Elle avait accepté sans réfléchir.
Elle espérait peut-être recoudre un peu ce qui s’était
détaché, ce qui s’éloignait sans qu’elle ne puisse rien faire.
Mais peut-on vraiment ressouder un couple quand plus rien ne
tient ?
Il adorait la plongée, elle moins.
Toute cette eau la mettait dans un état de transe où sa peur
n’était pas complètement contenue par la beauté de ce qu’elle voyait.
Mais il était toujours prévenant et elle finissait pas
apprécier les sorties.
Sauf aujourd’hui.
Elle en était là de ses pensées quand elle se dit qu’elle ne
voulait pas mourir sans rien faire !
Hors de question qu’il s’en tire comme ça.
Evidemment, le mobile était évident, c’est elle qui avait
l’argent.
Mais l’accident était trop flagrant et il s’en tirerait à
bon compte, c’est certain.
Elle se rendit compte soudain qu’elle avait encore sa
planche pour prendre des notes.
Elle voyait sa réserve d’oxygène filer et il fallait faire
vite.
D’une écriture qu’elle espérait lisible, elle nota en
quelques mots ce qu’elle avait trouvé bizarre aujourd’hui, sa réserve d’air qui
descend d’un coup, le comportement de son mari d’abord prévenant et soudain
froid et brutal.
Et surtout, elle nota qu’elle était coincée par sa faute
mais qu’il n’avait rien fait pour la sortir de là !
Sa liste n’était pas longue, mais elle avait noté les faits
bruts et un enquêteur pourrait vite se rendre compte que quelque chose
clochait.
Quand elle eu finit, elle réfléchit à l’endroit où elle
pourrait déposer sa planche.
Si son mari redescendait, il la trouverait immédiatement.
Elle la mis donc sous les rochers, vers cette anémone des
mers qui lui faisait de l’œil depuis tout à l’heure.
Elle soufflait à présent, vide soudain et n’attendant plus
que la fin de sa bouteille d’oxygène.
Elle leva les yeux vers la surface, vers la lumière qui
miroitait là haut et qu’elle ne reverrait plus.
Elle était étrangement calme.
Et puis elle le vit.
Il redescendait !!
Il avait à la main des outils pour la libérer des
rochers !
C’était inespéré.
En quelques minutes, il fut à côté d’elle et la pierre qui
la retenait au fond fut soulevée pour la laisser libre de ses mouvements.
Il lui faisait des signes lui demandant de remonter, mais
elle était tellement surprise qu’elle le regardait sans comprendre.
Et soudain, une rage s’empara d’elle.
Elle arracha la barre de fer qu’il tenait et le frappa avec.
Si elle ne pouvait plus l’avoir, personne d’autre ne
l’aurait.
Alors qu’il gisait au sol, elle poussa les pierres pour le
recouvrir et remonta vite à la surface.
Quand elle atteignit le bateau, sa réserve était vide.
Et les secours étaient là.
Et sa planche était sous l’eau, décrivant son crime sans
ambiguïté…
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