Voilà
une petite gourmandise littéraire dont on n’a pas assez entendu parler à sa
sortie !
J’avoue
l’avoir vu passer sur quelques blogs en n’y jetant qu’un œil distrait, ce qui
était une grossière erreur.
La
littérature africaine est pour moi un vaste territoire inconnue, je l’avoue, et
à part quelques auteurs qui écrivent en français, je n’y connais pas
grand-chose.
Je
crois avoir aussi des représentations un peu négatives, alors qu’à chaque fois
que je m’y aventure, je tombe sur une pépite qui me plait beaucoup.
Grâce à son cousin Winston, Djendé a obtenu
une place de chauffeur pour un grand patron de la banque Lehman Brothers.
Il conduit Mr Clark, sa femme et ses fils
partout où ils le demandent et à toute heure pour un bon salaire qui va même
leur permettre d’économiser un peu.
Il peut envisage sereinement l’avenir, même
s’il faut rester prudent.
Depuis qu’il a fait venir sa femme et son
fils, la vie est plus facile.
Nenni suit des cours à l’université pour
devenir pharmacienne, le petit Liomi va à l’école et même si le mal du pays se
fait parfois sentir, Djendé et Nenni ont des grands projets pour leur famille…
Mais il
y a un « mais », vous vous en doutez.
On
s’attend donc à voir cet évènement changer les choses et faire basculer ce
récit.
Et
pourtant non !
L’auteure
est bien plus subtile que ça.
Comme
on s’en doute, le patron de Djendé passe entre les gouttes (ce sont toujours
les petits qui trinquent) et ce n’est pas la crise qui va faire bouger la
situation mais d’autres évènements, comme un décalage inattendu alors qu’on
croyait la tempête passée.
Du
coup, la faillite et la crise passent à l’arrière plan et ne sont qu’à peine
évoqués dans cette histoire, ce qui me convenait tout à fait.
La
mention de Lehman Brothers et de la crise m’avait clairement fait fuir à la
lecture des différents billets sur ce roman.
Je
pensais lire un roman triste, un peu plombant sur la chute d’une famille riche
et de son employé qui se retrouvent tous à la rue.
Or ce
roman n’est rien de tout cela.
C’est
un livre plein d’optimisme, de soleil, de petits bonheurs au début qui évolue
vers un texte beaucoup moins léger sur la vraie vie et ce qu’elle nous réserve.
C’est
un livre qui parle de nostalgie du pays, d’immigration, du poids du souvenir,
de la culpabilité, de ce que l’on s’autorise à faire ou non dans sa vie, des
relations humaines entre un patron et ses employés, entre deux conjoints, de
l’image de soi, de ce qu’on dit à ses amis et de ce que l’on pense vraiment.
C’est
aussi un livre qui invite à penser que tout ce qui nous arrive peut être
transformé à condition de ne pas subir une situation.
La version audio sert parfaitement le
propos.
Le lecteur YYY transmet toute la sonorité
de l’écriture, les incises en pidgin, les voix des personnages et leurs
sentiments.
On a l’impression d’être avec eux, de les
entendre et de les voir vivre.
C’est un vrai beau moment qu’on passe en
écoutant ce livre !
Si vous
avez envie d’une belle lecture qui donne la pêche (enfin, un peu moins dans la
deuxième moitié mais c’est beau quand même), d’un texte qui vous conduise
doucement vers des sujets faussement légers, d’une lecture qui vous fasse
réfléchir sur ce que devient notre société (et en ce moment, c’est vraiment
d’actualité) et d’une autre vision de l’immigration, ce livre pourrait bien
vous plaire.
Je ne lis plus beaucoup en audio alors je pense que je le lirai en papier.
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