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mardi 17 avril 2012

Code Salamandre de Samuel Delage


Les romans policiers ésotériques constituent aujourd'hui un genre vivant, bien représenté, y compris en France.
Il n'est donc plus nécessaire de lire des auteurs américains quand on est passionné par les Templiers, les Cathares ou les secrets des rois.
Les sujets sont aussi très nombreux et si je cite ici quelques thèmes, il en existe d'autres, tous tournés vers le goût du secret et les mystères anciens.

Samuel Delage, l'auteur de ce roman, a choisi de s'intéresser à la Renaissance et à celui qui a permis son éclosion : François Ier. Pour autant, il ne s'agit pas d'un roman policier historique, et vous n'apprendrez pas grand chose sur ce roi.
L'intérêt du roman porte plutôt sur la symbolique et la fameuse salamandre que ce roi affectionnait et qu'il avait choisi pour emblème.

Yvan Sauvage est commissaire priseur à Paris et reconnu dans son métier.
Il est fréquemment appelé par de riches clients pour meubler leur logement d'objets anciens précieux, et il a été sollicité pour donner une série de cours en histoire de l'art à la Sorbonne.
A l'occasion d'une prestigieuse vente d'objets ayant appartenus à Louis XVI et Marie-Antoinette, il rencontre l'un de ses anciens professeurs qui oublie un dossier illustré d'une salamandre en quittant la vente précipitamment.
Lorsque Yvan Sauvage essaie de rendre ce dossier à son propriétaire, il apprend que celui-ci a fait une crise cardiaque.
Il se rend immédiatement à l’hôpital et se voit confier le dossier par le professeur quelques minutes avant son décès.
Aidé par l'une de ses étudiantes, Yvan Sauvage va partir en quête du sens de ces documents pour découvrir ce que signifient cette salamandre...

Je vous avoue que j'ai toujours un peu de réticence face à ce genre de roman (en général).
J'en ai lu un certain nombre, et sans être une spécialiste, je sais qu'il y en a beaucoup qui ne présentent aucune thèse innovante ou qui ne s'appuient pas sur des informations intéressantes et surtout plausibles.
Car l'exploitation d'informations vraisemblables, voire même réelles dans l'idéal, me semble être ce qui fait tout le sel des romans policiers ésotériques.
Le détournement (ou plutôt la réinterprétation) de documents existants fait réfléchir le lecteur dans des directions multiples. Sans le tromper, l'auteur propose une nouvelle façon de voir les choses.
Cela interroge à la fois la relation du lecteur au texte (est-ce que je vais croire le texte ?), la relation de l'auteur à son histoire et l'histoire elle-même.
L'identification de l'auteur, de sa profession, de son statut et de ses sources est alors déterminante. Elle permet de savoir si ces informations ont une chance d'être vraies ou s'il s'agit d'une construction fictionnelle complète.

En ce qui concerne le roman dont je vous parle aujourd'hui, la 4e de couverture nous indique que Samuel Delage est ingénieur, et qu'il a fait de longues recherches pendant plusieurs années sur le thème exploité dans le roman. Il s'appuie également sur des lieux réels.
Le lecteur peut donc probablement se fier aux informations données, notamment sur les symboles de la salamandre, du château de Chambord ou du château de Fontainebleau, qu'il peut retrouver s'il le souhaite en faisant une simple recherche Internet ou en allant lui-même visiter les lieux décrits.

D'ailleurs, l'enquête est intéressante.
J'ai apprécié les analyses symboliques et les rapprochements faits par les personnages.
Il y a parfois des éléments connus car très utilisés comme la suite de Fibonacci, ce qui n'implique plus que l'on passe trois pages à expliquer comment elle fonctionne au lecteur. Il est vrai également que la participation de Léonard de Vinci à la construction de Chambord reste toujours mystérieuse et peut constituer le point de départ de multiples réflexions, tout comme la salamandre, dont je n'avais pas perçu toutes les connotations.
C'est donc un roman plutôt bien construit, présentant une enquête qui s'appuie sur des éléments qui m'ont bien plu et qui donne bien envie d'aller faire un tour à Chambord ou Fontainebleau. 

Malgré cela, il y a un « mais », car cette enquête est parfois beaucoup trop rapide.
Le rythme est soutenu, haletant, les personnages courent sans cesse, on les suit d'une ville à l'autre, on saute avec eux dans leur voiture, on les voit poursuivi par un tueur en série...
Les histoires se mêlent, l'enquête avance à grands pas, mais à trop grands pas.
J'ai eu parfois du mal à comprendre le cheminement de pensée des personnages, ce qui les mènent à la solution.
Je ne voulais pas tous les détails, mais on sent que l'auteur a voulu susciter l'attention de son lecteur, ne pas le perdre dans les descriptions et les explications (ça, c'est très réussi).
Malheureusement, un des aspects intéressants de ce type de roman, ce sont justement les explications du mystère et les propositions de l'auteur.
J'ai donc été un peu frustrée par cette lecture qui m'a bien plus mais qui aurait mérité d'être plus ample.

Par contre, pour finir sur une note plus positive, j'ai accroché dès les premières pages du roman, car une vente d'objets de Marie-Antoinette, ça me tentait bien.
C'était une fausse piste, mais François Ier, c'était pas mal non plus.
Je me suis aussi sentie vivement concernée par la peur d'Yvan Sauvage d'oublier ses notes quand il va faire cours à la Sorbonne (^-^).

