jeudi 23 février 2012

Edition, réédition...



Hier, alors que je rentrais chez moi, la station de radio que je fréquente habituellement m'informe que l'Assemblée Nationale est en train de parler de livre.

L'oreille aux aguets, le cerveau en alerte, je sors du mode « bruit de fond » pour écouter ce qui se dit, mais je reste un peu sur ma faim, parce que la décision finale est annoncée pour plus tard, dans la soirée.
Evidemment, le journal de 20h n'a pas parlé de cette nouvelle, et ce n'est que ce matin que j'ai pu consulter le site de l'Assemblée pour savoir si cette loi avait été adoptée.

Mais de quoi s'agissait-il, me direz-vous ?
M. Legendre, qui appartient à la commission de l'Assemblée traitant de la culture, a proposé de légiférer sur l'exploitation numérique des livres indisponibles du 20e siècle.
Il s'agit donc de permettre à la BNF de numériser et mettre à disposition tout ce qui n'est plus édité mais qui l'a été pour la première fois pendant le 20e siècle.


Au départ, j'ai été enthousiasmée par cette idée.
J'ai longtemps cherché des romans de Delly, des romans feuilletons du 19e, de Michel Zevaco ou d'autres auteurs aujourd'hui oubliés.
J'ai réussi à lire Chaste et flétrie en le faisant venir d'une bibliothèque lointaine, avec quelques jours seulement pour l'apprécier (je vous le conseille, d'ailleurs, c'était génial), mais je n'en trouvais pas d'autres chez les bouquinistes, et même sur Internet, il est difficile d'en trouver à pas cher.
J'ai donc tout de suite eu sous les yeux les possibilités immenses que m'ouvrait ce projet de loi.
Des heures de lecture, une mise à disposition sans entrave... le rêve !

Et puis en y réfléchissant et, je l'avoue, à la suite d'exemples donnés par le journaliste, j'ai trouvé l'idée de moins en moins bonne.

Il y a d'abord les auteurs et les ayant droits qui râlent, car cette mise à disposition les priverait de tous droits d'auteur, mais aussi de tout espoir d'être réédité.
Si l'on prend le cas d'Irène Nemirovsky, on voit bien qu'elle a été complètement oubliée pendant des années.
Mais si ses livres avaient été numérisés, Gallimard aurait-il fait le choix de ressortir tous ses titres en Folio ?
Je l'avoue, j'aime les livres, j'aime en posséder, ce qui m'aurait été impossible dans ce cas précis.

Cette loi nous prive donc de rééditions potentielles, et elle rendra sûrement plus frileux les éditeurs, y compris quand un universitaire ou un critique viendra leur proposer une réédition annotée.
Elle concerne aussi uniquement les livres du 20e, et néglige ceux du 19e siècle.

Vous me direz, je me trompe peut-être et il faut bien que les éditeurs vivent.
Or, les classiques sont justement le fond de commerce de ces éditeurs.
Le seul problème, c'est que cette loi ne va pas concerner les classiques, mais les livres peut-être un peu plus confidentiels, ceux dont on n'est pas sûr qu'ils trouveront leur public, ceux là ne seront plus réédités.
Quant aux auteurs et aux ayant-droits, ils auront la possibilité de faire une demande de non numérisation, mais ce ne sera pas automatique.

Merci à l'Assemblée d'agir une fois de plus en défaveur des librairies !



4 commentaires:

  1. mouais borf, s'ils agissent en défaveur des librairies je n'en sais rien...est-ce que ce sont des livres qui aurait un large auditoire aussi ?...je me pose la question...et si cette numérisation ne permettait qu'une accessibilité que dans les bibliothèques publiques en lecture sur place...ça pourrait être pas mal ? enfin bref, ça me semble encore une fois bien tortueux cette affaire !

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    1. Pour l'accessibilité, il s'agira de publier sur Internet et de mettre à la disposition de tous, ce qui est quand même plutôt bien. Mais mon avis est encore réservé car comme tu le dis, c'est bien tortueux.

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  2. En fait si je peux me permettre tu vas un peu vite, il y a tout un processus de recherche des auteurs des oeuvres orphelines, quant aux oeuvres indisponibles en général, les éditeurs ont vraiment des fonds énormes inexploités et cette loi, fruit de compromis avec les éditeurs et les bibliothèques est plutôt équilibrée. Car on peut se dire que, certes I.Némirovsky a été rééditée, mais elle aurait pu tout aussi bien ne jamais l'être, et d'autres qui le méritent ne le sont pas...
    Il est vrai que le choix de l'opt-out est étrange vu que la France avait stigmatisé cette méthode, qui est celle de Google, et on aurait pu au contraire penser que l'opt-in aurait été mis en place.

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    1. Je t'avoue que j'ai trouvé cette loi bien mal expliquée. J'ai cherché un peu, lu le projet, et je ne suis pas beaucoup plus avancée, mais par contre, j'ai bien lu que ce sont les auteurs et les ayant droits qui devront se manifester. On ne les cherchera pas.
      Quant aux oeuvres indisponibles, je suis d'accord avec toi, mais pourquoi se restreindre aux oeuvres du 20e ? Il y a beaucoup plus de textes du 19e qui ne sont pas manipulables facilement et mériteraient d'être aussi concernés.

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