jeudi 10 mai 2012

Zarbie les yeux verts de Joyce Carol Oates


Joyce Carol Oates est un écrivain très présent sur les blogs de lecture, comme sur la scène littéraire américaine.
Elle collectionne les prix et écrit au rythme effréné de deux romans par an au moins.
Ces livres n'ont pourtant rien à voir avec ceux d'Amélie Nothomb dont le rythme est apparemment proche.
Je suis tombé sur celui-ci par hasard, alors qu'il venait de sortir et je m'y suis plongée en toute confiance.

Francesca est une ado comme toutes les ados, un peu complexée, mal à l'aise avec son corps, et qui se cherche.
Mais quand un étudiant footballeur, rencontré lors d'une fête et très alcoolisé, tente de la forcer, Franky se transforme en lionne et se débarrasse du crétin qui la baptise Zarbie les yeux verts !
Fière d'elle, Franky va adopter Zarbie et la garder au fond d'elle comme une part idéale de sa personnalité, une Franky qui saurait toujours ce qu'il faut faire et qui réagirait toujours de la meilleure manière qui soit.
Il faut dire que chez elle, Franky ne nage pas dans le bonheur. Son père, ancien footballeur célèbre devenu journaliste célèbre, permet à sa famille de vivre dans un quartier riche, d'aller dans des écoles privées et de ne manquer de rien, mais sa mère ne veut plus de cette vie là et s'éloigne tant physiquement que psychologiquement.
Le père de Franky lui impose alors, comme à sa sœur, de choisir entre lui et leur mère...

Je dois d'abord préciser que ce roman de Oates a été écrit et édité pour un public d'adolescent.
Ce n'est pas une critique, cela n’enlève rien au roman, mais la publication en Folio sans aucune indication au sujet de cette destination première est un peu dommageable pour le lecteur.
Ayant beaucoup entendu parler de Oates sur les blogs, je m'attendais à autre chose, et j'ai parfois été surprise par le texte.
Il y a par exemple des oppositions symboliques assez simplistes. Le confort riche et froid offert par le père souvent absent, est opposé à la simplicité douillette, chaleureuse et désargentée de la mère très entourée.
Le point de vue est aussi toujours celui de Francesca, et uniquement le sien. Elle ne se met jamais à la place de sa mère, de sa sœur ou de sa meilleure amie.
Cela permettra sans doute à une lectrice du même âge de se retrouver dans cette jeune fille en construction, mais quand on n'est plus une adolescente complexée, il y a des moments où on garde une distance qui modifie le regard que l'on porte sur ce personnage.
Elle devient insupportable et égoïste, tout en étant en souffrance, et j'ai un peu perdu le fil de ce que l'auteur attendait de moi.
J'aurais néanmoins sans doute mieux compris si cela avait été précisé dès le départ sur la couverture ou le dos du livre, mais j'insiste quand même sur le fait que cela n’enlève rien au roman.
Je ne me suis pas identifiée à Franky. J'ai pourtant eu de l'empathie pour elle, beaucoup même, ce qui m'a permis de vraiment apprécié ma lecture en gardant une distance qui m'était salutaire à titre personnel.

Ce roman est effectivement à la fois doux et violent.
Il y a peu de brutalité, elle n'est pas visible, mais on devine la peur que chacun ressent.
Francesca et sa sœur, comme leur mère sont soumises à l'autorité du père et parfois à des manifestations plus physiques de cette autorité.
Le frère ainé de Francesca joue aussi un rôle dans les rapports que tous entretiennent.
Face à cette situation, les réactions de chacun sont différentes, mais tous essaient de se préserver.
Il semble pourtant que cela ne parvienne pas à les protéger, et ce qui doit arriver survient inévitablement.

Si vous aimez Oates, si vous aimez les romans pour ados vraiment bien écrits, si vous voulez passer un bon moment, lire un livre qui fait quand même réfléchir, vous devriez pouvoir trouver votre compte dans ce roman.

Pour ma part, je pense que Les femelles qui attend dans ma PAL ne va pas y prendre la poussière très longtemps.


Encore une participation au challenge petit bac 2012 d'Enna, catégorie partie du corps, et une participation au challenge ABC que je poursuis doucement mais sûrement.
Je rejoins aussi le challenge Oates organisé par George qui est devenu illimité. 




10 commentaires:

  1. Il faudra que j'essaye de lire ses livres pour ado, peut-être que cela me réconcilierai avec elle.

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    1. Pour les autres, je ne sais pas, mais celui-ci est très bien, même quand on n'est plus une ado :)

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  2. J'en avais lu quelque uns étant ados, et ça change des Twilight ! Même si les clichés sont toujours là, l'écriture est agréable et pas simpliste. Je l'aime beaucoup comme auteur.

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    1. J'aurais plutôt tendance à dire qu'elle travaille sur des motifs plutôt que des clichés, mais c'est juste une question de terme :D
      Quoi qu'il en soit, son écriture est effectivement très agréable, il faut maintenant que je teste un roman pour adulte ;)

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  3. De cet auteur, je vous conseille vivement "Nous étions les Mulvaneys". Le premier roman que j'ai lu de JCO et depuis j'y reviens régulièrement.

    Les Chutes, Petite sœur, mon amour, Fille noire, fille blanche, la fille du fossoyeur, Zombi (terrifiant !) ... C'est pour moi une valeur sûre !

    Ma seule déception pour le moment : Le Goût de l'Amérique

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    1. Merci pour ce conseil, qui tombe à pic, vu que j'ai acheté ce roman il y a deux semaines :^)
      Les chutes me tente bien aussi, mais certains sont trop noirs pour moi. Je crois que c'est une auteure qu'il faut lire au moment opportun.

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    2. Comme virginie j ai commencé par nous étions les Mulvaneys .. Formidable ! Je viens de finir ... Terrifiant en effet. ! J aime particulièrement confessions d un gang de filles, blonde, comment j ai réussi à survivre ... J aime tout ou presque chez JCO

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    3. J'envisage de poursuivre la lecture, j'en ai en réserve :)

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  4. Bon, j'aurais dû découvrir ce blog avant, comme cela j'aurais su qu'il s'agissait d'un roman pour ado et je n'aurais pas été décue par les quelques simplifications symboliques, qui s'expliquent effectivement. Ceci dit, c'est un roman agréable à lire, mais sûrement plus quand on est le public visé ... Mais Oates est une auteure que je découvre, après avoir vraiment été conquise par "Nous étions les Mulvaneys", je commence "Délicieuses pourritures" ...

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    1. C'est vrai que Folio pourrait prevenir, c'est dommage, même si effectivement, c'est un roman qui se lit bien.
      Et bienvenue par ici :)

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