Si vous aimez les romans policiers ou les thrillers ésotériques, si vous voulez lire un roman qui vous entraine et qui ne vous lâche plus, si vous voulez lire un thriller ésotérique mais que les auteurs qui brodent vous ennuient, celui-ci devrait vous plaire !


Je remercie les éditionsBelfond pour l'envoi de ce livre.



Cette lecture me permet de valider une participation au challenge animaux du monde de Sharon, et une participation au challenge Petit Bac, catégorie animaux






vendredi 30 décembre 2011

Challenge petit bac 2011 et on rempile en 2012 !


Cette année, pour la première fois, j'ai enfin réussi un challenge à durée limitée et à multiples lectures dans les temps !
Je l'ai même réussi 2 FOIS !!



L'an dernier, Enna nous proposait de remplir une ou plusieurs lignes d'une grille de petit bac comprenant 7 colonnes.
Je ne pensais pas être aussi prolifique, mais finalement, j'ai rempli deux lignes :


Prénom :               
Végétal :  
Sport-loisirs :     



Cela relève de l'exploit et je ne crois pas renouveler cette prouesse une seconde fois l'année prochaine.
Je suis généralement peu assidue aux challenges et s'il faut lire deux ou trois livres, tout va bien, mais quand on dépasse les 4 ou 5, c'est plus compliqué de tenir sur la durée.

Ce qui ne m'empêche pas de m'inscrire, car tout ce qui est bon pour vider ma PAL est bon pour moi.
Comme je l'ai déjà dit, je n'ai pas de scrupules à disposer de 194 livres dans ma PAL (à ce jour).
Elle est libre et j'aime avoir des réserves.
Par contre, j'aime bien aussi avoir des motivations pour aller y piocher les pépites qui y patientent gentiment.

C'est pour cela que je rempile en 2012, et que je m'inscris à nouveau au challenge d'Enna :



Enna a juste changé les catégories.
Pour le reste, c'est toujours le même principe, il faut compléter les 10 catégories (+ 1 bonus) en lisant les livres qui y correspondent.
Voici les 4 catégories supplémentaires (les 7 premières sont identiques) :
  • Personne connue
  • Partie du corps
  • Couleur 
  • Le bonus : Gros Mot

Pour le moment, il y a du stock et je peux remplir beaucoup de ligne.
J'ai quand même des lacunes, et rien pour les gros mots et les parties du corps par exemple. Il faudra que je regarde dans les tableaux de l'an dernier.

Et vous ?  ça vous tente ? Vous auriez des livres à me conseiller pour ces deux catégories (ou pour d'autres) ?


Je suis en train de goûter le poivre de Cochin sur la côte sud-ouest de l'Inde mais n'hésitez pas commenter quand même, je passe par ici quand je croise une borne wifi. 


vendredi 9 décembre 2011

Rose de Tatiana de Rosnay


Voilà un auteur que je voulais lire depuis très longtemps.
J'ai un autre de ses romans, Elle s'appelait Sarah, dans ma PAL, le roman qui l'a fait connaître et que ma mère m'a laissé en dépôt prolongé. Mais je tourne autour et je ne me décide jamais à le lire.
Trop de bonnes critiques m'effraient apparemment, mais le sujet demande aussi d'être dans un état d'esprit adéquat, ce qui n'est pas encore arrivé.
En attendant, j'avais envie de lire Rose, le dernier roman de l'auteur.
Je suis passée à côté de quelques partenariats, mais le généreux principe du livre voyageur m'a permis de me rattraper.


Rose habite une charmante maison du quartier de Saint Germain des Près.
Veuve, elle a ses habitudes, des voisins agréables, et loue son rez-de-chaussé à une marchande de fleurs, Alexandrine, chez qui elle aime passer quelques heures dans la journée.
Tout va bien, si ce n'est sa fille avec qui elle ne s'est jamais vraiment entendu et qui ne lui envoie qu'une lettre sèche de temps à autres.
Puis voilà qu'un jour, le préfet Haussmann décide de percer un boulevard à l'emplacement de la maison de Rose !
Elle commence alors à rédiger son journal, qu'elle adresse à son mari décédé. Elle lui raconte ce qu'elle ne lui a jamais dit, son bonheur quand il l'a demandé en mariage, sa difficulté à aimer sa fille et au contraire, sa joie d'avoir eu un fils. Elle lui raconte aussi qu'elle ne quittera pas la maison qui contient tous ses souvenirs.
Puis les ouvriers se rapprochent et les maisons tombent les unes après les autres...

