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mercredi 29 mars 2023

À qui la faute de Ragnar Jónasson 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Aaaaahhhhh ! La littérature nord européenne !
Je ne sais pas si cela tient au climat, à leur mode de vie, aux coutumes et rituels sociaux mais on y trouve tout de même beaucoup de thriller, romans psychologiques et autres meurtres sanglants.
Et en voilà encore un qui vous plongera dans la neige et la tempête, au milieu d’un huis clos dont tous ne s’en sortiront pas ! 
 




Comme chaque année, Daniel a accepté de participer à un weekend où il retrouve traditionnellement ses quelques amis d’enfance.
Le début du séjour est tendu.
Armann a organisé une session de chasse dans la montagne qui ne le réjouit pas vraiment.
Il ne tire pas au fusil, il n’aime pas la randonnée, tout cela s’annonce compliqué mais Daniel est prêt à faire des concessions maintenant qu’il est là…

 
Évidemment, comme il faut s’y attendre, tout ne va pas se passer comme prévu.
Une tempête imprévue surprend le groupe en pleine montagne et les oblige a s’abriter dans un refuge spartiate.
Je ne vous en dis pas plus, ce serait dommage que vous perdiez le plaisir de la découverte mais l’auteur va ensuite s’amuser à surprendre son lecteur en introduisant des éléments imprévus.
Parallèlement, il retrace la vie de chaque personnage et permet au lecteur de les connaître un peu mieux.
On découvre ce que chacun a vécu auparavant, leurs relations avec les autres, ce qu’ils ressentent.
Chaque chapitre est vu sous l’angle d’un des personnages pour renforcer cette focalisation, à la fois en direct pendant les évènements et dans le passé.

Cela aurait pu fonctionner mais malheureusement, j’ai trouvé le récit un peu laborieux.
L’idée de départ est chouette, j’aime bien découvrir les personnages petit à petit, mais ici, cela manque de rythme et certains évènements étaient un peu trop prévisibles.
Il y a peu de surprise, on tombe dans des effets classiques du genre avec trop de facilité.
Il y a également des répétitions dans le texte, une insistance sur les émotions de certains personnages qui sont agaçantes.
Une histoire un peu resserrée, plus efficace aurait été une bonne chose. 
Les droits du roman sont d'ailleurs déjà vendus pour une adaptation ciné, ce qui pourrait donner un film sympa. 

Heureusement, la version audio permet d'écouter en vitesse légèrement accélérée, ce qui donne un peu plus de tension.
Slimane Yefsah lit les 4 voix mais on se repère assez bien, même si on n'a maqué d'attention au début du chapitre pour écouter qui parle. 
La traduction est claire, le style est efficace, ce que renforce l'écoute du roman. 

C’est donc un roman qui promettait beaucoup mais qui ne tient malheureusement pas ses promesses, surtout quand on sait que l'auteur est un "maitre du polar".
Si toutefois vous aimez les thrillers pas trop effrayants, cela pourrait vous plaire et la version audio est vraiment pas mal.








 

vendredi 24 mars 2023

Entre fauves de Colin Niel 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Voila ma deuxième lecture audio pour le prix Audiolib avec un livre très particulier. 

Il y a parfois des romans dont le sujet n’est pas celui qu’on croyait en lisant le résumé de l’éditeur, et n’est pas non plus vraiment celui qui semblait se dessiner lors de la lecture.
C’est le cas pour ce roman qui semble parler de la chasse, mais qui, à mon avis, parle finalement de la nature animale de l’homme.



 
Martin, garde-forestier un peu bourru, a des idées bien arrêtées sur la gestion de la nature et de la nature dans le parc national où il travaille.
Dès qu’il peut embêter les chasseurs, il répond présent.
Il a d’ailleurs repéré sur les réseaux sociaux la photo d’une jeune femme posant fièrement avec son arc devant le cadavre d’un lion.
Avec les membres de son groupe d’anti-chasses, il la piste sur Internet pour lui faire passer l’envie de recommencer, mais la traque est plus difficile que prévu…


J’avais lu des avis de lectrices outrées par ce livre qui prônerait la chasse, ce qui les aurait empêcher de dépasser les premières pages.
Grossière erreur !
Dans ce roman, l’extrémiste n’est pas où on le pense, le chasseur non plus et c’est tant mieux.
Il y a l’histoire racontée, pleine de suspense, terriblement efficace, où les évènements arrivent au moment où on ne les attend plus, et puis il y a le propos qui se dévoile lorsque tout est fini.

