mardi 9 octobre 2012

Pour seul cortège de Laurent Gaudé


Bien que Laurent Gaudé soit présent dans ma PAL depuis plusieurs années, je n’avais jamais lu la moindre ligne de cet auteur.
Encensé par la critique et par bon nombre de lecteurs, il évoque pour moi le figure de l’auteur à la mode mais exigeant, loin des bestsellers habituels et pourtant assez vendu pour se permettre de proposer des textes pointus.
Le choix de sa maison d’édition renforce d’ailleurs cette image, puisque ce sont les éditions Acte sud qui se chargent des sorties de nouveaux romans, tandis que les poches sortent d’abord chez Babel.
J’avais donc dans les mains une belle promesse de lecture en recevant ce roman.

Alexandre sait récompenser ses troupes. Après la bataille vient le festin, la fête, l’orgie à laquelle chacun de ses généraux est invité à participer.
Mais ce jour là, alors qu’il s’était laissé aller à danser pour son musicien préféré, le grand Alexandre s’effondre et ne se relève pas.
La fièvre le prend alors et ne le lâchera plus.
Dans sa tour au milieu du désert, Drypteis s’est retirée du monde.
Elle veille sur son enfant et vit au rythme de la communauté religieuse qui l’a accueilli. Mais l’empire la rattrape.
Il faut partir et suivre les soldats.
Éricléops, fidèle soldat d’Alexandre, et allé jusqu’en Inde délivrer le message d’Alexandre.
Il revient porteur d’une réponse mais c’est Alexandre qui va le rejoindre.

Que dire de ce roman, sinon que je l’ai trouvé magnifique.
L’écriture de Laurent Gaudé est soignée, recherchée sans affectation, équilibrée, rythmée.
Le récit est construit sur l’alternance de plusieurs voix qui se succèdent sans ordre apparent pour raconter cette histoire.
Le style ne change pas entre ces différents personnages, mais chacune de ces voix a sa particularité, sa vision des choses, ses espérances ou au contraire une conscience aigue de son destin et de sa fin.
Chacune donne au lecteur un point de vue différent et une occasion de s’intégrer dans le récit.

Clairement, c’est l’histoire de Drypteis qui m’a le plus séduite.
Cette femme qui a voulu s’extraire de son destin, prendre sa vie en main en se retirant aux confins de son monde et se retrouve malgré elle au milieu d’un nouveau carnage, m’a profondément touchée.
Son chemin est long et difficile mais elle le choisit, elle ne se laisse pas faire et le texte est à la hauteur de sa personnalité.

Son voyage entraine les autres, et si Alexandre est au cœur du récit, il ne peut que se laisser porter, demander pour être exaucé sans pouvoir agir lui-même.
Il en est de même pour Éricléops, qui parvient à s’extraire de sa condition pour guider ses anciens camarades, mais reste soumis à Alexandre.

Les jeux de pouvoir, la quête du trône d’Alexandre passent alors au second plan pour laisser la place à autre chose, à une quête de soi même et de sa place en ce monde.
Quelle est la place de Drypteis, du corps d’Alexandre, de chacun de ses lieutenants, de son épouse ?
Comment trouver sa place en ce monde quand d’autres ont choisi pour vous ? Comment s’extraire d’un destin qui vous enferme et tente de vous rattraper ? N’y a-t-il que la mort pour solution ou la disparition pourrait-elle suffire ?

Évidemment, le commun des mortels a peu l’occasion de se poser ces questions, mais si aucun empire ne souhaite vous rattraper, vivez-vous pour autant la vie à laquelle vous aspiriez ?
D’autres que vous même n’ont-ils pas essayé de vous entrainer sur des chemins qui n’étaient pas faits pour vous ?
 
Au delà d’Alexandre et du roman historique, ce roman m’a semblé parler de choix de vie, de poids sur les épaules et d’acceptation de soi.
Bien sûr, il faut adhérer dès le départ à ce récit d’outre-tombe, et j’ai parfois trouvé un peu too much l’arrivée d’un fantôme au milieu de la plaine.
La quantité pléthorique de personnages m’a aussi perdu quelques fois.
Ces deux petites réserves n’ont toutefois jamais gêné ma lecture.