Il y a plusieurs semaines que j'ai lu ce livre et je ne sais toujours pas expliquer avec précision pourquoi je n'ai pas accroché.
Il y a des passages qui m'ont plu, mais je crois que le personnage de Rose m'est complètement étranger. J'aurais pu adhérer davantage au personnage d'Alexandrine, la fleuriste, mais il n'est pas assez développé pour cela (ce n'est pas l’héroïne du roman).
Le désamour de Rose pour sa fille, notamment, m'a semblé exagéré. Dès la naissance, elle a rejeté cette enfant sans jamais lui donner aucune chance. Le baby blues n'était pas traité à l'époque, je le conçois, mais c'est tout de même un peu violent, et on comprend qu'une petite fille soit si désagréable quand elle n'est pas aimée.
Il y a aussi trop de passé simple à mon goût. Rose est une femme simple, il est déjà beau qu'elle sache écrire aussi bien (oui, c'est très très bien écrit), alors pour en utiliser autant, elle a dû prendre des cours du soir.
J'ai également relevé quelques anachronismes dans les préoccupations de cette femme, et surtout dans les descriptions du nouveau Paris et des travaux.
C'est un roman et je chipote, mais mon ancien métier (j'étais guide conférencière dans une autre vie) me fait dire qu'il y a une ou deux petites choses qui n'auraient pas dû se trouver là. Mais vous voyez que c'est vraiment mineur.
L'auteur a apparemment fait des recherches, ce qui est tout à son honneur et cela se voit, et les détails (car ce sont vraiment des détails) qui m'ont interpellés sont vraiment des points spécialisés, d'autant que c'est tout de même très agréable de lire un livre bien documenté !

Par contre, le hasard de la lecture (mais existe-t-il vraiment?) fait que j'ai lu ce livre au moment où je découvrais moi même le quartier de St Germain des Près.
J'y travaille depuis trois mois et pour de nombreuses années (j'espère). Je le regarde donc d'un autre œil, pas en simple touriste.
Il y a une vraie vie de quartier, comme le décrit Tatiana de Rosnay à une autre époque. Les maisons anciennes côtoient celles qui ont été construites à la suite des travaux d'Haussmann, ainsi que quelques immeubles des années 1930 ou plus contemporains.
Du coup, j'ai particulièrement apprécié les descriptions de Paris, l'inauguration du quartier de l'Opéra, les scènes un peu originales comme le dimanche de patinage sur la Seine.
Ce sont tous les lieux que j'apprécie de traverser chaque matin et chaque soir.
Le problème, c'est que l'argumentaire du roman développe l'idée que le progrès détruit tout, les racines, comme l'histoire, et qu'il n'est pas possible de vivre dans une ville comme ce Paris « éventré ». Ce qui me paraît bien exagéré.
Et j'ajoute qu'autour de l'église St Germain, il reste beaucoup de maisons qui ressemblent fort à celle que devait habiter Rose (rue Jacob, par exemple).

En bref, je crois que je suis passée à côté, mais beaucoup d'autres lectrices sont plus enthousiastes que moi, comme Sandrine, Stephie, Val bouquine ou Chrys et Marie-Adelaide plus mitigées.

N'hésitez donc pas à vous faire votre propre idée si vous aimez Paris, si vous connaissez le quartier St Germain, si vous trouvez qu'avant c'était mieux, ou que les grands boulevards sont des saignées dans la vieille ville. Le roman se lit très bien, et c'est très joliment écrit.


Je remercie Sandrine pour le voyage de ce livre jusqu'à mon panier à livre. Cela m'a permis de lire enfin Tatiana de Rosnay.

Je valide aussi une avant-dernière participation au challenge Petit Bac chez Enna dans la catégorie « végétal ».


J'ajoute une participation au challenge Paris je t'aime chez l'Ogresse et Sharon.




jeudi 1 décembre 2011

Plage de Marie Sizun


Jeudi dernier, j'ai lu Plage de Marie Sizun.
Pourtant, c'était un jour de travail. J'ai donc lu ce livre en deux trajets de train et une heure de lecture vespérale, bien qu'il soit composé de 250 pages.
Je ne l'ai pas dévoré, comme on peut le faire avec un livre trépidant qui nous pousse à tourner les pages pour connaître la suite, mais je l'ai lu sans me poser de question, les pages se tournant les unes après les autres.
Il faut dire que Marie Sizun écrit bien. Ce roman est bien composé, agréable à découvrir.
La saison ne correspondait pas au sujet du roman, mais je crois que cela l'a rendu meilleur. Plage n'est pas un roman à lire sur la plage, sous peine de déprime possible, surtout si vous êtes seule sur cette plage. Au contraire, la lecture d'hiver lui confère cette nostalgie des étés passés, ce parfum de vacances oubliées, mais qui reviendront peut-être avec le prochain été.

Anne attend. Elle est venue cinq jours plus tôt pour l'attendre, préparer sa venue ce samedi.
Il lui a promis qu'il pourrait se libérer, la rejoindre dans cette petite station balnéaire où personne ne pourra le connaître.
Anne a choisit un petit hôtel, genre pension de famille, juste devant la plage. En attendant, elle lit la pile de livre qu'elle a apporté, elle attend qu'il l'appelle, elle va sur la plage.
Chaque jour, elle observe les vacanciers, ceux qui sont du coin et ceux qui ne font que passer, ceux qui ont des enfants et les personnes âgées, ceux qui se baignent et ceux qui restent sur le sable.
Le premier jour, il l'appelle. Il a réussi à s'échapper quelques minutes pour lui parler et lui confirmer qu'il sera là samedi. Elle s'imagine ce qu'ils pourront faire tous les deux, les endroits qu'ils visiteront. Elle repense à leur rencontre, aux surprises qu'il aime lui faire.
Puis les jours passent et il ne rappelle pas, alors Anne s'occupe, rencontre du monde, visite... et réfléchit...

