Commencer un
livre sur la plage et le terminer à la fin de l’hiver, voilà quelque chose qui
ne m’est pas habituel.
D’ordinaire, je
lis plutôt rapidement, et il ne me faut pas plus d’un mois pour terminer un
livre, même s’il n’est pas passionnant.
Quand il traîne
plus longtemps, cela ne signifie toutefois pas qu’il est mauvais.
Il peut être
concurrencé par un partenariat qui doit être lu rapidement, ou par des lectures
pro qui ne me laissent pas de temps ou bien encore par un petit roman
« facile » qui prend sa place.
Honnêtement, je
ne saurais vous dire ce qui m’a empêché de lire ce livre plus rapidement.
Il y a eu les
livres de la rentrée littéraire à lire pour Entrée Livre, la rentrée… le poids
du livre, sans doute aussi. Impossible de l’emmener dans le train, il était
trop lourd.
Mais l’histoire
est restée bien présente dans ma mémoire et reprendre périodiquement ce livre
n’a jamais été un problème. Ce doit être le signe qu’il s’agit d’un bon
roman J.
Sira Quiroga a fait son apprentissage dans
l’atelier de couture où travaille sa mère.
Bonne ouvrière, elle devrait devenir une
couturière de qualité en poursuivant son apprentissage. Elle est aussi fiancée
à Ignacio et doit se marier bientôt.
Mais la vie n’est pas toujours facile dans Madrid au
début de la guerre civile, et tous deux envisagent des moyens de gagner un peu
mieux leur vie.
Sira a été élevée chichement par sa mère seule, Ignacio
est serveur et espère devenir fonctionnaire. Pour réussir, il envisage
d’acheter une machine à écrire afin que Sira puisse s’exercer et faire de même.
Mais alors qu’ils choisissent une machine, la vie
de Sira bascule.
Elle tombe éperdument amoureuse de Ramiro, le
vendeur du magasin et doit faire un choix…
Ce roman a tout
pour plaire.
L’écriture est
dense, il y a de nombreux personnages, beaucoup d’informations qui servent à la
fois la narration et l’éclairage historique de cette période complexe.
J’ai appris
énormément de chose à propos de la guerre civile espagnole, de l’arrivée de
Franco au pouvoir et du statut de Tanger à cette période.
Ces informations
sont données au fil de la narration, sans surcharge mais davantage pour
éclairer les évènements.
Ce n’est donc pas
pesant, mais plutôt instructif.
Le récit est à la
première personne, c’est Sira qui raconte son histoire.
A titre
personnel, j’ai parfois un peu du mal avec les narrations de ce type. J’ai donc
eu quelques difficultés, qui tiennent sans aucun doute à cette réticence
personnelle.
Il y a par
exemple des choses qu’elle ne devrait pas savoir, étant une simple couturière
peu éduquée.
Elle est
toutefois censée raconter une histoire passée, et on imagine très bien qu’elle
ait pu apprendre plus tard comment les choses se sont passées.
Je dois aussi
ajouter que j’ai parfois oublié qu’il s’agissait d’une narration à la première
personne, car le récit était détaché, comme s’il s’agissait d’un narrateur
annexe.
Certains passages
sont esquissés, d’autres sont très détaillés.
Ces alternances
sont un peu déstabilisantes, car on aimerait savoir ce qu’il s’est passé
exactement, mais elle ne peut pas se rappeler de tout et il est normal qu’en
600 pages, certains événements soient moins détaillés.
Par contre, la
rupture de l’illusion référentielle à la fin de l’épilogue m’a déplu.
L’auteur explique
au lecteur que la fin dépend de lui, qu’il fait comme il le souhaite et qu’il a
le choix entre plusieurs fins.
C’est sympa, mais
je préfère quand l’auteur fait un choix. C’est lui qui connaît le personnage,
pas moi. S’il n’a pas d’idée, il n’en parle pas.
Certes, il est
question d’espionnage, de secret, et on pourrait mettre cela sur le compte de
la prudence de Sira. Mais l’épilogue est le fait de l’auteur, pas du
personnage.
