samedi 8 juin 2013

Dark Island de Vita Sackville-West


J’ai découvert Vita Sackville-West il y a peu d’années, lors de la sortie en poche de son roman au titre si bien trouvé Toute passion abolie.
Les résumés sont toujours alléchants, de même que les billets des lecteurs qui sont généralement enchantés.
J’ai donc logiquement cédé à la tentation, et intriguée par cette femme réputée si acide, j’ai acheté Paola et Au temps du roi Édouard sans trouver le temps de les lire.
Et puis est venu le mois anglais, accompagné d’un petit séjour professionnel dans une île !
Il me fallait donc une PAL spécial île, et là encore, la tentation a été plus forte que la raison et je me suis jetée sur Dark Island chez mon libraire.

Comme chaque été, la famille Wilson part en vacances à Port-Breton.
Comme chaque été, c’est Shirin qui a tranché.
Mrs Wilson essaie chaque année d’aller ailleurs, de trouver une autre destination, mais sa fille finit toujours par imposer son choix et par convaincre tout le monde que cette destination que chacun connaît par cœur leur permettra de passer de bonnes vacances.
Il faut dire que Shirin a son petit coin à elle à Port-Breton. Elle a ses petites habitudes.
Depuis l’enfance, elle se réfugie dans une crique qui n’appartient qu’à elle, d’où elle peut observer au loin l’île de Storn qui l’a fascine.
Pour rien au monde elle ne franchirait le bras de mer qui la sépare de cette île, cela romprait le charme…

Mes sentiments concernant ce roman sont pluriels et je ne suis pas sure d’être parvenue à saisir toute sa complexité.
Comme il s’agit d’une lecture commune, les différents billets que vous pourrez lire aujourd’hui apporteront sans doute d’autres informations et je vous encourage à les parcourir.

Pour ma part, j’ai commencé par être un peu déçue par cette petite famille Wilson sans ambition et sans intérêt.
Mrs Wilson m’agaçait par sa petitesse, et j’ai eu du mal à comprendre les relations entre les personnages car c’est évoqué assez rapidement au début du roman.
La construction du roman m’a également surprise, puisque l’auteure a choisi de nous parler de Shirin tous les dix ans, scindant son roman en quatre parties de 16 à 46 ans.
Et puis les choses se sont améliorées.
J’ai saisi l’ironie dont l’auteure faisait preuve à l’égard de certains de ses personnages, tout en n’adhérant pas totalement à la personnalité de Shirin.

Il faut préciser que cette ironie est particulièrement présente chez Vita Sackville-West.
De nombreux personnages passent sous son regard, et celui-ci n’est pas tendre.
Elle appuie chaque fois sur le défaut principal du personnage, sans pitié, présentant un type de femme ou d’homme que chacun connaît dans son entourage.
Certains sont ridicules, comme Mrs Jolly, fine mais trop bavarde, ou la mère de Shirin, idiote et hystérique.
Parallèlement, Shirin garde tout son mystère, ne se dévoilant pas, même à son mari.

Une société du paraître qui broie ceux qui ne s’y insèrent pas apparaît ainsi, invitant à penser qu’on ne connaît jamais son prochain, même si on le fréquente souvent.

Et puis il y a Storn.
Cette île est finalement le seul endroit où il semble possible de vivre vraiment sa vie, à condition que l’on y soit autorisé.
Paradoxalement, l’île n’enferme pas, mais elle redonne une liberté et une raison de vivre à ceux qui y vivent.
Cet endroit qui fascine de l’extérieur, peut révéler certains individus, comme il peut en briser d’autres.

Vita et Virginia
Enfin, il ne faut pas oublier Virginia Woolf qui m’a semblé hanter les deux dernières parties du roman.
Cristina, l’amie de Shirin, est la seule personne qui peut l’approcher.
Leur relation est ambivalente, faite d’amour et d’amitié mêlés, sans que chacune n’en aient jamais rien dit à l’autre.
Les réflexions de Cristina sont abondamment détaillées. Elle observe Shirin et essaie de la comprendre, de décrypter ses actes, ses réactions pour l’aider à vivre.
On ne peut s’empêcher de penser à la relation entre l’auteure et Virginia Woolf, et au mal-être de celle-ci, qui ne se sentait pas toujours à sa place.

Pour terminer, je dirais donc qu’il s’agit d’un livre surprenant, original et très agréable à lire.
Si vous aimez les îles, les paysages sombres, les châteaux et l’orage, les personnages tourmentés, les livres bien écrits, celui-ci pourrait bien vous plaire.



Lecture commune : Eliza, Shelbylee, George, Adalana et titine
D'autres lectures de cette auteure : Lou





16 commentaires:

  1. Ce n'est pas mon préféré de Vita, je te conseille chaudement "Au temps du roi Edouard" que j'ai adoré. J'ai beaucoup apprécié l'atmosphère sombre de ce roman et surtout l'incroyable Shirin si complexe et fougueuse.

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    1. Je l'ai dans ma PAL avec Paola je crois. Je pense que je me laisserai tenter à la prochaine rentrée :)

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  2. Comme toi, j'ai aimé l'originalité du roman mais aussi la complexité du personnage de Shirin pour laquelle j'ai tout de même éprouvé un peu de sympathie.

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    1. Elle me semble s'enfoncer dans une grande souffrance. C'est à la fois fascinant et intrigant. Avec le temps, ma lecture décante et je crois que je la comprends davantage.

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  3. Je suis d'accord avec toi sur le fait que ce soit un livre un peu déroutant. Le livre tient vraiment sur le personnage de Shirin figure féminine insaisissable mais un peu extrême dans ce mutisme. Il y a plusieurs éléments romanesques qui m'ont paru un peu excessifs, voire clichés, mais je ne regrette pas de l'avoir lu.

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    1. Il faudrait voir où se situe ce roman dans l'écriture de l'auteur. C'est peut-être un de ses premiers romans, ou mon habitude de lire des romans sentimentaux m'empêche de voir ces clichés désormais ;) (même si, je te l'accorde, la vamp inaccessible et mystérieuse, on me l'a déjà faite)

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  4. Malgré ton enthousiasme modéré et celui de George, je suis très tentée de lire cette romancière, amie de V.W. - d'autant plus que je ne la connais pas encore!

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    1. N'hésite pas, mais apparemment, il y en a de meilleurs. J'en ai d'autres dans ma PAL alors je me laisserai encore tenter :)

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  5. je pense aussi que l'auteure sait nous "agacer" par moments, mais elle restitue aussi l'ambiance de l'époque, donc elle s'amuse de nous, c'est ce que j'ai ressenti à la lecture de "plus jamais d'invités"

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    1. Oui, on sent qu'elle joue avec son lecteur. C'est amusant :)

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  6. je n'ai lu que "toute passion abolie", pour le moment. J'ai "Haute société" chez moi, je me le garde sûrement pour cet été !

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    1. Je ne connaissais pas Haute société, mais je crois qu'il va falloir que je l'achète avant l'été parce que le héros est le premier mari de Shirin. J'ai donc une folle envie de le lire (folle, vue ma PAL ;D )

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  7. J'ai "tout passion abolie dans ma PAL", je m'en tiendrai là pour le moment !

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    1. Il me tente bien celui-là (mais il y a tant à lire ;D)

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  8. Un roman qui me tente énormément! Bises

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