C’est également un roman très étrange, parce qu’il traite de sujets d’actualité avec une apparente neutralité.
Martin est garde-forestier et s’inquiète du réchauffement climatique, de la mort de l’ours Cannelle, de l’impunité de tous ceux qui fréquentent son parc et peuvent transgresser la loi sans en subir les conséquences.
Celle qui se présente sous le nom de Legolas est étudiante mais chasse depuis son enfance, y compris du gibier sauvage lors de chasses en Afrique.
Kondjima est un Himba qui vit dans son village, fidèle aux traditions, contrairement à son ami qui travaille dans un camp de chasse.

Chacun explique son point de vue, ses choix, avec des faits, des chiffres, des informations et des arguments qu’on ne peut pas contester.
On apprend combien coûte un lion, une antilope, combien cela rapporte pour les réserves, et on prend conscience de l’utilité occasionnelle des « prélèvements ».
Bon, ok, c’est ce point, j’imagine qui fait réagir et hurler contre cette histoire mais elle est racontée du point de vue de plusieurs personnages : Legolas, Martin, Kondjima, et le lion.
Cet intrusion du lion dans la narration est d’abord très surprenante.
Et puis il devient un personnage comme les autres, ce qui, justement, peut amener le lecteur à se poser des questions.
Le lion est-il considéré comme un humain, et faut-il le traiter aussi dignement que nos semblables ?
Ou est-ce une façon de nous montrer la sauvagerie des hommes et de les placer au niveau de cet animal ?
Cela peut finalement fonctionner dans les deux sens et il m’a semblé que le propos du livre était plutôt là et sur la question des extrêmes.
La fin du roman est ainsi particulièrement bien trouvée, elle amène le lecteur à réfléchir et ce n’est pas si fréquent.

La version audio est lue par 4 comédiens pour rendre la pluralité des chapitres : Thierry Blanc, Charlotte Campana, Alexandre Nguyen, Cyril Romoli.
l’alternance des voix permet de bien suivre les passages entre les différents personnages.
Le livre dure plusieurs heures mais le récit est condensé, ce qui permet de bien suivre, même si vous faites une pause (mais comment faire une pause ??).


C’est donc un roman très particulier par son sujet, mais vraiment réussi.
Que vous soyez anti ou pro chasse, ou sans avis sur la question, cela pourrait bien vous plaire.

C'est aussi ma deuxième lecture pour le prix Audiolib avec un livre audio qui se place d'emblée très haut dans mon classement personnel !!

(Et j’ai tenté plusieurs choses pour les photos sans parvenir à me décider, alors je mets les 2  😂)

 












 
Et hop ! une participation supplémentaire pour le  challenge Petit Bac d'Enna avec un gros mot si elle l'accepte 😅


 
 
 
 
 
 
 
 
 

samedi 18 mars 2023

Tant que le café est encore chaud de Tochikazu Kawaguchi 🎧 📘 [Prix audiolib 2023]

Lorsque j'ai découvert la sélection du Prix Audiolib version 2023, j'ai été ravie de voir que ce roman en faisait partie.

Je l'ai écouté il y a quelques mois et j'ai adoré ! 

C'est donc avec grand plaisir que je commence cette série de billets sur les livres du prix avec ce titre qui ravira vos oreilles tel un petit bonbon sucré mais pas trop, réconfortant et apaisant.

 
 

 
Fumiko a rendez-vous avec son petit ami.
Malheureusement, il n’est pas là pour la demander en mariage comme elle l’espérait mais pour lui annoncer qu’il part.
Paralysée par la surprise, elle ne parvient pas à lui demander de rester.
Quelques jours plus tard, elle se souvient que le café dans lequel ils se sont vus à une réputation étrange.
Il serait possible d’y retourner dans le passé…

Un roman japonais fantastique… ou un petit roman feel good ?
Un peu de tout ça !
J’ai commencé l’écoute de ce titre en étant un peu circonspecte.
Je m’attendais à un texte léger, rapide, qui permet de passer un bon moment mais qui s’oublie très vite une fois terminé.
Et finalement, ce texte est plus profond que cela.

