mardi 28 avril 2015

L'île du Point Nemo de Jean-Marie Blas de Roblès { Prix Audiolib }

Voilà un roman bien singulier !
Tellement singulier que mon avis à beaucoup fluctué au fil des pages.
Tantôt enthousiaste, tantôt agacée, j'ai parfois trouvé le temps un peu long et parfois été pressée de connaitre la suite.
Ce billet sera peut-être un peu tortueux, mais je crois qu'il est à l'image de ce roman.

Holmes vient demander de l'aide à son ami Canterel pour résoudre une affaire étrange.
Sur les côtes britanniques, trois pieds ont été retrouvés chaussés de baskets d'une marque inconnue, tandis que chez Lady MacRae, tout près de là, un diamant a disparu du coffre pendant un cambriolage.
Holmes, incapable de mener l'enquête, compte sur son vieil ami pour lui donner un coup de main.
Accompagnés de Grimaux, le majordome de Holmes, de miss Charrington, la gouvernante de Canterel, ils partent tous dans un bus roulant au méthane pour rejoindre la Grande Bretagne...

Mon résumé est succinct mais comme d'habitude, j'essaie de vous donner une idée de l'histoire sans trop en dévoiler, ce qui, je pense, est indispensable pour bien lire ce livre et en profiter. 
Je l'ai ouvert sans rien en connaître.
Il me semble avoir vu passer quelques billets lors de sa sortie mais je n'ai pas retenu ce titre et je n'en savais rien. 
Le nom de l'auteur me rappelait quelque chose que j'associais a la littérature classique, mélange de Gil Blas et de Blas de Robles, ce qui n'a rien à voir.
J'ai néanmoins confiance en l'éditeur originel, Zulma, tout en sachant aussi qu'il propose des textes parfois très originaux, voire très poétiques et étranges (et qui ne me plaisent pas toujours).

Et je crois que ce dernier qualificatif est celui qui convient ici.
Ce roman est étrange tant il est hybride et complexe.
Il s'y mêle de nombreux fils et il n'est pas toujours évident d'embrasser d'un seul coup d'oeil l'ensemble du récit.
L'auteur se joue d'ailleurs clairement de nous, surtout au début et à la fin du roman.
L'incipit s'ouvre sur l'une des batailles d'Alexandre.
Comme je n'avais même pas lu l'incipit, je me suis dit qu'il allait falloir que je m'accroche pour lire 450 pages avec des noms que je pourrais connaitre (ceux des généraux d'Alexandre), mais qui me sont inconnus.
Et puis en fait non, ce n'était qu'une introduction.
Alors que j'avais situé cet épisode, je m'installais dans l'histoire d'Holmes et de Canterel, et là, nouveau retournement en changeant de chapitre.
Il m'a ensuite fallut attendre quelques chapitres pour situer l'histoire, ou plutôt les histoires car il y en a deux qui s'entremêlent et qui sont assez différentes.

Une fois la surprise passée, j'ai pu apprécier cette histoire un peu steampunk où Holmes est à contre emploi en alcoolique incapable de rien voir et surtout pas ce qui est sous son nez.
Les bus roulent au méthane, on prend le train pour traverser l'Europe, les livres n'existent pas et ne sont disponibles que sur des pupitres de lecture évidemment intransportables (l'horreur !).
L'histoire se passe pourtant dans ce qui m'a semblé être notre futur, un futur un peu sombre où une catastrophe s'est produite.
Le récit est un peu compliqué et l'intrigue policière ténue, mais ce qui est remarquable, ce sont les allusions, les références, l'intertexte qui est diffus dans tous le récit.
Jules Verne est largement présent, avec le Tour du monde en 80 jours, l'île au trésor, 20000 lieues sous les mers, Michel Strogoff sans doute aussi.
Des scènes sont reprises, une trame ou un décor, dans un récit qui coule sans problème.
Mais on trouve aussi le Crime de l'Orient Express, ce cher Hercule Poirot dans un personnage truculent à moustache soignée, un peu de Dune avec une révérende mère, Kthulu avec un monstre qui effraie des marins, et je soupçonne aussi un peu de SAS dans la seconde histoire qui est en fait l'histoire cadre.

Et c'est là que j'ai un peu coincé.
Dans la seconde histoire, qui est aussi très intéressante, il y a à la fois des réflexions sur la lecture et des scènes de sexe qui m'ont paru inutiles.
Le narrateur aborde l'histoire des lecteurs dans les manufactures de cigares à Cuba.
Je connaissais cette histoire, ce qui ne m'a pas empêché de découvrir certaines réflexions très justes alors que je suis moi-même (professionnellement) en pleine réflexion sur la lecture à voix haute.
Comme en plus j'écoutais ce livre, cela m'a semblé encore plus approprié.
A l'inverse, les histoires de fesses de Carmen et son mari m'ont gonflé et je ne vois toujours pas leur intérêt. Faire un contrepoint ? Distraire le lecteur ? (a-t-il besoin de ça ?)

