Les relations que l'on
entretient avec un livre sont souvent complexes.
Pour celui-ci, par
exemple, j'ai beaucoup hésité. Je les vu sur des blogs à sa
sortie, et en bonne position dans les librairies.
J'ai lu les résumés qui
me sont passés sous les yeux, j'ai regardé un peu de quoi il
parlait, mais j'avoue l'avoir un peu mélangé avec Ce que je sais
de Véra Candida. Du coup, ma perception du roman était un peu
biaisée et je ne me décidais pas à le mettre dans mon panier.
Finalement, pendant la
dernière opération masse critique de Babelio, je l'ai trouvé dans
la liste des livres audio, et je me suis dit que ce serait un bon
moyen de le découvrir sans m'astreindre à le lire (mais c'est quand
même un peu pareil évidemment).
Arnljotur quitte son
père et son frère jumeau pour aller remettre en état le jardin de
rose d'une abbaye. Ce jardin est très réputé, et Arnljotur compte
bien apprendre beaucoup pour son futur métier d'horticulteur.
Il fuit aussi un peu.
Il a perdu sa mère peu
de temps auparavant, et toute la famille a bien du mal à s'en
remettre. C'est elle qui lui a fait découvrir les joies du jardin,
et son décès a été très brutal.
Il a également eu une
fille il y a quelques mois, après avoir passé seulement quelques
instants avec la mère de l'enfant.
Arnljotur doit donc
remettre un peu d'ordre dans sa vie, ce que va lui permettre la
longue route qui l'attend pour atteindre l'abbaye et son travail dans
le jardin.
Mais évidemment, tout
ne se passe pas tout à fait comme prévu.
Si je devais choisir un
mot pour décrire ce livre, ce serait « douceur ».
Les évènements
s'enchainent dans le fil de la vie
d'Arnljotur, il fait des rencontres, prévoit des choses puis doit
changer ses plans, est sans cesse empêché d'agir comme il l'entend,
mais tout cela arrive sans heurts, sans brutalité.
Cela
ne signifie pas qu'il prend les choses à la légère. Il s'interroge
même beaucoup et envisage à la fois le moment présent et l'avenir
pour essayer de comprendre ce qui lui arrive, tout en réfléchissant
aussi sur lui, son rapport aux autres, à sa fille, à la mère de sa
fille.
Le
voyage qu'il entreprend est donc autant géographique que symbolique
et son arrivée à destination ne signifie pas qu'il est arrivé au
bout de son chemin.
Il
lui reste encore à devenir père et adulte, ce qui va se faire
imperceptiblement.
Le
choix de la narration à la première personne permet de suivre cette
évolution qui s'opère en lui.
Les
pensées intimes d'Arnljotur sont livrées au lecteur telles qu'elles
apparaissent dans l'esprit du personnage, sans recul.
Au
début de l'écoute du roman, j'ai été un peu désarçonnée par ce
procédé. J'ai toujours du mal avec ces romans où l'auteur se
complait dans les états d'âme d'un personnage uniquement préoccupé
de lui-même.
C'est
le cas dans les premières pages de celui-ci, mais dès qu'Arnljotur
rencontre d'autres personnes, ses pensées évoluent et se tournent
davantage vers l'extérieur.
La
narration à la première personne correspond aussi parfaitement à
l'écoute d'un livre audio. J'ai vraiment eu l'impression que le
personnage me racontait son histoire, qu'il me parlait d'un moment de
sa vie.
Il
est même possible que cette forme de lecture ait été un point très
positif pour ce livre, car en ce moment, je n'ai pas trop le temps de
faire autrement.
Autre
point intéressant dans ce livre : les réflexions sur la langue
du personnage.
Là,
ce doit être mon métier de linguiste qui déteint, mais les pages
qui parlent du choix, de l'apprentissage, de la disparition d'une
langue m'ont vraiment touchées.
Enfin,
je terminerai en précisant que si vous le commencez, il faut
absolument terminer ce livre, car la dernière scène est sans doute
la plus belle.