Il ne s’agit pas seulement d’un roman « feel Good », un de ces romans qui font du bien en rassurant sur le sens de la vie.
Il y a aussi une réflexion plus profonde sur ces actes que nous avons accompli et que nous regrettons parfois.
Et si nous pouvions revenir en arrière ? Si nous pouvions retourner dire cette phrase qui tourne en nous mais qui n’est pas sorti quand il l’aurait fallut ?
Le récit fait ainsi une belle place à une réflexion sur la façon d’envisager la vie, de considérer le passé, de vivre avec les autres et de les respecter.

Mais c’est aussi un roman avec une jolie histoire, ou plutôt des histoires qui se succèdent.
La structure du texte évoque les chapitres des mangas où chaque partie peut parfois constituer un récit autonome.
Il y a l’histoire de Fumiko, puis celle de Kei... quatre femmes en tout qui vivent des évènements complexes et ont besoin de boire cette fameuse tasse de café qui permet de revivre un moment particulier de leur vie. 
Les relations entre les personnages sont aussi pleines de délicatesse et d’émotion.  

La lecture de Philippe Spiteri est elle-aussi délicate et sereine, comme le texte de ce roman.
Elle permet de suivre le fil de l’histoire sans effort et est parfaite pour découvrir les livres audios si ce n’est pas déjà fait.

C’est donc un petit roman très joli, un peu triste mais émouvant, qui donne aussi à penser et est bien plus profond qu’il n’y parait. 
 
Une suite est sortie, je guette sa sortie en audio...
 
 
 
 
 
 




 

 

 

lundi 6 mars 2023

Cette nuit-là de Victoria Hislop

 Écrire une suite ou un roman dérivé peut être un piège.
Le second roman va-t-il égaler le premier ? Sera-t-il aussi bon ou au moins aussi intéressant ? Le lecteur ne sera-t-il pas frustré s’il a imaginé autre chose ?
Toutes ces questions ne m’ont pas empêchées de lire ce petit roman qui est la suite de l’île des oubliés. 

 
25 août 1957, la colonie de lépreux de l’île de Spinalonga voit partir ses derniers occupants.
A Plaka, en Crète, juste en face de l’île, on fête le retour des exilés guéris.
Alors qu’Anna s’approche de la fête, son mari Andreas lui tire dessus, rongé par la jalousie.
Fou de chagrin, Manolis, amant d’Anna et cousin d’Andreas, prend quelques affaire et monte dans un bateau pour la Grèce…

Pour ce roman, Victoria Hislop a choisi de s’intéresser à Manolis, personnage secondaire de l’île des oubliés qui était évoqué comme un oncle lointain dont on était sans nouvelle.
Tout en étant absent, ce personnage avait une grande importance et était fréquemment cité.
On est donc forcément curieux de connaître les détails de sa vie et l’autrice a su tiré le bon fil pour nous attirer.
Comme on peut s’y attendre, Manolis est très malheureux et doit reprendre sa vie en main.
Au hasard des rencontres et de son errement, il va croiser des routes toutes aussi torturées que la sienne et son personnage évolue petit à petit.
Le récit de ces évènements est croisé avec celui de la vie de Maria, et par ricochet, celle d’Andreas après son procès.


Maria décide en effet de rendre visite à son beau-frère dont elle élève la fille.
Ce n’est pas un geste simple, il a tout de même tué sa soeur, mais elle souhaite faire ce geste.
Les enfermements s’inversent, puisqu’elle est désormais libre de ses mouvements alors qu’il est enfermé.
Condamné à perpétuité, celui-ci doit aussi survivre dans une prison insalubre et surpeuplé, ce qui donne l’occasion à Victoria Hislop d’évoquer les prisons de cette époque.

