Cette année, il y aura 100 ans qu'est née Charlotte Delbo.
Un 10 août, comme moi.
Peut-être est-ce pour cela que je l'ai croisé tant de fois pendant mon adolescence.
Aucun de nous ne reviendra était dans la bibliothèque familiale.
Je suivais l'option théâtre au lycée et Louis Jouvet n'avait aucun de secret pour nous.
Shoah a été diffusé plusieurs fois à cette époque, en intégralité, de même que le procès de Nuremberg.
Si vous ne connaissez pas Charlotte Delbo (ce qui se comprend, elle n'est pas très connue), vous vous demandez sans doute pourquoi je parle de Nuremberg, de Shoah et de Jouvet au sujet de la même personne.
C'est que Delbo était la secrétaire de Jouvet.
Une secrétaire au caractère bien trempée, avec de la gouaille et qui a laissé de nombreux témoignages avant et après la guerre.
Mais Charlotte Delbo est surtout l'auteur d'un témoignage magnifique (si l'on peut dire), celui de sa déportation à Auschwitz en tant que déporté politique.
Le 24 janvier 1943, il y a 70 ans, après avoir été arrêtée pour fait de résistance, après avoir été emprisonnée un an à Compiègne et avoir perdu son mari fusillé par les Allemands, elle fait parti d'un convoi de 230 femmes dont 49 seulement reviendront.
Pour survivre, elle récite les pièces de théâtre dont elle se souvient, la poésie qu'elle avait appris autrefois.
Après avoir été transféré dans un camp annexe de Birkenau puis à Ravensbruck, elle organise une représentation théatrale du Malade imaginaire, pour ne pas oublier, pour ne pas se perdre, pour survivre.
Elle dit sans fard les travaux dans les champs, la terre gelée, le froid, les camarades qui tombent, la maladie, la vie qui s'en va.
Elle évoque les moments de doute, les petites joies, les douleurs.
Elle parle des transferts, des convois à la fin de la guerre, des marches interminables poussés par les nazis qui savent que tout est perdu.
Lire ce livre, c'est vivre avec elle ces jours terribles.
Lire ce livre, c'est refuser d'oublier.
Bien entendu, cela ne laisse pas indifférent.
Il y a presque 20 ans que j'ai lu ce livre, et pourtant il continue de m'habiter.
Il s'est déposé en moi et ne me quittera jamais.
Sur France Inter, plusieurs émissions sont consacrées à Charlotte Delbo ces jours-ci.
Profitez-en !
La marche de l'histoire : la vie de Charlotte Delbo en 30 minutes
Je ne connaissais effectivement pas cette femme ! Merci de me la faire connaître je vais essayer d'écouter les émissions sur Inter !
RépondreEffacerC'est une façon de la découvrir, car les livres sont très durs et il faut du courage pour les lire. Je trouve ça bien qu'ils en parlent un peu.
EffacerJe rejoins ton avis, et suis heureuse de lire un article sur cette femme. Quelle trilogie... J'aurais du mal à la décrire, mais je ne peux que le conseiller à ceux qui souhaitent lire de la littérature concentrationnaire.
RépondreEffacerD.
Oui, on devrait en parler un peu plus, car il y a tellement de beau moment dans ces livres qu'il est dommage de les laisser tomber dans l'oubli.
EffacerJe vous rejoins également.
RépondreEffacerUne écrivain hors du commun, un style d'une poésie, d'une sensibilité... J'en perds les mots. J'ai fait mon mémoire de M1 sur ses œuvres (entre autres) et plus largement sur la littérature concentrationnaire et ce fut vraiment un honneur. Je pense qu'elle ne me quittera pas de si tôt non plus. Jamais je n'oublierai la première fois où j'ai ouvert la trilogie Auschwitz et après !
Alors merci (vraiment) d'en parler (et aussi bien !). Je ne savais pas que France Inter en parlait en ce moment, je ne vais plus lâcher la radio.
Un mémoire sur la littérature concentrationnaire ! Je vous admire ! Je crois que je n'en aurais pas été capable. Pour France Inter, n'hésitez pas à utiliser leur moteur de recherche, ces émissions sont parfois perdues au milieu de la nuit.
EffacerJe ne la connaissais pas non plus. Je vais essayer de rattraper ça.
RépondreEffacerC'est une littérature difficile, mais il serait dommage de laisser Charlotte Delbo sombrer dans l'oubli.
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