Quel joli petit
roman !
Un peu nostalgique,
solaire, calme, le texte de Joncour n’est pas trash comme son titre pourrait le
laisser penser, bien au contraire.
J’avais été très attirée
par le synopsis très efficace diffusé par l’éditeur, et je n’ai pas été déçue.
On se doute rapidement
que la part de mystère qu’il dévoile n’a rien de surnaturel, mais cela n’enlève
rien au plaisir de lire.
Franck a un peu raté sa vie.
Sa copine l’a quitté, il va devoir trouver un
nouvel appartement, son travail de cameraman n’a pas fait de lui la star qu’il
aurait sans doute souhaité être.
Pendant que tout s’écroulait sans qu’il s’en
aperçoive vraiment, il dormait, sans cesse fatigué, mais personne ne faisait
attention à lui. Puis il y a eu l’hôpital, le traitement.
Alors qu’il commence à aller mieux, l’envie de
revoir ses parents perdus de vue le pousse à leur téléphoner.
Mais c’est un petit garçon qui répond au
téléphone.
Machinalement, Franck lui demande si c’est
Alexandre, et naturellement, il répond oui.
Mais Alexandre est mort depuis plusieurs années…
Rassurez-vous, ce roman
ne traite pas de maladie et Joncour ne dit pas de quoi il s’agit, même si on
pense évidemment au cancer.
Il s’agit plutôt de
réunir une série de facteurs qui vont amener Franck à revoir sa vie, à remettre
en question les choix faits autrefois, et surtout à éprouver le besoin de
retrouver ses racines.
Ce cheminement prend la
forme d’un retour à la terre, d’un voyage en train semé d’embuches qui le
ramène aux origines.
L’opposition ville /
campagne est un peu éculée, surtout que Franck habite Paris, summum de
l’urbanité, mais elle fonctionne assez bien dans le roman et n’est pas
surexploitée.
Elle permet aussi de
distiller des symboles et des éléments récurrents comme le sang ou le sanglier
(dont je m’aperçois de l’inclusion de l’un dans l’autre en l’écrivant).
Le sanglier poursuit
Franck dès son retour en train, resurgissant de son passé, tandis que le sang
dont il est éclaboussé à plusieurs reprises le ramène dans un monde auquel il
n’appartenait plus.
Le lien avec la maladie
est alors d’autant plus fort que Frank semble aller de mieux en mieux (l’air de
la campagne, sans doute ?).
Et c’est justement là que
le roman pèche un tout petit peu.
Serge Joncour utilise plusieurs
motifs éculés : la campagne plus saine face à la ville mortifère, le
retour aux racines au sens propre et figuré, la belle sœur veuve et charmante,
et surtout la fin que je m’abstiens de dévoiler, mais qui est tout de même très
attendue.
J’ai trouvé cela dommage
qu’il n’y ait pas de prise de recul par rapport à ces motifs un peu usés.
On passe un très bon
moment, j’ai lu cette histoire avec un réel plaisir, mais je n’ai pas été
surprise, détournée de ma route ou cueillie au détour d’une page par un
raccourci ou un chemin de traverse.
Par contre, Serge Joncour
développe des thématiques intéressantes, comme celle de la chaleur, ou du
regard porté sur les choses.
Le jeu sur l’image et le
double, notamment par le jeu avec l’œil de la caméra est très intéressant.
Il y a deux Alexandre,
l’enfant et le disparu, il y a deux vies, le passé et le présent qui se déroule
ailleurs, il y a des apparitions et des disparitions, des personnages qui
surgissent et qui repartent aussi vite.
Et puis il y a la caméra
apportée par Frank dont c’est le métier, qui finit dans les mains d’Alexandre.
C’est ensuite Alexandre
qui va filmer, raconter le film à sa façon, faisant passer Frank de la position
de spectateur à celle d’acteur, symbole de son évolution pendant ce séjour.
Attentiste, il se laisse
beaucoup aller, jusqu’à l’irruption du sanglier qui va l’obliger à se prendre
en main.
C’est donc une belle
lecture, un petit roman bien tourné, même si on peut noter quelques motifs un
peu bruts.
L’auteur développe des fils
intéressants, c’est très bien écrit et on passe un vrai bon moment.
Je vous le conseille pour
un voyage en train, sur la plage en été ou devant la cheminée en hiver (il y
fait chaud) mais également dans toute situation qui vous conviendra ^-^.
Dans le cadre des matchsde la Rentrée littéraire, je dois aussi mettre une note.
Pour moi, ce sera 15/20
car c’est un roman dont on peut faire une analyse stylistique, ce qui n’est
tout de même pas si fréquent de nos jours.
Pour le challenge 1% rentrée littéraire, c'est un 9e roman lu pendant le S.T.A.R. 5e édition.