Voilà un roman très singulier.
Habituellement fan de littérature africaine, je me suis lancée avec un a priori plutôt positif et l'envie de passer 4 heures agréables.
Mais je dois bien avouer que je ne sais pas trop quoi en penser après ces quelques heures.
Alfa Ndiyae n'a pas achevé son ami d'enfance sur le champ de bataille quand celui-ci le lui a demandé.
Mais depuis ce moment, Alfa Ndiyae pense par lui-même et se met à analyser la situation qui l'entoure.
Les tranchées, les gens autour de lui qui s'éloignent, la guerre et sa barbarie, sa vie et son enfance meurtri, tout est singulier.
Mais il n'y a pas de fumée sans feu et pensait-il déjà par lui-même avant ?
Le début du roman évoque la guerre de 14-18 et les tirailleurs sénégalais qui sont venus se faire tirer dessus pour une mère patrie qui ne leur parlait même pas dans une langue qu'ils comprenaient.
Alfa et son ami Mademba sont partis ensemble, espérant y gagner une situation dans la société blanche de Saint-Louis et une vie meilleure avec leur pension.
Hélas, Mademba a croisé de trop près un soldat allemand et laisse son copain seul pour appréhender une situation qui le dépasse.
Progressivement, Alfa remonte le fil de ses souvenirs, son enfance au village, sa famille, comment les deux hommes sont devenus inséparables.
On découvre la vie du village, les liens qui se sont tissés et les coutumes ancestrales.
Le parallèle est d'autant plus violent quand il revient au récit de la guerre en décrivant la barbarie des soldats mais également la sienne.
Forcément, on pense aussi au syndrome post traumatique comme on dit de nos jours.
Forcément, on pense aussi au syndrome post traumatique comme on dit de nos jours.
J'ai eu parfois un peu d'empathie mais malheureusement, elle passait assez vite et j'avoue avoir eu souvent envie que cela s'arrête dans les premiers chapitres.
Si j'avais eu le livre papier entre les mains, j'aurais passé des pages, surtout parce que je ne voyais pas où l'auteur voulait en venir et parce qu'il y a pas mal de répétitions.
Et puis évidemment, comme dans un conte africain, c'est à la fin que tout s'éclaire et on aurait presque envie de tout relire pour observer comment l'auteur nous a amené là.
Le lecteur Babacar M'Baye Fall donne vie et corps au narrateur Alfa, il incarne cet homme et lui donne une vraie épaisseur.
Je me suis demandée si ce n'était pas un peu clichée d'avoir choisi une voix avec un accent assez marqué, mais je crois que cela aurait été bizarre de faire autrement.
Si vous cherchez un récit fort, qui suscite plein d'émotions positives et négatives, vous serez sans doute conquis par ce livre parfaitement construit qui promène son lecteur dans une direction inattendue et tellement logique en même temps.