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jeudi 15 février 2024

Vous ne connaissez rien de moi de Julie Héraclès [Livre audio]

Je lis peu de roman de la rentrée littéraire.
J’attends souvent la version audio de ceux qui me tentent un peu, ou, au moins, que l’euphorie soit retombée.
Parfois, le temps ne fait pas bien son travail, mais souvent, cela fonctionne plutôt bien quand même.
Et puis quelques fois, un livre me reste en mémoire, et je craque.  
Quand j’ai vu passer celui-ci en audio, je n’ai pas su résister !!  
 
 
 
Simone attend dans la cuisine.
Elle sait qu’ils peuvent arriver d’un moment à l’autre.
Elle a mis une jolie robe pour rester forte dans l’épreuve qui l’attend.
D’ailleurs, elle ne sait pas vraiment ce qui l’attend.
Tout ce qu’elle sait, c’est que ce qu’on lui reproche était beau et qu’elle le gardera toujours comme un trésor…


Je vous l’avoue tout de suite, il aurait été bien dommage de résister !
J’ai adoré écouter ce roman !
L’autrice s’est inspirée de cette photo de Capa prise à la fin de la guerre à Chartres.
L’histoire est celle d’une jeune fille qui entre dans la vie adulte à une période où rien n’était simple et qui rappelle celle de la photo.
Elle compose avec ses frustrations d’adolescente, ses rêves et ses envies, dans une société où sa place est complexe.
La succession de déceptions, de désillusions va la pousser dans des extrêmes que cette époque rend tragique et c’est finalement une vie bien ordinaire qui nous est racontée ici.
Simone appartient à une classe sociale populaire.
Sa mère a tenté d’en sortir mais sans succès car elle n’a pas les codes, et dans l’école où elle va, on lui fait bien sentir qu’elle devrait être ailleurs.
Alors Simone garde sa révolte, elle couve en elle et quand les Allemands arrivent, elle a un terrain tout trouvé pour laisser libre court à ce qui la hante.
Mais elle est aussi très jeune, en construction, un peu maladroite, elle aime, elle vit, elle choisit mal ses amis.


Nulle pitié cependant dans ces pages.
Le récit est habile et si l’autrice a dû subir les attaques de critiques trouvant que le roman vantait la collaboration, ce n’est pas l’impression que j’ai eu.
Simone est dépeinte avec ses vices et ses défauts.
Elle est volontiers vaniteuse, elle se préoccupe peu de son prochain, elle n’a pas de compassion, si ce n’est pour elle-même.
Elle se fait avoir, mais elle n’en tire que peu de leçon.
Il n’y a rien qui l’excuse si ce n’est la jeunesse (mais cela n’en est pas vraiment une).
Et puis il s’agit d’un roman, le nom de famille de Simone est modifié et rien ne dit que la vraie Simone ait vécu tout cela.

Le texte à la première personne rend l’histoire plus vivante, plus crue.
Les images sont fortes, Simone est humaine, et on le sent bien.

La version audio est à l’image du texte, vivante et forte.
La lecture d’Amélie Belohradsky est fluide, elle permet de bien identifier les personnages et les temps de l’histoire.
A la fin de l’enregistrement, l’entretien avec l’auteur est également une belle idée car cela permet de comprendre plein de choses.
Ces entretiens sont d’ailleurs souvent très riches !


C’est donc un vrai coup de coeur pour ce premier roman dont il faut espérer qu’il ne soit pas le dernier ! 
 
 

 
 

 



mardi 30 janvier 2024

Le silence de Dennis Lehane

Fan de roman noir, ce livre est pour toi !
Roman social, il décrypte la société et ses dérives en entrant dans la tête de ceux qui la subissent.
Et c’est une réussite !

En cet été 1974, Mary Pat cherche sa fille.
Mère célibataire du quartier de South Boston, elle connaît les dangers de sa ville quand on est une jeune fille de 17 ans.
Mais Jules n’est pas rentrée ce weekend et personne ne semble l’avoir vu.
Dans une station de métro, un jeune noir a été retrouvé mort.
Autant dire que le cas de Jules n’intéresse personne.
Mary Pat décide alors de chercher sa fille elle-même… 
 
 


Pour les fans de littérature américaine, ce roman est parfait.
On y retrouve des thèmes forts, symboliques de certains problèmes sociaux actuels dans ce pays.
Les banlieux violentes, les gangs, le trafic de drogue ou la main mise des petits chefs de quartier, l’enrôlement des jeunes, le racisme… tout y est !
Mary Pat essaie de tenir ses enfants loin des mauvais plans mais comme pour beaucoup de mères, c’est tellement difficile. 
 
