Parfois, il est difficile de parler d'un roman.
Souvent, je laisse passer quelques jours pour voir comment cela va évoluer.
Je le laisse décanter et j'attends de voir ce qu'il en reste.
Mais de temps en temps, cela ne change rien et je ne sais pas trop quoi dire d'autre que "j'ai aimé".
Je reste devant mon petit carnet de notes en me disant qu'il faudrait que je note quelques idées pour pouvoir me lancer dans un billet, mais non, ça ne vient pas.
Certains de ces romans finissent dans les oubliettes, bien que j'ai souvent envie d'en parler quand même.
Je ne saurais pas dire à quoi cela est dû et cela m'arrive avec des livres très différents.
Pour La terre qui penche, je me suis demandé pendant ma lecture ce que j'allais en dire, et déjà je savais que le billet serait difficile à écrire.
Je crois que je ne suis moi-même pas très sûre de ce que j'en pense.
Blanche a grandi comme une mauvaise herbe, entre les coups de fouet de son père et le regard de ses bâtardes.
Promise à la colère du diable au moindre faux pas, elle rêve de ce qu'elle ferait si elle ne le croyait pas caché derrière le moindre regard levé un peu trop hardiment.
Et puis un jour, on lui coud une superbe robe, on la met sur un cheval, et on la conduit là-bas, dans la forêt.
La livre-t-on au diable ? Qu'a-t-elle fait de mal ?
Mais ce n'est pas au diable qu'on l'emmène.
On la conduit aux murmures pour qu'elle y épouse Aymon, un simple d'esprit qui doit devenir le seigneur des murmures et de sa rivière, la Loue enchanteresse qui sait séduire les hommes et les emporter...
Raconté à deux voix, ce roman est aussi singulier que celui qui le précède (Du domaine des murmures) et que j'avais adoré.
Alors qu'Esclarmonde nous contait son enfermement, il est plutôt question ici d'une libération.
Deux voix se mêlent pour faire le récit d'une petite vie, celle de la petite fille et celle de la vieille âme qui l'a accompagnée toute sa vie et qui l'observe encore du fond de sa tombe.
Ce choix permet à Carole Martinez de nous plonger dans les pensées de cette toute jeune fille de 12-13 ans et de la regarder de plus loin, avec les yeux d'une adulte qu'est la vieille âme.
L'écriture est très belle, émaillée de chansons du moyen âge et de mots délaissés.
Le lecteur se trouve plongé dans ce moyen âge fait de violence et d'arrachements, avec la peste qui rôde et qui ne se fait jamais complètement oublier.
On regarde cette petite fille qui grandit et apprend la vie par une multitude de petits ou de grands évènements qui ne peuvent que toucher.
Le début du roman est d'ailleurs un peu trop violent et j'ai trouvé que le récit cédait peut-être un peu à la facilité en ajoutant du trash au trash, ce qui m'a empêchée de m'y plonger complètement.
Mais cela s'efface ensuite.
Comme toujours avec cette auteure, il y a aussi un peu de surnaturel avec une jolie réécriture d'Hansel et Gretel.
Et puis il y a la Loue, cette rivière qui prend corps, qui ne s'embarrasse pas de bons sentiments et peut parfois se transformer en monstre qui emporte tout sur son passage.
Mais ce qui m'a vraiment plu, ce sont les passages qui concernent l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.
Pour Blanche, savoir lire et écrire, c'est risquer d'être emportée par le diable.
C'est en tout cas ce que son père lui a longtemps répété et c'est ancré en elle, tellement ancré qu'elle a bien du mal à apprendre à écrire.
Et pourtant, elle en a envie et a commencé à apprendre les lettres de son prénom en cachette.
Au fond d'elle, elle sait que cela lui permettra de trouver sa liberté.
"Le diable est filou et agile, et je n'aurai jamais de psautier.
Père ne m'a rien appris et j'ai volé de droite et de gauche ce que je sais. Pas grand chose. J'en parle aussi la nuit, de ces quelques lettres que je connais et que je m'applique à dessiner avec un baton sur la terre, sur l'eau et dans l'air. Et dès que je maîtrise une nouvelle lettre, je m'en vante en dormant et je la présente à celles que j'ai déjà apprivoisées. J'anime gaiement mon minuscule alphabet en faisant de chacune de mes lettres un petit personnage, une marotte imaginaire, avec son caractère, ses humeurs, sa couleur. Alors la badine cingle de nouveau mes doigts qui ne doivent pas écrire, puisque écrire est aussi une porte pour le diable, agile et filou."
Et puis cette fin...
Juste sublime mais je ne vous en dis pas plus !
Bon et bien finalement, je l'ai écrit ce billet.
Alors ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
La lecture vous tente ?
Il parait que c'est une trilogie... Vivement le tome 3 !
Bon, par contre, je crois que pour la créativité demandée par Price Minister pour les Matchs de la Rentrée Littéraire, c'est raté !
(enfin pour moi, c'est un billet originale : d'habitude, je ne cite pas ^-^)
Mais je les remercie vivement pour cette belle lecture !