L’histoire de Maria est celle qui m’a le plus touché, je l’avoue.
Elle se reconstruit doucement, elle se marie et doit retrouver une place dans une société dont elle a été exclue un certain temps.
Cela prend du temps, et on se demande si elle y parviendra réellement un jour.
Manolis, à l’inverse, s’enferme dans son chagrin et doit lutter contre ses démons tout comme ceux de ceux qui l’entourent parfois.
Cela m’a intéressée mais je n’ai pas été aussi sensible à son histoire.

Quant à l’écriture, elle est toujours aussi fluide et agréable.
Ce roman se lit vite, vous le dévorerez sans problème.
En bref, je vous le conseille donc sans hésiter, surtout si vous avez aimé l’Ile des oubliés. 
 
 
 

 

mardi 28 février 2023

Anne, la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery [Version audio]

Connaissez-vous la jeune Anne Shirley ?
Quand j’étais petite, ma maman avait un exemplaire de la maison aux pignons verts et disait volontiers que c’était un beau roman qu’il faudrait que je lise plus tard.
Voilà qui est fait ! 
 
 

 
Lorsqu’il va chercher à la gare l’orphelin qu’il a prévu d’héberger pour l’aider à la ferme, Matthew cutberth découvre que c’est une fille qui l’attend sur le quai.
Lors du trajet de retour, elle s’émerveille des arbres, du lac, et bavarde sans interruption, ce qui n’est pas sans déplaire à Matthew.
Mais Marilla n’est pas de cet avis.
Après avoir fait connaissance avec Anne, elle envisage de la ramener à l’orphelinat pour l’échanger avec le garçon qu’elle attendait…

Quand on s’attaque à un monument de la littérature, se faire un avis peut être un peu difficile.
On a forcément déjà lu ou vu des choses, surtout lorsqu’il y a une série à succès qui a été tirée du roman.
J’ai aussi choisi la version audio et je crois qu’il y a plusieurs traductions qui sont disponibles chez plusieurs éditeurs.
Mais je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre car je me suis justement retenue de voir la série avant d’écouter le roman.

La première chose que je peux dire, c’est qu’Anne est une sacrée bavarde, ce que la version audio met vraiment en avant !
On a l’impression de l’entendre parler, parler et parler encore, surtout dans les premiers chapitres où elle découvre Avonlea.
Fort heureusement, on s’habitue et le roman laisse la place progressivement au récit de la vie d’Anne.
Et cette vie est vraiment mouvementée.
Entre ses étourderies, la découverte de sa nouvelle vie, ses amies et l’école, elle ne s’ennuie pas et le lecteur non plus.
La voix de la lectrice nous fait entendre la narratrice qui raconte ce que vit Anne.
Elle anticipe parfois en annonçant un malheur ou une grande joie mais elle ne juge pas cette enfant espiègle qui sait apparemment si bien se faire aimer.
C’est doux et tendre à la fois, et on se surprend à attendre la future bêtise avec impatience.
Evidemment, en grandissant, Anne en fait moins, et c’est alors son univers qui s’élargit et passe au premier plan.

Le roman est rythmé, sans temps mort.
Les évènements puis les années s’enchainent et lorsque les derniers mots sont lus ou écoutés, on est un peu triste de quitter Anne et Avonlea.
Heureusement, il y a d’autres tomes qui se chargeront de raconter la suite !




 

 

vendredi 10 février 2023

Le rocher blanc d'Anna Hope

Un rocher peut-il être le héros d’un roman ?
Il peut en tout cas en être le titre et laisser le lecteur dans le doute face à l’histoire qui est racontée.
Mais est-ce réellement le rocher qui est au centre de ce récit ? 


 

 
Dans ce mini bus, il fait chaud et il est bien difficile de tenir une petite fille de 3 ans.
Mais l’écrivaine se débrouille comme elle peut à coup de dessin animé sur sa tablette et de lait d’amande trouvé dans les petites supérettes sur la route.
Si le pèlerinage jusqu’au rocher blanc est plus facile qu’autrefois, la route est tout de même longue pour traverser le pays, et cela lui permet de revenir sur sa vie et ce qui l’a amené ici…


Quel étrange roman !
Je n’avais lu que le résumé de présentation et je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre.
Je me suis fiée au nom de l’auteur dont les précédents romans ont reçu des avis généralement positifs et j’étais curieuse de la découvrir par moi-même. 
 