Parallèlement à cette histoire particulière, l’auteur a choisit un évènement historique qui vient percuter la petite histoire.
En 1974, à Boston, les autorités ont décidé de mélanger les élèves blancs et noirs de deux lycées de quartier (évidemment, les blancs du centre ville, eux, n’étaient pas vraiment concernés).

Des manifestations ont eu lieu, des tentatives de stopper ce processus, attisant les tensions entre les quartiers.  
Le récit de ce roman s’inscrit dans ce moment suspendu où chacun attendait de voir la suite des évènements.

Je ne vous dirai rien de la quête de Mary Pat car c’est tout l’intérêt de ce roman.
On la suit dans ses recherches, on a peur pour elle, on espère ou on est écœuré du fonctionnement de cette micro société.
Un soupçon d’humour noir permet de souffler un peu avant de replonger dans la noirceur de son quartier.
Petit à petit, elle retrace le fil des évènements et atteint la vérité mais le prix à payer est toujours élevé.
 
Pour raconter tout cela, le texte est descriptif, brut, il ne s’attarde pas exagérément sur les sentiments, comme l’héroïne d'ailleurs.
Il faut avancer quoi qu’il arrive et affronter les silences car dans ce roman, tout le monde répète « vous savez bien ».
On se tait, on ne dit pas, et le silence tue.

La version audio est lue par Marie Bouvier.
Son interprétation est forte, vive et suit le récit en ajoutant une touche de tension qui vient appuyer l’ambiance particulière qu’instille l’auteur.
On la suit avec facilité et sa voix se confond avec celle de Mary Pat.

J'ai donc beaucoup aimé ce roman et sa version audio qui m'a paru apporter vraiment un plus. 
On se sent réellement impliqué dans la quête de Mary Pat, et je pense que la version "papier" ne m'aurait pas fait autant d'effet ! 





#lesilence #dennislehane #netgalleyfrance

samedi 20 janvier 2024

Les sept sœurs de Lucinda Riley - tome 1

Voilà une saga que l’on a beaucoup vu depuis sa sortie.
XXX a su séduire ses lectrices et lecteurs et ses romans m’intriguaient beaucoup mais la perspective de me lancer dans une telle quantité de pages me repoussait un peu.
Il faut dire qu’il y a sept tomes (+1 depuis quelques semaines) et chacun d’entre eux est un pavé !
Et puis finalement, face à la version audio du premier tome, j’ai craqué…


 

Maia vient de perdre son père.
Alors qu’elle séjourne chez une amie à Londres, sa gouvernante l’appelle pour lui demander de rentrer le plus rapidement possible.
Tout est déjà organisé mais elle et ses 5 sœurs doivent se réunir pour remplir les formalités indispensables à ce moment difficile…

Ah ! Les sagas !
Comment ne pas se laisser prendre au jeu de ces fresques où l’histoire a le temps de se déployer, où l’auteur peut tisser de multiples liens et dévoiler petit à petit ses histoires ?

J’ai longtemps été tentée par ce roman.
Il contient plusieurs éléments que j’adore : une saga familiale, un tome par personnage, ce qui permet de bien le découvrir, des romans qui se croisent les uns les autres et où l’on retrouve les personnages.
Mais ce roman est un pavé, et le début d’une série de sept tomes !!
Autant dire qu’on y met le pied en se préparant à lire ou écouter les 7 tomes car l’autrice est terriblement efficace.
Une fois commencé, il est bien difficile de retirer ses écouteurs.
Chaque mot amène le suivant et l’histoire de Maia ne comporte aucun temps mort.
Après avoir réglé les affaires courantes, elle décide de découvrir d’où elle vient et on la suit avec grande curiosité.
Le récit se dédouble ensuite, dans un procédé assez classique mais bien maîtrisé.
L’autrice fait preuve d’une imagination sans faille et on la suit avec délectation.

