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lundi 17 mai 2021

Fuir et revenir de Prajwal Parajuly

Hier, il y avait une recette de biryani sur ce blog et j'ai eu envie de rester encore un peu en Inde avec un petit roman indien. 
Un roman qui permet de passer un bon moment, en plus au soleil, cela ne se refuse pas ! 

Surtout quand il permet de rencontrer des personnages plein de défauts mais finalement sympathiques. 


 


Pour son 84e anniversaire, Chitralekha a décidé d'organiser un chaurasi, une fête qu'on ne célèbre qu'à cette occasion. 
Ses petits-enfants qu'elle a élevé sont conviés à la fête mais en Inde, rien n'est simple. 
Agastaya, médecin émigré aux Etats-unis, n'est toujours pas marié, Manasa, diplômé d'Oxford, s'occupe de son beau-père malade et n'est pas heureuse, Bagwathi mène une vie misérable aux Etats-Unis, et le 4e, Ruthwa, ne vaut pas mieux. 
Chitralekha ne manque pas de leur faire sentir qu'ils auraient pu faire mieux, soutenue par Prasanti, eunuque qui la sert et la vénère... 

Vous l'aurez deviné, cette situation va permettre à l'auteur de raconter la vie de chacun de ces personnages, tout en démêlant les fils de ce qui les a mené là où ils sont aujourd'hui. 
Les relations sont très tendus, il y a de vieilles rancoeurs, des non-dits, des choses qui éclatent et d'autres qui sont enfouies encore plus profondément. 
Le ton reste pourtant plutôt gai, c'est une fête et chacun est tout de même content de se retrouver sur les lieux de son enfance. 

Le récit s'intéresse aux personnages l'un après l'autre et on les découvre petit à petit. 
Certains apparaissent puis disparaissent, d'autres sont là tout le temps. 
Le narrateur change aussi au fil des pages. D'abord omniscient, l'un des personnages prend ensuite la parole. 
L'écriture est maitrisée, le lecteur a immédiatement envie de savoir ce qu'il va se passer. 

L'auteur parvient aussi à évoquer un grand nombre de thèmes, notamment grâce à ces vies qui se croisent. 
Il parle de la place des femmes, des mariages arrangés, du tabou de l'homosexualité, des castes et des hors-castes, des relations compliquées entre l'Inde, le Bouthan, le Népal, des immigrés choisis et subis aux Etats-Unis, de la corruption... 
C'est un roman indien et on le sent bien dans l'évocation de tous ces thèmes, mais Prajwal Parajuly arrive à lui donner une valeur universelle en parlant surtout de l'homme et des difficultés de chacun à trouver une place dans nos sociétés modernes. 

Si vous cherchez un roman riche, sympathique, bien écrit (et surtout bien traduit puisque je n'ai pas lu la version originale), Fuir et revenir pourrait bien vous plaire ! 








#FuiretrevenirEmmanuelleCollasPrajwalarajuly #NetGalleyFrance                             

samedi 14 novembre 2020

Les fleurs sauvages de Holly Ringland

L’Australie est un pays bien lointain pour moi et je crois que je n’ai pas lu plus d’un livre ou deux se déroulant dans ce pays. 

C'est dommage et il fallait y remédier, ce que j'ai fait avec ce très beau roman. 

Si c'est aussi votre cas, voilà un excellent moyen d'en découvrir un peu plus (et avoir très envie de faire le voyage…). 





Quand ses parents ont disparu, Alice a été recueillie par sa grand-mère dans sa ferme horticole. Elle y a découvert le langage des fleurs, et une communauté de femmes qui l’a entourée pour qu’elle grandisse et devienne une femme forte. 

La ferme produit bien, les fleurs ont du succès et les femmes qui les cultivent se reconstruisent toutes doucement loin du monde et des hommes. Alice est destinée à prendre la suite mais la vie ne fait pas de cadeau et le chemin tout tracé n’est pas celui qu’elle va choisir…


Il y a plusieurs semaines que j’ai terminé ce roman et il reste profondément ancré en moi. 

Cette histoire est à la fois belle, lumineuse et tellement triste. 

Il est question de filiation, de transmission, de vies manquées, de bons et de mauvais choix, de répétition familiale, mais surtout d'apprentissage et de résilience.