La structure choisie est désormais classique.
Quatre récits s’entrecroisent pour raconter des moments de vie.
D’ordinaire, les récits finissent par se confondre, ou les personnages ont un point commun.
Ici, c’est le point commun qui est original car il s’agit d’un rocher, le « rocher blanc » qui s’érige dans une baie du Mexique. 

 

 
 
Les personnages, eux, vivent à des époques différentes mais se rendent tous vers ce rocher.
Ce sont ces voyages qui sont racontés.
L’écrivaine traverse le pays en 2020 pour remercier le rocher, le chanteur fait le trajet à pied depuis son hôtel en 1969, la fille est sur un bateau et a été déportée vers les plantations en 1907, tandis que le lieutenant monte dans une barque en 1775 avec un autre lieutenant pour tenter de lui sauver la vie.
Le défaut de ces croisements réside parfois dans l’inégalité des récits, mais ici, cela fonctionne parfaitement.
Chaque récit a sa place et n’empiète pas sur les autres.

Évidement, on préfère un personnage ou un autre et il serait faux de dire que j’ai tout aimé.
Mais cela ne m’a pas semblé être un défaut du texte. 


La narration est douce, le récit coule même s’il est parfois violent.
Le rocher préside à ces vies qui passent sans se préoccuper des vivants.
On voudrait savoir ce qu’il se passe ensuite, ce que deviennent les personnages mais au fond, on le devine et le texte comporte des informations qui permettent de le deviner.

La lecture audio est chorale pour correspondre à chacun des récits. 
Pierre Lognay, Maxime Van Santfoort, Célia Torrens et Mélissa Windal alternent pour raconter les 4 histoires. 
Chaque voix correspond bien à ce qu'elle raconte et permet de mieux cerner le caractère des personnages.
Cela participe aussi à cette douceur, à ce calme dans la tempête.
Chaque personnage se débat avec sa vie, contre un ennemi extérieur et contre lui-même.
Les lecteurs et lectrices ont su rendre ces récits multiples avec leurs doutes et leurs failles.
C’est très agréable à écouter.


C’est donc une jolie découverte et je lirai sûrement le roman précédent d’Anna Hope.
En attendant, je vous conseille celui-ci sans hésiter. 
 
 
 






 
 
 
 

jeudi 19 janvier 2023

Les vertueux de Yasmina Khadra

J’ai découvert Yasmina Khadra il y a pas mal d’années avec L’attentat, un roman qui m’avait vraiment marqué.
Depuis, je tourne autour, je crois qu’il y a deux ou trois titres dans ma PAL et ma PAL audio de cet auteur, mais je ne m’étais pas décidée à le relire.
Et puis le résumé de ce roman m’a plus, il était dispo sur Netgalley et je me suis dit que c’était une bonne occasion.
Et j’ai bien fait ! 
 
 

Yacine est un petit berger qui sait lire et écrire.
Sa vie se résume à sa famille, son village et ses bêtes jusqu’à ce que le seigneur du coin le convoque pour lui proposer un marché.
Après ce jour, sa vie ne sera plus jamais la même.
Les ennuis et les désillusions s’enchainent, Yacine se laissant chahuter par son destin…

Difficile de faire un résumé qui donne envie sans trop en dire !
La vie de Yacine est effectivement bien remplie, mais l’un des intérêts du roman réside dans la découverte de ces péripéties.
On se dit souvent « mais que va-t-il encore lui arriver ? » (et si je vous raconte tout, bah c’est plus drôle !).
Et pourtant, tout est vraisemblable.
Certes, il est un peu naïf, mais s’il l’était moins, il ne pourrait de toute façon pas s’en sortir car chaque fois, il est piégé.
Tel un nouveau Candide, la fatalité le poursuit et se referme sur lui, mais chaque fois, il reste droit, honnête et une lumière finit par émerger.
 
