vendredi 4 novembre 2011

Cet instant-là de Douglas Kennedy


Douglas Kennedy est un auteur dont on entend beaucoup parler depuis quelques années. S’il a connu des années difficiles pendant lesquelles personne ne voulait de ses livres, cette période est terminée et chacune de ses nouvelles « livraisons » est directement placée en tête de gondole,  comme le montrent les rayonnages de beaucoup de librairie actuellement.
Douglas Kennedy parle aussi très bien le français (ce qui m’enchante en tant que prof de français langue étrangère, bien sûr), avec une voix grave qui m’enchante chaque fois que je l’entends.
Évidemment, pour un livre, la voix de l’auteur n’est pas un élément primordial, mais pour ce dernier roman, les multiples interviews données par Kennedy m’ont mise dans l’ambiance. Il racontait sa propre expérience dans le Berlin des années 1980, son expérience par rapport au mur, à la séparation de la ville en deux entités autonomes, et ces informations m’ont peut-être amené à voir ce livre avec un œil favorable.

Thomas Nesbit est un écrivain d’une quarantaine d’années. Spécialisé dans les récits de voyage, il est toujours en déplacement pour faire des repérages et part parfois pendant plusieurs mois loin de chez lui avec un plaisir qu’il n’a pas su cacher à sa femme.
Comme on peut s’en douter, son couple construit sur une base peu solide n’y résiste pas, et malgré quelques tentatives pour le sauver, il finit par faire l’acquisition d’une maison où il s’installe seul, sur un coup de tête en rentrant de l’enterrement de son père.
Cette séparation le place face à lui-même. Sa fille lui rend visite, il travaille, mais n’a pas l’impression d’avoir réussi sa vie. Il reconnait n’avoir pas réellement aimé sa femme, ses voyages sont des fuites et il ne parvient jamais à se poser.
D’ailleurs, il prend sa voiture et s’évade en allant faire du ski au Canada, une escapade qui finit mal et qui le renvoie chez lui plus tôt que prévu.
Puis le paquet arrive. C’est la mention de l’expéditeur qui le surprend d’abord. Ce nom « Petra Dussman » le renvoie en quelques secondes à Berlin, des années auparavant.

La suite est ce qu’il y a de plus passionnant dans ce roman, alors je vous laisse la découvrir.
Pour ces 100 premières pages, je vous avoue avoir moyennement adhéré.
Comme d’habitude chez Kennedy, les personnages doivent trouver leur place, leur psychologie, leur épaisseur, mais il faut avoir la patience de voir cette construction se monter pour apprécier la suite.

Car comme d’habitude aussi, l’histoire de Thomas à Berlin puis l’histoire de Petra sont vraiment intéressantes et les pages se tournent beaucoup plus facilement passé ce premier seuil fatidique des 100 pages.
Thomas est jeune, il est un peu arrogant en jeune auteur et sa découverte de Berlin Est et de Berlin Ouest est marquée par la présence du mur et l’idée d’une barrière omniprésente, même quand elle n’est pas visible.
Certains peuvent la traverser, d’autres en sont empêchés. Elle peut s’ouvrir sur un ailleurs opposé, mais pas pour tous.
J’ai d’ailleurs était très surprise que les américains puissent circuler d’un côté à l’autre pendant la journée. Je pensais l’URSS et les USA éternels ennemis et les ennemis ne se rendent pas visite de cette façon.

Quant à Petra, son histoire démontre le pouvoir de manipulation de la Stasi, comme celui des services secrets américains.
Le lecteur, par le regard de Thomas, n’a pas accès à toutes les informations, mais c’est l’histoire de Petra qui les lui fournira, car il n’a jamais vraiment compris ce qui lui était arrivé.

C’est donc une histoire croisée, racontée par le biais de deux journaux intimes qui s’entre choquent tant les versions sont différentes.
Ce choix narratif est intéressant par rapport au sujet du roman, car il opère une petite mise en abyme pour le lecteur qui ne dispose pas de toutes les informations.
Il entraine aussi parfois un peu de redondance entre les deux discours et des moments romantico-nunuches où l’ennui m’a parfois (souvent) guetté.

J’aurais sans doute aussi apprécié d’avoir plus de détail sur Pétra, car si le personnage de Thomas est bien construit, il manque quelque chose à cette femme qui devient un peu un fantôme.
Et que dire des personnages secondaires qui disparaissent complètement alors qu’on s’y était attaché ? Le colocataire de Thomas, son collègue à la radio disparaissent purement et simplement sans qu’on ne nous dise jamais ce qui leur est arrivé, tout comme cette dame croisée dans l’avion. C’est dommage.

En bref, c’est donc un roman que j’ai globalement apprécié, qui m’a fait réfléchir sur les vies manquées, les occasions que l’on laisse passer et sur le comportement de la Stasi pendant la période du rideau de fer.

Si vous aimez les histoires tristes, les belles rencontres, les livres de Douglas Kennedy, ce livre pourrait bien vous plaire.




Vous retrouverez Douglas Kennedy ici.

Merci à Madame Charlotte et aux éditions Belfond pour l’envoi de ce livre. 

8 commentaires:

  1. Je viens d'arriver à la page 100...oublié chez mes parents ( à la page 76)pendant deux semaines, je l'ai repris à zéro depuis hier et ça a filé beaucoup plus vite...il me tarde de plonger de nouveau dans son univers !

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  2. J'ai lu beaucoup cet auteur sur un temps assez court et je crois que je m'en suis un peu lassée...

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  3. il ne me reste plus que 10 pages de ce roman à lire, cela fait déja plus d'une semaine que je l'ai commencé, et je touche au but...et me chronique devrait paraitre d'ici peu...

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  4. Je n'ai encore jamais lu de Douglas, celui-ci me tente bien, sinon lequel de ses autres titres me conseillerais-tu?

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  5. avec Douglas, on sait qu' il faut passer une 100aine de pages d'introduction

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  6. @ valou : j'ai eu la même impression à ce niveau du livre. il me tardait beaucoup plus de retrouver mon lit et mon bouquin ;)

    @ Clara : j'avais envie d'en lire un autre, mais deux en trois mois, je crois que ce sera suffisant car j'ai peur de m'en lasser aussi. On verra l'année prochaine

    @ filou49 : je vais guetter :)

    @ Ines : j'ai lu L'homme qui voulait vivre sa vie que tu trouveras sur ce blog et franchement, il était excellent. Pour les autres, je ne peux pas te dire, mais j'ai entendu parler des charmes discrets de la vie conjugale.

    @ petitepom : c'est ce que je vois, oui ;)

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  7. J'ai lu tous les livres de Douglas Kennedy, je suis fan et
    attends que le dernier livre baisse de prix pour l'acheter
    anna

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