Souvent, je laisse passer quelques jours pour voir comment cela va évoluer.
Je le laisse décanter et j'attends de voir ce qu'il en reste.
Mais de temps en temps, cela ne change rien et je ne sais pas trop quoi dire d'autre que "j'ai aimé".
Je reste devant mon petit carnet de notes en me disant qu'il faudrait que je note quelques idées pour pouvoir me lancer dans un billet, mais non, ça ne vient pas.
Certains de ces romans finissent dans les oubliettes, bien que j'ai souvent envie d'en parler quand même.
Je ne saurais pas dire à quoi cela est dû et cela m'arrive avec des livres très différents.
Pour La terre qui penche, je me suis demandé pendant ma lecture ce que j'allais en dire, et déjà je savais que le billet serait difficile à écrire.
Je crois que je ne suis moi-même pas très sûre de ce que j'en pense.
Blanche a grandi comme une mauvaise herbe, entre les coups de fouet de son père et le regard de ses bâtardes.
Promise à la colère du diable au moindre faux pas, elle rêve de ce qu'elle ferait si elle ne le croyait pas caché derrière le moindre regard levé un peu trop hardiment.
Et puis un jour, on lui coud une superbe robe, on la met sur un cheval, et on la conduit là-bas, dans la forêt.
La livre-t-on au diable ? Qu'a-t-elle fait de mal ?
Mais ce n'est pas au diable qu'on l'emmène.
On la conduit aux murmures pour qu'elle y épouse Aymon, un simple d'esprit qui doit devenir le seigneur des murmures et de sa rivière, la Loue enchanteresse qui sait séduire les hommes et les emporter...
Raconté à deux voix, ce roman est aussi singulier que celui qui le précède (Du domaine des murmures) et que j'avais adoré.
Alors qu'Esclarmonde nous contait son enfermement, il est plutôt question ici d'une libération.
Deux voix se mêlent pour faire le récit d'une petite vie, celle de la petite fille et celle de la vieille âme qui l'a accompagnée toute sa vie et qui l'observe encore du fond de sa tombe.
Ce choix permet à Carole Martinez de nous plonger dans les pensées de cette toute jeune fille de 12-13 ans et de la regarder de plus loin, avec les yeux d'une adulte qu'est la vieille âme.
L'écriture est très belle, émaillée de chansons du moyen âge et de mots délaissés.
Le lecteur se trouve plongé dans ce moyen âge fait de violence et d'arrachements, avec la peste qui rôde et qui ne se fait jamais complètement oublier.
On regarde cette petite fille qui grandit et apprend la vie par une multitude de petits ou de grands évènements qui ne peuvent que toucher.
Le début du roman est d'ailleurs un peu trop violent et j'ai trouvé que le récit cédait peut-être un peu à la facilité en ajoutant du trash au trash, ce qui m'a empêchée de m'y plonger complètement.
Mais cela s'efface ensuite.
Comme toujours avec cette auteure, il y a aussi un peu de surnaturel avec une jolie réécriture d'Hansel et Gretel.
Et puis il y a la Loue, cette rivière qui prend corps, qui ne s'embarrasse pas de bons sentiments et peut parfois se transformer en monstre qui emporte tout sur son passage.
Mais ce qui m'a vraiment plu, ce sont les passages qui concernent l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.
Pour Blanche, savoir lire et écrire, c'est risquer d'être emportée par le diable.
C'est en tout cas ce que son père lui a longtemps répété et c'est ancré en elle, tellement ancré qu'elle a bien du mal à apprendre à écrire.
Et pourtant, elle en a envie et a commencé à apprendre les lettres de son prénom en cachette.
Au fond d'elle, elle sait que cela lui permettra de trouver sa liberté.
"Le diable est filou et agile, et je n'aurai jamais de psautier.
Père ne m'a rien appris et j'ai volé de droite et de gauche ce que je sais. Pas grand chose. J'en parle aussi la nuit, de ces quelques lettres que je connais et que je m'applique à dessiner avec un baton sur la terre, sur l'eau et dans l'air. Et dès que je maîtrise une nouvelle lettre, je m'en vante en dormant et je la présente à celles que j'ai déjà apprivoisées. J'anime gaiement mon minuscule alphabet en faisant de chacune de mes lettres un petit personnage, une marotte imaginaire, avec son caractère, ses humeurs, sa couleur. Alors la badine cingle de nouveau mes doigts qui ne doivent pas écrire, puisque écrire est aussi une porte pour le diable, agile et filou."
Et puis cette fin...
Juste sublime mais je ne vous en dis pas plus !
Bon et bien finalement, je l'ai écrit ce billet.
Alors ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
La lecture vous tente ?
Il parait que c'est une trilogie... Vivement le tome 3 !
Bon, par contre, je crois que pour la créativité demandée par Price Minister pour les Matchs de la Rentrée Littéraire, c'est raté !
(enfin pour moi, c'est un billet originale : d'habitude, je ne cite pas ^-^)
Mais je les remercie vivement pour cette belle lecture !
Et c'est mon 6e billet pour la rentrée littéraire 2015 qui me permet d'atteindre 1% !