Si vous aimez Laurent Gaudé, si vous appréciez la belle écriture, les romans travaillés, exigeants mais qui n’excluent personne, si vous avez une passion pour Alexandre le Grand ou les romans historiques (mais celui-ci va au-delà), ce livre pourrait bien vous plaire.


Je remercie Entrée Livre et la librairie Decitre pour l’envoi de ce livre.



Je clos le 1er pourcentage du challenge 1%  Rentrée littéraire 2012  avec ce 7e roman. 



lundi 8 octobre 2012

C'est lundi...

En ce lundi, voilà un petit point sur mes lectures et sur les billets prévus cette semaine.

La semaine dernière, j'ai beaucoup lu, mais surtout dans le train en numérique.
Comme le principal roman que j'ai en cours est un grand format, ce n'est pas pratique à trimballer et je préfère la liseuse.
Mais du coup, il n'est pas encore terminé et je le traine un peu.
Il va falloir que je m'y mette sérieusement.

D'un autre côté, j'ai quand même beaucoup lu la semaine dernière, puisque j'ai dévoré deux romans dont un en trois tomes :
- Moi et toi de Niccolo Ammaniti
- La mémoire froissée de Christine Machureau

Le billet sur le roman d'Ammaniti devrait être publié en fin de semaine, après celui portant sur le dernier Laurent Gaudé.




Ce weekend, j'ai tenté de poursuivre Plan de table et j'y suis plutôt bien arrivé.




 Et la semaine prochaine, il y a plusieurs romans au programme :
- Home en numérique
- Sensorium pour Libfly
- Blood Hollow pour les Chroniques de la rentrée littéraire




Et vous ? Vous lisez quoi ? 



dimanche 7 octobre 2012

Instabento :D


En ce dimanche soir, des petites photos venues de mon compte Instagram (Estellecalim).

L'arrivée d'une tablette dans ma maisonnée m'a permis de rejoindre ce réseau qui ne présente pas beaucoup d'intérêt, mais qui me fait rire.
Mes photos sont souvent sans aucune qualité technique et les filtres me déçoivent quasiment tout le temps, mais je les utilise quand même ;)

L'avantage, c'est que cela développe le regard et amène à voir des choses qu'on ne remarquerait pas autrement.
Par contre, je ne fais pas beaucoup de photos, parce qu'une tablette, c'est quand même moins pratique à dégainer qu'un téléphone.

Je n'ai pas beaucoup d'abonnements non plus, je trouve que ce n'est pas facile de trouver des comptes sympas sur Instagram.
Si vous avez un compte, n'hésitez pas à indiquer votre nom en commentaire, et si vous connaissez des applis sympa, faites pareil...



Insta bento mac n'cheese



Une petite fournée de madeleines ? 



Il faut profiter des derniers rayons du soleil











Chez Lyiah, on passe le dimanche en photo et c'est aussi chez 


samedi 6 octobre 2012

Une nouvelle date à noter ^-^


Aujourd'hui, un nouveau petit bout a rejoint notre monde et m'a fait tata pour la deuxième fois. 


Un futur petit lecteur ? 

Peut-être ou peut-être pas, 
mais ce qui est sûr, c'est que tata aura souvent des livres dans son sac 
pour son petit chou comme elle en a souvent pour sa grande soeur. 


Bienvenue petit Eden 
et une belle vie à toi !







jeudi 4 octobre 2012

Peste et choléra de Patrick Deville


La plupart du temps, je ne suis pas fan des romans encensés par la critique.
Je n’aime pas les succès de librairie, et les critiques professionnels semblent parfois s’être arrêtés à la 20e page du roman.
Pourtant, cette fois, je suis plutôt d’accord avec eux et je vous avoue d’emblée avoir été séduite par ce roman.
Je dois tout de même préciser que parmi les quelques journalistes que j’ai entendus, il y en avait une très virulente qui n’avait pas aimé du tout.
Mon esprit de contradiction est donc satisfait !

