Il y a bien longtemps, Benacquista était un de mes auteurs fétiches.
J'étais étudiante, il commençait à être reconnu pour ses "romans romans", mais c'est par le roman policier que je l'ai découvert.Et puis j'ai lu Quelqu'un d'autre et Saga, deux romans qui m'ont vraiment marqués !
Le passage d'un genre à l'autre n'est pas toujours simple et plusieurs auteurs s'y sont essayé sans succès.
Benacquista, au contraire, y réussit fort bien et son passage dans la "blanche" de Gallimard est un emblème de l'évolution qui est en cours.
Quand Babelio m'a proposé de lire le dernier roman de Benacquista, je n'ai pas hésité.
J'ai tout misé sur le nom et le souvenir que j'avais de ces textes aux constructions soignées dont les mots s'agençaient si bien.
Mais le souvenir allait-il être à la hauteur de cette nouvelle lecture ?
Alors qu'ils fuient et essaient d'atteindre la frontière canadienne, un couple de Français est attiré par une affiche de théâtre.
"Les mariés malgré eux" promet un spectacle sans prétention, dans une petite ville et un petit théâtre, mais le sujet leur plait et le Canada peut bien attendre quelques heures.
Sur la scène se déroule un récit tragique, où un couple d'amants se retrouve pris dans la tourmente d'une foule agacée par leur bonheur tranquille.
Comment supporter en effet que cette femme et cet homme vivent hors du monde, qu'ils se soient soustraits à la société, qu'ils parviennent à vivre sans ployer sous le joug des puissants ?
Il faut faire quelque chose et agir pour rétablir l'ordre dans le village...
Bon, je cesse le suspens, j'ai adoré !
L'écriture de Benacquista est forte et belle.
Il nous emmène dans son histoire par petits pas et puis se lance dans un texte lyrique et magnifiquement écrit.
Les premières pages sur la cavale de ce couple m'ont laissé un peu de marbre, je l'avoue, et puis il passe à l'évocation d'un Moyen Age noir et tragique où ce second couple est balloté par ceux qui ne supportent pas la vue de leur mode de vie si différent.
Les récits se brouillent, on se prend à vouloir rester au Moyen Age, mais le présent fait des incursions et nous rappellent que le tragique est partout.
Un peu de suspense savamment distillé nous rappelle les origines noires des premiers romans de Benacquista sans en faire trop.
Une réussite !
Et puis ce qui est drôle (ou juste pathétique), c'est que cette histoire me semble vraiment dans l'air du temps.
Ces dernières semaines, dans des discussions diverses et variées, j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'entendre ou de dire moi-même que ce serait tellement bien si on fichait la paix aux gens, si on nous laissait vivre en paix, quelque soit nos choix de vie tant que cela n'affecte pas les autres.
Or dans ce roman, l'histoire contée dans la pièce de théâtre (qui est en réalité racontée par le
narrateur, ne vous attendez pas à lire du théâtre) parle justement de cela.
Les deux amoureux vivent en autarcie, sans sortir ou presque, se nourrissant de la chasse et la cueillette, comme aux premiers temps.
Mais cela dérange, c'est étonnant ces gens qui ne vivent pas comme les autres, qui ne se soumettent pas à la société.
C'est alors que tout bascule.
Cette situation semble insupportable à ceux qui payent des impôts, vont à la messe, saluent leur seigneur, meurent de faim et de froid, subissent la terreur des puissants.
Comment supporter en effet de voir des gens heureux qui ne demandent rien à personne (et qu'on ne voit pas beaucoup en plus !) ?
Rien ne change.
Plaignez-vous quand vous voyez vos voisins, n'oubliez pas de sortir pour qu'on vous voit et qu'on suppose que vous aussi vous vous soumettez à la routine quotidienne.
Ne choisissez pas les chemins de traverse où vous risquez la vindicte populaire.
Les romans éternels, ceux qui nous parlent toujours 200 ans après avoir été écrits sont ceux que l'on dit "classiques".
Je ne sais pas si celui-ci le deviendra, mais en tout cas, il est tellement intemporel tout en étant inscrit dans notre temps que vous serez sûrement happé par ce récit et cette écriture si belle.
