Voilà un
roman bien singulier !
Tellement singulier que mon avis à
beaucoup fluctué au
fil des pages.
Tantôt
enthousiaste, tantôt agacée, j'ai parfois trouvé le temps un peu long et parfois
été pressée
de connaitre la suite.
Ce billet sera peut-être
un peu tortueux, mais je crois qu'il est à
l'image de ce roman.
Holmes vient demander de l'aide à
son ami Canterel pour résoudre une affaire étrange.
Sur les côtes britanniques, trois pieds ont été
retrouvés chaussés de baskets d'une marque inconnue,
tandis que chez Lady MacRae, tout près de là, un diamant a
disparu du coffre pendant un cambriolage.
Holmes, incapable de mener l'enquête,
compte sur son vieil ami pour lui donner un coup de main.
Accompagnés de Grimaux, le majordome de Holmes,
de miss Charrington, la gouvernante de Canterel, ils partent tous dans un bus
roulant au méthane pour rejoindre la Grande Bretagne...
Mon résumé est succinct mais comme
d'habitude, j'essaie de vous donner une idée
de l'histoire sans trop en dévoiler,
ce qui, je pense, est indispensable pour bien lire ce livre et en
profiter.
Je l'ai ouvert sans rien en connaître.
Il me semble avoir vu passer quelques billets lors de sa sortie
mais je n'ai pas retenu ce titre et je n'en savais rien.
Le nom de l'auteur me rappelait quelque chose que j'associais a
la littérature classique, mélange de Gil Blas et de Blas de
Robles, ce qui n'a rien à voir.
J'ai néanmoins
confiance en l'éditeur
originel, Zulma, tout en sachant aussi qu'il propose des textes parfois très originaux, voire très poétiques et étranges
(et qui ne me plaisent pas toujours).
Et je crois que ce dernier qualificatif est celui qui convient
ici.
Ce roman est étrange
tant il est hybride et complexe.
Il s'y mêle
de nombreux fils et il n'est pas toujours évident
d'embrasser d'un seul coup d'oeil l'ensemble du récit.
L'auteur se joue d'ailleurs clairement de nous, surtout au début et à la fin du roman.
L'incipit s'ouvre sur l'une des batailles d'Alexandre.
Comme je n'avais même
pas lu l'incipit, je me suis dit qu'il allait falloir que je m'accroche pour
lire 450 pages avec des noms que je pourrais connaitre (ceux des généraux
d'Alexandre), mais qui me sont inconnus.
Et puis en fait non, ce n'était
qu'une introduction.
Alors que j'avais situé
cet épisode, je
m'installais dans l'histoire d'Holmes et de Canterel, et là, nouveau retournement en
changeant de chapitre.
Il m'a ensuite fallut attendre quelques chapitres pour situer
l'histoire, ou plutôt les
histoires car il y en a deux qui s'entremêlent
et qui sont assez différentes.
Une fois la surprise passée,
j'ai pu apprécier cette
histoire un peu steampunk où Holmes
est à contre emploi en
alcoolique incapable de rien voir et surtout pas ce qui est sous son nez.
Les bus roulent au méthane,
on prend le train pour traverser l'Europe, les livres n'existent pas et ne sont
disponibles que sur des pupitres de lecture évidemment
intransportables (l'horreur !).
L'histoire se passe pourtant dans ce qui m'a semblé être notre futur, un futur un
peu sombre où une
catastrophe s'est produite.
Le récit est
un peu compliqué et
l'intrigue policière ténue, mais ce qui est remarquable,
ce sont les allusions, les références, l'intertexte qui est
diffus dans tous le récit.
Jules Verne est largement présent,
avec le Tour du monde en 80 jours, l'île
au trésor, 20000 lieues
sous les mers, Michel Strogoff sans doute aussi.
Des scènes
sont reprises, une trame ou un décor,
dans un récit qui coule
sans problème.
Mais on trouve aussi le Crime de l'Orient Express, ce cher
Hercule Poirot dans un personnage truculent à
moustache soignée,
un peu de Dune avec une révérende mère, Kthulu avec un monstre qui effraie des marins,
et je soupçonne aussi un
peu de SAS dans la seconde histoire qui est en fait l'histoire cadre.
Et c'est là que
j'ai un peu coincé.
Dans la seconde histoire, qui est aussi très intéressante, il y a à
la fois des réflexions
sur la lecture et des scènes
de sexe qui m'ont paru inutiles.
Le narrateur aborde l'histoire des lecteurs dans les
manufactures de cigares à Cuba.
Je connaissais cette histoire, ce qui ne m'a pas empêché
de découvrir
certaines réflexions très justes alors que je suis moi-même (professionnellement) en
pleine réflexion sur la
lecture à voix haute.
Comme en plus j'écoutais
ce livre, cela m'a semblé encore
plus approprié.
A l'inverse, les histoires de fesses de Carmen et son mari m'ont
gonflé et je ne vois
toujours pas leur intérêt. Faire un contrepoint ?
Distraire le lecteur ? (a-t-il besoin de ça
?)
|
@cubacoop |
Pour ma part, je tacherai d'oublier ces passages pour retenir le
reste si bien trouvé,
l'hommage au livre et à la
lecture, et le télescopage
final qui est magnifique !
Je retiendrai de cette écoute/lecture
la profusion d'allusion, le bonheur de lire ce texte en y reconnaissant des éléments,
les réflexions sur la
lecture qui m'ont souvent fait réfléchir à ma propre pratique et la résonance avec le fait de l'écouter plutôt
que le lire qui va tellement bien avec le propos de l'auteur !
Et d'ailleurs, ce livre audio tient toutes ses promesses.
Le lecteur nous régale avec une voix tantôt
lente, tantôt vive, en changeant de ton en fonction des personnages.
Il y en a tellement que ces changements sonores permettent de
suivre le fil et de rester attentif.
C'est un vrai bonheur de l'entendre, et comme je le disais
plus haut, cela fait écho au contenu du livre d'une belle
manière.
Une vraie réussite !
Si vous avez une explication pour ces scènes de sexe, n'hésitez
pas à la partager.
Et si une scène
de découverte d'un cadavre
dans une boutique d'antiquités
de Shanghai vous fait penser à quelque
chose, n'hésitez pas également à partager, parce que je n'arrive pas à la situer mis à part dans James Bond ^-^.
Livre lu/écouté dans le cadre du Prix Audiolib.