La lecture d'un roman
permet souvent de s'évader, de s'identifier à un personnage et
d'apprécier le style d'un auteur.
Elle peut aussi
permettre d'apprendre, sans se substituer à un livre d'histoire tout
en donnant au lecteur une foule de connaissances sans qu'il en ait
vraiment conscience.
C'est ce que fait ce livre
qui nous raconte l'histoire récente de l'Espagne en suivant
notamment Antoine et Isabelle, les grands parents du narrateur.
Isabelle a quitté son
village avec sa famille et ses frères et sœurs après un énième
hiver trop dur. Ils espèrent tous que Barcelone leur offrira du
travail et une vie meilleure.
De leur côté, les
Vives ont deux enfants, Antonio et sa sœur, mais les hivers sont
aussi difficiles dans leur village de montagne, et eux aussi viennent
chercher une vie meilleure en ville.
Antonio et Isabelle
vont devoir s'adapter à cette nouvelle vie. Il n'est pas question
d'aller à l'école, mais il faut trouver un petit boulot et faire
vivre la famille.
Pour Isabelle, ce sera
petite main dans un atelier de couture. Pour Antonio, ce sera
plongeur dans un grand hôtel.
Ils vont ensuite
grimper les échelons et se faire une place dans la société,
jusqu'à ce que la guerre civile remette tout en question.
Vincent Borel dresse un
portrait magnifique dans ce livre… mais de qui ?
L’écriture est
très belle, et pourtant, on est en droit,
en tant que lecteur, de se demander qui est le héros de ce livre.
Il y a d’abord Antonio
et Isabelle, mais il y a aussi la famille Gillet, riches
propriétaires de filatures à Lyon, puis un ami d’Antonio, le
jardinier des Gillet, des propriétaires de filatures de Barcelone,
Barcelone elle-même et même l’Espagne toute entière.
Car au final, ce roman m’a
semblé davantage celui de l’Espagne que celui de ces personnages.
Je n’ai pas éprouvé de
réelle empathie pour Isabelle et Antonio dont on ne connait que très
peu les pensées ou les états d’âme.
Ils sont censés être les
héros, mais on ne voit pas bien leur lien avec les Gillet. A aucun
moment ces deux familles se croisent, ce que j’attendais pourtant,
car cela aurait justifié leur présence.
Ils vivent dans deux
mondes bien distincts, et même dans deux pays bien distincts
géographiquement. Rien ne les relit, pas même le narrateur qui
donne des détails sur sa filiation et explique qu’il est le petit
fils d’Antoine et Isabelle, sans donner aucune précision à propos
des Gillet.
J’ai donc eu un
peu du mal à comprendre la structure du roman, et si j’ai apprécié
d’apprendre de choses sur la soie synthétique, la Rhodia et Rhone
Poulenc, je n’ai pas bien compris ce qu’ils faisaient là.
N’importe quelle famille puissante de l’époque aurait
apparemment pu faire l’affaire. J’exagère évidemment, mais
c’est l’impression que cela m’a donné, sûrement entretenue
par la frustration de ne pas pouvoir mieux connaître les
personnages.
Par contre, j’ai
beaucoup appris sur l’Espagne, Franco et la guerre civile qui a
précédé la seconde guerre mondiale. J’ai aussi appris sur les
filatures de soie synthétique.
C’est une période qui
était assez obscure pour moi, mais en lisant En attendant Robert
Capa l’an dernier et ce livre cette année, j’ai comblé une
grande partie de mes lacunes.
C’est ce qui m’a fait
dire plus haut que ce livre est sans doute finalement davantage un
roman sur l’Espagne qui retrace une partie de son histoire plutôt
que sur les deux personnages qui posent fièrement sur la couverture.
Si vous vous intéressez à
l’Espagne des années 1930, si vous voulez lire un livre très bien
écrit, si vous êtes passionné par l’histoire, ce livre pourrait
bien vous plaire.
Merci au Point et à
Libfly pour l’envoi de ce livre et cette lecture pendant laquelle j'ai beaucoup appris.
J'en garde un bon souvenir, notamment grâce à l'aspect historique des choses, à ce lien entre la France et l'Espagne...
RépondreEffacerOui, c'est un livre qui est surtout intéressant pour ça, d'ailleurs, parce que côté personnages, il manque quelque chose.
EffacerJ'ai bien envie de le lire :)
RépondreEffacerN'hésite pas si tu es intéressée par cette période de l'histoire :)
EffacerEt voilà, je suis tentée :)
RépondreEffacerBises
Tant mieux :D
EffacerJe l'avais noté à sa sortie, et puis un peu oubliée. Sa sortie en poche me redonne envie de le lire.
RépondreEffacerC'est vrai que c'est plus facile pour céder :)
EffacerJe l'avais lu également.
RépondreEffacerIl m'avait touché pour diverses raisons même si j'ai trouvé que l'auteur demeurait assez distant avec ses personnages.
C'est sûr, on ne peut pas dire qu'on sait grand chose d'Antoine, Isabelle ou les Gilet. C'est d'ailleurs un peu dommage quand même.
EffacerJ'ai adoré. J'ai découvert des aspects sur la seconde guerre que je ne soupçonnais pas.... Pour une fois, je n'ai pas fermé à mi-chemin en me disant que toutes les souffrances de la seconde guerre ,je ne voulais qu'en connaître les hauts-faits militaires
RépondreEffacerJe dois avouer que de mon côté, ce ne fut pas un coup de coeur. Les personnages me sont restés trop hermétiques pour cela. J'ai aussi été dérangée par le manque de lien entre les deux familles. Par contre, c'est vrai que j'ai beaucoup appris, et ça c'était très agréable :)
EffacerJ'ai adoré après mûre réflexion, assez étrange tout ça...Je crois que Borel a tenu à distance l'émotion en adoptant un côté journalistique, mais il n'y arrive pas tout à fait, ce qui donne cet objet hybride et un peu perturbant quant à l'écriture. Mais c'est bien, non , d'être perturbé parfois ?
EffacerCe livre est à mon avis indispensable de nos jours, pour ce qu'il dit.Je ne comprends pas que certaines personnes n'aient pas vu le lien entre Antonio et Isabel et la famille Gillet ! Même s'il est ténu, c'est un fil, de ces fils qui tissent le monde comme il va : ceux qui mènent, ceux qui subissent et ceux qui résistent...A méditer
Oui, je suis d'accord avec toi, c'est un livre très intéressant du point de vue de l'histoire et des évènements qui sont décrits, et j'ai beaucoup appris sur l'histoire de l'Espagne. Pour le lien, effectivement, et comme tu le dis, il se tisse par l'opposition de deux mondes, mais le roman s'appuie sur l'histoire de personnages qui sont proches de l'auteur et de personnages qui ne lui sont rien. Et c'est un roman. Ces deux facteurs font que j'attendais plutôt un rapprochement final, comme il est fréquent dans ce genre d'histoire familiale. Du coup, je me suis demandé pourquoi avoir choisi les gillet, et pas plutôt cette famille espagnole qui étouffe réellement ces familles. Et quand les choses sont interchangeables dans un livre, cela m'interpelle toujours quant au choix de l'auteur.
Effacerje l'ai chez moi, il m'attend sagement...tu justifie mon achat impulsif avec ton avis ;-)
RépondreEffacerTant mieux, j'ai toujours des scrupules à décourager de futurs lecteurs réjouis en donnant des avis mitigés :)
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