Les femmes sont au cœur du récit et ce sont elles qui agissent (ou qui subissent les situations causées par d'autres femmes) mais les hommes ont aussi un rôle et vont souvent aider Alice à réagir et modifier le cours de sa vie, même s’ils le font parfois par défaut. 

Les personnages sont forts et on s'attache beaucoup à la plupart d'entre eux.


Et puis l’auteure a l’art de créer un décor évocateur. 

L’Australie est décrite dans toute sa variété, de la côte au bush aborigène. 

Je n’y suis jamais allée mais on ne peut s’empêcher de construire les images qu’elle nous décrit. 

La terre rouge, les couleurs des fleurs ou la mer paraissent magnifiques. 

Le roman est aussi rythmé par les gravures de fleurs sauvages australiennes et leurs significations. 

Cette originalité éclaire l’histoire et les fleurs choisies donnent souvent des indications sur le chapitre qui suit. 

 

En bref, vous aurez compris que j’ai beaucoup aimé. 
C’est un beau roman, sensible, qui vous emmènera loin et ce n’est pas négligeable par les temps qui courent…




https://www.netgalley.fr/






mercredi 29 avril 2020

La naissance en BD, découvrez vos super pouvoirs T.1 de Lucile Gomez [BD]

Je ne suis pas enceinte et cela ne m'arrivera plus, mais voilà une BD parfaite si c'est votre cas, si vous envisagez de vous lancer (😆) ou si vous connaissez une femme enceinte !
Les livres de ce genre ne sont pas nombreux et souvent longs à lire, surtout quand on est déjà fatiguée par le petit machin qui pousse dans notre ventre.
Une version BD est donc parfaite pour cette période si particulière.

Dans La naissance en BD, Lucile Gomez déconstruit ce que l'on pense savoir de l'accouchement.
Elle explique que la médicalisation actuelle de cet acte pourtant si naturel n'est pas indispensable en insistant sur un message simple : les femmes ont tout ce qu'il faut pour accoucher !
A partir de cette idée, elle passe en revue tout ce qui fait généralement obstacle au choix d'un accouchement dit "naturel" : peur de la douleur, infantilisation par le corps médical, et finalement prise de contrôle sur notre corps le jour de l'accouchement.

Je dois dire quand même qu'à titre personnel, je n'ai pas eu le choix, mes enfants sont contrariants et se sont présentés en siège tous les deux !
J'ai néanmoins eu la grande chance d'accoucher dans une maternité bienveillante où j'ai pu garder un minimum de contrôle sur ce qui se passait.
Ce livre m'a tout de même intéressé et les histoires d'accouchements qui se sont mal passés sont tellement nombreuses qu'il est indispensable.

Les informations sont précises, détaillées et les dessins viennent appuyer le propos pour que ce soit compréhensible.
Les dessins en noir et jaune sont plein de force avec un trait vif et efficace.
Je suis abonnée au compte de Lucile Gomez sur Instagram et je reçois sa lettre d'info tous les mois alors je connais bien le chat Mephistofelix qui l'accompagne et j'aime bien ses traits qui se prolongent.
Il y a une bibliographie en fin d'album pour aller plus loin.
Il y a quelques répétitions, mais l'idée est de convaincre et de transmettre un message fort.

Alors ? Convaincue ? Un cadeau à (se) faire ?
N'hésitez pas, c'est un tome 1 et plus il y aura d'exemplaires vendus, plus on aura de chance de lire le tome 2 !


Le billet de Bouquinbourg













mercredi 25 mars 2020

L'assassin du train de Jessica Fellowes (Les soeurs Mitford tome 1)

Parfois, il y a des romans qui nous résistent.
Il n’y a pas toujours de raison mais c’est comme ça.
Ce roman fait partie de cette catégorie pour moi puisque j’ai mis 9 mois pour le lire !!!
Je l’ai commencé le 13 mars 2019 et je l’ai terminé le 31 décembre parce que, vraiment, je voulais commencer 2020 avec un nouveau roman dans ma liseuse !
Mais ne partez pas, cela ne veut pas dire que le roman est mauvais 🙈

Louisa ne sait pas comment agir avec son oncle un peu particulier.
Quand son père est décédé, il s’est installé chez sa mère et celle-ci n’a pas su lui demander de partir.
Sans emploi, alcoolique et violent, il dépense l’argent gagné par les deux femmes et envisage une autre exploitation de Louisa pour profiter encore davantage de l’argent qu’il pourrait en tirer.
Heureusement, elle trouve un travail mais comment quitter sa mère...

