A sa sortie, ce livre était dans toutes les vitrines des librairies et dans beaucoup de mains dans les transports en commun.
On l'a aussi beaucoup vu sur les blogs, avec des avis souvent très enthousiastes.
Evidemment, comme je suis faible et influençable, j'avais très envie de le lire, et un peu aussi parce que je prends le train pour aller travailler et que le sujet me paraissait intéressant.
Qui n'a jamais regardé les fenêtres éclairées des maisons le soir en se demandant ce que vivent les habitants ?
Dans le train, c'est encore plus tentant sans doute.
On passe tous les jours devant les mêmes maisons, on voit ceux qui vivent là, et l'imagination peut divaguer.
Je regarde les jolies maisons de la grande banlieue, du côté de Maison Alfort, Asnières sur Seine, Vernouillet, Poissy, Achères...
Mais il n'y a jamais personne aux heures où je passe et je ne cherche pas spécialement à voir les habitants.
Je crois que j'aurais l'impression de violer leur intimité, et franchement, je suis souvent occupée à faire autre chose, vu que j'ai du mal à ne rien faire dans le train.
Du coup, le petit avant-propos de l'auteur m'a franchement chiffonnée.
Avec un excès de précautions assez mal venu, elle raconte l'histoire de son roman avant même qu'on l'ait ouvert (quelle idée ! Elle a l'impression qu'on ne va rien comprendre ?) et elle décrit surtout les passagers des trains de banlieue comme des voyeurs qui sont tous obnubilés par ce qu'il se passe devant les fenêtres.
Gageons que les passagers des trains français sont différents, mais je n'ai pas l'impression que ce soit si répandu que cela.
En tout cas, ce n'est pas mon cas !
Elle connait le trajet par coeur.
Il y a des ralentissements, un feu où le train s'arrête chaque matin, des maisons que Rachel connait bien.
Deux années plus tôt, elle habitait dans l'une d'elle.
Son mari y vit toujours avec sa nouvelle femme Anna.
Mais ce qui intéresse surtout Rachel, c'est une autre maison où vit un jeune couple.
Chaque jour, elle guette le passage devant cette maison, elle espère que le train fera une longue pause au feu pour pouvoir laisser son esprit divaguer.
Elle leur imagine une vie chaque fois qu'elle les voit en passant, elle leur a donné des noms et leur a assigné des emplois et des passe-temps.
Jason et Jess, deux jeunes artistes sportifs, sont donc un petit couple heureux et qui s'aime follement.
Jusqu'au jour où Jess, alias Megan, disparait...
J'ai été agréablement surprise par ce roman, je dois bien l'avouer.
Très déçue par Avant d'aller dormir, j'avais peur de lire un roman du même genre, pseudo thriller dont la solution serait transparente et très ennuyeuse.
Et puis finalement non !
Le récit est maitrisé, avec une belle structure et une tension bien distillée.
Trois voix sont mêlées pour plonger le lecteur au coeur du récit.
Il y a Rachel, mal dans sa peau qui ne se souvient pas toujours de ce qu'elle a fait la veille et qui s'ennuie franchement dans sa petite vie.
Et puis il y a Anna, la nouvelle femme, un peu névrosée aussi, parfois franchement hystérique.
Et Megan, celle qui disparait dont le récit est au passé, remontant le temps qui a précédé sa disparition.
Ces personnages sont bien construits, surtout Rachel qui occupe le devant de la scène.
C'est une femme complexe, qui évolue pendant le roman d'une façon tout à fait vraisemblable.
Je me rends compte en l'écrivant que les femmes décrites ici ont toutes quelque chose qui ne tourne pas rond.
Espérons que toutes les femmes qui vivent en banlieue de Londres ne soient pas toutes comme ça, ou il vaudrait mieux éviter d'aller y habiter.
La version audio du roman est vraiment bonne.
Trois lectrices se partagent le récit, avec des voix bien identifiables et qui permettent au lecteur de se repérer.
La lecture est vivante, facile à suivre et je pense que j'aurais eu plus de mal à le lire en version papier.
Comme cela m'arrive souvent, j'avais trouvé le coupable, mais j'ai douté jusqu'à la fin.
Il n'y a pas de revirements spectaculaires, et pourtant on reste surpris par la succession des évènements.