C’est néanmoins
le seul bémol pour ce roman très prenant et passionnant.
Je terminerai en
parlant du titre, qui relève des traducteurs.
Il n’est sans
doute pas facile de choisir un titre, surtout si l’original est très expressif.
Je n’ai jamais
appris l’espagnol et je ne sais donc pas si l’expression « entre les
coutures » est idiomatique.
Un film a été tourné en Espagne, j'ai hâte ! |
Par contre, ce
que je sais, c’est que « L’Espionne de Tanger » annonce une
thématique qui arrive très tard dans le roman. Certes, Sira fait de l’espionnage,
mais ce n’est pas l’essentiel de son activité, et le titre espagnol « Entre
les coutures » est davantage proche du contenu du livre.
En bref, pour une
lecture de vacances (c’est un pavé qui vous évitera d’emporter plusieurs
livres), si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur l’arrivée de Franco au
pouvoir, si vous aimez l’Espagne, si vous aimez les récits de vie un peu
extraordinaires, l’atmosphère coloniale, les espions et les pavés pour la
plage, vous pourriez aimer ce roman.
Merci à l’éditeur Robert Laffont pour l'envoi de ce livre.
Ton dernier paragraphe me donne envie.... pour cet été.
RépondreEffacerOui, c'est parfait pour l'été :)
EffacerÇa me paraissait pas mal, jusqu'à ce que tu annonces qu'il n'y a pas de réelle fin. Même si je me suis régalée pendant tout le roman, s'il n'y a pas de fin, je suis colère. J'oublie donc ce titre.
RépondreEffacerJe me suis mal exprimé alors. Il y a bien une fin, mais l'auteur a rajouté un épilogue pour nous expliquer ce qui s'est passé après la guerre pour les personnages, et finalement, elle donne deux ou trois pistes en indiquant au lecteur qu'il peut faire son choix pour la version qu'il préfère. Cela n'enlève rien au roman qui est un tout, mais j'ai trouvé le procédé un peu spécial.
EffacerJ'avais beaucoup apprécié cette lecture !!
RépondreEffacerJe te comprends, c'est très sympa :)
Effacerc'est dingue de voir les écarts entre l'histoire et le titre, les traductions sont vraiment moyennes parfois, elles te font même émettre des doutes sur la traduction du texte en lui-même et, si ça tombe, les difficultés de lecture ou les mauvaises appréciations sont peut-être également dû à cela !
RépondreEffacerhormis cela, c'est une époque et un cadre que j'aimerai retrouver dans mes lectures, prochainement (j'ai Antoine et Isabelle chez moi, je me rappelle l'avoir vu dans tes pages !)
Je crois effectivement que pas mal de difficultés de lecture sont dues à la traduction. Mais parfois, le travail du traducteur ne doit pas être évident quand le texte est un peu difficile. Ici, c'est un problème de titre qu'il est difficile d'expliquer complètement si je ne veux pas tout dire. Le métier de Sira étant couturière, en tout cas, tu te doutes que tout tourne autour de ses coutures ;)
EffacerPour Antoine et Isabelle, effectivement, je l'ai lu. Voilà mon billet : http://lirerelire.blogspot.fr/2012/03/antoine-et-isabelle-de-vincent-borel.html
Je trouve que le titre choisi en français n'a pas été un bon choix. C'est peut être une raison de marketing pour attirer les lecteurs de romans d'espions. En espagnol"El tiempo entre costuras", parle très bien de ce que tu vas trouver dedans, "la vie entre coutures" une vie de couturier dans une époque historique en Espagne. C'est un roman de costumbrisme, sur un côté peux connu de la guerre civile espagnole, la guerre pour les espagnols en Afrique et la liaison avec le début de la II Guerre Mondiale, dans un roman.
RépondreEffacerOui, le titre est très mal choisi ! La partie sur l'espionnage n'est pas bien longue et j'ai aussi pensé qu'il s'agissait d'attirer le lecteur à peu de frais.
EffacerJ'attends le film en français mais je crois que personne ne songe à le traduire :^p