lundi 14 septembre 2015

Il faut tenter de vivre d'Eric Faye

Voilà un petit roman de la rentrée littéraire cru 2015 qui pourra occuper quelques heures d'un dimanche après-midi pluvieux.
Je connaissais Eric Faye depuis la lecture de son petit bijou Nagasaki.
Celui-ci est complètement différent, et si vous avez aimé Nagasaki, rien ne garantit que vous aimiez celui-ci (mais rien ne dit que vous n'allez pas aimer).
Encore une fois, il ne faut que 180 pages à Eric Faye pour nous offrir une histoire très évocatrice, et complètement différente de la précédente.

Sandrine Broussard l'a toujours fasciné. 
Jusqu'à ce jour où elle se livre enfin et lui raconte sa vie, il l'a croisé, recroisé, tombant dans une fascination pour cette femme qui lui semblait tellement insaisissable. 
Ami avec son frère Theo, il se sent lié à elle et a entrepris depuis plusieurs années d'écrire son histoire. 
Il faut dire qu'elle n'est pas banale. 
Sandrine a toujours voulu changer de vie, devenir une autre, plus riche, plus heureuse. 
Avec Daniel, son compagnon de l'époque, elle publie des petites annonces pour arnaquer des hommes célibataires. 
Les affaires tournent bien plusieurs mois, jusqu'à ce que la police les repèrent et les obligent à fuir... 

Bon, bon, bon. 
Que dire de ce petit roman ? 
  • Qu'il est bien écrit, que les yeux filent sur le texte.
  • Qu'il se lit d'une traite, en une après-midi ou une soirée d'insomnie (mais rassurez-vous, pas trop tardive, l'insomnie avec ses 180 pages). 
  • Qu'il est un peu original, le sujet n'est pas banal.
  • Qu'il a un petit truc qui cloche et m'a agacé pendant toute ma lecture. 
L'histoire qui nous est narrée ici est celle de Sandrine, racontée par Pépito à la première personne.
En tant que narrateur, il ne maitrise pas toutes les informations et nous les délivre au fur et à mesure.
On ne sait pas toujours comment il les a apprises, parfois il l'explique, parfois non.
C'est assez singulier, mais cela nous permet de découvrir tout comme lui ce que Sandrine accepte de raconter.

Sa vie n'est d'ailleurs pas banale.
Arnaqueuse professionnelle, elle a tout fait pour changer de conditions, quitte à risquer la prison.
C'est d'ailleurs ce qui lui est arrivé, malgré la fuite et la vie sous une fausse identité.
L'histoire de cette femme est fascinante.
Avec un complice, elle a élaboré une arnaque apparemment relativement courante mais qui a fonctionné un temps.
Pas à court d'idée, elle avait d'autres idées quand l'atmosphère s'est gâtée.
Dans le roman, Faye nous donne à la fois l'histoire de cette femme, mais aussi ses pensées, la façon dont elle l'a vécu et ressenti.
Cet aspect du roman est vraiment fascinant et je me suis laissée prendre au récit de sa vie cachée, à ses amours ratés, à ses échecs et sa reconstruction.
Certaines scènes me resteront en mémoire longtemps je pense.
Par contre, je n'ai pas réussi à comprendre ce qui relevait du réel et ce qui appartenait à la fiction.
Cela ne me gêne pas d'habitude, mais là, il y a une allusion au début du roman et je n'ai rien trouvé sur Internet (si vous êtes mieux renseignés que moi, n'hésitez pas à commenter ;^) )

Le deuxième point délicat est celui-ci : Eric Faye a choisi un type de narration que j'ai trouvé un peu bancal.
Le récit est raconté par Pepito qui nous avoue être depuis longtemps fasciné par Sandrine.
Il ne dit pas qu'il en est amoureux, ou qu'elle l'attire, mais elle le trouble apparemment à chacune de leurs rencontres.
Comme il est très ami avec le frère de Sandrine, on devine aisément le genre de relation qui peut les lier, elle la soeur inatteignable pour ne pas trahir le meilleur pote et lui qui passera toujours pour un ado pour elle qui le regarde à peine.
Mais ce n'est apparemment pas aussi simple puisqu'il semble ignorer de nombreux éléments de sa vie.
Je pensais qu'il s'agissait là d'un trio d'amis d'enfance, mais ce n'est apparemment pas le cas et on a du mal à situer un peu le début des évènements.
Ce narrateur un peu mou m'a vraiment dérangé, tout comme cette situation un peu inégale.

Je crois que le seul récit de la vie de Sandrine m'aurait plu davantage.
La peur qu'elle ressent pendant qu'elle doit se cacher, vivre sous une autre identité, les choix qu'elle fait sont bien décrits, on entre dans les pensées de cette femme et j'ai vraiment ressenti de l'intérêt pour elle.
Mais moins pour Pépito.

Une petite citation parce que le texte est vraiment beau : 
"J'aurais aimé accomplir ce que Sandrine avait réussi sous l'empire de la nécessité : me glisser sous l'épiderme d'un autre, à qui, sans mobile - comme une manière de crime parfait - j'aurais dérobé l'identité par intermittence".

J'attendrai tout de même le prochain Faye avec impatience, en espérant un nouveau Nagasaki.




2/6 pour cette rentrée littéraire



Merci à Decitre pour cette lecture. 



14 commentaires:

  1. Ce n'est pas un roman qui m'attire spécialement, donc ton avis ne me donne pas plus envie que ça !

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    1. C'est sûr, je manque d'enthousiasme ;^) mais Nagasaki c'était vraiment bien !

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  2. Tu expliques bien tes réticences. J'avais beaucoup aimé Nagasaki, mais le sujet de ce roman m'attire moins.

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    1. C'est vrai que c'est un sujet complètement différent ! Je me suis fiée à l'auteur pour le choisir, mais on ne peut pas plaire à chaque fois ;^)

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  3. Je suis totalement d'accord avec toi, je l'ai lu le week-end dernier, mais je l'ai trouvé inabouti : qui est-elle vraiment par rapport à l'auteur ? est-ce une bio, une histoire d'amour non partagée ? Trop d'imprécisions, et c'est dommage, Sandrine aurait pu faire un personnage captivant (d'ailleurs, j'ai moi aussi cherché sur le net, mais rien trouvé ^^)

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    1. Oui, inabouti c'est un bon mot pour le définir. Je pense aussi qu'il y avait une très bonne idée au départ, et quand elle est à la frontière belgo-française, c'est vraiment très prenant, mais le reste est beaucoup moins fort. Et qui saura nous dire qui est Sandrine ? ;^)

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  4. J'avais adoré Nagasaki de cet auteur mais j'avoue que celui-là ne me tente pas du tout.

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    1. C'est très différent et sur tous les plans. Le sujet est encore une fois celui d'une femme qui se cache, mais les raisons et l'histoire cadre sont vraiment à l'opposé (et c'est un peu raté, il faut bien le dire).

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  5. N'ayant pas trouvé Nagasaki spécialement grandiose, celui-ci m'intrigue.

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  6. La rentrée littéraire ne commence pas très fort pour toi dis donc...hâte de savoir ce que ta troisième lecture a donné!

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    1. C'est souvent comme ça, je m'en aperçois. Je reçois souvent plusieurs titres et je lis les romans qui m'interrogent mais que je ne suis pas sure d'aimer en premier, sinon je ne les lirais jamais ;^) Mais ça s'est amélioré ensuite et j'ai adoré le Benameur dont je parlerai peut-être dans une semaine.

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