jeudi 30 août 2012

Les Immortelles de Makenzy Orcel


Je poursuis mes lectures de la rentrée littéraire avec ce livre singulier.
Encore, me direz-vous !
Eh oui ! Après Tous les diamants du ciel, celui-ci est également bien différent d’un roman classique.
Cela change et permet de ne pas enchainer les récits sans les distinguer.

C’est un roman qui se lit aussi très vite, en quelques heures, car il est constitué de très courts chapitres, d’une demi page parfois.
Ces pages ressemblent davantage à un poème ou à une chanson à la manière des troubadours dont les épisodes s’enchainent les uns après les autres.

Au lendemain du tremblement de terre qui a frappé Haïti, une des prostitués de la Grand-Rue raconte à un écrivain l’histoire d’une de ses protégées.
Elle lui demande de transmettre son récit pour que l’on sache qui elle était.
Le Petite, comme elle l’appelle, a tenu douze jours sous les gravats avant que sa voix ne s’éteigne.
Pour qu’elle ne disparaisse pas totalement, elle raconte et la fait revivre par ses mots.
Elle espère aussi qu’elle poursuivra sa quête.

Il est encore une fois difficile d’exprimer un avis catégorique sur ce livre.
Je ne suis pas sure, d’ailleurs, que l’on puisse l’appeler « roman ».
C’est une œuvre singulière par son format et son contenu.
Il n’y a pas à proprement parler d’histoire ou de récit au sens traditionnel.
Ce sont plutôt des instantanés, des épisodes de vie.
L’écriture est soignée, on suit le fil de cette narration et l’on partage l’émotion de cette femme qui tente de maintenir ses souvenirs du temps d’avant.
Le tremblement de terre est un bouleversement, une rupture majeur dont il ne semble pas possible de se remettre.
Le monde d’avant a disparu et il faut en construire un nouveau, mais cette femme ne semble pas en avoir la force.

Il faut dire qu’elle a tout perdu.
Sa fille l’a quitté longtemps auparavant, et cette jeune fille qui l’avait remplacé s’en est allée aussi, mais d’une autre façon.
Cette vie solitaire, offerte aux hommes de passage sans partage, sans amour ne semble plus la satisfaire.
Pourtant, elle raconte l’équilibre qui existait autrefois autour de cette rue où s’étaient installées toutes celles qui exerçaient le même métier.
Elle semble nostalgique de cette ère tranquille où rien n’arrivait.
Et je dois avouer que c’est surtout cela qui m’a gêné, alors qu’il s’agit de l’argument principal de ce récit.
La nostalgie de la prostituée satisfaite de sa profession, je suis désolée, mais j’ai du mal.
Mon féminisme latent qui s’exprime sans doute. 
Le fait que ce soit écrit par un homme m'amène également à un peu de suspicion (mais je suis sans doute de mauvaise foi). 
Pour autant, il n’y a pas d’outrance dans l’écriture qui reste sobre et poétique.
Cela se lit sans déplaisir et les textes composent un bel ouvrage, un morceau de vie et de souffrance.

Si vous connaissez Haïti, si vous aimez les récits de femme, les textes poétiques, les premiers romans, les romans atypiques, celui-ci pourrait vous plaire. 


Je remercie Entrée Livre et la librairie Decitre pour l’envoi de ce livre.




Une cinquième lecture pour le challenge 1%  Rentrée littéraire 2012 et un 22e pays pour le challenge tour du monde




6 commentaires:

  1. Je doute aussi de cette nostalgie de la prostituée satisfaite de son travail, d'autant plus que l'auteur est un homme!
    Pas tentée, pour ma part.

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. C'est quelque chose qui me stoppe toujours. J'ai beau entendre les journalistes interviewer des prostitués satisfaites, j'ai toujours du mal.

      Effacer
  2. Réponses
    1. Oui, je pense. C'est prometteur en tout cas pour cet auteur.

      Effacer

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