On s’attache donc énormément à cet homme qui grandit puis vieillit en acceptant son sort.
On apprend à le connaitre, puis on le suit dans ses pérégrinations.
Yacine est parfois tel un petit garçon qui observe le monde avec de grands yeux sans pour autant percevoir tous les fils qui se tissent.
Les luttes pour l’indépendance de l’Algérie sont esquissées en toile de fond, la guerre à laquelle Yacine participe en France est évoquée pour mettre en avant la souffrance des hommes et l’absurdité des pertes.
Mais c’est surtout un roman de l’amitié, de l’entraide et un beau roman sur l’Algérie du début du 20e siècle.

L’écriture de Yasmina Khadra sert le récit avec fougue et tendresse.
Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans cette histoire et se demande ce qu’il va se passer.
Il y a toujours un évènement à venir, une tension qui fait qu’on ne peut plus lâcher le livre.
La narration à la première personne nous immerge dans l’action.
Yacine raconte sa vie passée avec une tendresse pour lui-même qu’on ne peut que partager.
Les personnages secondaires ne sont pas oubliés, ce qui donne un roman vraiment équilibré.

La version audio lue par Slimane Yefsah sert le récit et vient apporter une vivacité bienvenue.
Le lecteur ne s’apitoie jamais, comme Yacine, et continue sa lecture avec entrain.

En bref, un excellent roman pour les lectures au coin du feu, ou pour toute autre saison !!



 




 

 

mardi 17 janvier 2023

là où chantent les écrevisses de Delia Owens 🎧 📘 [Prix audiolib 2021]

Je me suis aperçue il y a quelques jours que j'avais plein de brouillons d'avis de lecture qui trainaient dans mes fichiers. 
Certains y resteront, il ne faut pas toujours se forcer à parler d'un livre qui ne fait que passer, mais d'autres méritent vraiment d'en sortir parce que ce sont de belles lectures et que j'ai envie d'en garder une trace. 
Et puis parfois, j'ai même fait une jolie photo ! 
 
 
 
 
Un matin comme un autre, Kya voit sa mère quitter la maison et le marais, l'abandonnant elle et ses frères et sœurs. 
Et puis chacun d'entre eux disparait à son tour, la laissant seule avec son père qui part parfois plusieurs semaines. 
A dix ans, il lui faut apprendre à se nourrir, à s'occuper d'elle-même, à vivre dans un environnement pas toujours accueillant. 
Les jours défilent, la faim l'oblige à trouver des solutions et à sortir parfois de sa solitude mais elle devient la fille des marais, celle qui intrigue et fait peur... 
 
Il faut bien avouer tout de même que ce billet m'a donné du fil à retorde !
Sans savoir vraiment pourquoi, j'ai du mal à définir ce que j'ai pensé en détail de cette lecture. 
J'ai beaucoup aimé une fois le livre refermé, mais je crois que j'ai eu du mal à entrer dans les premiers chapitres et c'est un peu resté comme un regret à la fin. 
Je vous explique pourquoi : les deux ou trois premiers chapitres m'ont paru déjà vus. 
C'était encore l'histoire d'une jeune fille américaine en pleine construction à qui il arrive des trucs pas marrants. 
J'en ai lu plusieurs ces derniers temps et j'ai eu un sentiment de répétition et d'ennui, comme si la littérature américaine ne produisait que cela (👉🏻 My absolut Darling, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Betty et même Dans la forêt). 
Étant donné les avis hyper positifs lus un peu partout, j'ai essayé de poursuivre en gardant l'esprit ouvert. 
Et j'ai bien fait. 

L'histoire de Kya est touchante, attendrissante. 
On ne peut qu'aimer cette enfant abandonnée qui s'en sort par sa seule volonté. 
On s'interroge évidemment sur sa solitude, l'abandon complet d'un système, d'une société qui préfère laisser ce qui ne fonctionne pas de côté, caché pour pouvoir mieux l'écraser ensuite. 
Car l'histoire de Kya n'est pas un conte de fée. 
C'est celle d'une enfant maltraitée, seule et forcément traumatisée par ces abandons successifs. 

L'intérêt de ce roman réside aussi dans les descriptions du marais, de ses oiseaux, de ses habitants. 
Lors de ses brefs passages, le père de Kya lui a appris quelques informations qui lui seront utiles et qu'elle approfondira. 
Elle connait le marais comme sa poche et en explore tous les recoins. 