Elle réfléchit tant qu'elle finit par ne plus être la même quand elle rentre à Paris.
Car le propos central de l'auteur m'a semblé être cette évolution personnelle d'Anne, ce cheminement de pensée qui fait qu'elle rentre plus forte.
Sa mère, son amant, son travail, tout y passe et dans l'attente, elle a le temps de s'interroger sur sa vie, sur les hommes, les enfants, sa relation aux autres et au monde.
Le cadre est idéal, et qui n'a pas laissé divaguer ses pensées seule sur une plage ?
Rien ne vient distraire le penseur, si ce n'est l'enfant qui passe en jouant avec le sable, ou de nouveaux arrivants qui vont entrainer un nouveau fil de souvenirs ou d'idées à venir.

J'ai beaucoup apprécié le rythme calme qui se dégage de ces pages.
En ouvrant ce livre, j'ai eu l'impression de me glisser dans une bulle, un espace clos au milieu du brouillard. L’hôtel et sa plage où séjourne Anne sont isolés de tout. Il n'y a que peu de touristes, et lorsqu'elle choisit de changer de plage ou d'aller visiter un lieu touristique proche, cela ressemble à une expédition.
L'intrusion de son amant dans cet espace semble dès le départ impossible, tant cet univers est féminin et fermé, et chacun de ses coups de fil (peu nombreux d'ailleurs) semble une intrusion violente qui déstabilise l'équilibre.

Par contre, j'ai trouvé que l'évolution du personnage d'Anne se faisait quand même un peu rapidement.
Cinq jours, c'est un peu court car la transformation est radicale. Il ne s'agit pas seulement de changer d'avis, Anne change complètement.
D'un autre côté, je conçois qu'elle ait pu avoir un déclic qui l'a poussée à voir sa vie autrement.

Un jolie livre, finalement, et une histoire un peu triste.

Si vous avez une après-midi de lecture au coin du feu devant vous, si vous trouvez les images de famille sur les plages bretonnes terriblement mélancoliques, si vous cherchez un livre un peu triste mais un peu optimiste aussi, ce livre pourrait vous plaire.



On est jeudi, et comme ce livre a été lu en une journée un jeudi, je le range dans les livres lus avec George le jeudi :



Ce mois-ci, avec ce livre, je peux (enfin) valider une lecture pour l'objectif PAL.
J'ajoute aussi un livre pour le challenge petit Bac d'Enna, catégorie « loisir » et une auteure du 21e siècle pour le challenge Dames de lettres.





vendredi 16 septembre 2011

Le maitre du jardin de Valère Staraselski


La rentrée littéraire dévoile souvent des ouvrages originaux et atypiques.
En voici un.

Dans ce roman (mais peut-on appeler cela un roman ?), Valère Staraselski évoque ce personnage des lettres françaises qu’est Jean de la Fontaine en mettant en scène quatre moments de la vie du fabuliste correspondant chacun à une saison.
Il est d’abord question du printemps, et de la rencontre de l’auteur avec M. de Turenne puis l’été arrive et on le retrouve dans les jardins du Palais du Luxembourg, apostrophé par deux jeunes étudiants jésuites à la recherche du fabuliste.
L’automne passe, lui aussi, et La Fontaine retrouve son ami Maucrois pour discuter littérature.
L’hiver sera rigoureux et verra l’auteur revenir dans les bras de la religion.

Il est difficile de résumer ces moments de vie, puisqu’il s’agit essentiellement de cela.
Au fil de quatre chapitres portant le nom des saisons, l’auteur nous propose des instantanés, des prises de vue qui durent quelques heures ou quelques jours.
En utilisant chaque fois un autre personnage, il raconte une rencontre, une visite, des retrouvailles.

Le lecteur doit donc combler les manques, et si l’écriture se veut impressionniste, j’aurais aimé avoir quelques informations complémentaires.
La femme de La Fontaine ne fait que passer, on ne sait pas vraiment s’il a eu des enfants, et entre les moments choisis par l’auteur, l’ellipse est totale.
Les personnages qu’il rencontre dans chaque chapitre ne reviennent jamais et rien n’est dit sur ce qu’ils deviennent. Cela n’a rien de gênant pour les deux jeunes jésuites, mais pour Turenne, on ne sait pas si cette longue conversation a eu des suites.
Vous me direz que ce n’est pas une biographie et que si je veux ce genre d’information, il faudra en lire une.
Certes, mais je reste tout de même un peu sur ma faim.
Le portrait du fabuliste est juste esquissé, ce qui est très poétique mais peu détaillé.

Néanmoins, je garde aussi une impression positive de ce livre.
L’idée d’utiliser vraiment les quatre saisons et non seulement d’une manière purement métaphorique, est intéressante et bien exploitée ici.
Les quatre chapitres fonctionnent comme une entité homogène et se suffisent à eux-mêmes.
Les descriptions des rêveries de la Fontaine, puis des jardins du Luxembourg sont très belles.
Les tribulations de cet auteur face au roi, malgré le succès des Fables, sont souvent oubliées aujourd’hui, et il est bon de rappeler, comme le fait Valère Staraselski, les difficultés que La Fontaine a rencontrées.
Ces fables que tout le monde connait et lit aujourd’hui étaient considérées comme des textes de petite qualité, juste bonnes pour les enfants. Il lui a été difficile de trouver des mécènes et le rejet du roi l’a souvent empêché de pouvoir produire autre chose.
Le dernier chapitre est d’ailleurs le lieu d’un retour sur certains évènements de sa vie, comme l’échec de ses pièces de théâtre.