C'est pour moi une magnifique plongée dans la rentrée littéraire version 2016 et je ne peux que vous le conseiller à mon tour !!
Bonne lecture !!
c'est un auteur que je connais peu, j'ajouterai peut-être celui là à ma liste!
RépondreEffacerJe ne sais pas si c'est celui qui permet de l'apprécier mais c'est un beau roman :^)
EffacerComme toi, je le connais depuis ses romans noirs, et je suis une véritable inconditionnelle !
RépondreEffacerTa chronique est extra et rend vraiment justice à ce livre. Je vais mettre un lien dans mon billet.
Merci Delphine, c'est chouette quand on lit un bon livre comme ça. Je ne l'avais pas lu depuis longtemps et j'ai été contente de le retrouver en si grande forme :^)
EffacerC'est un auteur que j'apprécie beaucoup! Il n'y a qu'un jour ou deux que j'ai constaté qu'il avait sorti un nouveau roman, j'en suis ravie!
RépondreEffacerJe ne savais pas non plus, mais quand j'ai reçu le mail de Babelio pour le lire, j'ai sauté sur l'occasion !
EffacerJe n'ai jamais lu l'auteur, mais là, tu donnes vraiment envie de le découvrir :-)
RépondreEffacerCommence peut-être par Saga ou Quelqu'un d'autres. Mais celui-ci a un thème assez différent. Fais comme tu le sens :^)
EffacerVoilà qui donne envie ! Jamais lu l'auteur je crois en plus ;-)
RépondreEffacerIl faut essayer, il a écrit tellement de romans différents qu'il y en aura sûrement un qui te plaira plus que les autres :^)
EffacerUn auteur que j'ai beaucoup lu et que j'aime beaucoup, j'avais vraiment adoré Quelqu'un d'autre. Je suis ravie qu'il fasse partie de la rentrée littéraire et je le lirai certainement.
RépondreEffacerQuelqu'un d'autre est un roman vraiment fascinant. J'en garde un souvenir marquant.
EffacerIl est dans ma ligne de mire ! J'avais adoré Homo Erectus !
RépondreEffacerPas lu celui-là. il m'en reste quelques uns à découvrir ;^)
EffacerAh j'aurais bien aimé qu'on me le propose !! Jolie lecture de rentrée donc. ;)
RépondreEffacerC'était chez Babelio. J'ai sauté sur l'occasion. J'ai rarement des livres aux masses critiques collectives, mais plus souvent aux petites masses critiques qui sont envoyés à quelques bloggers.
Effaceroh j'adore aussi cet auteur ;-) son dernier, voilà qui me plait ! Mille mercis pour la découverte et moult bises <3
RépondreEffacerMais de rien, bonne prochaine lecture alors :^)
EffacerLe titre m'avait intriguée, forcément ! Belle chronique qui donne bien évidemment très envie. J'ai lu plusieurs romans de Benacquista, des lectures agréables sauf Homo erectus que j'avais dû abandonner.
RépondreEffacerOui, le titre veut tout et rien dire, c'est bien trouvé. Je n'ai pas lu Homo Erectus mais vous êtes deux à en parler. J'ai Malavita dans ma PAL pour la prochaine fois où j'aurai envie de le lire.
EffacerC'est un auteur que je n'ai jamais lu. Tu me donnes envie de le découvrir.
RépondreEffacerTu as du choix, il a écrit beaucoup de romans très différents. C'est un vrai plaisir de le lire quasiment à chaque fois.
EffacerCe livre de la rentrée me fait envie (et aussi ses anciens pas encore lus, tiens)
RépondreEffacerC'est un auteur qui ne m'a jamais déçue mais je n'ai pas tout lu.
EffacerJ'ai vraiment apprécié de retrouver sa plume dans un univers digne de contes...
RépondreEffacerOui, c'est original, ça change. Une belle découverte de rentrée car je n'avais pas du tout vu qu'il sortait un nouveau roman !
EffacerHé hé, ça fait longtemps que je n'ai pas lu cet auteur, mais je note...
RépondreEffacerUne bonne occasion pour le lire à nouveau ;^)
EffacerUn auteur que j'aime beaucoup. Après ton avis, je note ce titre.
RépondreEffacerBonne future lecture alors :^)
Effacer