Ce roman nous plonge dans les bas quartiers de Londres au début du 20e siècle avant de nous emmener dans la haute société chez les Mittford.
C’est d’ailleurs l’argument principal pour séduire le lecteur.
Le résumé du roman laisse penser que l'on va pouvoir s'immiscer dans le quotidien de cette famille et découvrir un peu leur mode de vie.
Ce n'est pas tout à fait vrai et c'est un peu dommage de le vendre avec cette argument car on risque d'être très déçu.
En réalité, c'est Louisa l'héroïne du roman et dans chaque tome, elle enquête avec l'une des filles Mittford.
Comme il y en a un certain nombre, cela promet au moins autant de tomes pour cette série.

L'enquête est bien construite et une série de fausses pistes égare le lecteur dans la dernière partie.
La vie de Louisa n'est pas non plus de tout repos, ce qui permet de ménager des rebondissements dans l'intrigue et de ne pas se concentrer que sur l'enquête.
Et puis évidemment, il y a quelques histoires d'amour, ce qui donne forcément envie de lire la suite.

En résumé, c'est un petit roman policier avec un cadre historique très ciblé mais néanmoins intéressant, qui sera parfait pour les vacances (ou un bon petit confinement 🙈) !







vendredi 28 février 2020

La disparition de Josef Mengele d'Olivier Guez

Parfois, certains livres nous paraissent loin de nos lectures habituelles et sans que l'on sache vraiment pourquoi, ça fonctionne quand même et on les apprécie plus qu'on ne l'aurait cru.
C'est exactement ce qui s'est produit avec ce roman dont la période historique n'est vraiment pas ma tasse de thé d'ordinaire (mais bon, j'ai lu Sadorski récemment et j'ai très envie de poursuivre dans cette époque).

Helmut vient d'arriver à Buenos Aires avec sa valise. 
Un peu perdu, il trouve une chambre et un petit emploi de charpentier. 
Il se fait discret et évite les lieux où se retrouvent les Allemands expatriés en Argentine. 
Les mois passants, il se laisse aller à fréquenter les cercles d'anciens nazis et se rapproche de ceux qui étaient autrefois ses collègues et amis... 

Qui ne connait pas Josef Mengele ?
Son nom est associé pour toujours aux camps de la mort, aux tortures, aux expérimentations notamment génétiques.
C'est le type même du salaud qui a réussit à s'en sortir en s'enfuyant sans être inquiété.
Du coup, je l'avoue, j'étais curieuse de savoir comment cette cavale s'était passée.
On imagine aisément un homme forte tête, peut-être violent qui arrive à s'esquiver grâce à ses réseaux.
Et c'est cela bien sûr, mais c'est aussi autre chose.
Olivier Guez est parvenu à retracer le parcours de Mengele tout en donnant accès à son état d'esprit.
Il n'y a jamais de complaisance, on n'est pas dans sa tête, mais on le voit évoluer au fil des années.
Il est sans cesse inquiet, prudent, et les seuls moments où il se laisse aller lui rappellent immédiatement qu'il est en fuite.
Et c'est là que l'auteur montre tout son talent.
Le lecteur ne s'identifie pas évidemment et heureusement, ce n'est pas le but, mais on est happé par le récit et on a envie de savoir ce qu'il va se passer.
Le ton neutre sert parfaitement le propos en n'ajoutant aucun pathos superflu.
Vu le sujet, le contraire serait délicat d'ailleurs.

C'est donc un texte à la fois instructif, utile et nécessaire pour garder la mémoire des évènements de 39-45.
Olivier Guez a fait de nombreuses recherches et ce livre a valeur de document historique.
Ce n'est pas une biographie, pas un roman, mais presque un compte-rendu de la cavale de Mengele.
En lisant ce livre, vous ne lirez rien sur Auschwitz et ce qu'il s'y est passé, mais vous aurez une idée plus précise de ce qu'il pouvait penser pendant qu'il tentait de se fondre dans le paysage pour ne pas être arrêté.

Si cette période historique vous intéresse, si vous êtes curieux de découvrir ce livre, si vous avez envie de lire un bon roman, cela pourrait vous plaire.








vendredi 7 février 2020

Les loyautés de Delphine de Vigan

Il y a longtemps que ce roman était dans ma liseuse.
Je ne sais pas pourquoi mais en janvier, j'ai eu très envie de le lire.
Un petit tour dans ma bibliothèque virtuelle (mieux rangée que la vraie) et hop, c'était parti !