Je garde finalement une impression partagée de cette lecture, très poétique par bien des aspects, mais qui me laisse sur ma faim concernant Jean de La Fontaine. C’est un point de vue très personnel et qui ne peut pas préjuger du plaisir que vous pourriez trouver à cette lecture car le texte est vraiment beau.

Je répondrai aussi non à la question que je me suis posée au début de ce billet.
Je ne pense pas que ce livre soit un roman. Il ressemble davantage à une rêverie, à une promenade qui dévoilerait des scènes pittoresques entre deux arbres de la forêt.
Vous voyez que moi aussi, cela me rend lyrique.

Un livre à conseiller aux amoureux de La Fontaine, à ceux qui connaissent sa biographie ou envisagent de la lire (vous en aurez envie ensuite, probablement), à ceux qui veulent lire un beau texte, bien écrit et poétique, un texte qui parle du 17e siècle et de ses méandres.






Je valide aussi une participation au challenge Petit bac car jardiner, c'est un loisir, non ?
C'est également ma première lecture pour le challenge 1% de la rentrée littéraire 2011.



mardi 13 septembre 2011

Visa pour Shanghai de Qiu Xiaolong

Voilà enfin ce billet qui aurait dû être écrit il y a déjà 4 mois !
Rassurez-vous, ce roman est encore très présent dans ma mémoire. Je ne sais pas si c’est le fait de savoir que je n’avais pas écrit le billet ou parce que le roman est bon, mais l’histoire est encore bien fraiche.
Il faut dire que ce deuxième opus de la série de Qiu Xiaolong m’a plu autant que le premier. D’ailleurs, le troisième volume est déjà dans ma PAL et attend sagement (mais il sait qu’il n’attendra pas longtemps).

Pendant sa promenade matinale, l’inspecteur Chen Cao découvre un cadavre dans le parc qu’il a l’habitude de fréquenter depuis de longues années. 
Il est ensuite convoqué par le premier secrétaire du parti qui lui annonce qu’il va devoir s’occuper d’un agent du FBI envoyé en Chine pour récupérer un témoin.
A première vue, l’affaire s’annonce simple et Chen pense pouvoir enquêter sur ce cadavre. Mais rien n’est simple en Chine.
Le témoin en question doit rejoindre son mari aux Etats-Unis, condition pour que celui-ci témoigne contre une triade responsable d’un trafic d’êtres humains.
Certes, la Chine affiche un accord complet avec les américains, mais elle ne souhaite pas reconnaître que des Chinois exploitent leurs propres concitoyens. Et le témoin a disparu !
L’inspecteur Chen est donc chargé de s’occuper de l’agent du FBI et de faire en sorte qu’elle ne fouine pas partout. Ses déplacements doivent être contrôlés, et même si en apparence tous sont d’accord, il n’en est rien en réalité.

Encore une fois, Qiu Xiaolong réussit le tour de force de montrer la réalité de la Chine actuelle sans être rébarbatif ou trop accusateur.
Le lecteur découvre progressivement les méandres dans lesquels Chen doit circuler, il se trouve pris au piège des ambigüités suscitées par le système mis en place et voit ce personnage s’arranger parfois avec une organisation bien complexe.
Il est certes facile de considérer que tout est mauvais dans ce système, mais les Chinois doivent faire avec et l’on apprend à la fois comment fonctionne la société chinoise et comment ses habitants font pour vivre avec.

Ce roman est également bien écrit, et bien construit.
De façon très classique, l’auteur a choisi d’utiliser la figure du personnage qui ne sait pas face à celui qui sait. L’inspecteur Chen doit donc tout expliquer à cet agent américain.
La figure de l’étranger correspond aussi à celle du lecteur, ce qui facilite encore l’identification.
Mais pour rendre cette figure moins classique, l’agent en question est une femme très cultivée et passionnée par la Chine et la ville de Shanghai. Il y a donc de nombreuses choses qu’elle découvre elle-même, des erreurs qu’elle commet et qu’il faut corriger, tout comme le lecteur qui a déjà lu un tome et qui a quelques connaissances sur le cadre du roman.

Par ailleurs, Qiu Xiaolong permet à son lecteur de découvrir l’assassin, mais pas trop vite, ce qui est toujours un gage de bonne lecture dans mon classement personnel des romans policiers (très subjectif, bien sûr).
L’histoire m’a parfois paru complexe, car elle mêlait des clans mafieux, des assassins, des trafiquants et je me demandais comment tout cela allait se résoudre. Mais tout s’explique logiquement et la résolution est tout à fait crédible.

C’est donc encore une belle lecture pour ce roman policier et je me réjouis que le prochain me tende les bras.
Qiu Xiaolong est un excellent auteur de policier, même si je vous conseille de commencer par le premier, ce qui vous facilitera la lecture. Les personnages sont nombreux, et il me semble plus agréable de les suivre plutôt que de les rencontrer en cours de route.

Si vous avez lu le premier, si vous cherchez un peu de dépaysement, si la Chine vous intéresse, si vous cherchez un bon roman policier, si vous voulez vous détendre (il y a peu de violence dans ces romans), n’hésitez pas à lire un des romans policiers de Qiu Xiaolong.
J’ajoute pour les challengers, que si vous cherchez un X ou un Q pour le challenge ABC, c’est aussi une bonne piste.