J’ai néanmoins bien fait d’attendre avant de le lire car je peux désormais écouter les différents tomes en version audio !
Le tome 2 est déjà dans ma pile à écouter.
La lecture d'Ariane Brousse m’a beaucoup plus.
Elle donne l’impression d’être une amie qui nous raconte son histoire.
C’était parfait.


Si vous souhaitez vous lancer dans une grande et belle fresque romanesque, ce premier roman pourrait bien vous plaire.
On peut aussi choisir de n’écouter que le premier tome mais il y a des chances pour que la curiosité vous titille ensuite.





mardi 28 novembre 2023

Traverser la nuit de Hervé Le Corre

Parfois, on croise un livre qui vous percute comme un coup de poing. 
Ce livre est de ceux-là, avec une violence distillée au fil des pages à laquelle je n'étais sans doute pas prête.




Louise subit sa vie et les coups de son compagnon. 
Elle tente de protéger son fils Sam mais ce n’est pas si facile. 
Jourdan, commandant de police, est fatigué des scènes de crime et de tous ces corps qui restent dans sa tête. 
Christian passe ses soirées à suivre des femmes dans la rue… 
 
Avec les années, je crois que je suis devenue trop sensible. 
J’ai hésité avant de me lancer dans ce livre audio et je comprends pourquoi maintenant qu’il est terminé. 
C’est un roman noir, très noir. 
L'enchainement des évènements, les vies racontées dans ce récit, tout m'a paru trop, trop de sang, trop de violence. 
Ce n'est pourtant pas excessif de la part de l'auteur. 
Il n’y a pas de complaisance ou d'envie d'en rajouter, c'est la vie, la vraie, et tout est vraisemblable malheureusement, mais pour moi, c'était trop. 
Le sort s’acharne sur ces personnages sans aucun répit et tout s’enchaîne inexorablement. 
J’ai eu l’impression de ne pas reprendre mon souffle, d’écouter les évènements les uns après les autres et de les voir s’accumuler inexorablement. 

La structure du texte est assez classique. 
Trois fils se tissent les uns après les autres pour finir par se croiser. 
Les personnages principaux sont également assez stéréotypés mais néanmoins intéressants : la mère de famille célibataire qui lutte pour s’en sortir, le policier fatigué, le psychopathe traumatisé. 
On retrouve aussi un décor urbain, largement cité, ici la ville de Bordeaux, sombre et piégeuse, une ville dont on ne peut pas sortir sans en mourir. 
A partir de ce point de départ, l’auteur s’intéresse particulièrement à l’aspect psychologique et c’est ce qui fait son originalité.  
Le lecteur est dans la tête des personnages. 
Cela ne les excuse pas, et il n’y a aucune volonté de gommer la dureté des évènements, mais plutôt la recherche d’une vérité, de la compréhension de ce qui peut mener jusque là. 
Le texte est ciselé, parfois un peu trop et quelques motifs un peu clichés et élimés sont présents mais sans gâcher le plaisir de la lecture. 

La version audio est lue par Ariane Brousse, qui n'en rajoute pas, tout en adoptant un ton qui convient bien à certains passages difficiles. 
Il y a une neutralité dans sa lecture, mais sans froideur. 
 
Si vous aimez les romans noirs, rentrer dans la tête des personnages et suivre leurs pensées, vous pourriez bien aimer celui-ci !










 

mardi 24 octobre 2023

Le commerce des allongés d'Alain Mabanckou [Livre audio]

Il y a très longtemps que j’avais envie de découvrir Alain Mabanckou.
Cet écrivain est un phénomène, et quand on l’entend parler d’un ton tonitruant, on se dit que ses textes doivent être tout aussi vivants.
J’ai enfin pu le vérifier grâce à l’écoute de ce roman très singulier. 




