mardi 5 mars 2013

L’Espionne de Tanger de María Dueñas


Commencer un livre sur la plage et le terminer à la fin de l’hiver, voilà quelque chose qui ne m’est pas habituel.
D’ordinaire, je lis plutôt rapidement, et il ne me faut pas plus d’un mois pour terminer un livre, même s’il n’est pas passionnant.
Quand il traîne plus longtemps, cela ne signifie toutefois pas qu’il est mauvais.
Il peut être concurrencé par un partenariat qui doit être lu rapidement, ou par des lectures pro qui ne me laissent pas de temps ou bien encore par un petit roman « facile » qui prend sa place.
Honnêtement, je ne saurais vous dire ce qui m’a empêché de lire ce livre plus rapidement.
Il y a eu les livres de la rentrée littéraire à lire pour Entrée Livre, la rentrée… le poids du livre, sans doute aussi. Impossible de l’emmener dans le train, il était trop lourd.
Mais l’histoire est restée bien présente dans ma mémoire et reprendre périodiquement ce livre n’a jamais été un problème. Ce doit être le signe qu’il s’agit d’un bon roman J.

Sira Quiroga a fait son apprentissage dans l’atelier de couture où travaille sa mère.
Bonne ouvrière, elle devrait devenir une couturière de qualité en poursuivant son apprentissage. Elle est aussi fiancée à Ignacio et doit se marier bientôt.
Mais la vie n’est pas toujours facile dans Madrid au début de la guerre civile, et tous deux envisagent des moyens de gagner un peu mieux leur vie.
Sira a été élevée chichement par sa mère seule, Ignacio est serveur et espère devenir fonctionnaire. Pour réussir, il envisage d’acheter une machine à écrire afin que Sira puisse s’exercer et faire de même.
Mais alors qu’ils choisissent une machine, la vie de Sira bascule.
Elle tombe éperdument amoureuse de Ramiro, le vendeur du magasin et doit faire un choix…

Ce roman a tout pour plaire.
L’écriture est dense, il y a de nombreux personnages, beaucoup d’informations qui servent à la fois la narration et l’éclairage historique de cette période complexe.
J’ai appris énormément de chose à propos de la guerre civile espagnole, de l’arrivée de Franco au pouvoir et du statut de Tanger à cette période.
Ces informations sont données au fil de la narration, sans surcharge mais davantage pour éclairer les évènements.
Ce n’est donc pas pesant, mais plutôt instructif.

Le récit est à la première personne, c’est Sira qui raconte son histoire.
A titre personnel, j’ai parfois un peu du mal avec les narrations de ce type. J’ai donc eu quelques difficultés, qui tiennent sans aucun doute à cette réticence personnelle.
Il y a par exemple des choses qu’elle ne devrait pas savoir, étant une simple couturière peu éduquée.
Elle est toutefois censée raconter une histoire passée, et on imagine très bien qu’elle ait pu apprendre plus tard comment les choses se sont passées.
Je dois aussi ajouter que j’ai parfois oublié qu’il s’agissait d’une narration à la première personne, car le récit était détaché, comme s’il s’agissait d’un narrateur annexe.
Certains passages sont esquissés, d’autres sont très détaillés.
Ces alternances sont un peu déstabilisantes, car on aimerait savoir ce qu’il s’est passé exactement, mais elle ne peut pas se rappeler de tout et il est normal qu’en 600 pages, certains événements soient moins détaillés.
Par contre, la rupture de l’illusion référentielle à la fin de l’épilogue m’a déplu.
L’auteur explique au lecteur que la fin dépend de lui, qu’il fait comme il le souhaite et qu’il a le choix entre plusieurs fins.
C’est sympa, mais je préfère quand l’auteur fait un choix. C’est lui qui connaît le personnage, pas moi. S’il n’a pas d’idée, il n’en parle pas.
Certes, il est question d’espionnage, de secret, et on pourrait mettre cela sur le compte de la prudence de Sira. Mais l’épilogue est le fait de l’auteur, pas du personnage.
C’est néanmoins le seul bémol pour ce roman très prenant et passionnant.