Hélène, prof de SVT dans un collège, a repéré qu'il y avait un problème avec Théo mais aucun de ses collègues ne veut l'entendre. 
Théo, lui, a repéré un recoin sous un escalier où il se faufile avec son pote Mathis pour descendre des bouteilles. 
Il faut dire que la vie n'est pas rose pour Théo dont le foyer n'est pas particulièrement accueillant. 
Quant à Mathis, il suit son ami tout en étant lui-même observé de près par sa mère...

Chacun est scruté, observé par un autre dans ce roman où tous se retrouvent néanmoins très seuls.
Il y a toujours quelqu'un pour aider mais ce quelqu'un ne va pas toujours jusqu'au bout.
Alors l'auteur pose la question des loyautés, de la fidélité que l'on doit ou que l'on s'imagine devoir à sa famille, à ses parents, à ses amis.
Car dans ce roman, il est précisément question de cela, de ce que l'on se doit à soi et aux autres pour pouvoir continuer à se regarder en face, à se considérer comme une personne digne d'être parmi les humains.

Delphine de Vigan a choisi ici un sujet délicat, celui de l'adolescence, de la construction de soi, du détachement avec son socle familial.
Hélène doit faire le deuil de son enfance maltraitée, elle doit s'en détacher mais Théo lui renvoie en pleine figure ce qu'elle croyait avoir enfoui.
Son comportement est limite et sans doute pas très réaliste, mais il donne à voir ce qui peut se passer dans la tête d'un enseignant concerné par le sort de ses élèves.

Mais je l'avoue, ce qui m'a vraiment marqué, c'est ce que vit Théo, pris entre ses parents divorcés qui ne peuvent pas s'entendre.
Et là, je trouve qu'il faudrait faire lire ce roman à tout parent divorcé !!!
La mère de Théo en veut à la terre entière pour ce que lui a fait son ex mari et ce petit garçon en a bavé avant d'en arriver là.
Cela peut sembler banale mais les mots blessent, même quand ils sont prononcés à destination de l'autre qui n'est plus là.

C'est donc un roman bref, incisif, doux aussi mais terriblement cruel !










mardi 14 mai 2019

La révolte de Clara Dupont-Monod

Il y a parfois des personnages forts, emblématiques, qui marquent l'histoire et l'imaginaire collectif. 
Aliénor d'Aquitaine en fait partie et même si on n'est pas forcément spécialiste de ce qu'elle a vécu, on a une petite idée de la femme qu'elle fut, ou en tout cas de ce qu'elle a accompli. 
Clara Dupont-Monod a choisi cette figure du Moyen-Age comme sujet de son roman précédent Le roi disait que j'étais diable et poursuit l'histoire avec son fils Richard. 

Aliénor tient un conseil de guerre avec ses fils, réunis pour l'occasion dans son palais. 
Elle veut déclarer la guerre à son époux et pour gagner, il lui faut l'appui de tous, mais surtout de Richard, son fils préféré. 
Mais la guerre n'est pas facile à gagner quand Henri Plantagenêt est l'adversaire...

S'il n'est pas indispensable d'avoir lu le précédent pour aimer celui-ci, c'est tout de même préférable.
Alors que le premier traitait du mariage d'Aliénor avec le roi de France, La révolte aborde une période plus tardive, alors que ses enfants sont adultes et que son deuxième mariage avec le roi d'Angleterre tourne à la guerre ouverte. 
Clara Dupont-Monod reprend ses personnages pour dépeindre une partie de la vie d'Aliénor encore une fois pleine de fougue et d'action.
Elle le fait cependant du point de vue de Richard, alors que le premier volume était en partie vu par les yeux d'Aliénor.
Mais son fils ne voit qu'elle, ne vit que par elle, et c'est finalement toujours elle l'héroïne de l'histoire.

L'écriture est très sensible, mettant en avant les sentiments des personnages, l'impression d'abandon de Richard, le regard des autres sur cet homme qui retourne sa veste, la colère de son père, la vindicte d'Aliénor, la tromperie ou la séduction d'autres personnages.
J'ai néanmoins eu du mal à me prendre vraiment au jeu de cette écriture qui m'a paru trop distante.
D'ailleurs, la lecture des quelques lettres d'Aliénor par Clara Dupont-Monod m'a semblé beaucoup trop calme et sans ton.
L'auteure laisse penser qu'il s'agissait d'une femme posée, retenue, alors que ses actes comme ses paroles donnent plutôt l'image d'une furie colérique !
Sans tomber dans l’excès, j'aurais aimé plus de vigueur dans la lecture.

