Si vous êtes abonné au roi des éditeurs sur Twitter, ou si vous suivez un peu l’actualité littéraire sur le net, vous avez peut-être vu passer une information qui paraît anodine, mais qui permet de parler un peu de l’évolution du marché du livre.
Aujourd’hui, à Paris, la rue Sébastien Bottin sera débaptisée pour devenir (sur une partie seulement) la rue Gaston Gallimard, puisque le siège de l’éditeur se trouve là. C’est une rue privée, apparemment, et ils font un peu ce qu’ils veulent.
Et là, vous vous dites « Bottin, ça me dit quelque chose » et vous avez raison !
Le bottin, celui qu’on connaît aujourd’hui, a été inventé par M. Bottin (comme M. Poubelle a inventé la poubelle), qui inspira aussi le bottin mondain.
Il paraît même que Mick Jagger qui habite dans la rue s’est insurgé de ce changement de nom.
C’est vrai que ce pauvre Bottin n’avait sans doute pas mérité ça (en même temps, je ne suis pas sure qu’il s’en soucie vraiment).
Mais alors pourquoi j’écris ce billet ?
Je n’ai pas grand-chose à reprocher à Gallimard et je pense même que c’est une belle maison d’édition.
Mais je trouve que la politique qu’elle mène face au livre numérique est rétrograde et n’apporte pas grand-chose au débat. Le livre numérique pose plein de problèmes qui me semblent incontournables. Maintenir un prix élevé ne les résout pas.
Cela ne permet pas davantage aux libraires indépendants de survivre, aux ouvriers des imprimeries de conserver leurs emplois, aux livreurs de livre de continuer à avoir quelque chose à livrer.
Même si je rêve d’une liseuse pour mon noël, j’ai aussi conscience que les classiques désormais gratuits constituent le fond des éditeurs et que cela leur permet de survivre quand les ventes chutent.
Ne faites pas comme les disquaires, messieurs les éditeurs et ne vous laissez pas dépassez par le progrès !
Ce petit billet est donc là pour ça, pour nous pousser à réfléchir, à choisir le livre numérique en conscience, peut-être, et si vous souhaitez réagir, n’hésitez pas.
Bon, j’ai aussi conscience que ce que j’écris là n’est qu’un goutte d’eau et vous qui avez eu la bonté de me lire en passant par ici, rassurez-vous, ma logorrhée s’achève là.
Pour plus d’information, c’est par ici.
Bravo pour ce billet je fais comme toi le livre numérique ne doit pas supplanter le livre et surtout ne pas faire disparaître les métiers de l'édition.
RépondreEffacer@ Christine : je crois que l'équilibre va être difficile à trouver, surtout en sachant qu'une liseuse n'est intéressante économiquement et surtout écologiquement qu'à partir de 20 livres lus par an. En deça, la fabrication de la liseuse pollue plus que la fabrication des livres !
RépondreEffacerEt au final on en revient à l'auteur...
RépondreEffacerPersonne ne s'offusque que l'auteur, qui fait vivre des centaines de personnes (de M.Gallimard à l'agent d'entretien, le livreur, le libraire, la secrétaire...) soit le dernier à être payé ?
Des clopinettes (5% du prix HT pour un primo-romancier sur un livre à 20€, ça fait moins d'1€ par livre !) et surtout deux ans après tout le monde ?
Quand on voit la politique de Antoine Gallimard (pas de la maison d'édition, mais du Syndicat des éditeurs puisqu'il en est le représentant) qui refuse d'une côté d'augmenter le pourcentage des auteurs à 15% sur le livre numérique (pas de coût de matière première, de transports...) et de l'autre, refuse d'en baisser le prix (au prétexte que ça tuerait les entreprises), c'est peut-être TOUT le système qui est à revoir. En continuant de nier la littérature numérique, à la voir comme concurrentielle du papier, à refuser de remettre en cause un système de rémunération où l'auteur à, certes, toute la gloire mais aucun retour financier décent, le président du SNE (président et actionnaire majoritaire de Gallimard 70% du marché de l'édition en France), M.Antoine Gallimard donc est en train de se plonger tout seul dans la crise qu'il cherche à éviter : les auteurs commencent à s'organiser, le numérique se développe, les concurrents se multiplient... Pas besoin d'être devin pour voir ce qui est en train de se passer.
Enfin, le plus choquant est que c'est A.Gallimard, lui-même, qui est à l'origine de ce changement de nom. Pour un type qui a certes fondé les éditions Gallimard, mais qui a aussi eu des comportements assez troubles pendant la première et la seconde guerre mondiale (surtout la seconde...) Etonnant qu'on efface ça pour la gloire d'une entreprise...