Ah là là ! Joncour !
Depuis
L'amour sans le faire lu il y a plusieurs années maintenant, j'adore découvrir ses derniers romans pendant la rentrée littéraire, juste avant tout le monde ou juste au début.
Cette année, j'ai bien cru que je n'y arriverais pas et puis finalement, j'ai reçu un mail de Babelio qui me proposait de le lire.
Evidemment, un clic de souris plus tard et j'étais en train de postuler pour le recevoir !
Je n'ai pas essayé, mais j'aurais été incapable de résister de toute façon.
Il est ensuite venu se poser sur la pile de roman de la rentrée littéraire qui squatte mon bureau, mais il n'y est pas resté longtemps.
Aurore, mariée, deux enfants, styliste qui a monté sa propre entreprise, habite un immeuble chic de Paris.
Sa vie serait parfaite, s'il n'y avait pas ces deux corbeaux qui se sont installés dans sa cour.
Dans cet immeuble parisien cossu, les deux grands arbres qui occupent la cour sont un vrai luxe, mais ces deux corbeaux qui croassent quand elle arrive lui font peur et elle craint de plus en plus qu'ils ne l'attaquent.
Elle qui avait cultivé un petit carré sous les arbres n'ose plus mettre un pied dans la cour et se presse de rentrer ou sortir quand elle doit passer sous le porche.
Ludovic, lui, habite le petit immeuble en arrière cour, derrière les arbres, nettement moins luxueux.
Il a abandonné sa campagne pour venir travailler à Paris, il fait du recouvrement sans passion.
Mais un soir, Aurore voit les buissons s'agiter...
Comme à son habitude, Serge Joncour célèbre dans ces pages la campagne, la nature, la forêt.
J'ai retrouvé les descriptions qui vous plongent au milieu des arbres, dans le silence et la solitude de la forêt profonde.
On a envie de le suivre, de s'y perdre avec lui.
C'est une forêt toujours accueillante, bienveillante, une nature qui nourrit, même si elle n'y parvient pas toujours (mais c'est la faute des hommes).
La campagne est un refuge, un lieu qui ressource, qui apaise.
C'est aussi le berceau familiale, celui du conflit temporaire qui finit toujours par se régler.
Comme dans
L'amour sans le faire et
L'écrivain national, les personnages se retrouvent perdus, ils n'ont plus aucun repère.
Au fil des pages tout se délite et les laisse dépourvus avant le grand final.
Car l'une des qualités de Joncour, c'est de soigner ses fins.
Il y a toujours un évènement qui fait tout basculer, quelque chose qui remet tout en perspective et ce roman ne fait pas exception à la règle.
Mais si les thèmes sont ceux des romans précédents, les personnages au contraire sont bien différents.
Avec ce couple inattendu, il trace le portrait d'une société qui est faite de clans, de groupes sociaux qui ne se croisent que très peu.
Ludovic est à l'image de Joncour lui-même, apparemment bourru, grand, costaud, avec un boulot pas franchement cool, mais plein de tendresse.
Aurore est d'un autre milieu, un peu précieuse, un train de vie luxueux, une vie de famille.
Chacun sa solitude, même face à face, même très proche.
Aurore et Ludovic se retrouvent dans la cour, espace intermédiaire qu'ils ne partagent pas vraiment.
Ils vont ensuite se demander sans cesse ce que pense l'autre, ce qu'il ressent, sans parvenir à déchiffrer les comportements qui ne leur sont pas habituels.
Parviendront-ils à se rencontrer, à trouver un terrain commun ou sont-ils trop différents ?
Et puis il y a ce petit suspense qui s'amplifie jusqu'aux dernières pages.
Comment tout cela va-t-il finir ?
Vont-ils s'en sortir ou la chute est-elle inévitable ?
Comment ne pas succomber au charme des romans de Joncour ?
Celui-ci ne détrônera pas
L'amour sans le faire dans mon panthéon "Joncourien" mais il est très beau et appartient à cette catégorie de romans dont on voudrait connaitre la fin sans qu'ils ne se terminent jamais.