Liwa se réveille au cimetière du Frère-Lachaise à Pointe-Noire.
Désorienté, il tente de se repérer et de comprendre pourquoi il est là mais il a du mal à tenir debout.
Heureusement, il n’est pas seul et le comité d’accueil va le guider et lui expliquer pourquoi il est là…


C’est pratique de choisir un personnage qui n’y connaît rien à l’endroit où il vient d’atterrir !
Un autre personnage plus avisé peut ainsi lui expliquer ce qu’il doit faire, et comment fonctionne son nouvel univers.
Liwa est effectivement mort, ce n’est pas un secret dans ce texte où l’intérêt consiste justement à découvrir pourquoi.
Après avoir pris conscience de son nouvel état, fait ses adieux à sa vie, il va raconter au lecteur pourquoi il est arrivé là.  
Cette plongée dans les quelques jours qui précèdent est l’occasion de dévoiler le fonctionnement de cette société où les Riches sont très loin des Pauvres.
Liwa a mis le pied où il n’aurait pas dû et le retour de bâton a été terrible.

L’écriture d’Alain Mabanckou est vive, expressive, et comme l’auteur prend lui même en charge la lecture du livre audio, on a vraiment l’impression qu’il nous raconte cette histoire en direct.
Quand l’auteur est aussi emblématique, c’est vraiment un plaisir supplémentaire de l’écouter.

Je vous conseille donc cette lecture sans réserve et encore plus en version audio avec la voix d’Alain Mabanckou dans les oreilles !!


 
 
  

#netgalley 

vendredi 9 juin 2023

L'eau du lac n'est jamais douce de Giulia Caminito 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Oups ! Je crois que ce roman m’a inspiré un billet à rallonge !!
Sans doute ai-je essayé de comprendre ce qui m’a empêché de vraiment aimer mon écoute, car je dois avouer que je reste indécise.
L’histoire est forte et ne laisse pas indifférent, mais je n’ai pas réussi à avoir réellement de l’empathie pour la narratrice.  



Antonia est une femme forte.
Elle fait des petits boulots pour maintenir sa famille à flot, nourrir ses quatre enfants et son mari handicapé.
La vie ne lui fait pas de cadeau et elle doit se battre sans cesse pour ne pas sombrer.
Sa fille raconte les combats, les victoires et ce qu’elle ressent face à cette mère autoritaire qui lui impose sa façon de voir les choses.
Elle raconte aussi sa vie, l’école, le lycée, ses amis, ses petites et grandes révoltes…

Giulia Caminito tente ici de croiser les portraits de plusieurs femmes.
Il y a d’abord sa mère, Antonia, une femme forte, énergique, volontaire qui se débrouille pour que sa famille survive avec très peu.
Antonia est sèche et dure mais elle doit faire vivre ses quatre enfants, son mari handicapé.
Elle ne tolère aucun écart et tente d’enseigner l’honnêteté et la valeur du travail à ses enfants.
Puis il y a elle-même enfant puis adolescente, jeune fille un peu paumée et en quête d’elle-même.
Et il y a les amies, Iris, Carlotta et les autres, chacune avec ses défauts et ses qualités, de passage ou pour longtemps.
Dans la postface, l’autrice indique qu’elle a voulu parler de sa mère, d’elle-même et d’Iris, sa grande amie.
J’avoue avoir été surprise car si Iris a une grande place, d’autres jeunes femmes sont également très présentes.


C’est aussi un roman à la première personne.
La narratrice n’est pas une copie conforme de l’autrice.
Elle lui emprunte apparemment beaucoup de traits et d’actions mais ce n’est pas une autobiographie.
De même, le portrait de sa mère est accompagné d’adaptations, notamment pour les lieux ou certains évènements.
Ce choix de focalisation nous plonge littéralement dans les pensée de cette jeune femme en pleine construction, à la recherche de repères et de certitudes.
Elle se débat avec une violence qu’elle sent sourdre en elle, tout en ne sachant pas comment la canaliser.
Ce qui m’a particulièrement frappé, ce sont les passages où elle explique comment elle se voit et comment elle ressent les situations, puis les commentaires des gens qui la côtoient et qui ont ressenti ou observé autre chose.
Rien n’est lisse et on peut parfois se tromper lourdement sur les pensées des gens qui vivent proches de nous.

