Retrouver un auteur qu’on a dĂ©jĂ lu est parfois difficile.
On a forcĂ©ment un peu peur d’ĂȘtre déçu, ou de ne pas retrouver ce qui nous avait plu dans notre premiĂšre lecture.
Mais il se peut aussi qu’on soit agrĂ©ablement surpris et que la deuxiĂšme lecture soit aussi bonne que la premiĂšre.
Anna, jeune Ă©tudiante en photographie, est enceinte d’une amourette de fac.
Cerise, lycĂ©enne un peu paumĂ©e, est enceinte du jeune homme qu’elle frĂ©quente sans vraiment l’avoir voulu.
Alors qu’Anna choisit d’avorter, Cerise n’est pas en mesure de prendre cette dĂ©cision…
Vous connaissez peut-ĂȘtre Jean Hegland pour son roman Dans la forĂȘt, dystopie inquiĂ©tante oĂč deux jeunes femmes se retrouvent seules loin de tout.
L’histoire racontĂ©e dans Apaiser nos tempĂȘtes met Ă©galement en scĂšne deux jeunes femmes mais n’a rien Ă voir !
Cerise est sous la coupe de sa mĂšre, une femme abusive qui ne s’occupe pas vraiment d’elle.
Elle subit sa vie sans pouvoir rĂ©ellement s’en sortir, elle croise la route des mauvaises personnes, chacune la laissant tomber les unes aprĂšs les autres.
Elle fait de mauvais choix et les paye durement et lorsqu’elle essaie vraiment de s’en sortir, lĂ encore, ça ne marche pas.
Anna, elle, a une belle vie.
Elle est enseignante Ă l’universitĂ©, elle a une famille, un mari, ses photos sont apprĂ©ciĂ©es.
Pour elle aussi, tout va basculer, moins brutalement mais d’une façon trĂšs dĂ©stabilisante.
Comme Dans la forĂȘt, ce rĂ©cit montre deux femmes qui doivent se dĂ©faire de tout ce qui les encombre pour trouver leur vĂ©ritĂ© en elles.
C’est une histoire de rĂ©silience, de reconstruction.
Ces deux solitudes vont Ă©videmment se rencontrer et confronter leurs plaies, leurs choix, leurs renoncements.
L’autrice Ă©voque aussi des problĂšmes sociaux qui sont toujours d’actualitĂ© comme ces associations pro-vie qui occupent les premiers rĂ©sultats quand on cherche des informations sur l’avortement dans Google et ne sont pas fiables, ou les conditions de vie prĂ©caires d’une partie de la population.
Je dois pourtant avouer que ce n’est pas un coup de cĆur.
Le texte est fort, on suit ces deux femmes avec compassion et on se sent forcément concerné par leurs vies.
Chacun sera d’ailleurs sans doute touchĂ© davantage par Cerise ou par Anna dont les vies sont trĂšs diffĂ©rentes.
Occupant un emploi similaire Ă celui d’Anna, je me suis retrouvĂ©e dans ses interrogations, mĂȘme si je ne suis pas photographe.
Mais quelque chose m’a empĂȘchĂ©e d’ĂȘtre totalement convaincue sans que je parvienne rĂ©ellement Ă l’identifier.
Les Ă©vĂšnements qui s’acharnent sur Cerise m’ont abasourdie, les ellipses temporelles m’ont perdues.
Il y a aussi pas mal de clichés, de personnages brossés à grands traits un peu caricaturaux.
La rencontre de ces deux femmes est belle mais peu vraisemblable (ou Anna est vraiment désespérée).
C’est donc un trĂšs beau roman, mais avec des aspĂ©ritĂ©s qui m’ont empĂȘchĂ©e d’ĂȘtre totalement enthousiaste.
La version audio est lu par Maia Baran qui se coule admirablement dans le texte !
Elle sait moduler sa voix pour qu’elle change en fonction du personnage Ă©voquĂ©, elle se fait oublier derriĂšre le texte lorsque celui-ci devient grave.
Il n’y a pas de pathos, Maia Baran reste calme et posĂ©e, laissant au lecteur qui l’Ă©coute le loisir de construire son propre texte tout en Ă©tant portĂ©.
La version audio dĂ©bute Ă©galement par une prĂ©face de l’auteur qui explique Ă quel point ce texte rĂ©sonne avec sa vie.
Entendre l’auteur permet d’Ă©clairer ce texte d’un jour nouveau, ce qui est trĂšs apprĂ©ciable.
Si mon avis se termine en demi-teinte, n’hĂ©sitez pas Ă aller lire celui de mes copines de Prix, plus enthousiastes.
J'ai l'impression que tu n'y a pas cru.
RépondreEffacerOui, c'est un peu ça en effet. En tout cas, pas dans la derniÚre partie. J'ai trouvé cela un peu trop joli, un peu trop lisse.
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