En France, changer de « case » est parfois difficile mais c’est de plus en plus fréquent.
Il y a les acteurs qui chantent, les politiques qui font de la télé, ou quelques chanteurs qui écrivent des romans.
Et après tout, écrire des chansons, c’est déjà raconter de petites histoires.
A la mort de son abuela Rita, la narratrice se retrouve face à la commode que celle-ci aimait tant.
Avec ses tiroirs de couleur, elle symbolise la vie mouvementée de Rita qui a connu bien des épreuves.
Au fil de la nuit, sa petite-fille va extraire un à un les objets et les souvenirs pour raconter qui était cette grand-mère au caractère bien trempé…
Hériter d’une commode à tiroirs, voilà qui n’est pas banal.
Mais c’est surtout l’histoire et la personnalité de Rita qui captivent dans ce récit.
Olivia Ruiz sait accrocher son lecteur pour l’emmener là où elle le désire.
On suit Rita avec ferveur, on a peur pour elle, on a parfois envie de la secouer, ou de la consoler.
La commode n’est qu’un prétexte, comme une excuse pour se permettre de raconter cette histoire, pour faire le lien entre les épisodes.
L’excuse n’est pourtant pas nécessaire et je dois avouer que je l'avais totalement oublié !
En revanche, il me reste l'histoire de ces personnages hauts en couleur à qui il arrive tant d'aventures !
Et puis le roman est bien écrit, émouvant et quitter ces gens que l'on a découvert et aimé pendant plusieurs heures à la dernière page est une vraie déception.
L’histoire de Rita permet aussi d’aborder plusieurs thèmes forts.
La guerre civile en Espagne et l’exil sont une toile de fond permanente avec ses douleurs et sa violence.
Puis vient le temps de la résilience, le statut des femmes, leurs droits et leur vie pas toujours facile, surtout lorsqu’on arrive dans un pays assez peu accueillant (c’est le moins que l’on puisse dire et ça ne s’est pas amélioré !).
La dénonciation n'est pas accusatrice, elle constate et rappelle, pour ne pas oublier et rendre hommage.
Olivia Ruiz lit elle-même son roman.
J’ai parfois du mal lorsque l’auteur met sa voix au service de son texte mais comme c’est souvent le cas lorsqu’il s’agit un·e chanteur·se ou d’un·e comédien·ne, cela fonctionne plutôt pas mal.
Elle rythme son récit, lui donne de la force ou de la douceur et c’est très agréable à écouter.
Et puis ce serait difficile de ne pas entendre sa voix et son accent quand on découvre ses mots.
Alors ? Tenté ?
Le nouveau roman d’Olivia Ruiz reprend certains personnages de celui-ci et je vais me dépêcher d’aller les retrouver !