L’autrice tente aussi le portrait d’une époque en évoquant le décalage de sa narratrice avec ce que vivent les autres jeunes.
En disant qu’elle n’a pas de portable, elle peut dire que tous ses camarades en avaient, et décrire ces nouveaux rituels de communications que l’on connait tous aujourd’hui.
Elle décrit cette partie de la population qui n’a accès à rien au milieu de l’opulence d’autres familles qui ne semblent pas s’en rendre compte.
Elle évoque enfin comment sa mère la pousse pour qu’elle fasse des études, et l’échec qui menace car aucune des deux n’a les codes pour aller au bout de cette ambition.

Malheureusement, j’ai trouvé cela très long, très négatif et je n’ai pas bien vu ce que Giulia Caminito voulait nous montrer.
La narratrice ne supporte rien, ni sa mère qui tente de maintenir la famille à flot, ni une partie de ses amis.
Elle grandit en détestant tout et tout le monde.
Évidemment, sa vie n’est pas simple et on imagine très bien (voire on se souvient d’avoir vécu cela) que les économies permanentes, la récup, le peu de moyen, ce n’est pas agréable quand on est une adolescente qui ne demande qu’à vivre sa vie.
Mais elle évoque ses frères qui, eux, s’en accommodent très bien, comme deux idiots qui ne réfléchissent pas assez.
Cette vision négative de tout affaiblit le récit et donne envie de lui remettre les idées en place.
Et puis il y a ces listes, interminables, trop nombreuses.
C’est un choix littéraire qui peut se justifier mais elle fait des listes pour tout !
Je trouvais déjà le livre un peu long, mais chacune d’entre elles m’achevaient 😆.

La version audio vient heureusement sauver un peu le roman et permet de le terminer, même si ce ne sera clairement pas un coup de cœur (mais il faut bien qu’il y ait des romans à mettre dans le bas du classement du prix Audiolib !).
Florine Orphelin apporte de la douceur à ce récit un peu dur.
Elle lit le texte en gardant une retenue qui n’en rajoute pas lorsque la narratrice se fait très critique et c’est assez bienvenue.


Si mon avis est mitigé, c’est sans doute que j’apprécie peu ces romans pendant lesquels je me demande où l’auteur veut en venir.
Si vous aimez les portraits d’une époque, les récits de femmes, cela pourrait bien vous plaire.

 


 
 





 

 

vendredi 2 juin 2023

Blizzard de Marie Vingtras 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Il y a parfois des romans dont le résumé de présentation fait fuir le lecteur.
Et quel dommage !
Si celui-ci n’avait pas fait partie du Prix Audiolib, j’aurais manqué un très bon récit ! 
 
 

 
Alors que le blizzard se déchaine à l’extérieur, Benedict s’aperçoit que Bess est sorti avec le petit Thomas.
Aidé par Cole, ils se lancent à leur recherche dans un paysage où tout repère a disparu, avec un espoir qui diminue de minute en minute.
Le blizzard avale tout et on ne peut savoir ce qui parviendra à en sortir… 
 
J’ai abordé ce récit avec une peur profonde liée à cette disparition d’enfant annoncée dès le début.
Difficile de rester indifférent face à ces personnages qui se lancent dans une situation si dangereuse à cause d’une jeune femme écervelée qui est sortie en plein blizzard !
Mais le récit bifurque et nous emporte dans les vies des quatre personnages dont chaque chapitre retrace les pensées et la vie passée.
Il y a Benedict qui a grandit là et ne pourrait pas vivre ailleurs, Cole qui est venu chercher la tranquilité, Freeman qui semble incongru dans ces grands espaces, et Bess qui a suivi Benedict mais n’est pas vraiment à sa place non plus.
Chacun se cherche, semble en suspens, et leur quête dans la neige, dans cet univers où tout est blanc et rien ne se distingue, va leur permettre de dévoiler ce qu’il y a au fond d’eux.
Chaque histoire est vraiment singulière.
Il y a un ancien soldat noir qui a fait la guerre du Vietnam, un vieux trappeur bourru, un jeune trappeur qui tente de reconstruire sa vie, une femme pas vraiment adapté à la situation dans laquelle elle se trouve et au passé lourd à porter.
On a très envie que le récit avance pour savoir où est le jeune garçon, s’ils vont le retrouver, mais on se retrouve pris aussi par les histoires singulières et les tensions multiples finissent par se conjuguer !
Et je pense que c’est là la grande qualité de Marie Vingtras.
Elle parvient à nous donner envie de poursuivre pour plusieurs raisons en mêlant les fils de l’histoire.
C’est très cohérent, bien ficelé, et on termine le roman en reprenant notre souffle ! 
 