La version audio est lue par Marie du Bled. 
Sa voix douce correspond parfaitement à ce texte sensible. 
Elle se fait oublier, tout en donnant des intentions justes et bien placées. 
 
Je vous conseille donc sans hésiter cette pépite américaine qui se place finalement assez haut dans mon classement personnel. 
Et si vous l'écoutez, ce sera encore plus agréable, vous verrez !!  

 



 
 

jeudi 1 décembre 2022

L'épouvantail de Michael Connelly 🎧 📘

 Il y a des auteurs autour desquels je tourne encore et encore. 
Je les lis, je les abandonne, je les oublie et je retourne les lire. 
Connelly est de ceux-là. 
En faisant une petite recherche par ici, je me suis aperçue que j'avais lu plusieurs romans de cet auteur, souvent des petits morceaux de séries comme celle avec Renée Ballard, ou Bosch évidemment
Mais Connelly a également écrit une série mettant en scène un journaliste qui, je crois, n'avait jamais été traduite. 
Et ce qui est top, c'est qu'elle est disponible en audio chez Audiolib !! 
Voici donc mon avis sur le deuxième tome, L'épouvantail, et pour ne pas faire comme tout le monde, je vous parlerai plus tard du premier tome... 
 


 
James Mc Evoy vient d'être renvoyé ! 
Son journal fait des coupes budgétaires et commence par les plus anciens aux salaires les plus élevés. 
Il va lui falloir trouver un autre boulot, mais avant cela, il doit travailler avec celle qui va reprendre sa rubrique ! 
Agacé, il se plie tout de même aux ordres tout en ayant en tête un gros coup pour marquer son départ. 
Il va innocenter Alonzo Winslow, un jeune dealer de 16 ans accusé de meurtre... 

Évidemment, l'histoire ne s'arrête pas là. 
Un meurtrier particulièrement retors va apparaitre et menacer la vie du héros de très très prêt, en donnant du rythme à l'histoire. 
Et c'est une très bonne chose car je dois avouer avoir eu du mal au début de cette audiolecture. 
L'histoire met du temps à démarrer, ce qui parait normal a posteriori, mais il faut quand même tenir pendant les descriptions du fonctionnement d'une rédaction de journal et des impératifs économiques nécessitant des licenciements. 

Mais une fois passées les premières pages, l'action démarre et on est emporté par les évènements qui s'enchainent. 
James retrouve son acolyte du premier tome et malgré les années qui se sont écoulées, leur duo fonctionne toujours aussi bien. 
Il y a quelques évènements un peu improbables comme un licenciement et une réembauche immédiate mais ça passe car ce n'est pas le cœur du récit. 
 
La version audio est lu par André Nerman qui module sa voix pour que chaque personnage puisse être identifiable facilement. 
Le rythme correspond à ce type de récit et on suit sans peine l'enchainement des évènements. 

C'est donc un deuxième tome qui tient toutes ses promesses, un bon page turner que vous pourrez lire sans avoir lu le premier, même si, évidemment, c'est plus sympa de voir la relation entre les deux personnages évoluer.






mardi 22 novembre 2022

Nickel Boys de Colson Whitehead 🎧 📘 [Prix audiolib 2021]

Parmi la sélection du Prix Audiolib 2021, il restait un roman dont je n'avais pas parlé par ici, ce qui était vraiment dommage parce qu'il s'agit d'un très bon roman !
 
Elwood travaille bien à l’école et malgré son origine sociale, il parvint à aller à l’université. 
Malheureusement, quand on est un jeune noir qui circule dans une voiture pseudo volée, même si on n'est que l’auto-stoppeur, on finit en maison de correction ! 


 
 
Certains auteurs ont le talent de trouver à chaque nouveau roman un sujet qui fait mouche ! Colson Whitehead est de ceux-là ! 
Encore une fois, il nous entraîne dans une histoire dont on ne ressort pas indemne et qui reste longtemps en mémoire. 

Je connaissais déjà Colson Whitehead car j'ai lu Underground Railroad il y a pas mal de temps (et j'avais beaucoup aimé). 
Je partais donc avec un a priori positif. 
L'histoire est différente ici, puisqu'elle se déroule pendant une autre période historique. 
Il s'agit néanmoins encore une fois de dénoncer la place qui est donnée aux Noirs dans la société américaine.