D’ailleurs, je valide la lettre X avec ce billet pour lechallenge ABC 2011 et un second lieu pour le challenge Petit Bac.


Je me lance aussi un petit challenge personnel dont je reparlerai et que je commence avec ce roman en validant un premier pays de mon tour du monde du roman policier. 



Les tomes présents sur ce blog :
2.     Visa pour Shanghai
3.     Encres de Chine



mardi 9 août 2011

Le dernier templier de Raymond Khoury


Je poursuis la publication de mes lectures des deux ou trois derniers mois avec ce livre très grand public.
Il traînait dans ma PAL depuis de longues années, sans que je me sois jamais décidée à le lire. Une soudaine envie d’ésotérisme, de templiers et de lecture facile m’a conduite jusqu’à lui.

Au 13e siècle, les templiers survivants doivent fuir St Jean d’Acre et emportent avec eux leur plus grand trésor jusqu’à ce qu’une tempête fracasse leur navire.
De nos jours, au Metropolitan de New York, on inaugure une grande exposition présentant les trésors du Vatican, quand soudain, quatre cavaliers templiers surgissent, saccagent l’exposition et volent de nombreux objets.
Parmi ces objets figure un encodeur templier qui semble être le seul objet qui intéresse l’un des cavaliers, ce que Tess, une jeune archéologue présente à l’inauguration observe attentivement. Questionnée par l’agent du FBI Sean Reilly, elle s’interroge sur ce cavalier et sur cet encodeur et va être entraînée dans l’enquête et les meurtres qui vont la jalonner.

Ce roman est dans la droite lignée du Da Vinci code, mais j’ai trouvé cela un peu mieux car je m’y suis moins ennuyée.
Le rythme est haletant, il se passe toujours quelque chose et les personnages sont pris dans un tourbillon qui les emporte de meurtre en meurtre.
J’ai quand même eu un peu de mal à rentrer dedans, et il m’a fallut 100 pages pour y arriver. Cela ne veut pas dire que le livre est mauvais, mais passé la scène de pillage de l’exposition, il y a une petite série d’évènements qui m’ont semblé superflus.
Ceci mis à part, les personnages sont bien campés, Tess et Sean apparaissent progressivement au lecteur et sont assez complexes pour que l’on y croie. Ils évoluent, ils ne sont plus les mêmes à la fin du roman, et leur comportement est parfois imprévu.
Bon, le méchant est un peu trop monolithique à mon goût, comme le religieux vicieux, mais ces personnages font partie de ce genre de roman.

Ce n’est donc pas un très grand roman, mais j’ai passé un bon moment.
J’aime bien les explications alambiquées portant sur les mystères historico-religieux, Marie-Madeleine et le Saint Graal et une nouvelle version du secret des templiers est toujours amusante. D’ailleurs, le dernier chapitre laisse un léger doute bien trouvé.  
Comme vous vous en doutez, en matière de secrets templiers, j’ai été servie.

Si vous êtes passionné par les templiers et si vous lisez tout ce qui en parle, si vous avez aimé le Da Vinci code (c’est mieux que le Da Vinci Code), si vous cherchez un livre léger avec un soupçon de mythe, de l’action, une histoire d’amour gentillette, ce livre est fait pour vous.
Un livre parfait aussi pour la plage !



L’adaptation télé est disponible actuellement sur le site m6 replay jusqu’à lundi prochain.
Je vais un peu spoiler dans les lignes qui suivent, mais j’ai regardé cette adaptation, et j’ai vraiment été déçu.
Je me suis posé plusieurs questions, et ce film a finalement rendu le livre beaucoup plus intéressant.
Certains personnages ont disparus, d’autres sont apparus. Le prélat est secondé par un homme de main et ne tue plus personne, la mère de Tess a disparu pour laisser la place à un ami rencontré lors de l’exposition, les morts ne meurent plus, ou de façon moins violente (le livre est assez violent). Le village disparu est retrouvé sous la cendre d’un volcan et plus sous un lac. L’histoire entre Tess et Sean est réduite au minimum syndical, ce qui pose quand même un problème de cohérence.
Mais ce qui m’a le plus manqué, c’est le questionnement religieux. Dans le roman, Sean est un catholique pratiquant qui s’interroge sur le bien fondé de la découverte qu’ils font. Ce questionnement rejaillit forcément sur le lecteur et va plus loin que la simple évocation de la religion romaine.
Je vous avoue que j’avais envie de regarder ce film pour deux raisons. Je voulais voir à quoi ressemblait l’encodeur et je voulais aussi comparer. Mais les modifications sont vraiment trop dommageables pour l’histoire originelle.
En bref, si vous regarder ce film, vous aurez passé un moment devant la télé, mais prenez plutôt le bouquin.