Si vous avez lu le premier, malgré mes réserves, je vous conseille tout de même cette lecture qui finit bien ce cycle.
On en apprend beaucoup sur ces personnages dont les noms résonnent encore aujourd'hui !






lundi 15 avril 2019

J'apprends le français de Marie-France Etchegoin

Les témoignages, en général, j'ai du mal mais parfois, le sujet me plait et je tente.
C'était le cas pour ce livre intitulé J'apprends le français de la journaliste Marie-France Etchegoin.
Elle y raconte ses heures de bénévolat dans un centre d'aide aux migrants où elle donnait des cours de français.

Autant le dire tout de suite, l'enseignement du français pour des étrangers, c'est mon boulot. 
Ce livre me faisait donc un peu peur tout en suscitant une grande curiosité. 
Je forme des enseignants qui ont parfois du mal à trouver du travail, notamment à cause du bénévolat. 
Certaines écoles de langue utilisent des bénévoles non formés pour remplacer de vrais profs. 
Tout le monde en pâtit mais je sais aussi que certaines associations n'ont vraiment pas les moyens de faire autrement. 
J'ai donc ouvert ce roman en me demandant ce que pouvait bien raconter une bénévole ayant les moyens de s'adresser à la société. 
Et comme prévu, le début du livre m'a semblé une justification de la narratrice qui explique qu'elle donne des cours de français à des migrants et des réfugiés à côté de chez elle un peu pour se donner bonne conscience. 
En tant que journaliste parisienne avec des enfants et un niveau de vie correct, elle se lance dans le bénévolat comme pour s'excuser d'avoir une vie meilleure que celle de ces gens qu'elle croise dans la rue. 
Mais évidemment, elle n'a pas du tout les compétences pour le faire (c'est pour ça qu'une formation existe avec de vrais profs non mais oh!). 

Et puis le livre évolue vers une description de ce qu'elle vit en classe, de sa relation avec ses élèves, de la vie de ceux-ci. 
De façon très honnête, Marie-France Etchegoin avoue ne pas se sentir légitime, elle se demande souvent ce qu'elle fait la, elle se sent démunie. 

Après la lecture de ce livre, je n'ai pas changé d'avis quant à l'effet pervers du nombre grandissant de bénévoles pour enseigner le français (ils peuvent faire tellement d'autres choses, mais ça c'est un vrai métier, vous ne laisseriez pas un bénévole vous soigner à l'hôpital). 
Mais j'ai l'impression d'avoir découvert les choses de l'intérieur et d'avoir partagé un peu le quotidien de ces personnes évoquées ici. 
J'ai mis le livre dans les bibliographies de mes étudiants et je l'ai conseillé et offert à quelques collègues. 
Je ne peux que vous inviter à le lire également, c'est très éclairant !




https://www.netgalley.fr/



lundi 11 mars 2019

Juste un peu de temps de Caroline Boudet


J'aurais pu publier ce billet vendredi dernier pour la journée du droit des femmes, ça aurait été drôle...

J’ai pas mal entendu parler de ce roman à sa sortie.
Il me tentait, mais je me demandais aussi ce que l’auteur pouvait bien avoir fait avec une histoire aussi banale.
Et puis un soir où j’avais besoin de lire un truc pas trop compliqué, je l’ai téléchargé sur ma liseuse.

Sophie n’en peut plus.
Trois enfants, un mari, une maison, un boulot, ses journées sont trop courtes et elle voudrait souffler un peu.
Mais comment faire quand il faut penser à tout, du vaccin des enfants aux chemises du mari ?
Engluée dans son quotidien, elle se demande comment elle va tenir, et puis, soudain, elle lâche tout…

