La
digue avait lâché.
Sans
prévenir, sans un bruit, elle s’était affaissée, glissant lentement dans le
courant et se laissant submerger par les flots déchainés.
Il n’y
avait pas eu de signes, pas d’alerte, rien qui puisse laisser penser qu’une
fêlure se creusait.
Et puis
soudain, le trop plein avait jailli, il s’était immiscé et avait fendu la
muraille, balayant tout sur son passage.
Elle
avait craqué sous le poids comme on se laisse pousser par le vent fort et la
marée.
Elle n’allait
pourtant pas si mal, on voyait bien qu’elle était fatiguée parfois, mais rien
d’inquiétant.
Un peu
de calme et tout s’apaisait.
Elle
était solide.
On
comptait sur elle.
Sans
doute trop finalement.
On
aurait peut-être pu s’en inquiéter avant.
C’est
probablement pour ça qu’on ne s’en est pas aperçu.
Elle
était devenue transparente.
Quoique
non, pas transparente, plutôt très présente mais elle faisait partie du
paysage.
On
avait besoin d’elle, on savait qu’elle était là, et puis voilà.
Si on
avait fait un peu attention, on aurait sans doute évité tout ça.
Mais
voilà, c’est ainsi.
La vie
ne laisse aucun répit.
Pas le
temps de regarder ailleurs, il faut avancer, toujours avancer, ne pas se
préoccuper de ce qui nous entoure, ne pas trop anticiper, c’est très couteux en
temps comme en argent.
Les
recherches avaient duré 3 jours.
On
espérait qu’elle avait nagé, certains pensaient l’avoir vu plus loin.
Et puis
non.
Elle
avait tout laissée, ses enfants, son mari, sa vie.
Ceux
qui l’avaient vu tomber disaient qu’elle souriait.
Je reviens aux ateliers d'écriture du lundi avec un texte écrit il y a plusieurs mois.
La photo de cette semaine m'a remis en mémoire ce petit morceau d'écriture qui m'avait fait du bien à l'époque et qui attendait dans son petit coin.
L'écriture cathartique...
Mais je crois qu'il faut aller au bout du processus parfois pour que cela fonctionne réellement alors en ce début d'année, je le pose là, sur la photo d'une chute vertigineuse.
D'autres textes chez Leiloona...