Je commence ma rentrée littéraire sur ce blog avec un billet sur le troisième livre que j'ai lu, mais comme c'est le premier que j'ai écrit, autant vous le livrer.
Il va peut-être un peu détoner dans le concert de louange actuel alors j'ai tenu à l'argumenter (mais je vous ai mis des trucs en gras pour que vous puissiez suivre).
Voilà donc un billet très long pour un tout petit roman de la rentrée littéraire qui a déjà fait grand bruit sur pas mal de blogs de lecture.
Il va peut-être un peu détoner dans le concert de louange actuel alors j'ai tenu à l'argumenter (mais je vous ai mis des trucs en gras pour que vous puissiez suivre).
Voilà donc un billet très long pour un tout petit roman de la rentrée littéraire qui a déjà fait grand bruit sur pas mal de blogs de lecture.
Le jour de sa sortie, il était présent sur des blogs très suivis et les avis sont souvent très bons.
C'est en grande partie grâce à Charlotte si on le voit beaucoup, car elle a eu la bonne idée de créer un challenge qui consiste à lire les 68 premiers romans de cette rentrée littéraire.
Excellente idée qui permet à des auteurs encore méconnus de sortir un peu du lot, elle permet aussi à de petites maisons d'édition d'être plus visible.
Un peu fascinée par cet engouement si unanime, je l'avoue, j'ai eu envie de vérifier par moi-même si cette centaine de pages était aussi fulgurante.
Diana est née dans une famille comme il en existe parfois, avec une mère un peu instable qui a d'abord voulu accoucher sous x avant de changer d'avis, poussée par sa propre mère chez qui elle avait trouvé refuge.
Et puis son père est revenu, et puis la famille s'est agrandie.
Il y avait son grand frère, né d'un autre père, et il y aura un autre frère et une soeur.
A l'école, l'institutrice de Diana a bien vu que quelque chose n'allait pas.
L'enfant est couverte de bleues, le visage enflé, parfois elle boite.
Mais elle dit qu'elle est tombé, qu'elle est maladroite...
Je crains malheureusement que mon avis ne soit pas aussi dithyrambique que celui de mes copines.
C'est toujours difficile de dire cela du roman d'un auteur qui débute, surtout que dans ce roman, il y a le fond, inattaquable (ou presque) et la forme plus délicate il me semble.
Car il y a quelques petites choses qui m'ont dérangé dans ce livre.
Car il y a quelques petites choses qui m'ont dérangé dans ce livre.
Je vais commencer par ce qui m'a plu.
Le sujet est évidemment de ceux dont il faut parler pour que les choses bougent un peu plus.
L'histoire qui nous est racontée rappelle malheureusement trop d'affaires qui nous restent en mémoire comme un immense gâchis.
L'institutrice qui fait ce qu'elle peut, qui fait une liste quotidienne des bleus et des blessures de l'enfant, mais qui se heurte à la lourdeur administrative, au médecin scolaire qui ne veut rien savoir, ce sont des critiques que l'on entend malheureusement trop souvent quand il est trop tard.
Le système est mal fait et laisse passer des cas terribles qui finissent en drame (mais j'ai un peu envie de demander combien d'enfants sont mis à l'abri pour un qui passe entre les mailles du filet ?).
Rien que pour cela, ce roman doit exister.
Il questionne la société et son fonctionnement et interroge le lecteur sur ce regard qu'on détourne souvent quand une main s'abat sur un enfant.
L'autre qualité de ce roman, pour moi, est la polyphonie que l'auteur a choisi pour raconter cette histoire.
C'est très original et cela fonctionne un peu comme un texte de théâtre.
Aucun narrateur ne vient mettre un commentaire sur cette histoire.
Il n'y a que les faits, racontés par ceux qui les ont vécu, comme on le voit parfois dans certains documentaires policiers (ou les films du matin sur tf1 qui sont très rigolos à regarder quand on est malade).
Certains personnages interviennent d'une phrase, d'un mot quand une conversation les impliquant est racontée et le texte se présente comme une succession de répliques avec le nom du personnage et les différents actes qui se succèdent.
On peut ainsi connaitre le point de vue de chacun sans filtre, sans être influencé par quoi que ce soit, si ce n'est la parole de celui qui a parlé juste avant.
Mais cette idée théâtrale est aussi ce qui m'a un peu perturbé pendant ma lecture.
Certains tours de parole sont surprenants.
Quand un personnage coupe littéralement la parole d'un autre pour dire quelques mots, on ne sait plus où on en est, et le drame qui se joue retombe un peu comme un soufflet.
C'est terrible de dire cela vu le sujet traité, et pourtant, c'est comme ça que je l'ai ressenti.
J'ai vraiment été perturbée par ces petites coupures dans le récit.
Ce même récit, d'ailleurs, souffre aussi de ne pas avoir de vrai récit cadre.
L'institutrice qui débute le récit voit un journal et remonte le fil de ses souvenirs, mais que viennent faire les autres voix dans ces souvenirs ?
Il en est de même pour certaines tournures de phrases qui sonnent un peu faux, sans doute la faute à cet écrit oralisant choisi par l'auteur.
Il me semble que ce sont des défauts inhérents à la forme de récit qui a été choisie par l'auteur, même si on les oublie assez vite.
Au final, je retiens un récit plaintif, où tout le monde tente de se justifier, se plaint de ne pas avoir été entendu, où tout le monde affirme que ce n'est pas sa faute, comme on l'entend quand un tel drame arrive.
D'ailleurs, tous les personnages ont un peu le même ton dans ce récit.
C'est un premier roman, mais la forme semblait faciliter la multiplication des tons, le jeu sur la langue des différents personnages qui sont au contraire un peu monocordes, alors que tous n'ont sans doute pas la même voix, loin de là.
On n'entend pas Diana et personne ne la plaint vraiment.
Comme en écho à ce qu'a été sa vie, personne ne prend de responsabilité et tout le monde se cache derrière la procédure, une plainte ou l'attitude des parents qui cachaient bien leur jeu.
Je terminerai avec une demande personnelle à l'auteur.
S'il vous plait, oubliez les rêves dans votre prochain livre.
Vous avez une joli plume, vous avez traité ce sujet difficile avec retenue, mais les rêves que font les personnages où ils sont censés déceler la souffrance de Diana, c'est un peu too much.
D'ailleurs, ça ne les alerte jamais vraiment (et on se croirait chez Mary Higgins Clark).
Le béton, à la fin, c'est un peu "gros" aussi et peu vraisemblable quand même.
Comment peut-il le faire d'ailleurs ?
(edit : Valou m'a expliqué qu'il avait vraiment fait comme ça. La réalité est parfois moins vraisemblable que la fiction...)
D'ailleurs, ça ne les alerte jamais vraiment (et on se croirait chez Mary Higgins Clark).
Le béton, à la fin, c'est un peu "gros" aussi et peu vraisemblable quand même.
Comment peut-il le faire d'ailleurs ?
(edit : Valou m'a expliqué qu'il avait vraiment fait comme ça. La réalité est parfois moins vraisemblable que la fiction...)
Pour finir, je retiendrai le procédé théâtral de narration vraiment original, une prise de risque évidente avec un sujet pas facile mais bien traité, mais une froideur dans la narration et une unité de ton un peu dommageable pour le récit.
Vous trouverez beaucoup d'autres avis par ici : chez Antigone une lecture à distance, et des avis enthousiastes chez Alex, Stephie, Leiloona, Eimelle, Noukette, Valou, et chez vous ?
1/6 pour cette rentrée littéraire