@cubacoop
Pour ma part, je tacherai d'oublier ces passages pour retenir le reste si bien trouvé, l'hommage au livre et à la lecture, et le télescopage final qui est magnifique !
Je retiendrai de cette écoute/lecture la profusion d'allusion, le bonheur de lire ce texte en y reconnaissant des éléments, les réflexions sur la lecture qui m'ont souvent fait réfléchir à ma propre pratique et la résonance avec le fait de l'écouter plutôt que le lire qui va tellement bien avec le propos de l'auteur !


Et d'ailleurs, ce livre audio tient toutes ses promesses.
Le lecteur nous régale avec une voix tantôt lente, tantôt vive, en changeant de ton en fonction des personnages.
Il y en a tellement que ces changements sonores permettent de suivre le fil et de rester attentif.
C'est un vrai bonheur de l'entendre, et comme je le disais plus haut, cela fait écho au contenu du livre d'une belle manière.
Une vraie réussite !


Si vous avez une explication pour ces scènes de sexe, n'hésitez pas à la partager.
Et si une scène de découverte d'un cadavre dans une boutique d'antiquités de Shanghai vous fait penser à quelque chose, n'hésitez pas également à partager, parce que je n'arrive pas à la situer mis à part dans James Bond ^-^.



Livre lu/écouté dans le cadre du Prix Audiolib.
















16 commentaires:

  1. Sans doute un peut trop original pour moi ;)

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    1. Et en plus, c'est très long ! En audio, les débuts difficiles passent mais en format papier, je t'avoue que je me serais lassée alors je te comprend ;^)

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  2. Ce livre me fait un peu peur... Je pense que je le lirai en dernier.

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    1. Je garde 3000 chevaux vapeurs pour la fin mais je ne suis pas sure d'avoir raison ;^)

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  3. Je t'envie d'avoir aimé ce livre, je suis passée totalement à côté. Peut-être trop original pour moi comme le dit Jérôme ?

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    1. C'est difficile de rentrer dedans quand même. L'auteur est sans cesse en train de dérouter le lecteur et il faut sacrément s'accrocher pour rester dans l'histoire je trouve. En version papier, je ne sais pas si j'aurais été jusqu'au bout.

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  4. J'étais très tentée par ce roman à sa sortie, mais plus ça va, plus je me dis qu'il n'est pas fait pour moi...

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    1. Il faut vraiment être dans de bonnes dispositions pour entrer dedans je pense. Les premiers chapitres sont difficiles, mais en même temps, c'est amusant de se faire un peu balader de temps en temps.

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  5. Un auteur dont j'avais beaucoup aimé le précédent roman. Je le lirai tout de même.

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    1. Il faudrait que je regarde ce qu'il a fait avant. Si tu aimes son style, celui-ci doit être du même genre :^)

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  6. Alors moi je suis complètement perdue dans cette écoute. J'aime les passages sur la lecture. A part ça...

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    1. Je te comprends ! Les premiers chapitres sont compliqués et le chemin change tout le temps de sens, c'est perturbant. J'ai été contente d'avoir insisté car le dévoilement des différents fils est toujours un moment particulier dans une lecture mais si je l'avais lu en papier, j'aurais sans doute abandonné.

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  7. Je suis complètement passée à côté (au point de me sentir vraiment bête à ne rien comprendre et j'ai fini par abandonner) la seule chose que j'ai aimé c'était la lecture à voix haute dans les usines!)

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    1. Le début est difficile. Je me suis demandé si j'allais le finir, surtout en sachant qu'il est très très long et qu'il m'en restait beaucoup d'autres à lire. En papier, j'aurais abandonné, c'est clair ! Mais là, je t'avoue, je finissais un éléphant au crochet pas facile et je me suis laissée porter par le texte dans le train, dans le métro... Et je n'en avais pas d'autre dans ma liseuse ! Mais je suis contente d'avoir tenu parce qu'il y a de beaux thèmes, même si certains passages me paraissent superflus.

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  8. Les scènes de sexe m'ont paru inutiles aussi, et c'est le petit bémol que j'ai eu avec ce roman que j'ai trouvé par ailleurs génial.

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    1. Oui, c'est vraiment dommage. Je ne sais pas quelle était l'intention de l'auteur, si c'est une référence à un autre auteur, mais c'est assez superflu. Le roman aurait sans doute parfaitement tenu la route sans ça, surtout que ça part vraiment dans tous les sens à la fin. Ou alors, c'est un moyen pour le narrateur de passer sa frustration face à sa compagne immobile. Mais ce n'est pas très clair.

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