Voilà un roman qui a beaucoup fait parler de lui depuis sa sortie (voire même avant).
Mathias Enard, d'habitude adepte de la forme courte il me semble (comme ici par exemple), nous offre ici un bon pavé bien lourd et bien dense.
Mais je me suis dit que ce n'était pas pour autant qu'il fallait fuir, surtout en livre audio !
Son médecin lui a diagnostiqué une possible maladie dont il attend les résultats.
Sarah, une amie ancienne, lui a envoyé le tiré à part d'un de ses articles qui lui rappelle des temps révolus.
Alors qu'il tente de s'endormir sans résultat, des épisodes de sa vie lui reviennent en tête, comme la soutenance de la thèse de son amie Sarah, leur première rencontre à un colloque...
J'ai l'impression (comme souvent) que mon résumé ne rend pas justice au texte de Mathias Enard.
Il a l'air bien plat et bien court, surtout qu'il s'agit là de l'intrigue presque au complet.
Et pourtant, c'est un texte très riche (trop parfois néanmoins) qui multiplie les références, les petits récits, la succession de souvenirs et d'évocations.
Franz et Sarah sont orientalistes universitaires et se sont croisés plusieurs fois au cours de leur vie.
Ils ne travaillent pas sur le même sujet, ce qui leur donne l'occasion d'échanges et de discussions.
Et puis ils ont visité des lieux chargés de sens, des expositions aux statues étranges, le mémorial d'une bataille...
Il y a aussi la musique qui rythme le récit et donne envie de lire le roman avec son ordinateur à côté pour pouvoir écouter les morceaux cités.
Les souvenirs de Franz lui permettent de dériver d'un sujet à l'autre, d'être à la fois dans ses souvenirs et dans une projection vers l'avenir en imaginant ce qu'il pourrait écrire.
Il vogue de Sarah à d'autres personnes qu'il a connu, et puis vers Litz, Berlioz et d'autres artistes orientalistes ou non.
C'est à la fois érudit, un peu gothique, un peu envoutant et surtout très bien écrit.
Le texte est ciselé et coule tout seul, surtout en version audio (à l'écrit j'ai plus de mal, je l'avoue).
Et puis le milieu dans lequel évolue Franz est aussi le mien et je m'y suis retrouvée bien souvent.
J'ai eu du mal au départ avec l'image franchement négative et méprisante qui est donnée des directeurs de thèse, de la Sorbonne (effectivement décrépie mais en travaux) et des universitaires.
On reconnait bien là le type un peu aigri par le système universitaire où il n'a pas trouvé ce qu'il cherchait.
Les colloques et le travail de réflexion, la pensée sans cesse en mouvement, les idées d'articles qui fleurissent au fil de la pensée, tout ceci est beaucoup plus proche de ce qui me semble être la réalité actuelle.
Malheureusement, à partir du chapitre 5 (la moitié du roman à peu près), je me suis aussi beaucoup ennuyée, d'un ennui qui ressemble à celui qui vous engourdi les après-midi d'été, quand la langueur vous emporte et vous laisse immobile.
Le livre est très long, l'esprit de Franz file à saut et à gambades et certains sujets m'ont semblé vraiment hermétiques.
On ne peut pas tout connaitre et tout saisir évidemment, et pendant la première moitié du roman, je me suis dit que ce n'était pas si important.
Certains noms m'ont porté comme Gertrude Belle, ou ces femmes qui ont tenté l'aventure de l'orient à la fin du 19e siècle et au début du 20e.
C'est une période qui me fascine alors j'avoue qu'il y en avait quelques unes que je connaissais déjà bien.
Mais il revient ensuite sur les mêmes personnages en s'attardant beaucoup trop, il s'enlise et tourne en rond.
Le récit passe progressivement sur l'actualité de la Syrie mais d'une façon qui ne coule pas toute seule, c'est un peu artificiel.
Du coup, je l'avoue, j'ai eu beaucoup de mal à finir, je me suis lassée.
Malheureusement, à partir du chapitre 5 (la moitié du roman à peu près), je me suis aussi beaucoup ennuyée, d'un ennui qui ressemble à celui qui vous engourdi les après-midi d'été, quand la langueur vous emporte et vous laisse immobile.
Le livre est très long, l'esprit de Franz file à saut et à gambades et certains sujets m'ont semblé vraiment hermétiques.
On ne peut pas tout connaitre et tout saisir évidemment, et pendant la première moitié du roman, je me suis dit que ce n'était pas si important.
Certains noms m'ont porté comme Gertrude Belle, ou ces femmes qui ont tenté l'aventure de l'orient à la fin du 19e siècle et au début du 20e.
C'est une période qui me fascine alors j'avoue qu'il y en avait quelques unes que je connaissais déjà bien.
Mais il revient ensuite sur les mêmes personnages en s'attardant beaucoup trop, il s'enlise et tourne en rond.
Le récit passe progressivement sur l'actualité de la Syrie mais d'une façon qui ne coule pas toute seule, c'est un peu artificiel.
Du coup, je l'avoue, j'ai eu beaucoup de mal à finir, je me suis lassée.
La version audio a la particularité d'être lue par Mathias Enard lui-même, ce qui peut être quelque peu déstabilisant.
Son timbre de voix est assez spécial, un peu trainant peut-être et a pour effet de rendre le texte un peu lent, voire lancinant parfois.
Cela ne m'a pas dérangé et je trouve que cela correspond bien au texte (surtout qu'il se perfectionne dans la seconde moitié).
Un comédien aurait sans doute rendu le texte plus vivant néanmoins.
Pour cette version audio, la musique m'a aussi beaucoup manqué.
J'avais envie de l'entendre en fond sonore quand le narrateur l'évoquait et j'ai vraiment eu envie à chaque nouveau morceau cité d'aller le chercher sur Internet.
Mis à part ces petites réserves, j'ai trouvé la lecture audio bien plus digeste que le livre papier que je n'aurais jamais fini !
C'est donc un roman exigeant, érudit, où il faut accepter de ne pas tout connaitre, et de se laisser porter longtemps !
Le texte est beau, rempli d'images orientales qui se déposeront dans votre cerveau et vous mèneront à la dérive de votre pensée, tout comme celle de Franz (mais il faut avoir la patience de tenir jusqu'au bout).
En voici une :
(Mince alors ! Je viens de réaliser que j'ai lu le Goncourt 2015 ! Je suis fière de moi alors :)
En voici une :
"Depuis Chateaubriand, on voyage pour raconter ; on prend des images, support de la mémoire et du partage ; on explique qu'en Europe, "les chambres sont minuscules", qu'à Paris "toute la chambre d'hôtel était plus petite que notre salle de bains", ce qui provoque les frissons de l'assistance - et aussi une lumière d'envie dans les regards"
(Mince alors ! Je viens de réaliser que j'ai lu le Goncourt 2015 ! Je suis fière de moi alors :)