Chaque chapitre est classiquement titré du nom du personnage qui va parler, et la version audio est lu par plusieurs comédiens, ce qui facilite le repérage. 
Stéphane Boucher, Alice de Lencquesaing, Patrick Mille et Sébastien Pouderoux s’associent pour proposer une version audio bien équilibrée, où les quatre lecteurs adoptent un rythme et un ton qui se marient bien entre eux.
On distingue qui parle tout en n’étant pas gêné par le changement de lecteur.
Je vous conseille la version audio, notamment si vous voulez tester ce format ! 
 
En bref, c’est donc un roman très étonnant mais vraiment pas mal !
Je me suis demandé au début de mon écoute si j’allais aimé, mais une fois terminé, la réponse était clairement oui.
Ne soyez pas arrêté par le résumé, ce serait dommage !! 
 
 
 
 

 
 
 







lundi 29 mai 2023

Notre part de nuit de Mariana Enriquez 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Cette année, dans la sélection du Prix audiolib, il y avait un pavé ! 
Mais c'est bien aussi les pavés. 
Cela permet de s'immerger dans une histoire, de bien connaitre les personnages. 
Et quelle histoire ici !!  
 
 

 
Juan et Gaspard traversent l’Argentine en voiture pour se rendre à une réunion familiale. Gaspard a perdu sa mère récemment et avec son père, Juan, ils doivent trouver un nouvel équilibre.
La route défile mais Juan est malade et c’est parfois difficile.
D’étapes en étapes, leur vie se dévoile, révélant d’étranges pouvoirs qui leur permettraient de manipuler une force étrange et maléfique…
 
27 h d’écoute !
Pour le prix Audiolib, je classe généralement les livres par temps d’écoute quand je les reçois.
J’essaie d’écouter les plus longs en dernier pour pouvoir rester dans les temps.
J’avais donc placé Notre part de nuit en dernier parce que… quand même… 27 heures quoi !
Et même 27h43 !
Et vous savez quoi ?
Il aurait duré plus longtemps, j’aurais tout écouté !
J’avais tellement envie de rester encore avec Gaspard, de savoir ce qu’il se passe ensuite, comment tout cela évolue.
Mais bon, le roman est terminé, il faut passer à d’autres pages (tâche ô combien difficile après ce pavé !).
 
Et pourtant, il y avait une autre raison pour que je sois frileuse au début de mon écoute.
L’aspect fantastique est très très marqué dans ce récit.
Il est question de démons, de magie, de tarot, il y a des passages vraiment durs où l’autrice évoque des tortures et des mutilations (heureusement pas si souvent).
On suit les personnages à différentes époques de leur vie, et cela pourrait paraitre suffisant mais cet aspect fantastique s’y mêle et prend une vraie place.
Et puis finalement, on accepte ce que Mariana Enriquez nous raconte comme une possibilité.
On y croit et on cherche les petites manifestations obscures qui sont dispatchées dans le roman. 
 
Vous l’aurez compris, Notre part de nuit est un roman assez inclassable, très étonnant et vraiment original par son sujet. 
C’est un roman indéfinissable, fantastique mais crédible, très sombre et rempli de rebondissements tragiques. 

C’est aussi un roman polyphonique, qui prend son temps et ses aises et on aime se plonger dans cet histoire, attiré par le récit comme les personnages sont attirés par l’obscurité.
Mariana Enriquez n’oublie pas pour autant de donner un cadre à son histoire et on y croise Bowie, dans l’Angleterre des années 70, la dictature argentine des années 80, le sida dans les années 90. 
 
La version audio est lue par Féodor Atkine, Clara Brajtman et Françoise Cadol.
Ces trois voix correspondent à trois temps du récit où la narration est prise en charge par des personnages différents.
Elles s’accordent bien, donnent un rythme au roman et permettent d’éviter la lassitude au bout de plusieurs heures d’écoute.
Ce sont aussi des voix qui s’écoutent avec plaisir, sans emphase mais avec un ton bien adapté au récit. 
Et comme toujours Feodor Atkine restera pour moi la voix de ce roman que j'entends encore quand je me remémore certains passages ! 
 
