jeudi 6 mai 2021

Bartleby, le scribe. Une histoire de Wall Street de José-Luis Munuera (adaptation d'H. Melville)

C'est mercredi, c'est le jour de la BD ! 

Et pour le retour du mercredi BD, voilà l'adaptation d'un grand classique de la littérature ! 

L'histoire se déroule dans l'étude d'un notaire à Wall Street. 
Bartleby y est embauché et donne entière satisfaction à son patron, le narrateur de cette histoire. 
Et puis d'un seul coup, il refuse toutes les tâches qu'on lui confie, indiquant qu'il "ne préfère pas", sans indiquer aucune raison à ce refus. 
Progressivement, le narrateur le met à l'écart pour qu'il ne donne pas des idées à ses autres employés mais n'arrive pas à s'en débarrasser... 


 


Quelle curieuse histoire ! 
Je connaissais le récit d'origine de loin, sans jamais l'avoir lu. 
Certains auteurs l'ont placé tout en haut de leur panthéon littéraire, en vantant la maitrise narrative d'Herman Melville et l'originalité de l'histoire. 
Mais c'est surtout l'attitude de Bartlby qui a suscité d'intenses réflexions et la création du mouvement philosophique de l'anti-pouvoir. 
Il faut dire que le refus de tout qui marque l'attitude de Bartleby a de quoi surprendre. 
Sa réponse "Je préfèrerais ne pas" dans la version originale, est poussé à l'extrême sans que jamais il ne se justifie. Il fuit plutôt que d'affronter le pouvoir de son patron qui n'a plus aucune prise sur lui, démontrant ainsi que le refus de toute action peut être pire que l'affrontement, notamment en laissant l'adversaire dans une position de vide et d'impossibilité de réagir. 

Je ne ferai pas de comparaison entre la nouvelle et la bande dessinée puisque je n'ai pas lu la première mais il me semble qu'on a bien accès ici à l'attitude butée et incompréhensible de Bartleby, face au désarroi de son patron qui tombe progressivement dans une introspection provoquée par ce comportement. 
Cette introspection rejaillit sur le lecteur qui se voit placé dans la même position et est aussi amené à réfléchir à ce comportement. 

Les choix narratifs de Munuera renforcent cette identification car on suit le narrateur dans ses discussions avec un ami dans les rues de New York. 
Il s'interroge sur la conduite à tenir sans jamais vraiment parvenir à choisir une action efficace. 

L'esthétisme de l'album est très belle avec ces décors un peu flou mais dans des camaïeux de bleu ou de marron. 
Les images pleine page sont magnifiques et les personnages se détachent en traits nets sur ces fonds qui prennent parfois plus de place mais laissent aussi respirer. 
On peut aimer ou non le dessin des personnages, j'ai lu des billets qui le critiquait mais cela ne m'a pas dérangé. Ce sont des "types", des caractères et le trait marqué le renforce. 

Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé et je vous conseille cet album pour découvrir Bartleby ou le relire si c'est déjà fait. 

-> L'émission Ça peut pas faire de mal sur Bartleby










4 commentaires:

  1. Il y a quelque chose dans l'air. J'ai aussi lu Bartleby (le roman) en avril, ainsi que 2 de mes amis. J'ai été frappée par le côté sinistre et dépressif, alors qu'on a plutôt tendance à y faire des allusions ironiques. Cette histoire est tragique.

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    Réponses
    1. J'ai l'impression que ce texte revient périodiquement. Mais je suis du même avis que toi. J'ai trouvé cela tellement triste. Et finalement, j'ai du mal à voir la valorisation de cette non action vu la fin tragique qu'a choisi l'auteur.

      Effacer

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