme un compte-rendu qu’elle nous offre parce qu’il ne faut pas oublier, bien que beaucoup avant nous s’y soient employés.  


Il faut aimer le style d'Anne Berest, parfois un peu sec et brut mais qui s’accorde bien avec ce roman.
Si vous avez envie de découvrir cette quête des origines si émouvante, je vous conseille donc la version audio qui me parait moins sèche que le texte.






LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...