Je vous conseille donc sans réserve ce roman pavé mais néanmoins très digeste.
Pour l’été sur la plage, l’hiver au coin du feu, l’automne à la fenêtre ou le printemps au jardin, il vous ravira en toutes saisons !
Quant à moi, je m’en vais réécouter la dernière heure du roman pour retrouver Gaspard et mettre tous les morceaux du puzzle à leur place !
 
 
 
 

 
 
 





  
 
 
 
Et ce sera ma 4e participation au challenge Petit Bac d'Enna avec un moment de la journée :)


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


jeudi 11 mai 2023

Sa Préférée de Sarah Jollien-Fardel 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Parfois, la lecture, c'est comme une mauvaise pioche ! 

On ouvre un livre, mais c'est bof, on ne sait pas trop ce qu'on va en faire. 

Mais lorsque j’écoute la sélection du Prix Audiolib, j’aime bien qu’il y ait des romans que j’apprécie moins, cela me permet de faire plus facilement mon classement 😆.




L’enfance de Jeanne la suit comme une ombre malsaine.
Petite, elle a connu la pauvreté dans son petit village des montagnes suisses.
Elle a aussi connu la violence quand son père s’en prenait à sa mère, à elle ou à sa soeur.
Dès qu’elle le peut, Jeanne fuit, trouvant son salut dans l’internat de l’école normale de Lausanne où elle étudie pour devenir enseignante.
Mais le passé est tenace et la rattrape bien vite… 
 
Ce roman de Sarah Jollien-Fardel explore la reconstruction et ses difficultés, le deuil qu’il faut faire d’une enfance « normale » parfois parce que cela n’existera jamais.
Elle évoque la souffrance de Jeanne, ses difficultés à vivre, ses relations avec les autres toujours difficiles malgré le passage des années.
Jeanne avance dans la vie sans pouvoir se détacher de ce qu’elle a vécu, sans pardonner.
Si elle trouve parfois des dérivatifs à sa douleur, elle y revient toujours et gâche ce qu’elle pourrait vivre en le regardant par le biais de ce qu’il y a eu avant.
La spirale dans laquelle elle se trouve semble sans fin et donne l’impression qu’elle ne pourra pas jamais être heureuse.

Ce récit traumatique est bien écrit, le texte est soigné mais je suis malheureusement restée trop loin de ces personnages.
On suit l’histoire de Jeanne comme une spectatrice ou un spectateur des évènements sans vraiment s’impliquer.
C’est une sorte de psychothérapie publique et je dois dire que je n'apprécie pas spécialement ce genre de texte.
J’ai toujours un sentiment de voyeurisme, et je ne vois pas la finalité du processus.
J’avoue néanmoins ne pas avoir cherché à savoir si c’est l’histoire de l’autrice qui est raconté ou s’il s’agit d’une fiction mais il m’a manqué quelque chose. 
 
J’ai également trouvé que plusieurs fils n’étaient pas assez tissés.
La narratrice, par exemple, évoque l’eau comme un lieu de repos mental, de renaissance aussi.
C’est un peu un motif récurrent de la littérature mais pourquoi pas.
Puis elle annonce soudain qu’elle ne se baignait plus et voilà, on n’en parle plus. 
 
Heureusement, le texte est bien lu paLola Naymark qui prête sa voix pour nous conduire dans cette histoire.
Le ton est juste, sans emphase excessive.
Cela permet de suivre le récit et de l’interpréter comme on le souhaite. 
 
Ce n’est donc pas, pour moi, un roman qui restera dans ma mémoire mais n’hésitez pas à aller voir sur les blogs de mes copines du jury Audiolib, il y en a plusieurs qui ont beaucoup aimé.




 
 
 
 
 





 

vendredi 7 avril 2023

On était des loups de Sandrine Collette 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Comme cela m’arrive parfois, me voilà devant un billet bien difficile à écrire !
Il se trouve que j’ai ADORÉ ce roman !
Et dans ce cas là survient toujours une question essentielle : comment en parler pour vous donner envie de le lire ?
Difficulté complémentaire, si je vous en dis trop, il n’y aura plus de surprise !
Je vais donc tenter de jongler entre tout cela mais si vous voulez déjà un résumé : LISEZ-LE !! 
 