En ouvrant ce roman, j’ai eu l’impression d’être dans le film Inception, vous savez, ce film où Leonardo Di Caprio ne sait plus trop s’il est dans la réalité ou dans un rêve lui-même dans un rêve, dans un autre rêve…
Les premières lignes du roman montrent Sophie qui peut enfin prendre une douche à 21h30, après avoir fini sa journée, mis sa maison en ordre, couché ses enfants.
J’ai commencé le livre à 21h36 dans ma salle de bain, alors que je venais moi-même de coucher mes enfants !
Et cet effet miroir dure une bonne partie du roman !
Caroline Boudet passe en revue les conséquences de la charge mentale avec une plume acérée.
Il y a la fatigue, la lassitude, l’envie d’être juste un peu seule de temps en temps, mais surtout seule dans sa tête et ça, ce n’est vraiment pas gagné.
Elle n’oublie rien de ces situations familiales qu’on connait aujourd’hui avec un homme qui a l’impression de « faire sa part », d’aider, de faire « ce qu’on lui demande ».
Oui, mais voilà, cela ne suffit pas et Sophie n’en peut plus.
Son mari va alors contacter leurs amis, ce qui donne lieu à des prises de parole tout aussi lasses et déprimées.

Mais à ce stade de mon billet, vous devez vous demander si c’est vraiment utile de le lire.
Si cette histoire raconte nos vies, on les connait déjà et on n’a peut-être pas envie de les retrouver dans un roman.
Oui, mais j’ai trouvé cela réconfortant de voir que je n’étais pas seule, je l’avoue.
C’est un peu comme le théâtre de l’antiquité et ses vertus cathartiques.
Voir Sophie se noyer dans son quotidien et prendre une décision brutale, c’est un peu le vivre par procuration (je vais néanmoins très bien, je vous rassure, mon boulot me permettant de faire ces pauses de temps en temps !).

Et puis c’est parfois drôle, souvent cinglant, sans prétention mais efficace.
Les pages sur la différence de traitement entre hommes et femmes quand on annonce une grossesse dans son entreprise, les copines jalouses, les hommes peu lucides, tout ceci est tellement vrai !

Alors si vous avez envie de vous sentir moins seule vous aussi, si vous voulez voir un peu ce que pensent les hommes mariés, ou les « bonnes » copines, n’hésitez pas ! 



https://www.netgalley.fr/


vendredi 8 mars 2019

Rendez-vous avec le crime de Julia Chapman

Depuis quelques mois, je choisis des livres plutôt légers.
Pas trop le choix avec les nuits discontinues depuis un an. 
Mais cela me réussit pas mal.
Je lis des romans plaisants, pas prises de tête et c'est finalement ce qu'on demande à la littérature à certains moments de notre vie. 

Samson O'Brien n'est pas revenu depuis bien des années, mais il se souvient de la vue depuis cette colline comme si c'était hier. 
Il faut dire qu'il a grandit ici à Bruncliffe, et s'il ne rentre pas complètement volontairement, il est tout de même content d'y trouver refuge. 
Delilah Metcalfe, quant à elle, ne sait plus trop comment sauver son entreprise et se résout à louer son rez-de-chaussée pour en tirer un petit revenu. 
Mais le locataire ne va pas lui plaire...

Pas de meurtre dans mon résumé, ce qui montre finalement que ce n'est peut-être pas le plus important par ici.
Ce premier tome d'une série qu'on espère longue nous présente un village et ses habitants, mais surtout deux héros pas banals, pas toujours commodes, et dont, pour une fois, j'ai retenu les prénoms sans problème ! 
Avec talent, Julia Chapman arrive à lier intimement l'histoire cadre et l'enquête pour passer en revue l'entourage de nos deux héros et décrire leurs caractères avec des détails qui les rendent vraiment vivants.

L'enquête n'est pas oubliée pour autant et j'ai cherché longtemps qui pouvait bien être le coupable !
L'histoire est rythmée, on a peur, on est curieux, on s'interroge, on attend la suite avec impatience.
J'ai même trouvé le coupable assez tard, ce qui est un signe de qualité pour moi.


En prenant des notes pour mon billet, j'avais noté "ne reste pas forcément en tête très longtemps" et pourtant, plusieurs mois après l'avoir fini, je m'en souviens encore très bien !
Et puis on passe un vrai bon moment dans ces pages, ce qui est quand même un très bon point.

Si vous aimez les bons romans policiers, les personnages attachants et les séries, cela pourrait vous plaire.
De mon côté, j'attends la sortie du tome 2 avec impatience ! 










mercredi 14 novembre 2018

Et si vous respiriez un peu mieux ? L'art de vivre Aïki de J.-P. Desbordes

Avez-vous déjà pensé à respirer ?
C'est un truc qui nous semble banal, auquel on ne pense quasiment jamais. 
pourtant l'auteur de ce livre nous propose de nous intéresser à l'air qui entre et sort de nos poumons et aux mouvements que cela implique.