Elwood raconte sa vie, son séjour dans la grande Maison Blanche où il doit séjourner, son pote qui l’a bien aidé, sa vie aussi après son passage dans cette « école ». 
En écoutant ce récit, on ressent profondément l’injustice qui marque cette communauté encore aujourd’hui. 
La voix du narrateur est puissante et entraine le lecteur qui enchaine les pages pour connaitre la suite. 
Mais il ne s'agit pas seulement de raconter une histoire. 
Les choses se sont un peu améliorées aujourd'hui mais il faut rester vigilant et c’est un roman indispensable pour la mémoire, pour ne pas oublier et faire comme s’il ne s’était rien passé. 
 
La lecture en version audio ajoute de la force au roman. 
On est en plein dans l’histoire et on ne peut que continuer à écouter pour savoir ce qui arrive à Elwood ! 
 
Vous l'aurez compris, c'est donc un sans faute pour moi et je vous conseille ce roman sans hésiter !! 
 
 

 
 



 
 
 

mardi 8 novembre 2022

Jamais je ne t'oublierai de Marjolaine Solaro

Voilà un premier roman que vous avez sans doute vu passer sur les réseaux sociaux ou en librairie puisqu’il a été beaucoup vu au moment de sa sortie en grand format et est sorti en poche récemment.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre lorsque je l’ai commencé.
Roman feel good ? Ou juste un roman plus classique ?  
En tout cas, je l’ai lu il y a plusieurs mois et pourtant, l’histoire est encore très claire dans ma mémoire.
 
 

 
Alors que sa femme est sur le point d’accoucher, Guillaume doit organiser les obsèques de sa mère.
En pleine tempête psychologique, il doit gérer à la fois l’enterrement, la douleur de la perte et surtout, tout ce que cela réveille en lui.
Il s’installe dans le train pour rentrer chez lui, et se retrouve assis à côté d’une femme dont il s’aperçoit vite qu’il ne s’agit pas simplement d’une voisine de voyage… 
 
Je « connais » Marjolaine Solaro depuis très longtemps.
Blogueuse de longue date, elle écrit des livres pratiques pour les familles ou sur le zéro déchet depuis plusieurs années et s’est finalement lancée dans l’écriture d’une fiction que j'avais hâte de lire. 
 
Et je commencerai en soulignant que ce premier roman m’a semblé original dans la construction du récit.
L’histoire se déroule sans accroc, les évènements s’enchaînent et on y croit plutôt bien. 
On tourne les pages avec plaisir et on a envie de connaitre la suite. 
Mais surtout, on attend LA rencontre promise par la 4e de couverture (ah ! Ces quatrièmes de couverture qui disent plein de choses…) et l’autrice prend le temps de mettre en place les différents fils narratifs.
Cela lui permet de construire ses personnages et d’attacher son lecteur à ces hommes et ces femmes qui sont finalement bien nombreux dans ce livre. 
 
C’est d’ailleurs la force de ce roman pour moi.
Les personnages sont vraiment construits, avec une vie esquissée en quelques mots mais qui nous parait déjà si dense.
Le moment de la révélation devient alors encore plus fort même s’il joue sur les synchronicités, sur l’absence de hasard dans nos vies.  
C’est un thème un peu trop récurrent à mon goût ces dernières années mais c’est quand même joli de penser que nos vies sont insérées dans un réseau de relations et se croisent plusieurs fois (et moi qui ai croisé mon conjoint quand j’étais jeune fille avant de le retrouver plus tard, je suis mal placée pour râler 😂). 
 
Je terminerai avec un tout petit bémol qui concerneles répétitions de rythmes ternaires un peu trop fréquentes à mon goût dans la première moitié du roman, ce qui m’a un peu agacée.
Cela s’estompe ensuite et on peut pardonner ce genre de petit défaut à un auteur de premier roman ! 
 
Je vous conseille donc cette lecture très agréable pour un dimanche au coin du feu, un après-midi sur la plage ou un trajet en train (inception idéale !). 
 





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