 


Alors qu’il rentre de plusieurs jours de chasse, Liam découvre sa femme étendue sur le sol dans la cour.
Un ours l’a attaqué, et malgré le fusil qu’il retrouve à son côté, elle n’a pas réussi à se défendre.
Il part alors à la recherche de son fils Aru qu’il retrouve sous le corps de sa mère…
 
Dès les premières minutes, nous voilà plongé dans un pays dur, qui ne pardonne rien et qui tue les hommes et les bêtes sans distinction.
Comment alors élever un enfant de 5 ans sans sa mère, sans celle qui le protégeait et lui apprenait la vie ?
La seule solution qu’entrevoit Liam est de confier son fils à d’autres.
Au rythme des pas de ses chevaux, une longue descente vers la ville commence mais c’est surtout sur le long chemin du deuil qu’il s’engage et vers la connaissance de lui-même.
Liam est un homme bourru qui préfère ne pas penser à certaines choses.
Le passé le hante sans qu’il se l’avoue, sa douleur est immense sans qu’il accepte de la voir.
Le chemin va être long et semé d’embuches et l’autrice nous plonge dans ses pensées pas toujours jolies jolies !
Le lecteur s’immerge dans ce flot ininterrompu et on le suit sans pouvoir reprendre son souffle.
J’y ai retrouvé tant de choses que l’on pense quand on a un enfant, des regrets qui s’appuient sur des incertitudes, sur une méconnaissance de soi et sur l’assurance que l’on ne sera pas capable.
L’amour se cache derrière tout cela mais il est parfois très loin tout au fond et pas toujours accessible. 
 
Heureusement, l’évocation de la forêt, du chemin parcouru, des grands espaces vient tempérer l’orage qui gronde dans la tête de Liam.
Le décor joue un vrai rôle et on visualise sans peine les chevaux qui marchent, qui balancent leurs cavaliers à leur rythme. 
 
Soyons clair, l’intrigue est cousue de fil blanc mais elle prend des détours et c'est là que j'ai aimé me faire peur.
Quant aux sentiments de Liam, il a tellement raison.
Un enfant, même si on l’aime infiniment, c'est un poids, c'est une charge si lourde qui vient en plus s'ajouter à sa peine et son deuil.
Je trouve que certains passages tombent tellement juste !
Le style choisi, sec, rugueux, rend parfaitement le ton de cet homme sauvage. 
Mais il y a des scènes si belles, des attendrissements touchés du doigt où l’on sent qu’il se retient, qu’il résiste.
Liam oscille entre la volonté de rester une bête sauvage et un sentiment diffus et qu’il n’identifie pas pour cet enfant qu’il connait si peu. 
 
C’est un texte très fort, qui rend parfaitement ces égarements et qui touche ce qu’il y a de plus profond en nous, une animalité qui peut être violente ou, au contraire, aimante.
Et puis il y a ces pics de tension, ces moments où on a envie de refermer le livre et de ne plus l’ouvrir pour ne pas savoir (mais il ne faut surtout pas faire ça hein 😱).
L’autrice est vraiment très forte parce qu’elle le fait plusieurs fois et j’ai marché à chaque fois !! 
 
La version audio est juste parfaite !
Thierry Hancisse, avec sa voix grave, diffuse cette impression de force tranquille et de souffrance dans un même souffle.
Le texte ne laisse aucune respiration, il nous emporte et ne nous laisse pas souffler.
C’est une merveille.
 
Je ne connaissais pas Sandrine Collette mais elle fait désormais partie de mes autrices préférées !!
Je ne sais pas encore quel sera le prochain titre que j’écouterai mais il est certain qu’il y en aura d’autres.
 
Si vous n’avez pas encore lu On était des loups, mettez le immédiatement sur votre table de nuit ou, encore mieux, dans vos oreilles !! 
 
 
 
 
 






 
Mais cela ferait bien une participation supplémentaire au challenge Petit Bac d'Enna avec un animal dis donc !! 


 
 
 
 
 
 
 
 
 

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