Le Aïki est l'art du souffle. 
Comme un art martial, il sert justement d'appui à des arts martiaux qui nous sont plus habituels comme le,karaté ou le judo. 
C'est une discipline à la fois simple et complexe qui demande de lâcher prise et d'être attentif à soi-même. 

Jean-Philippe Desbordes nous invite donc à nous poser et à regarder ce qu'il se passe dans nos corps. 
Il raconte la prise de conscience de certains de ses élèves, comment il a lui-même progressé et indique l'effet produit sur chacun de ceux qui sont venus le solliciter. 
Il alterne ces récits avec des propositions d'exercices simples qui se complexifient petit à petit. 
Cela produit un effet particulier, et j'avoue avoir parfois été un peu perdue. 
Je ne savais plus si je lisais un récit ou un exercice. 
Mais bon, on finit par s'y faire et les récits de vie sont parfois des miroirs tendus au lecteur qui vont lui permettre une prise de conscience. 

C'est donc un livre qui peut vous aider à retrouver le chemin de votre souffle, à reprendre le contrôle de votre vie en prenant conscience de ce qu'il se passe à l'intérieur. 
Penser le souffle, c'est aussi penser la vie, comment elle circule en nous et comment l'améliorer au sens propre et figuré. 

Je dois néanmoins avouer que je ne sais pas trop comment conseiller ce livre. 
Si vous ne pratiquez pas le yoga, la méditation ou une activité de ce type, l'observation de votre respiration pourra vous paraître bizarre mais c'est sans doute à vous que s'adresse Jean-Philippe Desbordes.
Quand on en fait déjà, on sait observer son souffle, le calmer et le diriger. 
Du coup, beaucoup d'exercices m'ont paru répétitifs, je l'avoue. 

Mais si vous sentez que vous avez besoin d'être un peu guidé pour vous y mettre, cela peut être une lecture intéressante. 



Merci NetGalley 
et First Editions




jeudi 7 juin 2018

Confident royal de Shrabani Basu

Je vous emmène dans l'entourage très proche de la reine Victoria à la fin du 19e siècle.
Vous le savez peut-être, après avoir perdu son mari, la reine s'est entiché d'un solide écossais et après la mort de celui-ci, d'un de ses serviteurs indiens.
Voilà l'histoire de ce serviteur qui est monté très vite dans les échelons du personnel de la reine.

Lors de son jubilé, la Reine Victoria veut honorer ses invités indiens en faisant venir du personnel d'Inde pour servir à sa table.
C'est un grand honneur mais elle aime beaucoup ses serviteurs indiens qu'elle va emmener partout, et plus particulièrement Abdul Karim. 
Ce jeune homme lui plait et progressivement, il se rapproche de la reine jusqu'à devenir son secrétaire particulier, son munshi...

J'ai été déçue par ce livre parce que je m'attendais à autre chose.
Comme il y a eu une adaptation cinématographique, j'ai cru qu'il s'agissait d'un roman.
Hélas (pour moi), ce n'est pas du tout le cas et on ne peut se faire aucune illusion là dessus.
Il s'agit plutôt d'une longue description de ce que fut le séjour du Munshi de la reine Victoria à la cour, avec force détails et citations.
On peut lire le récit des tentatives des proches de la reine pour éloigner cet homme, le discréditer auprès de Victoria car il prenait beaucoup de place.
On a conscience qu'il s'était installé dans sa position alors qu'il n'en avait a priori pas le droit étant de basse extraction, ce qui déplait beaucoup à la famille.
Hélas, l'auteur ne prend pas vraiment parti, laisse entendre que tout le monde est méchant avec le munshi, quoi qu'on n'en soit pas si sûr, et on ne sait pas trop quoi en penser.
Le film tiré du livre a l'air plus clair sur ce point, mais clairement en faveur du munshi.