Revenons au livre.
Un livre de moins dans ma PAL (et il était là depuis longtemps), un livre de plus pour l’ABC challenge 2011, un métier validé pour le challenge Petit bac (bah quoi, templier c’est un métier !) et une étape pour le Tour du monde car l’auteur est libanais. 





mercredi 3 août 2011

Chi, une vie de chat de Konami Kanata



La semaine dernière, je cherchais quelque chose de léger pour lire les soirs de fatigue, et il y a plusieurs semaines qu’il n’y a pas eu une petite BD sur ce blog.
Il fallait donc y remédier.
Suivant les billets enthousiastes de plusieurs blogueurs, je suis allée jusqu’à la librairie pour enfants et j’ai mis ce petit manga dans mon panier.
Pour le moment, je n’ai mis que le tome 1 parce que je dois vous avouer que j’ai trouvé la série un peu onéreuse. Plus de 10 euros pour un manga, il me semble que c’est cher.
Bon, on ne va pas discuter du prix des livres ici, et c’est vrai qu’il est en couleur, mais si je lis la suite, ce sera à la bibliothèque.

Chi est un petit chaton bien étourdi qui a perdu sa maman et le chemin de sa maison.
Effrayé et seul, il est recueilli par un couple et son petit garçon, Yohei, qui lui offrent un toit.
Mais dans l’immeuble où cette famille habite, les chats et les chiens sont interdits. Il faut donc trouver une autre maison pour cet adorable chaton.
La maman de Yohei passe de nombreux coups de téléphone sans résultat et la famille s’attache à ce petit chat et lui donne même un nom.
Le chaton s’appellera donc Chi et restera bien caché dans l’appartement...

 A partir de cette petite histoire, l’auteur développe 20 chapitres courts où Chi va chez le vétérinaire, se sauve de l’appartement, apprend son nom, découvre les balles rebondissantes…
C’est le format classique des mangas, me direz-vous, mais ici on lit à l’endroit et en couleurs (enfin, à l’endroit pour le lecteur occidental, bien sûr).
Ces petites histoires sont rigolotes, j’ai beaucoup souri en regardant ce petit chat qui apprend la vie.

Le dessin est attendrissant et doux, et les couleurs ajoutent encore plus de douceurs à ce manga.
On sent que l’auteur aime les chats et qu’elle les a observés. D’ailleurs, j’ai lu que raconter la vie des chats d’appartement était devenu sa spécialité et la deuxième série qu’elle dessine est consacrée à un chat adulte qui s’appelle Fuku Fuku.

J’ai donc passé un bon moment, et si vous cherchez un manga léger et rigolo, c’est parfait. Je pense que vous pourrez aussi le donner sans souci à vos enfants (je n’en ai pas pour tester). 
Par contre, si comme moi vous avez un chat un peu patraque en ce moment, ce manga risque de vous rendre un peu nostalgique.




Un manga de plus pour les mercredi en BD de Mango, et la PAL sèche du bar à BD.


Je m'aperçois que cela me fait une deuxième lecture pour le challenge animaux du monde de Sharon, et un deuxième animal (encore un chat et encore un manga) pour le challenge Petit bac d'Enna :)




vendredi 29 juillet 2011

Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants de Mathias Enard


Cela fait plusieurs jours que j’ai terminé ce livre, et je dois avouer que je ne sais toujours pas ce que j’en pense.
Ce petit livre est surprenant, bizarre et assez indéfinissable. Du coup, il m’est difficile de faire un billet cohérent et argumenté, et j’ai l’impression d’avoir manqué quelque chose.
J’ai lu de nombreux billets très enthousiastes, et le mien le sera beaucoup moins.
Cela ne doit pas vous empêcher de le lire si vous en avez envie, car je pense que mon avis est très personnel et que c’est un très beau texte. Ce serait quand même dommage de passer à côté.

En conflit avec le pape qui refuse de le payer, Michel Ange se réfugie chez lui en Toscane, sans que personne ne le sache. Il tâche de veiller aux besoins de sa famille et de travailler aux projets en cours.
C’est alors que surgissent deux moines avec une invitation. Le sultan de Constantinople invite Michel Ange pour qu’il lui construise un pont.
Le sculpteur refuse d’abord puis accepte, espérant être grassement payé pour pouvoir épancher ses dettes.
Arrivé sur place, il doit attendre que le vizir le reçoive. L’attente s’étire, puis Michel Ange découvre la ville, les coutumes locales, Ste Sophie. Il fait faire les plans de l’église devenue mosquée, il dessine, il travaille.
Guidé par Mesihi, poète et cicérone du sculpteur, il fait aussi la connaissance d’une créature superbe qui l’envoûte littéralement.

La première qualité de ce livre est d’être bien écrit. Les textes sont pluriels, ils mêlent les descriptions, les visites de la ville, les listes de Michel Ange ou ses lettres authentiques.
L’érudition, les recherches de Mathias Enard ont visibles et l’on sent à la fois les documents d’archives et le travail de l’auteur.
Les chapitres courts sont une alternance de textes très différents, parmi lesquels la voix du danseur est celle qui m’a le plus envoûtée.  
Rédigés à la première personne, les quelques chapitres qui le concernent enchaînent les phrases courtes, l’atmosphère est intimiste et le discours s’adresse directement à Michel Ange.
C’est sans doute cette adresse directe qui a fait que ces chapitres m’ont touchés, face à ceux qui décrivent les déplacements du sculpteur dans la ville en utilisant uniquement les mouvements de celui-ci.
Je crois que ce mode narratif est trop sec pour moi. Je ne me suis pas identifiée aux personnages qui m’ont semblé trop effleurés ou trop esquissés. Seul le singe m’a un peu ému.
Michel Ange est impétueux, instable et emporté. Il ne se maîtrise pas et semble en souffrir. Ces traits de caractère sont sans doute ceux que l’on trouve dans les documents de son époque, mais j’aurais apprécié que son travail soit davantage évoqué.
C’est une part importante de sa vie, de son existence, et cela m’a manqué.