Yersin rentre à Nha Trang en cette année 1940 par le dernier avion autorisé à décoller avant plusieurs années.
Si le voyage dure désormais 8 jours, il n’en était pas de même lorsque Yersin s’est rendu en Indochine à la fin du 19e siècle.  
Il fallait alors passer un mois sur le bateau, où le jeune médecin exerçait la fonction de médecin de bord.
Mais ce n’était pas son premier métier, car lorsqu’il monta à bord, il venait de passer plusieurs années auprès de Pasteur et faisait désormais partie de la petite bande de scientifiques que le grand homme a ensuite envoyé au quatre coins du monde.
Yersin est d’ailleurs un précurseur, le premier à partir à l’aventure que Pasteur laisse filer de mauvaise grâce. Mais il s’ennuie et aspire à autre chose que les quatre murs d’un laboratoire.
Et on peut dire qu’il sera servi. D’expédition en missions scientifiques, de barque en paquebot, Yersin défriche, trace des routes, explore, découvre, crée, développe, élève…

Les aventures d’Alexandre Yersin seront extraordinaires.
Il est infatigable et s’ennuie très vite. Il lui faut sans cesse un nouveau territoire à découvrir, un nouveau jouet à utiliser, une nouvelle chose à fabriquer, un nouveau sujet d’étude.
Cette énergie inépuisable l’amènera à Bombay, à Hong Kong (où il découvre le bacille de la peste), à Hanoi, il explore les montagnes, les fleuves, ou les rues de Paris.

Ce rythme effréné trouve un bel équilibre avec l’écriture si particulière de Patrick Deville.
Très posé, avec des phrases courtes qui semblent simplement décrire les pérégrinations de Yersin, l’auteur livre un carnet de route original qui ne peut pas laisser indifférent.
La vie de Yersin nous est décrite avec précision, mais sans état d’âme.
Le narrateur suit le chercheur, il l’observe mais ne se fait jamais omniscient.
Le roman n’est pas pour autant insensible et je me suis passionnée pour cet homme, bien que je sois généralement difficile avec les narrateurs observateurs.
Le talent de Deville est justement de nous permettre d’accéder à l’existence de cet homme, sans le laisser paraître.

Maison de Yersin - Nha Trang
Pour cela, il utilise de nombreux personnages annexes.
Il fait appel à Rimbaud, Stanley et d’autres explorateurs plus ou moins connus pour mettre en relief le sens de l’aventure de Yersin.
J’ai parfois été peu sensible à ces aventuriers qui surviennent dans le récit, mais on s’y fait.
Par contre, ce qui m’a beaucoup plu, ce sont les citations des lettres de Yersin.
Deville a eu accès aux archives de l’institut Pasteur, et a pu lire le courrier reçu et envoyé par Yersin.
Il en a tiré de nombreuses citations qui émaillent son récit et qui donnent l’impression d’entendre Yersin parler au lecteur.

La figure du narrateur est elle aussi originale, même si l’on peut la trouver un peu factice.
Deville choisit de le personnaliser et de lui donner une figure concrète dans le récit.
Il parle de ses voyages et de sa quête d’information en utilisant la dénomination de voyageur du futur et manifeste sa présence avec beaucoup d’humour.

Institut Pasteur - Dalat
Je dois néanmoins ajouter que si ce livre m’attirait avant même de l’avoir ouvert, c’est que j’avais un a priori très positif, dû à un séjour à Dalat pendant lequel j’avais découvert l’institut Pasteur local, et dû également à des recherches sur la peste datant du temps où j’étais guide conférencière.
De ce point de vue, je n’ai vraiment pas été déçue, mais je ne suis pas sure d’être très objective  J.

C’est donc un roman que je conseille facilement depuis que je l’ai lu, tout en ajoutant qu’il est préférable de lire quelques lignes en librairie avant de le faire sien, car le style de Deville est quand même très particulier.

Si vous aimez les récits de voyage, les aventuriers, la recherche scientifique, les romans originaux et bien écrits, vous devriez apprécier.


Un sixième roman lu pour le challenge 1%  Rentrée littéraire 2012  (objectif presque atteint, mais je continue), et un premier roman lu pour le très sympa club des lecteurs numériques.








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