Je terminerai en parlant du titre, qui relève des traducteurs.
Il n’est sans doute pas facile de choisir un titre, surtout si l’original est très expressif.
Je n’ai jamais appris l’espagnol et je ne sais donc pas si l’expression « entre les coutures » est idiomatique.
Un film a été tourné en Espagne, j'ai hâte !
Par contre, ce que je sais, c’est que « L’Espionne de Tanger » annonce une thématique qui arrive très tard dans le roman. Certes, Sira fait de l’espionnage, mais ce n’est pas l’essentiel de son activité, et le titre espagnol « Entre les coutures » est davantage proche du contenu du livre.

En bref, pour une lecture de vacances (c’est un pavé qui vous évitera d’emporter plusieurs livres), si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur l’arrivée de Franco au pouvoir, si vous aimez l’Espagne, si vous aimez les récits de vie un peu extraordinaires, l’atmosphère coloniale, les espions et les pavés pour la plage, vous pourriez aimer ce roman.


Merci à l’éditeur Robert Laffont pour l'envoi de ce livre. 




10 commentaires:

  1. Ton dernier paragraphe me donne envie.... pour cet été.

    RépondreEffacer
  2. Ça me paraissait pas mal, jusqu'à ce que tu annonces qu'il n'y a pas de réelle fin. Même si je me suis régalée pendant tout le roman, s'il n'y a pas de fin, je suis colère. J'oublie donc ce titre.

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. Je me suis mal exprimé alors. Il y a bien une fin, mais l'auteur a rajouté un épilogue pour nous expliquer ce qui s'est passé après la guerre pour les personnages, et finalement, elle donne deux ou trois pistes en indiquant au lecteur qu'il peut faire son choix pour la version qu'il préfère. Cela n'enlève rien au roman qui est un tout, mais j'ai trouvé le procédé un peu spécial.

      Effacer
  3. J'avais beaucoup apprécié cette lecture !!

    RépondreEffacer
  4. c'est dingue de voir les écarts entre l'histoire et le titre, les traductions sont vraiment moyennes parfois, elles te font même émettre des doutes sur la traduction du texte en lui-même et, si ça tombe, les difficultés de lecture ou les mauvaises appréciations sont peut-être également dû à cela !
    hormis cela, c'est une époque et un cadre que j'aimerai retrouver dans mes lectures, prochainement (j'ai Antoine et Isabelle chez moi, je me rappelle l'avoir vu dans tes pages !)

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. Je crois effectivement que pas mal de difficultés de lecture sont dues à la traduction. Mais parfois, le travail du traducteur ne doit pas être évident quand le texte est un peu difficile. Ici, c'est un problème de titre qu'il est difficile d'expliquer complètement si je ne veux pas tout dire. Le métier de Sira étant couturière, en tout cas, tu te doutes que tout tourne autour de ses coutures ;)
      Pour Antoine et Isabelle, effectivement, je l'ai lu. Voilà mon billet : http://lirerelire.blogspot.fr/2012/03/antoine-et-isabelle-de-vincent-borel.html

      Effacer
  5. Je trouve que le titre choisi en français n'a pas été un bon choix. C'est peut être une raison de marketing pour attirer les lecteurs de romans d'espions. En espagnol"El tiempo entre costuras", parle très bien de ce que tu vas trouver dedans, "la vie entre coutures" une vie de couturier dans une époque historique en Espagne. C'est un roman de costumbrisme, sur un côté peux connu de la guerre civile espagnole, la guerre pour les espagnols en Afrique et la liaison avec le début de la II Guerre Mondiale, dans un roman.

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. Oui, le titre est très mal choisi ! La partie sur l'espionnage n'est pas bien longue et j'ai aussi pensé qu'il s'agissait d'attirer le lecteur à peu de frais.
      J'attends le film en français mais je crois que personne ne songe à le traduire :^p

      Effacer

J'adore lire vos commentaires, alors n'hésitez pas à laisser un mot (les commentaires sont modérés pour vous éviter les trucs idiots que Blogger vous demande pour valider mais ils sont tous publiés ;^) )

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...