Si ce personnage vous attire, le livre pourrait vous plaire.
Pour ma part, j'avais d'abord écrit "on assiste" mais justement, c'est là le problème.
On assiste à rien du tout.
On lit le rapport des évènements appuyé sur les textes conservés dans les archives, les lettres de la reine, celles de son médecin, de son secrétaire, et bien sûr de son munshi, quoi qu'il y en ait eu beaucoup de détruites.
L'auteure a retrouvé le carnet personnel d'Abdul Karim et a donc pu ajouter des citations.
Cela n'apporte néanmoins pas grand chose à ce livre compact, qui se répète un peu parfois en suivant la chronologie des évènements mais qui reste au niveau de la description et interdit toute empathie ou toute entrée véritable dans l'histoire.

Si ce genre d'essai historique vous plait et si l'histoire du munshi vous intéresse, ce livre pourrait vous plaire.












mercredi 16 mai 2018

Bâtard de Max de Radiguès

C'est mercredi !
C'est la BD de la semaine !!!
Et voilà une petite BD que j'ai lu il y a quelques semaines mais qui me semble difficile à présenter.
Alors je me lance, et on verra bien ce que cela donne...

May et Eugène filent sur la route, le coffre de leur voiture plein de billets. 
Traqués, ils fuient pour échapper à un tueur qui élimine petit à petit tous ceux qui ont participé au casse du siècle...

Je me rends compte que le pitch de cette BD est assez simple finalement.
C'est l'histoire d'une fuite avec tout ce qui l'accompagne dans les films américains, les poursuites en voiture, les accidents, les héros qui se cachent dans une maison et les méchants qui les traquent.
Max de Radiguès manie les clichés en les reprenant à son compte.
Il y a des indiens, un routier, des voitures cassés, des cactus...
Entre western moderne et film-poursuite, il nous offre des images un peu dure pour leur donner un petit côté tendre renforcé par le dessin.

Au premier coup d’œil, difficile en effet d'imaginer que ce trait rond, plein de douceur, sert un récit parfois violent et difficile.
Mais l'histoire est maitrisée et les rebondissements nous tiennent en haleine.
On suit les aventures de ces deux personnages avec intérêt en espérant forcément un happy end.
Il y a aussi quelques personnages secondaires qui viennent compléter le duo et renforcer le côté tendre de l'histoire, même si on a un peu peur qu'ils soient finalement très méchants.
Et puis le twist final est vraiment bien trouvé, même si la fin m'a un peu laissée sur ma faim.

En résumé, c'est donc une BD qui mérite son prix du polar SNCF pour l'originalité de son trait et le jeu avec les clichés des films de genre.
Vous passerez un bon moment dans ces pages et il sera peut-être difficile de quitter May et Eugène.




LA BD de la semaine est chez Stephie






jeudi 3 mai 2018

Le piège de verre d'Eric Fouassier

Dans ma tablette, il y a des romans qui attendent depuis longtemps.
Pourtant, ils ne sont pas mauvais, c'est juste qu'il faut trouver le bon moment pour les lire.
Celui-ci a attendu quelques temps avant d’être enfin ouvert.
Il m'a séduite par son sujet qui tourne autour des maitres verriers et du travail du vitrail.

1503. Héloïse Sanglar dirige son apothicairerie avec attention et compétence. 
Son père lui a légué son commerce à sa mort et elle travaille dur pour être à la hauteur de sa réputation. 
Quand un homme vient la convier à une entrevue avec la reine Anne de Bretagne, elle se demande ce qu'on peut bien lui vouloir. 
Trois alchimistes ont été retrouvés assassinés et une menace plane sur le trône. 
La reine souhaite qu’Héloïse mène l’enquête avec un de ses hommes de confiance, le baron de Comballec...  

J'aime beaucoup l'univers du vitrail au Moyen Âge et je ne pouvais que céder à la tentation en voyant ce roman.
Je n'avais pas vu qu'il s'agissait d'un second tome mais on peut le lire sans connaitre le premier.

L'écriture d'Eric Fouassier est simple mais efficace.
L'histoire est bien construite, elle défile sans temps mort et nous emporte à la suite d'Héloïse.
Les personnages sont bien construits, on a peur pour eux et on les suit avec enthousiasme.
Héloïse est forcément le personnage auquel on s'identifie puisqu'elle est au cœur de cette aventure, mais les personnages secondaires sont tout aussi attachants.

Comme c'est une suite, il serait peut-être plus sympa de commencer par le premier.
Il met en scène et Héloïse et le chevalier Bayard qui est au second plan dans ce deuxième tome.

Si vous aimez les histoires de maitre verrier, si vous aimez les romans policiers qui se passent au Moyen Age, celui-ci pourrait vous plaire.






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