La rentrée littéraire dévoile souvent des ouvrages originaux
et atypiques.
En voici un.
Dans ce roman (mais peut-on appeler cela un roman ?),
Valère Staraselski évoque ce personnage des lettres françaises qu’est Jean de
la Fontaine en mettant en scène quatre moments de la vie du fabuliste
correspondant chacun à une saison.
Il est d’abord question du printemps, et de la rencontre de
l’auteur avec M. de Turenne puis l’été arrive et on le retrouve dans les
jardins du Palais du Luxembourg, apostrophé par deux jeunes étudiants jésuites
à la recherche du fabuliste.
L’automne passe, lui aussi, et La Fontaine retrouve son ami
Maucrois pour discuter littérature.
L’hiver sera rigoureux et verra l’auteur revenir dans les
bras de la religion.
Au fil de quatre chapitres portant le nom des saisons,
l’auteur nous propose des instantanés, des prises de vue qui durent quelques
heures ou quelques jours.
En utilisant chaque fois un autre personnage, il raconte une
rencontre, une visite, des retrouvailles.
Le lecteur doit donc combler les manques, et si l’écriture
se veut impressionniste, j’aurais aimé avoir quelques informations
complémentaires.
La femme de La Fontaine ne fait que passer, on ne sait pas
vraiment s’il a eu des enfants, et entre les moments choisis par l’auteur,
l’ellipse est totale.
Les personnages qu’il rencontre dans chaque chapitre ne
reviennent jamais et rien n’est dit sur ce qu’ils deviennent. Cela n’a rien de
gênant pour les deux jeunes jésuites, mais pour Turenne, on ne sait pas si
cette longue conversation a eu des suites.
Vous me direz que ce n’est pas une biographie et que si je
veux ce genre d’information, il faudra en lire une.
Certes, mais je reste tout de même un peu sur ma faim.
Le portrait du fabuliste est juste esquissé, ce qui est très
poétique mais peu détaillé.
Néanmoins, je garde aussi une impression positive de ce
livre.
L’idée d’utiliser vraiment les quatre saisons et non
seulement d’une manière purement métaphorique, est intéressante et bien
exploitée ici.
Les quatre chapitres fonctionnent comme une entité homogène
et se suffisent à eux-mêmes.
Les descriptions des rêveries de la Fontaine, puis des
jardins du Luxembourg sont très belles.
Les tribulations de cet auteur face au roi, malgré le succès
des Fables, sont souvent oubliées aujourd’hui, et il est bon de rappeler, comme
le fait Valère Staraselski, les difficultés que La Fontaine a rencontrées.
Ces fables que tout le monde connait et lit aujourd’hui
étaient considérées comme des textes de petite qualité, juste bonnes pour les
enfants. Il lui a été difficile de trouver des mécènes et le rejet du roi l’a
souvent empêché de pouvoir produire autre chose.
Le dernier chapitre est d’ailleurs le lieu d’un retour sur
certains évènements de sa vie, comme l’échec de ses pièces de théâtre.
Je garde finalement une impression partagée de cette lecture,
très poétique par bien des aspects, mais qui me laisse sur ma faim concernant
Jean de La Fontaine. C’est un point de vue très personnel et qui ne peut pas
préjuger du plaisir que vous pourriez trouver à cette lecture car le texte est
vraiment beau.
Je répondrai aussi non à la question que je me suis posée au
début de ce billet.
Je ne pense pas que ce livre soit un roman. Il ressemble
davantage à une rêverie, à une promenade qui dévoilerait des scènes
pittoresques entre deux arbres de la forêt.
Vous voyez que moi aussi, cela me rend lyrique.
Un livre à conseiller aux amoureux de La Fontaine, à ceux
qui connaissent sa biographie ou envisagent de la lire (vous en aurez envie
ensuite, probablement), à ceux qui veulent lire un beau texte, bien écrit et
poétique, un texte qui parle du 17e siècle et de ses méandres.
Je remercie les Chroniques de la rentrée
littéraire pour cette belle lecture et les éditions du cherche midi.
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