Une belle découverte,
donc, que je vous conseille si vous voulez lire une belle histoire,
si vous aimez les beaux jardins, si comme moi et
Arnljotur vous pensez que faire son jardin est une nécessité pour
la paix de l'esprit.
Je remercie Babelio et son
opération masse critique pour m'avoir permis d'écouter ce livre, et
je remercie les éditions Thélème d'avoir participé à cette
opération et de m'avoir envoyé ce livre.
Un autre avis chez
Choco avec plein de liens vers d'autres billets.
Ce qui m'a gené, à sa lecture, c'est qu'il était, somme toute, fort peu question de jardins.
RépondreEffacerC'est vrai, mais j'ai bien aimé les moments où il est dans la forêt ou ceux où il explique ce qu'il fait du jardin de roses. J'ai aussi l'impression que tout ceci est quand même très symbolique. Le jardin avance en même temps que sa vie personnelle.
Effacerc'est une belle histoire..j'étais tombée sous le charme...
RépondreEffacerMoi aussi, mais pas avant la première moitié du livre. Au début, j'ai eu un peu du mal avec ce type qui s'écoute quand même beaucoup ;)
EffacerJe l'avais beaucoup aimé aussi ce roman.
RépondreEffacerMais je me dis que je n'ai jamais "lu" ou plutôt écouté de CD de texte lu.
Il faut essayer, c'est sympa. Par contre, il faut trouver le moment et la situation qui te conviennent pour écouter (il faut quand même y prêter un peu d'attention).
EffacerComme Valou, j'étais aussi tombée sous le charme de ce livre. Une belle histoire d'amour vu par un jeune homme tendre et discret, c'était assez nouveau pour moi et attendrissant.
RépondreEffacerC'est attendrissant, en effet. J'ai bien aimé la douceur qui s'en dégage, qui correspond assez à l'image que donne l'auteur :)
Effacerdernière scène ?
RépondreEffacerje ne m'en souviens plus !!!
Bah alors ? Il faut le relire ! (il retourne à l'église avec sa fille, mais j'ai aimé la façon dont c'est raconté).
EffacerToujours dans ma PAL depuis sa sortie !
RépondreEffacerJe crois qu'il faut attendre le bon moment pour le lire.
Effacerje l'ai lu à sa sortie et j'ai adoré. L'introspection du personnage ne m'a pas gênée car je trouvais que ça allait bien avec son environnement, cette Islande volcanique noire et souvent hostile aux hommes et à la nature surtout...d'ailleurs son ouverture aux autres évolue en même temps que son départ et sa découverte d'autres modes de vie. Je l'ai pris ainsi, un style en accord avec les lieux où sedéroule l'histoire!
RépondreEffacerOui, je suis d'accord avec toi. Cela m'a dérangé au début, mais on s'y fait, et c'est assez homogène.
EffacerMerci pour ton commentaire en tout cas.
je l'ai emprunté une fois en bibliothèque, sa lecture était agréable, le soir. C'est un roman mi road movie à 2 à l'heure, mi initiatique, hors du temps, on n'arrive pas à le situer géographiquement et temporellement. C'est un peu perturbant, mais ce n'est pas grave, on s'y abandonne délicieusement. L'apprentissage de la cuisine par le personnage y prend une place curieusement non négligeable. La découverte de sa fille est jolie et juste. Ah si tous les enfants étaient ainsi ! Depuis que je l'ai rendu, c'est bizarre, ce livre me manque, ce monde suspendu, ce refuge. J'AI PERDU MON DOUDOU !
RépondreEffacerPeut-être que les autres titres de cet auteur sont aussi bons que celui-ci, il faudrait tester pour trouver un autre doudou ;)
EffacerUne jolie découverte : le terme de "doudou" lui va bien ;o)
RépondreEffacerRebonjour, j'ai découvert Audur Ava Olafsdottir avec ce roman qui m'a emballée. Depuis, j'ai presque tout lu de cette romancière. Mais j'ai à lire l'Embellie et Eden, le dernier paru. Bon après-midi.
RépondreEffacerJ'ai vu un autre roman de cette autrice à la bibliothèque récemment, et je me suis dit qu'il faudrait que j'y revienne parce que ses textes sont vraiment jolis !
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