Ce livre va rester dans ma bibliothèque et j’essayerai de le relire plus tard.
C’est un joli texte avec une belle fin (oui, oui, je la trouve belle, je suis un peu bizarre) et de beaux moments, mais avec certains passages qui ne m’ont pas emballés.
Comme je l’ai dit plus haut, c’est un avis très personnel et si cette lecture vous tente, n’hésitez pas.


Le roi de ce livre me permet de valider une participation au challenge Petit bac, catégorie métier. Je valide aussi ma dernière participation pour le challenge 1% littéraire et une lecture pour le ABC challenge 2011.
Et une première lecture pour le challenge animaux du monde de Sharon avec ces éléphants. 







mardi 28 juin 2011

Au cœur des Himalayas d'Alexandra David-Néel



Je ne sais pas si je vais être très objective dans ce billet, car j’ai lu ce livre en visitant les lieux dont parle l’auteure.
Je ne serais donc probablement pas un bon juge pour vous parler des descriptions ou de l’évocation des lieux, puisque je les avais sous les yeux.
D’un autre côté, je ne crois pas que ce soit le plus important dans ce qu’écrit Alexandra David Neel. Elle répète assez souvent que ce qui l’intéresse, ce sont davantage les gens, leurs pensées, leurs façons de vivre plutôt que les paysages. Pour elle, un « paysage » est d’ailleurs quasi uniquement constitué par les gens qui l’habitent, ce qui fait qu’elle passe plus de temps à les décrire qu’à s’attarder sur le décor.

Mais il me faut également dire quelques mots de l’auteur avant de parler du livre. Cette femme, décédée à l’âge vénérable de 100 ans et demi, a été la première occidentale à visiter le Tibet à une époque où aucun étranger n’était autorisé à y entrer. A dos de mulet ou à pied,  accompagnée d’un guide et parfois de porteurs, elle a arpenté les Himalayas, a visité Lhassa, a appris le tibétain et l’hindou, et est même devenue sadou !

Pendant ses voyages, elle remplissait des petits carnets, prenait des notes en vue de la rédaction de ses mémoires. Elle a ainsi pu laisser de nombreux récits de voyage, mais a aussi publié des guides sur le bouddhisme qui constituent toujours une référence aujourd’hui.

Dans ce livre, Alexandra David Neel se rend au Népal, pays interdit aux étrangers en 1912. Seuls quelques observateurs britanniques étaient autorisés à séjourner à Katmandou, pour « observer la situation ». Si d’autres voyageurs souhaitaient s’y rendre, il fallait demander une autorisation spéciale, et la route imposée par le gouvernement était destinée à décourager les voyageurs de revenir seuls.
Grâce à des amis hauts placés, Alexandra David Neel se voit proposer ce séjour et bien qu’elle n’en ait pas particulièrement envie, elle se rend à Katmandou. Ce point a son importance, car elle se montre souvent très critique à propos des Népalais. Dans son récit, elle raconte le voyage, les coutumes locales et décrypte certaines pratiques religieuses.

L’avantage de ce livre, pour le voyageur, c’est qu’il permet de comprendre certaines particularités du pays. Les coutumes religieuses, par exemple, et le mariage bouddhisme-hindouisme ou les relations des Népalais avec les Tibétains sont analysés par une femme qui connaît parfaitement ces populations.
Son discours est à la fois simple et détaillé, elle se place du point de vue de l’occidental, tout en se référant à une réalité indienne qui lui permet de faire des comparaisons. Elle est ainsi très claire et son lecteur dispose des clés principales de compréhension. 

Pendant son voyage, Alexandra David Neel suit un circuit qui est resté le même aujourd’hui et m’a amené à m’interroger sur la quasi impossibilité à l’époque comme aujourd’hui d’aller rencontrer des Népalais de la campagne profonde.

J’ai aussi pu constater que les lieux n’avaient pas beaucoup changés. Alexandra David Neel visite les même lieux que ceux qui sont visités par les touristes pressés d’aujourd’hui, mis à part Pokhara qui a été développé plus tard.
Restituant l’atmosphère de ces lieux, l’auteure essaie de nous faire comprendre le fonctionnement de la société népalaise, son rapport souvent tendu avec des populations installées depuis des décennies mais non népalaises comme les Tibétains.
Ces explications laissent entrevoir une population fière de son pays mais proche du racisme et trop enfermée sur elle-même pour pouvoir se développer de manière harmonieuse. Pour Alexandra David Neel, les Indiens sont méprisés par les Anglais, mais ils le leur rendent bien, alors que les Népalais croient les dominer et ne les voient pas approcher. Mais son point de vue doit être pris pour ce qu’il est : un point de vue personnel. Elle reste fasciné par son voyage au Tibet et habite en Inde. Elle a donc un discours assez orienté et ne le cache pas.
Cela n’a toutefois pas d’incidence pour le lecteur, et ce livre reste une jolie découverte de ce pays.

Si vous allez au Népal, si vous êtes amoureux de l’Himalaya, des montagnes, si vous aimez les récits de voyage, si vous voulez être dépaysé en 100 pages, jetez-vous sur ce petit livre, vous serez comblé.


Cette lecture vient compléter :



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