mardi 28 août 2012

Le sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari

Voilà une quatrième lecture pour cette rentrée littéraire.
Ce qui est bien, c’est que la sélection qui m’a été envoyé est assez variée.
Ce qui est moins bien, c’est qu’au bout de 4 romans, je n’ai toujours pas d'énorme coup de cœur à déclarer.

Ne partez pas en courant pour autant, car j’ai trouvé ce roman-ci bien meilleur que ceux présentés précédemment et beaucoup plus à mon goût (mis à part le Claro quand même très particulier).

Le bar d'un petit village de Corse a été déserté par sa serveuse, sans raison, du jour au lendemain.
La propriétaire ne souhaite pas reprendre le service et décide de le mettre en gérance.
Mais trouver un bon gérant n’est pas chose facile.
Après plusieurs expériences mémorables, elle songe à fermer. Deux jeunes du village se proposent alors de reprendre le flambeau, mais Libero et Matthieu n’ont aucune expérience en la matière. 
Tandis que le premier est du village, le second y passait ses vacances chez ses grands-parents. 
Tous deux ont ensuite fait leurs études ensemble à Paris et leur formation de philosophe ne les a pas préparé à tenir un bar.
Pourtant, et contre toute attente, les débuts s'annoncent prometteurs, et ils ne vont pas trop mal se débrouiller…

Quand j’ai commencé ce roman, j’étais contente de lire un livre où il y avait une histoire (et même deux), où il se passait quelque chose.
Deux histoires sont effectivement mêlées et remontent ensemble pour se rejoindre.
Il y a d’abord Marcel, le grand-père de Matthieu, dont on suit le cheminement de vie.
Il y a ensuite Matthieu qui n’est pas très a l’aise dans sa vie et se cherche.
Ces deux récits ne sont pas tout à fait écrits de la même façon et celui de Marcel est plus poétique, plus onirique aussi.
Il remonte à une époque où la Corse était plus sauvage, moins envahie par les touristes.
Le jeune Marcel aspirait alors à découvrir le monde, à devenir quelqu’un.
Ce retour dans le passé se fait au fil des souvenirs, des chagrins de Marcel.
Face à cette histoire, on découvre celle d’un enfant gâté, Matthieu, qui ne se sent pas à l’aise à Paris où ses parents habitent et préfèrerait vivre en Corse où sont ses racines.
Mais cet enfant n’est pas corse et n’est pas tout à fait chez lui où qu’il soit.
L’un comme l’autre sont des individus malheureux, qui se cherchent sans se trouver, mais qui choisissent des chemins où ils ne peuvent que s’égarer.

Le recours à Saint Augustin et au motif de la chute annonce cet égarement dès le début du roman.
Les mentions sont de plus en plus importantes au fil des pages, et si le lien est ténu pendant les premières pages, il se matérialise dans les dernières et s'éclaircit finalement pour le lecteur qui ne connaitrait pas ces sermons.
Il faut aussi compter avec d'autres écrits de philosophes, habilement amenés par les études que font Matthieu et Libero, puisqu'ils préparent un master de philosophie.
Tout ceci fonctionne très bien, et on attend la chute avec un sentiment de fatalité.

Mais comme je l'ai dit plus haut, ce n'est pas un coup de coeur. 
J'ai effectivement trouvé cette histoire intéressante. Elle promettait de belles heures de lecture.
Malheureusement, ce roman m'a semblé un peu déséquilibré.
Le choix de raconter deux histoires n’impose pas de leur consacrer le même espace, mais tandis que celle de Marcel est profonde et dramatique, celle de Matthieu présente un petit garçon mal dans sa peau qui ne veut pas grandir.
Les phrases emphatiques de l'auteur lui donne une profondeur et une emphase certaine, mais cela semble bien dérisoire. 
J’attendais beaucoup de ces deux histoires, et celle du bar tombe un peu à l’eau.
Finalement, les personnages secondaires m'ont sans doute intéressés davantage, ce qui m'amène à penser qu'ils ne sont pas assez développés.
Le meilleur ami de Matthieu, par exemple, est son double, son idéal mais il évolue de son côté sans que le lecteur sache réellement ce qui le pousse à changer. 
Libero mène mieux sa vie, il est plus fort et prend de bonnes décisions.
Cette opposition aurait peut-être mérité d'être mieux exploitée. 
C’est dommage, de même que la fin qui est un peu rapide.

Malgré cela, c'est un beau roman, bien écrit, au style travaillé et poétique.
C’est très agréable à lire, et le rapport au titre et à St Augustin est très travaillé.
Comme je suis allée à Alger, j’ai beaucoup apprécié de retrouver son vieil aéroport et son ambiance si particulière et l’histoire d’Aurélie m’a semblé très bien trouvé pour créer un équilibre entre tous ces récits. 

En bref, si vous aimez la Corse et ses petits villages, les histoires de jeunes gens un peu paumés, les récits de vie mêlés, les romans bien écrits et les allusions à St Augustin, vous devriez aimer ce roman.
(je vous fais une recommandation un peu fourre tout aujourd’hui, j’en ai bien conscience ^-^, mais c'est un peu comme ce roman qui suit beaucoup de fils différents)











13 commentaires:

  1. On en parle pas mal de ce roman! Je viens de le noter. Un libraire en a dit beaucoup de bien, ce matin, sur France2. Malgré tes réticences, tu sembles plutôt en être contente aussi. Je vais aller faire un tour en librairie.

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    1. C'est vrai qu'on en entend beaucoup parler et je t'avoue que j'ai souvent l'impression que les journalistes qui en parlent n'ont lu que le début. Les premières pages sont magnifiques, et on ne peut qu'être attiré par cette histoire. Mais je chipote toujours un peu ;)

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  2. Celui ci me tente beaucoup... Jusqu'à maintenant, les lecteurs ont tous l'air plus ou moins conquis...!

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    1. Les journalistes sont enthousiastes, mais parmi les blogueurs, il y a quelques lecteurs qui sont mitigés. Le mieux est de te faire ton propre avis ;)

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  3. Tes 4 liens sont à jours pour le 1% littéraire.
    Merci pour ton message. Cela me facilite bien la tâche.

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    1. Merci Mimi, il y en a d'autres à venir, mais je te ferai un paquet groupé en fin de semaine prochaine :)

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  4. Il est dans ma liste de souhaits ! Je pense vraiment qu'il pourrait me plaire, et ce que tu en dis me conforte dans cette idée :)

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    1. Tant mieux alors. Je donne mon avis, mais j'avoue préférer que chacun fasse le sien. Je me dis toujours que je pourrais détourner quelqu'un d'un livre qui lui correspondrait plus qu'à moi ;)

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  5. Je suis curieuse de lire ce roman, car le style de Jérôme Ferrari m'a emballée dans "Où j'ai laissé mon âme".

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    1. Le style est superbe, je te le confirme. Il conjugue deux écritures avec brio. C'est plutôt le contenu qui pêche. C'est dommage.

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  6. D'après ce que tu en dis, l'auteur aurait dû se contenter d'un seul sujet.

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    1. Ou muscler un peu l'histoire de Matthieu. C'est trop superficiel, je trouve.

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  7. On n'est pas beaucoup à la penser, mais cela me rassure de voir que je ne suis pas la seule à l'écrire :) L'écriture est belle mais c'est vrai que cela ne mène pas bien loin.

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