Hier, alors que je
rentrais chez moi, la station de radio que je fréquente
habituellement m'informe que l'Assemblée Nationale est en train de
parler de livre.
L'oreille aux aguets, le
cerveau en alerte, je sors du mode « bruit de fond » pour
écouter ce qui se dit, mais je reste un peu sur ma faim, parce que
la décision finale est annoncée pour plus tard, dans la soirée.
Evidemment, le journal de
20h n'a pas parlé de cette nouvelle, et ce n'est que ce matin que
j'ai pu consulter le site de l'Assemblée pour savoir si cette loi
avait été adoptée.
Mais de quoi
s'agissait-il, me direz-vous ?
M. Legendre, qui
appartient à la commission de l'Assemblée traitant de la culture, a
proposé de légiférer sur l'exploitation numérique des livres
indisponibles du 20e siècle.
Il s'agit donc de
permettre à la BNF de numériser et mettre à disposition tout ce
qui n'est plus édité mais qui l'a été pour la première fois
pendant le 20e siècle.
Au départ, j'ai été
enthousiasmée par cette idée.
J'ai longtemps cherché
des romans de Delly, des romans feuilletons du 19e, de Michel Zevaco
ou d'autres auteurs aujourd'hui oubliés.
J'ai réussi à lire
Chaste et flétrie en le faisant venir d'une bibliothèque
lointaine, avec quelques jours seulement pour l'apprécier (je vous
le conseille, d'ailleurs, c'était génial), mais je n'en trouvais
pas d'autres chez les bouquinistes, et même sur Internet, il est
difficile d'en trouver à pas cher.
J'ai donc tout de suite eu
sous les yeux les possibilités immenses que m'ouvrait ce projet de
loi.
Des heures de lecture, une
mise à disposition sans entrave... le rêve !
Et puis en y réfléchissant
et, je l'avoue, à la suite d'exemples donnés par le journaliste,
j'ai trouvé l'idée de moins en moins bonne.
Il y a d'abord les auteurs
et les ayant droits qui râlent, car cette mise à disposition les
priverait de tous droits d'auteur, mais aussi de tout espoir d'être
réédité.
Si l'on prend le cas
d'Irène Nemirovsky, on voit bien qu'elle a été complètement
oubliée pendant des années.
Mais si ses livres avaient
été numérisés, Gallimard aurait-il fait le choix de ressortir
tous ses titres en Folio ?
Je l'avoue, j'aime les
livres, j'aime en posséder, ce qui m'aurait été impossible dans ce
cas précis.
Cette loi nous prive donc
de rééditions potentielles, et elle rendra sûrement plus frileux
les éditeurs, y compris quand un universitaire ou un critique
viendra leur proposer une réédition annotée.
Elle concerne aussi
uniquement les livres du 20e, et néglige ceux du 19e siècle.
Vous me direz, je me
trompe peut-être et il faut bien que les éditeurs vivent.
Or, les classiques sont
justement le fond de commerce de ces éditeurs.
Le seul problème, c'est
que cette loi ne va pas concerner les classiques, mais les livres
peut-être un peu plus confidentiels, ceux dont on n'est pas sûr
qu'ils trouveront leur public, ceux là ne seront plus réédités.
Quant aux auteurs et aux
ayant-droits, ils auront la possibilité de faire une demande de non
numérisation, mais ce ne sera pas automatique.
Merci à l'Assemblée
d'agir une fois de plus en défaveur des librairies !
mouais borf, s'ils agissent en défaveur des librairies je n'en sais rien...est-ce que ce sont des livres qui aurait un large auditoire aussi ?...je me pose la question...et si cette numérisation ne permettait qu'une accessibilité que dans les bibliothèques publiques en lecture sur place...ça pourrait être pas mal ? enfin bref, ça me semble encore une fois bien tortueux cette affaire !
RépondreEffacerPour l'accessibilité, il s'agira de publier sur Internet et de mettre à la disposition de tous, ce qui est quand même plutôt bien. Mais mon avis est encore réservé car comme tu le dis, c'est bien tortueux.
EffacerEn fait si je peux me permettre tu vas un peu vite, il y a tout un processus de recherche des auteurs des oeuvres orphelines, quant aux oeuvres indisponibles en général, les éditeurs ont vraiment des fonds énormes inexploités et cette loi, fruit de compromis avec les éditeurs et les bibliothèques est plutôt équilibrée. Car on peut se dire que, certes I.Némirovsky a été rééditée, mais elle aurait pu tout aussi bien ne jamais l'être, et d'autres qui le méritent ne le sont pas...
RépondreEffacerIl est vrai que le choix de l'opt-out est étrange vu que la France avait stigmatisé cette méthode, qui est celle de Google, et on aurait pu au contraire penser que l'opt-in aurait été mis en place.
Je t'avoue que j'ai trouvé cette loi bien mal expliquée. J'ai cherché un peu, lu le projet, et je ne suis pas beaucoup plus avancée, mais par contre, j'ai bien lu que ce sont les auteurs et les ayant droits qui devront se manifester. On ne les cherchera pas.
EffacerQuant aux oeuvres indisponibles, je suis d'accord avec toi, mais pourquoi se restreindre aux oeuvres du 20e ? Il y a beaucoup plus de textes du 19e qui ne sont pas manipulables facilement et mériteraient d'être aussi concernés.